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Un Jardin pour deux
Chapitre 20 Les nouvelles alliances
Arslan fut réveillé par un poids qui l'enveloppait. Il sentait une présence réconfortante mais n'osait pas ouvrir les yeux. Il bougea ses mains et pût sentir un dos musclé : celui d'Hilmes. Ses joues se mirent à brûler quand il prit peu à peu conscience de la situation et de la position dans laquelle ils se trouvaient ainsi que de leurs, manifeste, nudités. Hilmes grogna en sentant son confortable « matelas » bouger, il enfouit son visage dans le cou d'Arslan qui poussa un petit cri. Hilmes avait le sentiment d'être chez lui, il pouvait sentir les marques qu'il avait faites à son oméga… Une minute… Son oméga ? Il réalisa soudainement qu'il s'agissait Arslan sous lui et quelques souvenirs flous lui revinrent en mémoire. Pourtant il n'éprouva pas l'envi de s'éloigner au contraire même, il voulait se rapprocher un peu plus. Il enlaça Arslan l'attirant encore plus près. C'était agréable, il appréciait beaucoup l'odeur douce et sucrée qu'il dégageait.
« Hilmes… »
« Hilmes ? »
« Hum… Est-ce que vous… Pouvez bouger? - Pas envi. »
Arslan resta ahuri devant cette réponse, Hilmes avait employé un ton tout à fait enfantin pour lui répondre. Il hésita à insister pour le pousser. Il sentit Hilmes déposer des baisers volatiles dans son cou. Une des jambe de son assaillant vint à la rencontre du zone sensible le matin et trop exposé à son goût. Il voulut repousser Hilmes à cause de la gêne mais il n'en eut pas la force ou plutôt la volonté. Hilmes se rendit compte qu'il l'embarrassait, il chercha à s'écarter mais son oméga devint encore plus rouge.
« Est-ce que ça va ? Demanda-t-il. »
Arslan cacha son visage derrière ses mains avant de se tourner sur le côté et s'écarter d'Hilmes terriblement gêné. Ce dernier resta interdit mais un parfum familier vint taquiner et éveiller ses sens. Il ne put résister à l'envi de se rapprocher à nouveau de son partenaire. Il colla son torse dans son dos et nicha son menton dans cou.
« Qu'y a-t-il ? - C'est trop gênant, répondit le prince encore plus rouge. »
Hilmes l'observa essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Il remarqua qu'Arslan gardait les jambes serrées et essayait de se couvrir. Il eut le déclic : matin et phéromones, ça nous donne une érection. D'où la gêne de son, maintenant, mari. Il aurait très bien pu le laisser seul pour s'en occuper mais, il devait bien l'avouer, cela dérangeait grandement son égo d'alpha. Il embrassa le cou et la nuque de son oméga. Arslan chercha à empêcher Hilmes de l'embêter mais du coup il se retrouva encore plus proche et son corps totalement exposé aux convoitises.
Ils se retrouvèrent à se chamailler comme deux gamins. Arslan se sentait en sécurité et Hilmes n'avait qu'une envie : toucher son oméga et marquer chaque parcelle de son corps comme son territoire. Arslan finit par totalement oublier sa gêne. Ce rapprochement permit à Hilmes de l'habituer à son contact. Il profita surtout du sentiment post-nuit de noce car il était persuadé que d'ici quelques heures leur relation retournerait à ce qu'elle était la veille.
Son regard tomba sur la fiole du coffret, il tendit le bras pour la saisir sous le regard interrogatif d'Arslan. Il la déboucha et ne fut pas étonné de son contenu : de l'huile. Il n'avait pas eu l'occasion de l'utiliser durant la nuit mais surtout il se rendit compte qu'il en avait peu de souvenirs. Une question le heurta :
« Arslan est-ce que ça va ? Je veux dire… Tu n'as pas mal ? -Pourquoi est-ce que j'aurais mal ? Demanda-t-il innocemment. Hilmes ne sut pas trop s'il devait être vexé au non. - Eh bien… Hier enfin cette nuit plutôt nous avons- il fut coupé. - Oui bien sûr, je… Non ça va mais, il hésita, pour dire la vérité je ne me souviens pas vraiment de ce qui s'est passé… - Pour le coup, j'ai le même souci… Il y a juste le- - Marquage ? Finit Arslan. »
Hilmes le regarda avant d'acquiescer. C'était vraiment étrange qu'ils ne se rappellent de rien hormis ce moment précis. Ils se rappelaient du plus important donc ça lui convenait mais ça l'interrogeait malgré tout.
Hilmes s'assombrit et en une fraction de seconde il saisit une couverture pour couvrir Arslan. Ce dernier n'eut pas le temps de poser la moindre question qu'il entendit des voix les interpeller :
« Vos Altesses, êtes-vous réveillés ? Nous sommes les médecins envoyés par le roi. »
Après avoir vérifié que son oméga était couvert Hilmes les autorisa à entrer mais resta sur la défensive. Deux médecins ridés entrèrent, s'inclinant bien bas et gardant les yeux rivés sols en guise de respect.
« Je reste avec toi, d'accord ? Murmura-t-il à l'oreille d'Arslan. »
Arslan ne comprit pas ce qui se passait. Hilmes se leva et enfila un pantalon sans la moindre gêne. Il vint se rassoir sur lit près d'Arslan qui ne cessait de faire des allers-et-retour entre Hilmes et les médecins.
« Ils sont là pour vérifier que le mariage a été consommé… Ça va aller, je reste là pour les surveiller, dit-il doucement. - Je ne comprends pas, qu'est-ce que… ? - Votre Altesse, êtes-vous prêt ? - J'imagine. »
Ce fut horrible. C'était horrible. La seule chose dont il se souviendrait de sa nuit de noce serait ce seul moment, se faire tâter par un vieux médecin pendant que l'autre le regardait sous tous les angles. Arslan dut se retenir de grimacer de dégoût. Il remercia le ciel qu'Hilmes soit resté avec lui. Une fois qu'ils furent partis, le prince se roula en boule, il avait la nausée. Hilmes voulut parler mais ne savait pas quoi lui dire. Il essaya de se montrer rassurant et cela fonctionna : Arslan se calma peu à peu. Il s'apprêtait à se rallonger à ses côtés mais une voix se manifesta, le jeune prince sursauta :
« Arihas, c'est vous ? - Votre Altesse, je venais voir si vous aviez besoin de mon aide. »
Hilmes changea alors d'avis, il le laissait entre de bonnes mains. Il finit de se rhabiller et sortit de la tente. Il parla brièvement avec Arihas avant que celui-ci ne s'engouffre dans la tente. Hilmes tomba nez-à-nez avec Daryûn qui le fixait dangereusement, ils se jaugèrent du regard un moment. Daryûn abandonna lorsqu'il fut appelé par un soldat devant prendre la relève. Zandé vint s'incliner devant lui, il le regarda surpris :
« Votre Altesse, vous ne portez pas votre masque ? »
Hilmes posa sa main sur sa joue et put constater que Zandé disait vrai.
« De toute manière cela n'a plus d'importance, maintenant… Soupira-t-il. »
Arihas fut alarmé de voir le prince recroquevillé sur lui-même lorsqu'il entra dans la tente. Il accourut vers lui :
« Arslan vous allez bien ? S'exclama-t-il. -Arihas ? - Qu'est-ce qu'il vous a fait, Altesse ? S'inquiéta-t-il. - Euh rien… Enfin rien d'inhabituel j'imagine, rougit-il. - Oh ? Oh… Excusez ma méprise mais en vous voyant ainsi, j'ai cru que… Qu'il vous avait fait du mal, je… Balbutia-t-il. - Oh non, au contraire même ! C'est juste que la visite des médecins n'est pas des plus agréable… - Je comprends… Mais il semble que cela c'est bien passé, dit-il avec un clin d'œil. - J-je je, rougit-il, je ne sais pas vraiment… Pour tout vous dire je ne me souviens pas vraiment… Je… Est-ce normal ? Demanda-t-il embarrassé. - C'est étrange en effet, réfléchit-il. Les seules fois où cela peut se produire c'est pendant les chaleurs mais… Ah moins que… Est-ce que vous avez ressenti quelque chose de similaire à votre dernière rencontre ? - Oui, c'était plus fort même… - Je pense que c'est pour ça ! S'exclama-t-il. Les couples destinés ressentent une très forte attirance pour leur partenaire, cela peut provoquer des réactions qui ont pour but de « convaincre » ou pousser l'autre à procéder au marquage. Cela a dû provoquer une forme de chaleur, voilà pourquoi cela a altéré votre mémoire ! Enfin je suppose… - Hilmes a le même problème… On se rappelle juste du marquage, rougit-il. - C'est bon signe ! Mais lequel ? S'emporta-t-il. Oh excusez-moi, c'est très indiscret - Comment ça, lequel ? - Vous en avez trois… Méfiez-vous votre alpha est possessif, il risque d'être jaloux facilement. »
Ils discutèrent encore un moment avant que le prince se rende compte qu'il ne s'était toujours pas habillé et qu'il commençait à frissonner. Arihas alla chercher des vêtements pendant qu'Arslan se lavait. En faisant ça il put constater toutes les marques « d'affections » qu'Hilmes avait laissés. Il rougissait à chaque fois qu'il en voyait une nouvelle. Certaines se situaient dans des endroits vraiment embarrassant, d'ailleurs la plupart se situaient dans un endroit embarrassant, comme sur l'intérieur de ses cuisses… Finalement, il était content de ne pas se souvenir de tout, bien que des brides de souvenirs lui revenaient. C'était terriblement gênant !
D'une main Hilmes tenait sa cuisse plaquée contre le lit. Il déposait des baisers sur son aine et sur l'intérieur de ses cuisses avant de lécher son membre tendu. Il faisait de long et lent va-et-vient savourant ses gémissements étouffés qui l'invitait à continuer. Il put sentir un de ses doigts s'immiscer en lui et ce n'était pas pour lui déplaire.
Il devint encore plus rouge. Il s'était réellement comporté ainsi ? Bon d'un côté il avait apprécié mais… Etre autant vulnérable, se montrer entièrement et se livrer totalement à quelqu'un étaient effrayant. D'autant plus lorsque vous connaissez à peine la personne ou qu'elle a tenté de vous tuer… De plus il ne se sentait pas encore prêt pour ça.
Arslan revint sur terre lorsqu'il sentit un liquide couler le long de ses cuisses. Sa bouche se tordit de dégoût lorsqu'il comprit de quoi il s'agissait. Il se dépêcha de se laver avant qu'Arihas revienne.
« Son Altesse va bien ? Demanda Narsus. - Oui, répondit simplement Arihas. - Et cela c'est bien passé ? Demanda Ghîb avec une hésitation qui ne lui ressemblait pas. »
Tous se stoppèrent ils attendaient la réponse. Dans une autre situation la question aurait été déplacé mais ils étaient plus inquiets qu'autre chose, ce n'était pour assouvir une curiosité malsaine.
« Apparemment, sourit-il. Les médecins semblent l'avoir plus dérangé que son Altesse Hilmes. Il n'y a pas à s'en faire pour lui. Par contre je crois qu'il va falloir faire attention au prince Hilmes, je crois qu'il est assez… - Jaloux ? Demanda Ghîb. - Oui mais comment vous… ? - N'est-ce pas le cas de la plupart des alphas ? Le côté possessif envers leur oméga, c'est assez courant… Dit-il en jetant un coup d'œil à Daryûn. - En générale… Mais j'insiste, je crois qu'il faut vraiment y prêter attention pour éviter des problèmes et pas seulement avec les alphas, avec les bêtas aussi… Du moins au début. - À ce point ? Demanda Ghîb. - Avec trois marquages je ne sais pas trop quoi en penser… Pas de commentaire Ghîb, s'il vous plaît… - Je n'ai rien dit, sourit-il. - On lit en vous comme dans un livre ouvert, soupira Faranghîs. - Je ne suis pas sûr d'avoir tout suivi, déclara Narsus. - Vous avez beau être un génie, certaine chose vous échappe toujours, reprit Ghîb. - Je dois retourner auprès de son Altesse, déclara Arihas. »
Un conseil de guerre fut réuni en début d'après-midi la tension était palpable. Ses nouvelles alliances étaient encore fragiles et la reconquête de la capitale toute proche risquait de raviver quelques blessures d'orgueil encore douloureuse. Ils devaient préparer l'attaque, même si maintenant ils avaient l'avantage numérique le manque de confiance posait un sérieux problème.
Kishward commença à exposer son plan. Sahm le coupa régulièrement mais toujours de manière constructive et surtout pour éviter une confrontation trop direct entre leurs chefs respectifs. Narsus resta étonnement silencieux alors qu'ils exposaient leurs idées.
« Vous souhaitez attaquer de front alors ? Intervint-il. - On peut dire ça lorsqu'on attaque par la porte de devant en effet ! N'as-tu rien de mieux à proposer Narsus ? Demanda le roi. - On peut faire ouvrir la porte depuis l'intérieur, ce qui évitera de perdre du temps. Cela mettra suffisamment la pagaille pour infiltrer le palais et capturer le roi avec le duc Guiscard. - Et comment voulez-vous entrer dans le palais ? - Par les égouts en entrant en petit comité. - Vous avez parlé de la porte mais qui va l'ouvrir ? Demanda Hilmes. - Un groupe est déjà infiltré et prêt à agir sur les ordres de son Altesse, sourit Narsus. »
Tout le monde se tourna vers Narsus y compris le prince mais il se retint de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« À son Altesse ? Siffla le roi. - Ce groupe a prêté serment au prince lorsque votre Majesté était emprisonné. - Des mercenaires ? - En quelque sorte… - Et qui va diriger l'infiltration de la capitale ? Demanda Kishward. - Je pense qu'il serait sage de confier cette mission au prince Arslan. - Arslan n'a pas sa place à la tête d'une armée, il n'a pas non plus la capacité de gérer cette situation, grogna le roi. - Votre Majesté, commença Narsus. - Il suffit ! Arslan n'a plus sa place dans l'armée mais au palais. Il a lui-même choisi sa place d'épouse maintenant il doit faire avec… Il restera dans les dernières lignes. »
Arslan s'y attendait mais c'était plus douloureux qu'il ne l'aurait pensé. Il entendit des protestations s'élever derrière lui.
« Le prince s'en est bien sorti jusqu'à maintenant alors pourquoi le disgracier de la sorte. »
« Il nous a mené à la victoire au fort Saint-Emmanuel ! »
« C'est vrai ! Il vaincu l'ennemi alors qu'il était avantagé. »
Hilmes n'avait pas envie de voir Arslan sur le champ de bataille, la décision du roi l'arrangeait mais… Elle était aussi très injuste, pourtant Arslan se résigna et ne protesta pas. Ses yeux brillaient plus qu'à l'accoutumer. Les hommes présents pour le conseil par contre se montraient très mécontents et ne s'en cachaient pas vraiment.
« Votre majesté, je suis sûr que… - Narsus, intervint le prince, sa Majesté a- - Narsus a raison les nouvelles vont vites, ils seront rapidement au courant du mariage et ils ne s'attendront pas à ce que Arslan soit présent. Ils ne s'interrogeront pas s'il ne le voit pas sur le champ de bataille par contre s'il manque un générale cela sera repéré plus rapidement… Déclara Hilmes. »
Cette intervention déplût au roi, il ne pouvait pas vraiment rétorquer car l'argument était bon. Derrière lui il entendit des soupirs de soulagement : le prince serait avec eux lors de la bataille.
« Dans ce cas il faut trouver une équipe pour l'accompagner, dit-il les dents serrées. Nous aurons besoin de tous nos hommes. - Je prendrais un groupe de soldats sindôriens avec moi. Il vaudrait mieux qu'il soit sous les ordres de Daryûn ou de Jaswant comme ils ont déjà travaillés sous leurs ordres. - Si vous nous le permettez Majesté nous pourrons accompagnés le prince, déclara Faranghîs en désignant Ghîb. - Faite donc, grogna le roi. »
La stratégie maintenant réglée et peaufinée, chaque groupe savait ce qu'il avait à faire. Tout était en place pour demain dès la première heure. Arslan sentait la fatigue l'envahir, passer la journée en continue avec des alphas qui se disputaient le tout fermé dans un endroit clos où l'air circulait peu, l'avait tout simplement vidé. Il ne rêvait que de dormir mais il souhaitait aussi passer du temps avec ses compagnons. Depuis ce matin il avait à peine pu leur parler, il resta avec eux le soir mais la fatigue le rattrapa à la vitesse de l'éclair. Arihas l'incita à aller se coucher et il finit par y consentir sous des regards inquiets. Lorsqu'il arriva dans sa tente il s'allongea sur son lit et s'endormit aussitôt que sa joue toucha l'oreiller.
Daryûn regarda le prince partir totalement épuisé mais il put constater qu'Arihas n'était pas mieux. Lui aussi finit par les laisser avant même que les derniers rayons de soleil ne disparaissent. Daryûn se retint de grogner en repensant à cette nuit où il avait dû monter la garde devant la tente du prince avec Zandé. Ils étaient quatre à faire la garde : deux gardes du roi, le champion d'Hilmes et lui, le champion du prince Arslan. La garde fut organisée pour éviter des disputes mais pourtant il se retrouva seul avec Zandé.
Ils attendaient que les heures défilent dans un silence lourd, seulement il y eut quelques chose qu'ils n'avaient pas pris en compte : les princes devaient consommer leur mariage. Le silence devint gênant lorsque des bruits étouffés commencèrent à se faire entendre. Point positif ce n'était pas des appels à l'aide mais ça n'en restait pas moins terriblement dérangeant. Daryûn n'avait pas envie de savoir ce qui se passait là-dedans ou plutôt il ne voulait pas en avoir conscience. Ce fut à ce moment-là que Zandé prit la parole :
« Comment est-il mort ? - De quoi ? Sursauta Daryûn. - Mon père, comment est-il mort ? »
Daryûn hésita mais il finit par lui raconter l'accident qui fit perdre la vie à son père. Zandé resta silencieux un moment face à cette annonce.
« Le prince Arslan était prêt à lui pardonner malgré tout… - Son Altesse est quelqu'un de bien, il se soucie de ses hommes… Tu devrais demander à Jaswant de te raconter comment il s'est retrouvé à servir son Altesse, sourit-il. - C'est aussi le cas de son Altesse Hilmes il défend ceux qui lui ont prêté allégeance même s'il se montre dur envers les autres… - D'une certaine manière ils se complètent bien, soupira Daryûn. - En effet cela s'entend… »
Daryûn se sentit mal-à-l'aise en y repensant. Il aurait préféré ne rien entendre du tout, il vida son verre d'une traite.
Arslan sentit un parfum familier taquiner son odorat, il entre-ouvrit les yeux et vit de la lumière. Il aperçut une silhouette se mouvoir dans la lumière vacillante d'une chandelle. Arslan finit par discerner un dos musclé sur lequel tombaient des cheveux noirs. La silhouette se déplaça avec souplesse avant de s'allonger à ses côtés. Il mit un moment à réaliser que Hilmes venait de se coucher dans son lit. Il se tourna vers lui et leurs yeux se croisèrent.
« Je t'ai réveillé ? Demanda-t-il. - Non non, je suis juste surpris je ne m'attendais pas à ce que vous- - Tu, le corrigea-t-il. - Je suis surpris c'est tout… Murmura-t-il.»
Il ne s'y attendait vraiment pas mais la suite le surprit encore plus. Il entendit un bruissement de tissus et sentit des bras l'envelopper. Il se retrouva collé contre le torse d'Hilmes. Il chercha à protester mais le brun s'était déjà endormi. Arslan se résigna, il se blottit confortablement contre son alpha. Au final ce n'était pas désagréable.
L'effervescence régnait déjà dehors lorsque le prince se réveilla toujours enveloppé dans la douce étreinte de son partenaire. Il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux mais il savait qu'il devait se lever. Il sentit un souffle chaud contre sa joue et entendit son nom murmuré.
« Arslan réveille-toi, il est temps. »
Il ouvrit les yeux à contre cœur, cela amusa beaucoup Hilmes de voir sa moue boudeuse. Arslan finit par se réveiller mais resta accroché à son mari, Hilmes non plus ne semblait pas vouloir s'en défaire. Ils restèrent encore un moment ainsi avant de réaliser qu'ils n'avaient pas de temps à perdre. Arslan remarqua enfin qu'il s'accrochait à son alpha, il fut gêné et surpris de son propre geste. Hilmes se leva et se prépara sans grande motivation, Arslan fit de même. Le silence apaisant fut soudainement interrompu :
« Votre Altesse Hilmes ! Etes-vous là ? - Zandé ? Où veux-tu que je sois d'autre… Et que fais-tu ici ? - Eh bien je ne vous trouvais pas dans votre tente… Dit-il déconcerté. Je suis venu vous dire que vos hommes sont prêts. - Bien, j'arrive dans quelques instants. »
Hilmes se tourna vers Arslan, il hésita quelques instants avant de parler :
« Fais attention à toi… »
Il disparut avant qu'Arslan n'ait eu le temps de réaliser.
Ils étaient maintenant prêts à l'attaque, ils n'attendaient plus que les ordres du roi pour lancer l'assaut. Arslan profita de l'agitation pour se déplacer et infiltrer les tunnels d'eau qui serpentaient sous la ville. Il était accompagné par Arihas, Faranghîs, Etoile, Ghîb, Elam et une douzaine d'hommes recommandés par Jaswant. Ce dernier avec Daryûn menaient les renforts de Sindôra pendant que Narsus restait en retrait pour surveiller comment se déroulait l'attaque et préparait la deuxième vagues d'assaut.
Arslan sourit en reconnaissant une bannière bien connu s'élever au-dessus des remparts de Ecbatâna. Il avait du mal à en croire ses yeux.
« Décidément Narsus est très fort, sourit Ghîb, il nous a bien mené en bateau. - Je n'aurais pas cru revoir Alfreed un jour, dit le prince. Quand elle est partie, elle était bien déterminée à ne plus me revoir. - Qui sait peut-être que Narsus a fini par tomber sous son charme et l'a imploré de continuer à soutenir votre cause, reprit Ghîb. - Ne dîtes pas de bêtise Messire Ghîb ! S'exclama Elam. »
Ils avançaient péniblement dans les canaux souterrains depuis plus d'une heure et ne voyaient toujours pas de signes le palais. Ils étaient sans nouvelles de l'extérieur, aussi bien ils pouvaient débarquer dans le palais aux prises de l'ennemi et apprendre que leurs armées s'étaient entretuées. Cette vision peu réjouissante commençait à inquiéter le prince.
La prise de la capitale s'annonçait plus difficile que prévue. Ils avaient pu entrer sans embuche seulement les soldats lusitaniens se battaient férocement et n'abandonnaient pas facilement. Ils avançaient difficilement dans les rues étroites et les soldats commençaient à fatiguer. Les généraux montraient la voie en ne baissant pas les bras, gardant ainsi les combattants motivés. Hilmes aperçut la fille du clan Zot mener ses bandits. Elle avait aussi soulevé les esclaves contre les soldats lusitaniens. Ils apparaissaient et disparaissaient aux coins des rues tel des fantômes et assommaient les ennemies qui leurs passaient sous la main.
Narsus avait bien réussi son coup, Hilmes devait le reconnaître et il était soulagé de le savoir de son côté cette fois-ci. Il remarqua le groupe mené par Daryûn et Jaswant, les soldats sindôriens agissaient efficacement. Il se demanda d'ailleurs comment Arslan s'était arrangé pour obtenir l'appui du roi de Sindôra durant cette bataille. Il aperçut un fantassin charger sur le côté du cavalier noir qui ne l'avait pas vu arriver, par réflexe il saisit une lance et visa le fantassin. Sous le choc la victime se retrouva à terre. Daryûn se retourna en entendant le cri du blessé. Il n'était pas sûr de ce qui venait de se passer. Hilmes venait-il de le sauver ? Il resta perplexe.
Ils prenaient du terrain dans la capitale et s'approchaient de plus en plus du palais. Des messagers se déplaçaient sur l'ensemble du champ de bataille pour maintenir les différents groupes au courant de ce qu'il se passait. Celui du roi et de Kishward était le plus difficulté, ils se retrouvaient coincés dans des impasses et des pièges tendus par l'ennemi. À défaut de pouvoir battre l'armée Parse, les lusitaniens essayaient de faire tomber le roi. Cela ne déplaisait pas forcément à Hilmes mais il devait faire preuve de bonne foi, il envoya des hommes soutenir le roi (et éventuellement pour qu'ils le préviennent s'il se fait tué).
Le soleil continuait sa course alors que les combats devenaient de plus en plus rudes, et toujours aucune nouvelles d'Arslan et de ses hommes. Les lusitaniens combattaient avec l'énergie du désespoir mais n'en démordaient pas malgré l'absence de leurs supérieurs qui commençaient à influencer sur le moral des troupes.
Un cri retentit au milieu du vacarme de la bataille :
« Retraite ! Cessez le feu ! »
Impossible de savoir de quel camp venait cet appel.
« Arrêtez tout ! »
Un soldat lusitanien arriva en courant pour annoncer la nouvelle : le roi Innocentis se rendait après avoir négocié la paix. Les soldats lusitaniens restèrent interdits face à la nouvelle. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Difficile de le dire. Hilmes fit un geste pour stopper ses hommes.
« Il ne vous sera fait aucun mal si vous vous rendez calmement. »
Les soldats totalement ahuris et abasourdis laissèrent tomber leurs armes à terre et s'écartèrent pour ouvrir la voie aux vainqueurs. Hilmes fut le premier à arriver au palais suivi de près par Daryûn et Sahm. Arslan les attendait dans la salle du trône où Innocentis détrôné se tenait les mains tremblantes alors qu'à côté de lui se tenait son frère la tête haute.
Arslan était couvert de poussière mais gardait le sourire. C'était finit. Le répit fut de courte durée, le roi arriva dans une colère noire. On pouvait sentir sa présence sans même le voir.
« Arslan ! Qu'est-ce que cela signifie ? Quelle est cette histoire de négociations ? »
Arslan s'y attendait. Affronter son Père lui faisait peur mais il n'avait pas le choix. Il défendait une cause juste et il le savait.
« Qui t'as permis de négocier ? De quel droit te permets-tu de prendre des décisions comme celle-ci ? Hurla le roi. - Votre Majesté, j'ai fait ce qu'il fallait faire ! Le sang appelle le sang, il ne sert à rien de réaliser des massacres uniquement pour la vengeance. Il est temps que nos pays repartent sur de nouvelles bases. Les soldats lusitaniens répareront les dégâts qu'ils ont causés et repartiront une fois cela fait. L'instigateur des massacres qui ont eu lieu, l'évêque Bodin, sera livré à la Justice de Parse. - J'ai l'impression que tu oublies ta place ! Grogna le roi. »
Il se rapprocha d'Arslan avec une aura menaçante, même ses plus fidèles hommes s'insurgèrent face à ce comportement. Le roi allait lever la main sur le prince mais Himes devint très menaçant, même Andragoras en frissonna. Sa main se tenait sur la garde de son épée, prête à sortir pour trancher la main du roi.
La tension monta d'une dizaine de cran : lequel des deux cèderaient ?
Arslan s'agenouilla bien bas face au roi et pencha la tête sur le côté.
« Veuillez m'excuser Votre Majesté, je n'aurais pas dû agir sans votre consentement… Seulement cela me paraissait être décision sage et digne de votre raisonnement. »
Le roi abaissa son bras satisfait par la soumission d'Arslan mais surtout par la colère que cela suscita chez Hilmes. Il bouillonnait de rage. Son oméga venait de se montrer vulnérable face à quelqu'un d'autre, il avait exposé son cou face à un autre alpha. Et pire encore, il s'était volontairement humilié pour éviter une confrontation entre son alpha et le roi.
Il pense que je ne peux pas le défendre c'est ça ? Il me croit faible parce que j'ai perdu lors de la bataille du fort Saint-Emmanuel ? Il aurait préféré que ce soit Daryûn qui le protège, peut-être ? Je peux le défendre ! J'ai la force pour le protéger alors pourquoi s'humilie-t-il ?
Hilmes n'avait qu'une envie : marquer son oméga, lui rappeler qu'il était là pour le défendre mais il devrait attendre pour ça. Il espérait que d'ici là il aurait retrouvé son calme.
La journée était déjà bien avancée lorsque tous les combats prirent fin. Arslan put retrouver tous ses compagnons et surtout Alfreed.
« Merci, sourit-il, merci d'être revenue ! - C'est moi qui suis honorée de voir que vous ne m'en voulez pas… Et puis je serais plus proche de lui pour me venger, bouda-t-il. - Je vois, sourit-il gêné. - C'est donc toi qui as ouvert la porte ? Intervint Hilmes. Je dois aussi te remercier, sans toi nous aurions perdu un temps précieux- - Pas la peine, le coupa-t-elle. Je ne l'ai pas fait pour vous mais pour son Altesse et sachez que je ne vous ais pas oublié ! Je vengerais la mort de mon père ! - Dans ce cas j'espère que tu as l'éternité devant toi pour y arriver, répliqua-t-il. »
Alfreed se mit en rogne mais ne répliqua pas. Au cours de cette bataille Hilmes avait sauvé ses hommes, certes s'en sans rendre compte, mais elle était bien obligée de l'amnistier pour cela. Seulement ça, elle ne le reconnaitrait jamais !
On soigna les blessures des soldats et civils blessés lors des affrontements. Les lusitaniens furent regroupés en petit groupe et gardés sous surveillance. Etoile leur parla et les rassura sur les intentions des parses. Le roi et les hautes instances lusitaniennes restèrent enfermés dans les prisons du palais.
En à peine quelques heures se fut comme si rien de tout ça n'était arrivé, du moins au palais, le roi fêta sa victoire avec ses marzbâhns. Cela rendait Arslan malade de penser au sang qui s'écoulait encore dans les rues, au mur couvert de sang et aux pavés jonchés de cadavres. Les familles récupéraient leurs membres pour leur offrir des sépultures décentes, les autres étaient regroupés dans une fosse commune. Une cérémonie aurait lieu dans les prochains jours pour leur offrir les derniers sacrements. Le prince préféra se retirer. Il n'assista pas aux fêtes mais cela n'offusqua personne, le roi remarqua à peine l'absence de son fils.
Arslan put regagner sa chambre au palais le soir même, Arihas l'aida à retirer son armure mais aussi à soigner ses blessures. Elles commençaient à le faire souffrir et il devait les nettoyer. Il se sentait terriblement poisseux, il rêvait de prendre un bain. Arihas lut dans ses pensées et fit chauffer de l'eau pendant qu'il s'occupait de ses blessures : des entailles peu profondes mais nombreuses et étendues. Arihas les nettoya avec précautions et remplie la baignoire d'eau.
Arslan sentait ses paupières s'alourdirent de plus en plus et le contact de l'eau chaude ne l'aida pas beaucoup. Arihas n'étant pas loin il en profita pour fermer les yeux une seconde. Il sentit des bras l'entourer et le soulever. Il entendit aussi un son assez lointain qui ressemblait à de l'eau. Il entre-ouvrit les yeux et aperçut Hilmes.
« Que faites-vous là ? Demanda le prince. - Nous partageons la même chambre désormais et pourquoi me vouvois-tu ? - Quand êtes-vous… Es-tu entré ? - Cela fait dix minutes, lorsque j'ai constaté que tu dormais je me suis dit qu'il valait mieux te sortir… Pourquoi m'avoir caché tes blessures ? - Je n'ai pas caché mes blessures, bouda-t-il. »
Hilmes le sécha et l'allongea directement sous les couvertures. Il se lava lui aussi, la poussière et le sang collaient à sa peau et ses cheveux, il ne voulait pas imposer ça à son époux. Arslan s'était rendormi, il aurait aimé lui parler encore un peu mais il devrait attendre le lendemain. Ce qui s'était déroulé l'après-midi lui était resté en travers de la gorge. Il vint s'allonger à ses côtés et il l'observa dormir, il n'osa pas déplacer la mèche de cheveux qui cachait son visage. Demain il lui en parlerait.
Arslan s'était blotti contre la source de la chaleur à côté de lui. Il se sentait bien et n'avait aucune envie de bouger. Au bout d'un moment il ouvrit les yeux et fut surpris de constater qu'il se trouvait dans sa chambre, sa vraie chambre. Il mit quelques instants à réaliser ce qui était arrivé la veille. Ils venaient de reconquérir la capitale et le pays en une seule journée ! Ils leur avaient fallu plus d'un an pour en arriver là mais ils avaient réussi !
Le prince soupira soulagé. Les guerres et les morts allaient enfin diminuer mais la reconstruction de Parse serait longue et douloureuse. Certaines blessures mettent du temps à cicatriser et tout ne serait pas facile jusqu'à ce qu'il atteigne le trône. Il devra gérer la tension entre son Père et Hilmes, amorcer la transition vers ce qu'il espère, ainsi que préparer les seigneurs à l'abolition de l'esclavage et en rallier le plus grand nombre à sa cause. Cela ne s'annonçait pas évident mais il n'abandonnerait pas.
Au final ce qui l'inquiétait le plus était son mariage et le début de sa vie conjugale même si Hilmes se montrait plus calme et affectueux qu'il n'y paraissait, il avait peur. Il ne savait pas s'il était réellement prêt pour ça. Ils n'avaient fait l'amour qu'une fois et il ne s'en rappelait même pas ou par brides. Il savait que les alphas possédaient « une faim » assez développée et ça l'inquiétait car il doutait de pouvoir satisfaire son alpha. Il n'avait aucune expérience et ne se sentait pas capable de suivre un rythme trop effréné comme s'offrir tous les soirs à son époux. Il connaissait son rôle pourtant, il devait donner un héritier à son époux mais… Il voulait aussi découvrir sa sexualité et ne pas la subir car son unique but devait être de porter un héritier rapidement. Est-ce qu'il allait l'obliger à faire l'amour ? Est-ce qu'il prendrait des maitresses une fois son fils né ? Toutes ces questions tournaient en boucle dans sa tête telle un cercle vicieux. Il était effrayé et n'oserait jamais lui en parler.
Un bras vint s'enrouler autour de sa taille et il sentit une masse se rapprocher de son dos.
« Tu es réveillé ? Demanda Hilmes. »
Arslan acquiesça silencieusement. Hilmes s'avança un peu bien que le parfum d'Arslan l'incitait à se rapprocher davantage. Une odeur sucrée qui l'invitait à goûter. Il le sentit se tendre lorsqu'il enfouit son visage dans son cou, il voulait le marquer à nouveau mais il se retint il devait lui parler.
« Pourquoi t'es-tu humilié ainsi devant le roi hier ? Dit-il abruptement. - Pardon ? S'exclama le prince surpris. - Hier tu as montré ton cou au roi, pourquoi ? - Eh bien… J'ai senti votre colère envers le roi, je voulais éviter que vous ne vous battiez… - Ne refais plus jamais ça ! Dit-il en resserrant son étreinte. - Je ne comprends pas… - Je peux te protéger, tu n'as pas besoin d'en arriver là ! Offrir sa nuque à un alpha c'est montrer sa soumission mais aussi que tu t'en remets à lui et que tu lui fais confiance, expliqua-t-il. C'est insupportable pour moi de te voir montrer ton cou à un autre alpha même si c'est ton père… Peut-être que notre lien est encore très fragile mais je n'en reste pas moins ton alpha ! - Je suis désolé, dit sincèrement le prince, je ne savais pas que cela pourrait te blesser… »
Arslan se retourna pour serrer son partenaire dans ses bras, Hilmes surpris par le geste n'opposa aucune résistance. Il accepta avec plaisir ce geste n'affection de son oméga. Leur toute nouvelle vie débutait à peine.
Un Jardin pour deux
Chapitre 21 Le retour à une vie paisible ou presque
On arrivait maintenant au mois de mars et beaucoup d'évènements avaient eu lieu. Arslan et Hilmes furent mariés officiellement et dans les règles de l'art cette fois. Ce fut un grand évènement qui redonna du baume au cœur du peuple meurtri par les récents évènements. Après ce fut le coup d'envoi pour les reconstructions dont la ville avait grand besoin. Peu à peu Ecbatâna reprit son calme et sa vie paisible. Hilmes réussit à convaincre des nobles de la ville et des marchands d'affranchir les esclaves qui avaient participé à la libération de la ville. On leur proposa de travailler à la reconstruction de la ville ce qu'ils firent pour la plupart, les autres partirent pour rejoindre leur pays natal. Arslan sauta de joie en l'apprenant.
Les troupes du roi Rajendra retournèrent vers Sindôra après avoir reçu les remerciements des princes et les louanges des habitants. Jaswant ainsi que Kishward et ses hommes les raccompagnèrent. Arslan fut triste de devoir dire au revoir à Kishward mais celui-ci le rassura qu'il reviendrait bientôt. Il raccompagnait Bahman à Peshawar et reviendrait à la capitale avec sa femme et son fils. Kishward venait d'être nommé Erhan, ce poste devait revenir à Bahman seulement sa santé s'était rapidement dégradée depuis son départ de Peshawar aux côtés du roi.
La vie reprenait son cours malgré les massacres. Le couple princier déménagea dans un autre pavillon près des jardins, à la plus grande joie d'Arslan, et à l'opposé des appartements du roi, au grand soulagement d'Hilmes. Arihas continuait de s'occuper d'Arslan même si depuis son mariage son état s'était stabilisé. Il venait surtout lui tenir compagnie et lui servir d'oreille pour l'écouter. Au début le prince angoissait de partager sa chambre avec Hilmes mais il avait fini par se détendre voyant que son époux ne cherchait pas à abuser de lui. Arslan rechignait à se confier de peur d'être ridicule mais Arihas réussit à le convaincre de lui parler de ses inquiétudes. Hilmes se montrait désintéressé par le sexe malgré son côté tactile. Cela rendait presque Arslan perplexe au vu de ce qu'il avait pu entendre sur les alphas, il ne s'attendait pas à ce genre de comportement. Il pensait qu'Hilmes essaierait d'amorcer les choses mais non, il ne tentait rien. Cela arrangeait Arslan car il n'aurait pas su comment réagir. Devait-il accepter ou non ? Est-ce qu'il en avait envi ou pas ? Par devoir il devait accepter mais son cœur hésitait. Il n'arrivait pas à se décider. Au final ce n'était pas si mal qu'Hilmes ne tente rien.
Arslan reprit ses vieilles habitudes. Quand il en avait l'occasion il se rendait dans les jardins, il pouvait même en profiter avant d'aller se coucher. Etonnamment les jardins avaient été épargnés par les violences de la guerre mais ils risquaient de ne pas aimer le manque d'eau. Les troupes de Bodin avaient endommagé les aqueducs qui acheminaient une grande partie de l'eau de la capitale. Un groupe y travaillait déjà, d'ici quelques jours de l'eau devrait recommencer à arriver. D'ailleurs Bodin ne ferait pas long feu, des soldats le poursuivaient avec ardeur.
Il restait encore beaucoup d'affaires à régler mais le prince réussit à retrouver une certaine paix et sérénité. Les jardins possédaient ce pouvoir hypnotique qui l'apaisait malgré tout ce qu'il pouvait lui arriver.
Il continuait à s'entrainer aux armes même s'il n'avait plus de maître attitré. Les marzbâhns qui passaient par là, venaient le voir et ils finissaient par faire une séance d'entrainement avec lui. À son retour Kishward avait promis de l'entrainer mais le roi s'y montrait peu favorable. Il voulait que le prince coupe tout rapport avec les armes ou les questions militaires. Arslan entrait dans une colère noire à chaque fois qu'il y repensait. Son Père lui avait fait endurer des entrainements insupportables et il les avait subits sans broncher. Alors que depuis le début il prévoyait de donner tous les pouvoirs à son époux sans ne lui laisser aucune chance de prouver sa valeur, ça le mettait hors de lui. Il n'avait pas l'intention de se laisser faire cette fois, il continuerait ses entrainements, et continuerait à se mêler des affaires militaires !
C'était grâce à lui que son Père se trouvait sur le trône aujourd'hui alors il n'avait plus à lui obéir aveuglément. Le manque de gratitude et de considération de son Père lui laissait un goût amer, quant à sa Mère rien n'avait changé, quoique de temps en temps il apercevait des regards compatissants de sa part.
Arihas faisait de son mieux pour lui changer les idées. Il remarquait bien la frustration du prince depuis qu'il était revenu à la vie de cour. Il retournait dans l'ombre de son Père alors qu'il s'était habitué à toujours avoir ses compagnons avec lui, à pouvoir leur parler mais dernièrement ils s'étaient éparpillés. Faranghîs et Etoile restaient auprès des blessés et disaient les prières aux morts. Ghîb agissait en électrons libres mais il venait souvent auprès du prince pour lui raconter les dernières nouvelles. Daryûn et Narsus se retrouvaient sous les ordres du roi, quant à Elam et Alfreed ils restaient avec Narsus. Il voyait très peu de monde et cela l'attristait. Son monde rétrécissait à vue d'œil depuis un mois. Arihas essayait de le rassurer, que tout reviendrait à la normale même s'il savait que ce serait difficile maintenant. La vie devait suivre son cours.
Arihas n'osait pas lui évoquer ses chaleurs qui se rapprochaient surtout que sa situation risquait d'empirer après cela. Le roi ne se gênerait pas pour faire des remarques sur ses petits-enfants qui tardaient à venir… Il ne se priverait pas non plus de contraindre Arslan à rester enfermé dans ses appartements pour lui éviter « des désagréments » tel une fausse couche. Le prince aurait aussi droit à la pression de la cour pour ses grossesses.
« Nous espérons que vous aurez un fils ! Après tout, il ne peut en être autrement…»
«La prochaine fois sera la bonne ! »
« Une fille ? Il ne pouvait pas la perdre en couche celle-là. »
« Espérons que ce ne sera pas un oméga comme son père ! »
« Encore une fausse couche ? Décidément il n'est pas fait pour ça ! »
Ou bien l'inverse : « Encore un enfant ? Il ne peut pas fermer les jambes ou quoi ! »
Toutes ces remarques adorables qui risquaient de déprimer le prince. Finalement peut-être que rester isolé lui serrait plus favorable…
Heureusement pour lui le prince était loin de toutes ces considérations. Il prenait le temps de se détendre dans les jardins, de toute manière il ne pouvait pas faire grand-chose. Arihas voulut le rejoindre mais il aperçut au loin le prince Hilmes qui se diriger vers lui, il choisit de rester en retrait pour le moment. Hilmes alla s'assoir à côté d'Arslan sans faire de bruit. Il n'eut pas besoin d'ouvrir les yeux pour reconnaitre Hilmes.
« Est-ce que tu restes souvent dans les jardins ? Demanda-t-il. - Oui, dernièrement j'ai le temps pour ça, soupira-t-il. - Narsus devrait bientôt être libéré par le roi, il a dit avoir hâte de pouvoir faire son premier portrait officiel… Qu'est-ce qui t'arrives tu deviens pâle tout à coup ? - Non ce n'est rien, sourit-il en repensant aux effroyables « peintures » de Narsus, je suis content qu'il puisse s'adonner à sa… Passion ? - Il a l'intention de faire ton portrait. - Mince, souffla le prince. Ça nous fera l'occasion de parler au moins… - La situation s'améliore, les lusitaniens tiennent leurs promesses et il n'y a pas eu d'incident ce qui est déjà un miracle. - Tu as raison… - Arslan, qu'y a-t-il ? Arslan sursauta en entendant son nom. - Je te demande pardon ? Demanda-t-il surpris. - Tu sembles ailleurs en ce moment… - Ce n'est rien, c'est juste le temps de m'habituer à nouveau à la vie au palais. - Tu t'ennuis ? Demanda-t-il. - Non, c'est juste que… C'est différent de lorsque j'étais à Ghiran, je n'ai plus la même place, ni le même rôle… - Andragoras t'écartes du pouvoir car tu as du succès auprès des marzbâhns et des seigneurs, je pense que beaucoup n'auraient pas eu de problèmes à te voir monter sur le trône en tant que Shah et cela l'agace énormément alors il te le fait payer, expliqua-t-il. - Tu crois ? Demanda-t-il. - Oui, ils sont nombreux à te vanter lors des conseils et beaucoup à raller que : « le prince Arslan n'aurait pas fait ça lui… » Il bouillonne de rage à chaque fois, sourit-il. - J'ai l'impression que cela t'amuses, sourit le prince. - Disons que le voir perdre son pouvoir rend sa présence plus supportable, dit-il en haussant les épaules. - Je vois et toi ? Les seigneurs t'ont bien intégré ? - Oui du moins les plus anciens car beaucoup me connaissaient d'avant, les plus jeunes se méfient et n'osent pas m'approcher, je crois que ma blessure les rebutent… - Ne dis pas ça ! Je n'en crois pas un mot, ce sont des guerriers cela m'étonneraient qu'une brûlure les effraye… D'ailleurs je n'ai pas pensé à lui demander mais peut-être qu'Arihas pourrait faire quelque chose pour ça. Il s'y connait bien dans les plantes, peut-être qu'il existe un remède pour estomper tes brûlures. - Cela te dérange ? Demanda-t-il. - Pas particulièrement, répondit-il. Cela ne me dérange pas temps que tu ne te mets pas en colère, lorsque tu t'énerves cela te donne un visage effrayant, dit-il franchement. - Dans ce cas je ne dois plus me mettre en colère. Cette remarque fit sourire Arslan. Accepterais-tu de m'accompagner pour une promenade dans les jardins ? J'aimerais te montrer un endroit. »
Arslan accepta avec surprise la demande d'Hilmes. Il se demandait ce qu'il pouvait bien vouloir lui montrer.
Arihas sourit en les voyant partir ensemble. Il était heureux qu'ils arrivent à s'entendre et que cela se passe si bien entre eux. Ils avançaient doucement et maladroitement l'un vers l'autre et grâce à ça ils apprenaient à se connaître au fur et à mesure. Il se retourna avec un sourire et tomba nez-à-nez avec Daryûn. Il sursauta aussitôt, il ne l'avait pas senti arriver.
« Je vous ai fait peur ? - Surpris je dirais ! Si je peux me permettre, que venez-vous faire ici ? - Je venais voir son Altesse pour lui proposer de s'entrainer… - Vous arrivez trop tard, dit-il. Il vient juste de partir avec son Altesse Hilmes. - Je vois… On dirait qu'ils s'entendent bien, grogna-t-il. - C'est mieux ainsi, non ? Il vaut mieux qu'ils s'entendent bien que de ne pas pouvoir se voir, n'est-ce pas ? - Certes… - Vous ne le supportez toujours pas, fit-il remarquer. - Non, c'est juste que… Je ne sais pas, j'ai peur pour son Altesse. - Je crois que vous n'avez pas à vous inquiéter pour lui ! - Mais si vous partez, Daryûn se mordit la lèvre. - De quoi ? Demanda-t-il surpris. »
Daryûn s'en voulut d'avoir fait une gaffe aussi stupide. Il hésita avant de finalement avouer :
« Je vous ai entendu parler avec Jaswant… Vous… Est-ce que vous allez nous quitter ? Allez-vous épouser Rajendra ? Demanda-t-il inquiet. - Ah… Soupira-t-il. Vous savez toujours ce qui se passe entre Rajendra et moi, impossible de vous échapper… Mais je vous rassure, je n'ai pas l'intention de l'épouser, Jaswant va d'ailleurs s'occuper de lui transmettre. Qu'y a-t-il ? Vous semblez surpris, c'est pourtant ce que vous espériez, non ? - Non, c'est juste que… Je croyais que vous accepteriez, après tout vous avez… Tous les deux… - Je n'allais pas laisser son Altesse seul et puis à Sindôra le roi peut avoir plusieurs épouses. Je ne suis pas du genre à partager, sourit-il. Je sais faire la différence entre le rêve d'une nuit et une vraie relation. - Vous êtes bien une des rares personnes capables de refuser sa main à un roi ! - Pourquoi ? Vous auriez accepté, vous ? Sourit-il. - Voyons, j'aurais adoré ! Ironisa-t-il. - Pff, Arihas se mit à rire. - Mais dîtes-moi… Ne comptez-vous pas vous remarier ? Je veux dire, maintenant que la situation est redevenue plus tranquille, vous ne voulez pas fonder une famille ? - Me remarier certainement, il serait mal vu que le précepteur du prince ait des amants, soupira-t-il. Il va falloir que j'y songe sérieusement mes chaleurs se rapprochent, murmura-t-il. - Vous avez déjà reçu des demandes ? Interrogea Daryûn sur la même lancée. - J'ai l'impression que cela vous intrigue, dit-il. Vous êtes très bavard aujourd'hui. - Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vu c'est tout, je voulais juste discuter, bouda-t-il. - Dans ce cas à votre tour, vous n'êtes pas marié mais est-ce qu'il y a quelqu'un dans votre vie ? - Non je n'ai jamais eu personne, j'ai dédié ma vie à la famille royale et je n'y ai jamais vraiment songé… - J'ai dû mal à croire qu'un homme tel que vous n'attire personne, vous avez dû recevoir de nombreuses demandes. Vous êtes le gendre idéal ! Sourit-il. - J'ai désespéré mon oncle, soupira-t-il, à refuser toutes les demandes et les entres-vues des seigneurs qui voulaient me marier à leurs filles… Mais je crois que je n'étais pas prêt pour ça. Je ne pensais pas au mariage, aux filles, à fonder une famille et tout ce que cela engendre… - Maintenant vous l'êtes ? »
Daryûn se tourna vers lui et hésita avant de répondre.
« Je pense qu'on l'est jamais vraiment mais oui, je dirais que je me sens prêt. »
Arihas trouva l'attitude de Daryûn plutôt étrange lorsqu'il prononça ces mots. Une lueur inconnue brillait dans ses yeux.
« Arihas, est-ce que vous- - Arihas ! Daryûn ! S'exclama le prince qui apparut soudainement de nulle part. - Votre Altesse ? »
La mine du prince était radieuse, il souriait de toutes ses dents. Il se mit à parler gaiement avec Arihas mais Daryûn n'entendit rien de ce qu'ils dirent. Il se figea lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il s'apprêtait à dire avant que le prince ne les interrompt.
« Messire Daryûn ? Messire Daryûn ! Vous nous entendez ? L'interpella Arihas - Excusez-moi, je- j'étais ailleurs… - Vous veniez pour entraîner son Altesse, non ? »
Le prince qui exultait de joie partit enfiler quelque chose de plus confortable pour manier les armes. Daryûn resta hébété ce qui inquiéta Arihas. Il finit par se reprendre et se dirigea vers la cour pour attendre le prince et débuter l'entraînement. Arihas plutôt inquiet du soudain manque de réaction du cavalier le suivit en silence.
Il observa silencieusement l'entrainement. La scène était complètement surréaliste : le prince qui débordait de joie et Daryûn complètement apathique. Daryûn était plutôt enthousiaste jusqu'à maintenant alors pourquoi ce soudain revirement ? Il regarda distraitement les échanges d'armes entre les deux. Il eut un frisson lorsqu'il sentit une aura glaciale s'élever derrière lui. Il se tourna et aperçut Hilmes particulièrement mécontent alors qu'il observait la scène. Il ne devait pas apprécier de voir son oméga si souriant avec un autre alpha.
« Votre Altesse Hilmes, je ne sais pas ce que vous avez fait au prince mais depuis il ne cesse de sourire, intervient Arihas. »
Hilmes ne le remarqua pas, il fixait son oméga qui souriait à un autre. Il en avait le droit bien sûr mais… Ça l'agaçait. Ça l'énervait même ! Il ne pouvait que grincer des dents et attendre que ça passe.
Il rumina toute la journée en pensant à la mine ravie d'Arslan alors qu'il s'entraînait avec Daryûn. Pourtant il était sûr d'avoir fait mouche en montrant à Arslan un endroit que seul lui connaissait. Un accès derrière des buissons qui menait vers un petit terre-plein d'où la vue sur les jardins était magnifique, un panorama complet d'où on pouvait voir sans être vu. Hilmes venait souvent s'y cacher pour échapper à Bahman durant quelques heures. Ça lui faisait plaisir de partager ce secret avec Arslan d'autant plus qu'il avait apprécié et qu'il adorait ces jardins. Il pensa que c'était un bon moyen de passer du temps avec lui et le connaître un peu plus. Il souhaitait aussi lui remonter le morale, ces derniers temps il était distant même avec Arihas.
Il fut fier de son petit effet sur Arslan mais il déchanta vite en le voyant si amical avec Daryûn. Il ne pouvait enlever cette scène de son esprit et il passa le reste de la journée à grogner. Zandé osait à peine lui parler de peur d'empirer la mauvaise humeur de son seigneur. Hilmes se rendait bien compte que c'était idiot, il lui souriait juste! Il ne les avait pas surpris dans les bras l'un de l'autre ! Daryûn ne serait plus de ce monde si cela avait été le cas… Ça l'agaçait d'agir ainsi mais il n'arrivait pas à ce calmer. Arslan était le seul à le faire tourner en bourrique comme ça. Il se sentait ridicule en y pensant.
La journée continua ainsi et lui parut bien longue. Le soir il se retrouva enfin seul avec son oméga mais sa mauvaise humeur ne l'avait toujours pas quitté. Arslan par contre rayonnait toujours, il l'accueillit avec un grand sourire. Hilmes se contrôlait difficilement, il n'avait qu'une envie : le faire sien, le marquer, lui faire comprendre qu'il n'appartenait qu'à lui et à personne d'autre. Arslan se tenait bien loin des considérations de son alpha, il remarquait à peine l'état dans lequel il se trouvait mais son mutisme commençait à l'interroger. Il se tourna vers lui pour parler mais arrêta son geste tout aussi rapidement.
Il eut un mouvement de recule devant le visage fermé et coléreux de son mari. Il voyait bien qu'il se retenait mais ne comprenait pas pourquoi. Hilmes ne lui avait jamais paru si inquiétant.
« Hilmes, quelque chose ne va pas ? »
Il n'obtint aucune réponse. Il prit son courage à deux mains pour se rapprocher de lui mais Hilmes ferma les yeux et détourna le visage. Arslan crut avoir fait quelque chose de mal pour qu'il réagisse ainsi mais avant qu'il ne comprenne Hilmes se jeta sur lui.
En un éclair il se trouva plaqué contre le lit. Sans ménagement Hilmes ouvrit sa tunique, il la déchira presque. Arslan paniquait, il ne comprenait pas pourquoi Hilmes se comportait ainsi et ses poignées le faisaient souffrir. Hilmes les tenait fermement au-dessus de sa tête. Arslan tenta de se défaire de son emprise mais ses mains le seraient tel un étau. Il se débattait comme il pouvait mais le poids d'Hilmes l'écrasait complètement. Hilmes plongea dans son cou et le mordit violement. Arslan poussa un cri aigu sous la douleur que lui infligea la morsure. Il pouvait sentir ses dents s'enfoncer dans sa chair, plus la morsure se faisait profonde plus Hilmes semblait se calmer. Il relâcha son emprise sur les mains d'Arslan qui tenta de le repousser mais son énergie s'était évanouie en quelques instants. Des larmes commencèrent à perler sur ses joues, pour la première fois depuis leur mariage il avait peur de son alpha. Hilmes le terrifiait et il osait à peine bouger.
Pourtant Hilmes le serra dans ses bras dans une étreinte beaucoup plus passionnée que d'habitude. Toute sa colère et sa frustration s'étaient envolées. Il se releva mais se figea en voyant le visage d'Arslan plein de larmes. Il se rendit compte de ce qu'il venait de faire subir à son oméga. Il s'en voulut immédiatement et regretta amèrement son geste. Arslan roula sur le côté et se recroquevilla tremblant. Hilmes n'osait plus le toucher et il ne savait pas comment le calmer ni comment se faire pardonner.
« Je suis désolé… Je ne voulais pas te faire peur, je… C'est de ma faute, je n'aurais pas dû… »
Arslan se détendit en voyant son alpha redevenu calme.
« Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Demanda-t-il sans reproche dans le ton de sa voix. - Cette après-midi je t'ai vu avec Daryûn… Tu semblais si heureux avec lui que… Ça m'a rendu jaloux, avoua-t-il. Tu es mon oméga… Je ne pouvais pas le tolérer, dit-il les dents serrées, mais je ne voulais pas te blesser ni te faire peur d'ailleurs, ce n'était pas mon but… Je voulais juste… Juste te marquer à nouveau, dit-il difficilement. - Pourquoi ne pas me l'avoir juste dit ? Je- j'aurais compris… »
Hilmes ne savait que répondre à cela, il se sentait misérable face à son oméga. Il échouait dans son rôle d'alpha, il devait protéger son oméga pas l'effrayer en se jetant sur lui comme une bête. Il s'assit au bord du lit, la tête entre ses mains : il était pitoyable. Le lit s'affaissa, Arslan s'assit à côté de lui il posa simplement sa main sur son épaule.
« Tu ne fais pas confiance ? Demanda-t-il. - Si, c'est juste que... Il détourna le regard. - Que quoi ? Dis-moi la vérité ! Tu crois qu'il y a quelque chose entre moi et Daryûn ? - Vous vous connaissez depuis longtemps et vous êtes plutôt proche… - Mais il n'y rien entre nous… Je pense qu'il s'intéresse déjà à quelqu'un. - Oui… Mais je n'aime pas voir d'autres alphas te tourner autour, cela m'énerve et je n'arrive plus à réfléchir ni à me calmer ! Je ne voulais qu'une chose te marquer ! Te faire mien pour qu'il cesse de t'approcher… C'est assez « puéril » comme action… Je suis juste terriblement jaloux en faites, soupira-t-il. Et dire que je voulais être un bon alpha, qui te protèges et avec qui tu te sentes en sécurité… J'ai lamentablement échoué. »
Arslan réfléchit à ce que venait de lui révéler Hilmes. Il comprenait qu'il ne l'avait pas fait méchamment et Hilmes culpabilisait de ce qui venait d'arriver. Seulement ça lui avait fait peur, que lui aurait dit Arihas dans une telle situation : lorsqu'on tombe de cheval il faut remonter en scelle. Ça ressemblait bien à Arihas en effet. Si jamais il laissait la peur s'installer entre son alpha et lui, il serait trop tard pour changer quoi que ce soit. Il attrapa la main d'Hilmes et l'attira vers lui tous en les faisant basculer à nouveau sur le lit.
« Qu'est-ce que tu fais ? Demanda Hilmes perplexe. - Recommence ! Prouves moi que tu ne me feras plus mal ! - Arslan tu trembles, dit-il en caressant sa joue. - Fais-le ! S'exclama-t-il. »
Arslan pencha sa tête sur le côté offrant complétement son cou. Hilmes s'approcha de manière hésitante, il se bloqua en voyant la marque sanglante qu'il avait déjà laissée. Il n'avait pas le droit. Pourtant Arslan l'encourageait alors qu'il tremblait comme une feuille. Décidément son oméga se montrait plus courageux que lui alors qu'il était la victime. Il se rapprocha doucement, son nez effleura le cou d'Arslan. Il déposa un baiser, son oméga sursauta presque à ce contact. Il en déposa d'autres jusqu'à ce qu'Arslan se détende et cesse de trembler. Il lécha cette petite parcelle de peau, l'aspira, la mordilla doucement. Arslan ne tremblait plus au contraire maintenant il se détendait. Hilmes se décida à le marquer, il enfonça lentement ses dents dans sa peau scrutant les réactions de son partenaire. Arslan poussa un petit gémissement et s'enroula autour de son alpha. Hilmes continua d'enfoncer ses dents jusqu'à qu'il poussât un gémissement de douleur. Il se stoppa immédiatement et desserra son emprise laissant une marque rouge tachetée de traces de dents violettes.
« Est-ce que ça va ? »
Arslan se mit à rougir, ses joues le brûlaient. « Oui » Souffla-t-il embarrassé. Cette fois cela lui avait fait beaucoup d'effet. Il fut submergé par une vague de plaisir lorsque son alpha le mordit. Voilà ce que cela donne normalement, pensa-t-il. Au moins maintenant je n'aurais plus à avoir peur. Hilmes se laissa tomber à côté de lui, les yeux rivés au plafond, il réfléchissait.
« Arslan… J'aimerais que tu fasses pareil… - Comment ? S'exclama-t-il ne se tournant vers Hilmes. - Je veux que tu me marques, dit-il en détournant le visage. Arslan le soupçonna de rougir. - Tu es sûr ? »
Il hocha vigoureusement la tête tout en évitant le regard d'Arslan. Arslan se déplaça, sa position actuelle ne lui permettait pas d'atteindre le cou d'Hilmes. Il s'allongea en partie sur lui, il ne savait pas trop comment s'y prendre alors il copia les gestes de Hilmes. Il s'attaqua au creux de son cou et y déposa une marque identique à la sienne mais Hilmes refusait toujours son regard. Il gardait la tête obstinément tournée sur le côté. Arslan voulait qu'il le regarde. Il profita donc de leurs positions pour aller mordiller l'oreille d'Hilmes. La réaction fut immédiate, il se retourna en poussant un grognement bizarre. Arslan se mit à rire en voyant le visage rouge de son alpha, il n'aurait jamais cru voir un tel spectacle un jour. Hilmes le réprima ce qui le fit rire encore plus.
« Cesse de te moquer ! Bouda-t-il. »
Arslan s'arrêta essoufflé, il se trouvait nez-à-nez avec Hilmes. Une lueur réconfortante dansait dans ses yeux et leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Hilmes rompit la distance qui les séparait et scella leurs lèvres. Ce fut le premier baiser dont ils se souvinrent.
Un Jardin pour deux
Chapitre 22 Le feu qui brûle
Arslan se sentait vaseux ce matin mais surtout il brûlait de l'intérieur. Il se demanda s'il n'avait pas attrapé une grippe ou un vilain rhume bien que ce ne soit pas de saison. Hilmes se levant plus tôt était déjà parti. Il se leva avec difficulté. Il s'interrogea sur la raison de son mal avant de réaliser que le temps passait à une vitesse folle et qu'on se trouvait déjà au milieu du mois de mars. Il se rallongea comprenant le mal que le toucher : ses chaleurs étaient revenues mais Hilmes n'était pas là. Arihas ne s'inquièterait pas tout de suite et ne viendrait pas le voir avant au moins une heure mais il était le seul qui puisse donner l'information à Hilmes.
Les premières vagues de fièvres l'assaillirent, il perdit pied rapidement. Il ne désirait qu'une chose : Hilmes. Ce fut la seule pensée qui perça au travers de son esprit embrumé. Il entendit la porte s'ouvrir et reconnut un parfum familier.
« Nous ne reverrons pas son Altesse Arslan tout de suite, annonça Arihas. - Je me faisais une joie de retrouver son Altesse maintenant que sa Majesté n'a plus besoin de moi, soupira Narsus. - Son Altesse est rentré en période de chaleur ? Demanda Elam. - Oui, son Altesse Hilmes m'a prévenu ce matin au réveil. Il s'occupait de régler des affaires pendant que le prince dormait, il doit l'avoir rejoint maintenant… - Cela va durer aussi longtemps que les dernières fois ? Demanda Alfreed. - Il y a de fortes chances que oui et je ne pense pas qu'on le reverra immédiatement après… Ils ne devraient pas sortir avant au moins une semaine. Plus une chaleur est longue plus elle épuise, et pas seulement les omégas je crois que les alphas sont souvent les plus fatigués, sourit-il. - On ne reverra pas son Altesse Hilmes de sitôt alors, remarqua Daryûn. - Le prince Arslan non plus, ajouta Arihas. - Je rêvais de peindre son portrait pendant le répit que me donnait sa Majesté mais à force je crois que je n'en n'aurais même pas l'occasion, soupira Narsus. - Grâce au ciel ! S'exclama Daryûn. - Il y a de l'animation par ici ! Dit une voix qui s'éleva derrière eux. - Ghîb ? Où étiez-vous donc durant tout ce temps ? Demanda Daryûn. - J'aidais Dame Faranghîs et le petit chevalier lusitanien dans leur tâche, dit-il. - Vous nous avez plus dérangées qu'autre chose ! Commenta Faranghîs qui arriva derrière lui. - C'est bien vrai, ajouta Etoile qui l'accompagnait. Le prince Arslan n'est pas avec vous ? Demanda-t-elle aussitôt. - Son Altesse ne pourra pas nous rejoindre cette semaine, il doit rester dans ses appartements, expliqua Arihas. - Oh ! Je vois… - Et dire que nous étions tous réunis pour le revoir ! Déclara théâtralement Ghîb. - Vous pouvez parler vous ! »
Hilmes fut décontenancé en entrant dans sa chambre, lorsqu'il était parti les phéromones de son oméga étaient moins présentes. Maintenant elles envahissaient entièrement la pièce et réveillaient son instinct d'alpha. Il se dirigea vers le lit pour rejoindre son époux, le regard d'Arslan se perdait dans le vide mais lorsqu'il sentit Hilmes il se réveilla d'un coup. Il partit alors en quête de son partenaire, il traversa le lit à quatre pattes et rejoignit Hilmes qui se trouvait l'autre côté. Il chercha tout de suite à capter les caresses de son alpha en se collant à lui. Hilmes ne tenant plus empoigna sa nuque pour l'attirer à lui et l'embrasser.
Ce baiser n'avait rien de doux mais il était passionné et débordant de promesses. Hilmes poussa son oméga contre le lit et n'attendit pas pour le libérer de ses vêtements. Sa chemise de nuit se retrouva très vite au sol, il voulut faire subir le même sort au sous-vêtement de son oméga mais il retint sa main. Surpris par ce geste il releva la tête pour plonger ses yeux dans ceux d'Arslan, une lueur de conscience perçait au travers de son regard embrumé. Hilmes n'insista pas et en profita pour enlever sa propre tunique. Il reprit alors leur baiser. Cette fois leurs peaux se touchaient déclenchant des brûlures aux moindres effleurements. Il mordait ses lèvres, les embrassait sans le moindre ménagement si bien que les lèvres pâles d'Arslan virèrent au rouge.
Arslan enroula ses bras autour des épaules d'Hilmes pour l'attirer contre lui. Il voulait sentir leurs corps se toucher, sentir le contact de son alpha contre lui. Arslan se reconnaissait difficilement dans ce comportement mais il n'arrivait pas à se contrôler. Heureusement Hilmes le rassurait, ses caresses lui faisaient du bien, elles étaient si agréables. Il n'aurait jamais pu faire ça avec quelqu'un d'autre, il ne souhaitait pas faire ça avec quelqu'un d'autre d'ailleurs. Seulement avec Hilmes, juste lui et uniquement lui, personne d'autre.
Hilmes se mit à embrasser son cou, à le mordiller et à laisser sa langue vagabonder. Il continua à descendre caressant son torse. Il vint embrasser un de ses tétons et caressa l'autre du bout des doigts. Arslan ne put se retenir de gémir lorsqu'il sentit la bouche de son amant l'aspirer et jouer avec à l'aide de sa langue. Quant à l'autre il le faisait rouler entre ses doigts. Hilmes s'y attela avec minutie, inversant le traitement et de sa main libre caressait le torse son amant à la recherche de points sensibles à découvrir. Il abandonna son occupation et se mit à parsemer son torse de baisers et de caresses. Il revint déposer un baiser sur ses lèvres avant de reprendre sa descente où il l'avait laissé. Il embrassa son ventre, le caressa de ses mains mais vint le moment où il se retrouva face à un obstacle.
Il fit glisser lentement le sous-vêtement d'Arslan guettant sa réaction. Il croisa son regard et il lui fit un petit hochement de tête en guise de confirmation. Il retira alors ce vêtement gênant sans hésitation, Arslan cacha son visage : c'était très embarrassant. Hilmes se trouva face à l'érection de son amant, il décida de ne pas faire l'attendre. Il l'empoigna et commença à faire des vas-et-viens, puis il vint l'embrasser et laissa glisser sa langue sur toute la longueur de son membre avant de le prendre en bouche. Il se délectait des gémissements de son amant. Arslan se mit à bouger inconsciemment les hanches au rythme que lui imposait Hilmes. Ses gémissements devinrent plus fort ainsi que ses mouvements de hanches, il était proche de ses limites.
« Hilmes, je… »
Il n'arriva pas à terminer sa phrase qu'il lâcha totalement prise avant de se laisser retomber contre le lit haletant. Il peina à retrouver une respiration normale. Hilmes se redressa et embrassa une de ses joues.
« Je suis désolé, tu n'as pas pu en profiter, bredouilla Arslan aussi rouge qu'une tomate, si tu veux… Je peux peut-être… - Ce n'est rien, dit-il en l'embrassant à nouveau, nous aurons d'autre occasion, n'est-ce pas ? - … Arslan rougit davantage. - Regarde, sourit-t-il, tu es déjà prêt pour un nouveau tour. »
En effet Arslan avait de nouveau une érection. Hilmes l'embrassa à pleine bouche tout en écartant ses jambes.
« Tu es d'accord pour qu'on aille plus loin cette fois ? Tu n'es pas obligé tu sais… »
Arslan hocha vigoureusement la tête, lui aussi attendait de pouvoir sentir son alpha en lui. Il ressentait un manque, une sensation de vide et il comprit que seul Hilmes pouvait y remédier.
Hilmes lécha ses doigts (à défaut d'avoir de l'huile) avant de faire glisser sa main entre les jambes de son mari. Il le rassura lui chuchotant des mots doux à l'oreille, il glissa doucement un doigt en lui sans rencontrer de difficulté. Cela ne dérangea pas Arslan mais le deuxième fut plus difficile, il se tendit, ce n'était pas douloureux mais plutôt étrange comme sensation. Il n'était pas habitué à être touché par quelqu'un. Seul, il savait à quel rythme aller pour être détendu mais il ne pouvait pas en vouloir à Hilmes d'aller plus vite. Ils n'avaient pas encore l'habitude l'un de l'autre, c'était normal qu'ils soient maladroits. Hilmes continua de le rassurer et de le détendre, il fit bouger lentement ses doigts jusqu'à ce qu'Arslan se détende. Il put en glisser un troisième, cette fois il fallut un peu plus de temps pour que son amant s'habitue. Hilmes accéléra doucement le rythme et Arslan n'y opposa aucune résistance, il commençait même à laisser échapper des gémissements de plaisir.
« Hilmes, souffla-t-il, s'il-te-plaît… Je te veux… Murmura-t-il. »
Cette demande ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Hilmes retira ses doigts, Arslan grogna de frustration. Il enleva son pantalon et se positionna, cherchant une position confortable pour son oméga. Arslan commença à avoir peur en voyant le sexe de son alpha. Hilmes vint le rassurer, l'embrasser, le cajoler avant d'entrer en lui. Ce qu'il fit lentement, caressant son oméga pour l'aider à se détendre. Il finit par être totalement en lui, Arslan grimaça : c'était douloureux mais d'un autre côté il se sentait enfin complet. Hilmes le lut dans ses yeux et se figea aussitôt. Il caressa le membre de son amant et ce fut efficace. Arslan se détendit et autorisa Hilmes à se mouvoir. Il commença très lentement en faisant de petit mouvement et les allongea au fur et à mesure que son oméga se détendait.
Arslan poussa des gémissements de plaisir, il se sentait complet, entier. Hilmes donna des coups de hanches de plus en plus rapides et profonds. Il touchait un point sensible en lui qui lui donnait des frissons et des décharges de plaisir. Arslan relâcha complètement la tête vers l'arrière, il ne retenait plus ses cris désormais. Ils arrivaient tous les deux à leurs limites. Arslan fut le premier à se libérer, Hilmes continua encore ses mouvements avant de mordre la gorge qui lui était offerte. Il poussa un dernier râle avant de jouir lui aussi.
Il se laissa tomber sur Arslan, ils étaient tous les deux à bout de souffle. Hilmes finit par bouger et s'allongea à côté d'Arslan qui s'était endormi épuisé. Sans s'en rendre compte il tomba lui aussi dans les bras de Morphée.
Il fut réveillé une heure après par une espèce de « ronronnement », il sentit Arslan venir se coller à lui.
« Hilmes… Dit-il d'une voix plaintive.»
Il le sentait se tortiller et se frotter contre lui. Il ouvrit un œil et constata qu'Arslan était bien éveillé, les phéromones qu'il relâchait finir par lui faire de l'effet aussi. Il se retourna pour s'occuper de son oméga qui demandait son attention.
Il était à peine midi pourtant il était déjà épuisé. Son oméga quémandait son attention et ses caresses à chaque instant. Il comprit enfin pourquoi on nommait cette période : chaleur. Arslan venait enfin de s'assoupir, il soupira soulagé de ce moment de répit. Il entendit frapper à la porte. Il se leva en se demandant qui cela pouvait bien être, il en oublia presque de remettre un pantalon. Il entre-ouvrit la porte et aperçut Arihas qui apportait un plateau et une jarre.
« Je vous ai amené de quoi manger et boire. - Merci, dit-il surpris. - Pensez à le faire boire régulièrement même s'il ne veut pas, vous devez le convaincre de boire et de manger sinon il risque de faire un malaise… Ce serait embêtant, n'est-ce pas ? - Certes… Mais dîtes-moi… Cela va durer longtemps ? S'inquiéta-t-il. - Pour le prince ? Ces chaleurs durent en moyenne cinq jours, dit-il compatissant. - Je vois… En tout cas merci d'avoir amené tout ça. Vous repasserez plus tard je suppose ? - Oui je viendrais quatre fois par jour, si cela ne vous dérange pas. Et n'hésitez pas à me demander s'ils vous manquent quoi que ce soit. »
Hilmes prit le plateau de ses mains et le remercia une nouvelle fois. Il vit qu'Arslan se réveillait à nouveau, il réussit à le faire lever pour venir manger. Arslan grogna, il ne voulait pas manger lui. Il se mit à bouder, cela amusa Hilmes qui le taquina. Il réussit malgré tout à le faire manger et boire bien que ce fut à contre cœur. Hilmes n'était pas au bout de ses peines. Il n'eut pas de mal à s'endormir le soir.
Les jours passèrent rapidement pourtant Hilmes les trouva très long, son oméga l'avait complètement vidé de tout son énergie. Il se demanda comment il faisait pour toujours être en pleine forme et quémander sans cesse des étreintes.
Arihas amena un plateau comme tous les matins depuis le début de la semaine. Il toqua à la porte mais cette fois il dut s'y prendre à plusieurs reprises pour qu'on vienne enfin lui ouvrir. Il sursauta en voyant Arslan ouvrir la porte. Il se frotta les yeux et regarda Arihas avec un air perdu.
« Arihas… Que fais-tu là ? Murmura-t-il. - Je suis venu vous amenez des « provisions », sourit-il. »
Arslan ouvrit complètement la porte, Arihas soupira face à la tenue négligée de son seigneur surtout qu'il n'avait pas dû faire attention à ce qu'il avait pris pour se vêtir. Il portait une tunique noire trop grande pour lui et à moitié ouverte.
« Est-ce que tu peux le poser sur la table, s'il-te-plaît ? Je n'ai plus aucune force… - Votre Altesse, êtes-vous sûr que je peux entrer ? Je veux dire : je ne veux pas déranger son Altesse Hilmes… - Tu ne risques pas de le réveiller, il dort comme une masse ! Sourit-il. »
Il entra en gardant les yeux rivés vers la table ou vers le sol. Même avec un champ vision restreint, il pouvait voir le lit défait et les draps éparpillés autour du lit. Il posa le plateau et ressortit aussi vite qu'il était entré.
Arslan partit se rallonger à côté de son alpha, il l'observa un moment. Il semblait vraiment épuisé et depuis que sa chaleur était terminée il ne l'avait pas encore vu réveillé, s'il ne voyait pas son dos se soulever régulièrement il l'aurait cru mort. Le prince chercha à se rendormir, lui aussi était épuisé et puis le bas de son dos le faisait souffrir. Pour le coup il se souvenait très bien de la raison, il rougit face aux souvenirs qui affluaient dans sa tête. Hilmes se réveilla quelques heures plus tard.
« Tu te réveilles enfin ? Sourit Arslan. - J'imagine que c'est terminé sinon tu m'aurais déjà réveillé… - Oui, c'est finis… Est-ce que ça va ? Tu as l'air épuisé, fit-il remarqué. - Je crois que je ne suis pas assez endurant. Je ne m'attendais pas à ça… Et toi tu n'es pas fatigué ? Pas trop mal ? Demanda-t-il. - J'en ai passé deux déjà alors ça va, ce n'est pas plus difficile que les dernières fois… Mais je dois avouer que j'ai mal dans le bas du dos, rougit-il. - Je crois que c'est de ma faute. »
Arslan sourit à la remarque, Hilmes se rapprocha et embrassa son épaule. Il enroula son bras autour de sa taille et l'obligea à se rallonger contre lui.
« Ils ne nous en voudront pas si nous restons encore un peu cloitrés… C'est juste pour être sûr que ta chaleur soit terminée. »
Ils ne sortirent de leur confinement que le jour suivant. Arslan fut très surpris de revoir tous ses compagnons réunis qui l'attendaient. Il fut ravi de les revoir et de pouvoir leur parler à nouveau. Cependant le répit fut de courte durée, le roi convoqua tous les seigneurs dans la salle du conseil pour faire une annonce.
« Nous avons reçu un message de Peshawar hier soir, l'armée de Turân a tenté une nouvelle attaque contre la cité. C'est une attaque de grande ampleur et Kishward a demandé un appui des forces de la capitale pour les soutenir. Seulement nous ne pouvons pas laisser la capitale sans défense surtout avec des lusitaniens qui pullulent dans la ville. Puisque le prince Arslan entretient de si bonne relation avec Sindôra, lui et son époux iront donc amener du renfort jusqu'à Peshawar. Trente mille hommes devraient être suffisants, Narsus, Kubard, Zaravant, Esfan, Tus et Daryûn vous partez avec eux… Si cela se passe bien je reverrais peut-être ma position pour ton titre de marzbâhn Daryûn… »
Le roi n'ajouta rien de plus et leur départ s'organisa rapidement. Ils partirent trois jours après ce conseil. Arslan trouva les premières journées à cheval particulièrement inconfortable, heureusement pour lui cela passa vite. Il fallut presque un mois pour arriver jusqu'à Peshawar, même en conservant une bonne allure. Devant la ville il n'y avait aucune trace d'ennemi mais cela inquiéta Narsus. Ils envoyèrent d'abord un messager pour vérifier que la cité n'était pas son contrôle ennemi. Peu de temps après, les portes s'ouvrirent et Kishward se montra pour les assurer que toute aller bien dans la cité. L'armée entra dans la ville et ils organisèrent rapidement un conseil de guerre.
« Où sont les forces ennemies ? Demanda Hilmes. - Elles sont situés près de la frontière, le camp se situe à deux jours de marche d'ici. Ils attaquent par vague et se replient immédiatement après, on dirait qu'ils cherchent à nous tester, expliqua Kishward. - Vous savez combien ils sont ? - Entre trente-cinq et quarante mille hommes grand maximum. - On est donc à égalité au niveau des forces, remarqua-t-il. - Mais il semblerait que des renforts arrivent de Sindôra car l'armée de Turân se trouve près de leur frontière. Jaswant est parti les accueillir, ils ont l'intention de les prendre à revers. - Il faudrait donc combiner nos attaques pour encercler l'armée de Turân, commenta Narsus. - J'ai l'impression que vous avez l'habitude de travailler avec le roi Rajendra, remarqua Hilmes. - Disons qu'il nous laisse faire le sale boulot avant de se montrer, soupira Daryûn. - Daryûn n'est pas objectif quant au roi Rajendra, déclara Ghîb. - Comment ça ? - Je crois que vous comprendrez lorsque vous le rencontrerez, ralla Daryûn. »
La mauvaise humeur de Daryûn ne passa pas inaperçu, Hilmes arqua un sourcil interrogatif en voyant Arihas rouler les yeux.
Le soir un éclaireur les informa que l'armée Turân levait le camp pour se déplacer vers le nord. Le lendemain ils comprirent pourquoi ce soudain déplacement, une armée avec Rajendra à sa tête arriva à Peshawar. Il n'avait pas changé d'un poil depuis leur séparation.
Arslan fut le premier à le saluer et comme à son habitude Rajendra se montra très tactile. Il prit Arslan dans ses bras toujours en parlant fort et familièrement.
« Arslan, mon frère ! Comment vas-tu ? J'ai entendu dire que tu t'étais marié, c'est vrai ? Avec Daryûn, peut-être ? »
Rajendra eut une soudaine sueur froide, il retint un cri de surprise lorsqu'une main se referma sur son bras.
« Non, ce n'est pas le cas, déclara une voix glaciale. - Ah Hilmes ! Je te présente sa Majesté Rajendra ! Et Rajendra voici mon mari Hilmes. - Hum… Le roi déglutit difficilement. Donc vous êtes son mari… Vous êtes un général peut-être ? - Non je suis prince de Parse ! Et le cousin d'Arslan, dit-il en fixant froidement le roi qui se faisait petit. - Je vois… Mais dis-moi Arslan, reprit-il, y a-t-il eu d'autre évènement comme celui-ci ? Je veux dire, d'autre mariage parmi tes compagnons par exemple ? - Non, pourquoi cette question ? Demanda Arslan. - Oh je croyais… Mais ce n'est pas important ! Il faut fêter nos retrouvailles ! S'exclama-t-il. Enfin si son Altesse veut bien me lâcher… »
Rajendra commençait à souffrir Hilmes possédait une poigne effrayante. Il espérait que ses mains ne viendraient jamais se fermer sur son cou. Cependant il obtint une bonne nouvelle du prince : Arihas n'était pas marié. En recevant sa réponse, il crut qu'Arihas avait donné sa main à quelqu'un d'autre comme Daryûn par exemple… Heureusement pour lui ce n'était pas le cas. Malgré le refus qu'il avait reçu il ne comptait pas abandonner si facilement, Arihas était une fleur rare qu'il rêvait de cueillir et en amour comme en guerre il n'aimait pas perdre.
Une fois les civilités finies avec le couple princier et le seigneur de la cité, il chercha du regard Arihas. Une fois qu'il le repéra il chercha à se rapprocher mais étonnamment il se huerta à la montagne de muscle et l'adversaire qu'était Daryûn. Il prit un malin plaisir à le saluer avec un grand sourire et une accolade amicale. Il ne cacha pas le contentement qu'il tira de le voir enrager. Qu'est-ce qu'il adorait l'emmerder ! Le plus hilarant était certainement le fait qu'il tombait dans le piège à chaque fois. Après toutes ces embûches il finit par arriver à sa cible, il ne se gêna pas pour le saluer très chaleureusement. Il prit sa main pour y déposer un léger baiser. Il entendit Daryûn grogner mais il ne s'en souciait plus désormais. Ses yeux ne lâchaient plus Arihas.
« Cela fait longtemps… »
Lors du conseil de guerre qui suivit, Rajendra ne cacha pas son intérêt pour Arihas à défaut de s'intéresser à la stratégie que Narsus mettait en place. Hilmes comprit enfin pourquoi Daryûn détestait Rajendra, il lui jetait des regards meurtriers qui ne rencontraient que l'indifférence de leur cible. Rajendra se montrait toujours très tactile avec le prince même s'il s'arrêtait de lui-même lorsqu'il sentait le regard d'Hilmes, certes ça l'agaçait mais il savait que ce n'était pas Arslan qui l'intéressait. Il plaignait presque Daryûn de supporter l'insistance de ce rival, à sa place il l'aurait déjà étripé.
Rajendra continua son petit manège tout le reste de la journée, Arihas ne pouvait pas le rater. Il voyait bien qu'il essayait de leur arranger un moment en tête-à-tête mais il y avait toujours quelqu'un pour contrecarrer ses tentatives. Le plus souvent Daryûn. Il s'arrangeait toujours pour ne pas les seuls tous les deux mais il ne pouvait pas être partout. Au détour d'un couloir Rajendra réussit à le « capturer » pour l'attirer avec lui dans une cour à l'abri des regards.
Il le fit s'assoir sur un banc et saisit ses mains pour les embrasser. Il resta un moment agenouillé à ses pieds. Arihas mentirait s'il disait ne pas être flatté par toute l'attention qu'il lui portait mais il ne pouvait rendre cette affection.
« Je te l'ai déjà demandé mais je tenais à te faire une vraie demande en personne cette fois… Arihas, est-ce que tu veux m'épouser ? Devenir mon époux et régner à mes côtés ? - Rajendra… Je vous ai déjà répondu et… Je ne changerais pas d'avis. J'apprécie l'attention que vous me portez, cela me fait plaisir mais je ne souhaite pas aller plus loin avec vous. Je ne suis pas fait pour monter sur un trône, je suis âgé maintenant, j'ai déjà été marié et je n'ai eu aucun enfant… - Cela m'importe peu tout ça ! Je te veux à mes côtés ! Dis-moi ce qui te retient ? - Je ne souhaite pas quitter mon pays et je veux rester aux côtés de son Altesse. Il a besoin de moi et… J'ai besoin de m'occuper de lui, je me sentirais coupable de le laisser maintenant, je ne peux l'abandonner alors qu'il va traverser le plus difficile… - Soit honnête avec moi, n'y a-t-il que ça qui te retiennes ? Seulement son Altesse ? Personne d'autre ? - Non, pourquoi y aurait-il quelqu'un d'autre ? »
Arihas ne comprit pas le sens de ces questions pour lui il n'y avait pas raison particulière. Il voulait simplement rester pour servir son Altesse rien de plus. La vie à la cour était agréable et paisible, et puis il se sentait libre. Il doutait que cela dure car il devrait trouver un alpha rapidement. Les traces de chaleur se faisaient sentir plus que jamais, il subissait depuis plusieurs jours des fièvres et ses phéromones devenaient plus fortes chaque mois qui s'écoulait. La déception s'inscrivait sur le visage de Rajendra mais il s'avoua vaincu.
« Bien… J'imagine que je dois l'accepter, soupira-t-il. Mais si tu changes d'avis, n'hésites pas ! Je garderais une place pour toi au palais et… Dans ma chambre, ajouta-t-il avec un clin d'œil. - J'en prends note. »
Les jours suivants Rajendra se montra plus distant avec Arihas, Ghîb comprit qu'il avait abandonné et cela soulagea Daryûn.
L'armée turâniene s'était établie plus loin, à environ quatre jours à cheval. Ils n'avaient pas l'intention d'arrêter leur « conquête » là. Ils étaient donc obligés de lancer une attaque contre l'armée turâniene qui semblait bien décidé à conquérir Peshawar. Les éclaireurs apprirent que le roi Ilterish réclamait l'aide son frère, en réponse à l'arrivée de l'armée du roi Rajendra. Il fut décidé que l'attaque se ferait le plus rapidement possible pour les faire battre en retraite avant que leurs renforts n'arrivent.
La guerre était déclarée. Dans deux jours ils lanceraient leur attaque. Le prince Arslan participerait lui aussi. Hilmes rechigna à accepter mais finit par lui confier la direction de l'arrière, normalement il n'aurait pas besoin d'intervenir. Hilmes ne voulait pas qu'il soit sur le champ de bataille mais il ne pouvait pas lui imposer de rester cloitré à Peshawar. Il trouvait le compromis plutôt équitable même si Arslan le bouda. Il n'appréciait pas de se retrouver mis de côté par Hilmes, ils durent faire face à leur première dispute. Après des explications, Arslan finit par lui pardonner.
Demain ils partiraient dans les plaines pour marcher vers leurs ennemis, ils étaient supérieurs en nombre et ne devraient pas rencontrer de problème. Pourtant Arihas eut dû mal à s'endormir, il avait un mauvais pressentiment. Cela lui rappelait bien trop Atropathène.
Un Jardin pour deux
Chapitre 23 Le captif
La bataille aurait lieu demain mais pour le moment les soldats tentaient tant bien que mal de se détendre et de se reposer malgré l'angoisse qui les étreignait. Narsus polissait les derniers détails de son plan et finissait d'accorder les tâches à chacun. Hilmes, Zandé et Esfan seraient en première ligne Sahm, Tus, Zaravant et Ghîb sur le flanc gauche sur le flanc droit Daryûn, Jaswant, Faranghîs ainsi que l'armé de Rajendra qui se situerait sur ce flanc puis se déploierait pour encercler l'ennemi. Arslan resterait avec le reste du groupe à l'arrière, ils veilleraient à ce que tout se passe bien et n'agiraient qu'en cas d'urgence.
Maintenant que tout était organisé ils devaient prendre du repos, la journée de demain serait longue. Les princes se retirèrent dans leur tente, Arslan se sentait nauséeux depuis leur chevauchée de l'après-midi. Il était totalement épuisé alors que les jours précédents il débordait d'énergie. Même les infusions d'Arihas se trouvaient inefficaces contre le mal qui rongeait Arslan. Hilmes resta toute la soirée à ses côtés, aux petits soins et prêt à satisfaire ses moindres désirs. Il restait tout près de lui et gardait son bras autour de sa taille dès qu'ils se trouvaient en petit comité. Il montrait ouvertement des gestes d'affection malgré la présence d'autres personnes. Il ne cachait pas non plus son inquiétude sur l'état de son oméga.
Hilmes devenait méconnaissable, Sahm et Zandé ne l'avaient jamais vu aussi doux et démonstratif depuis qu'ils le servaient. Les compagnons du prince trouvèrent ce comportement rassurant, ils s'entendaient bien et Hilmes se montrait attentionné et protecteur envers leur seigneur. Ils trouvèrent ça touchant de le voir aider Arslan à se lever et le soutenir lorsqu'ils se retirent.
Arihas restait assez distant, son mauvais pressentiment ne le quittait pas pourtant ils n'avaient rien à craindre. Rajendra remarqua son regard inquiet et vint s'assoir à côté de lui.
« Tu sembles ailleurs, dit-il. - Je suis inquiet… J'ai un mauvais pressentiment depuis notre départ de Peshawar, c'est presque trop facile, trop évident... - Tu t'inquiètes inutilement, tu sais ? - Certainement, murmura-t-il. - Veux-tu que je t'aide à te détendre ? Sourit-il. Si tu le veux évidemment… Je suis très habile de mes mains, mes massages sont apaisants et très… Revigorant, dit-il avec un sourire en coin. - C'est intéressant comme proposition mais si j'accepte cela s'arrêtera-t-il vraiment au massage ? - Tu en as ma parole ! Je m'arrêterais là où tu voudras.»
Arihas se laissa convaincre, son dos le faisait souffrir et il était ravi de la proposition de Rajendra même s'il craignait que cela dégénère. Il enleva sa tunique face au regard brûlant de Rajendra qui lui indiqua de s'allonger face au lit, ce qu'il fit. Il le sentit s'installer à califourchon dans son dos. Lorsqu'il posa ses mains dans son dos se fut la libération. Rajendra disait vrai il excellait dans les massages. Tout son stress disparut en un rien de temps et sans s'en rendre compte il s'endormit.
Rajendra sourit en voyant qu'il s'était endormi si rapidement. Il souleva les cheveux bruns d'Arihas et vit son visage endormi. Il paraissait si calme, si apaisé qu'il en oublierait presque qu'ils partaient en guerre le lendemain. Sa main glissa jusqu'à son cou, il enleva les mèches qui couvraient son cou. Il fut déçu d'y voir son collier de cuir, il se pencha vers lui et ouvrit la bouche pour le mordre. Il ne força pas il sentait cet obstacle qui le bloquer. Si ce truc ne se trouvait pas là Arihas serait à moi, pensa-t-il.
Il choisit de partir, il ne voulait pas tenter le diable. Lorsqu'il sortit de la tente d'Arihas il tomba sur Daryûn qui se refroidit aussitôt. Sentant l'orage arriver il lui souhaita bonne nuit et disparut aussitôt. Daryûn resta bloqué là. Lorsqu'il les avait vus partir ensemble une heure plus tôt il se douta que quelque chose clochait et là il en acquit la certitude. Il était persuadé que Rajendra avait abandonné sa tentative de séduction mais il se dit qu'il s'était bien fait avoir. Il hésita entre continuer son chemin jusqu'à sa tente ou bien parler à Arihas. Pour dire quoi ? Aucune idée mais il voulait savoir si Arihas lui avait menti ou s'il se faisait des idées et que rien n'était arrivé. Il penchait pour la dernière option.
Il serra les points et s'annonça en entrant, il se figea en voyant Arihas allongé dans son lit. Seule une couverture couvrait sa peau dénudée. Arihas commençait à se réveiller lorsqu'une main attrapa brusquement son bras et le tira du sommeil. Il se retrouva debout et complètement sonné face une masse de muscle peu commode. Lorsqu'il leva les yeux il tomba sur ceux de Daryûn qui lui lancèrent des éclairs.
« Daryûn ? Qu'est-ce qu- »
Arihas n'eut pas le temps de comprendre que Daryûn le tira et le plaqua contre lui. Il l'attrapa par la racine des cheveux et tira sa tête vers l'arrière. Il mordit de toutes ses forces dans le collier. Arihas ne comprenait pas ce qui arrivait mais lutta pour rester calme, dans l'état des choses il ne pouvait rien faire et il le savait. Un alpha dans cet état de nerfs n'écoute rien de ce qu'on peut lui dire. Il attendit, bien que cela devienne douloureux. Daryûn finit par se calmer et relâcher sa prise. La crise était passée et sa colère avec.
« Ça va ? Demanda Arihas. - Qu'est-ce que j'ai fait ? Dit-il en tremblant. - Hey… Calmez-vous… Murmura-t-il. »
Daryûn se trouvait en état de choc, il se crispa sur Arihas. Arihas dut jouer de ses phéromones pour le calmer mais Daryûn continua à le serrer contre lui. Il le tenait fermement dans ses bras et gardait son visage dans son cou. Arihas finit par le serrer contre lui à son tour espérant que cela soit plus efficace pour l'apaiser. Le cavalier noir nageait dans l'incompréhension, il ne voulait pas faire ça, ce n'était pas son idée. Il ne voulait pas lui faire de mal, ni lui faire peur.
« Je ne voulais pas… Je ne sais pas ce qu'il m'a pris… J-je suis vraiment désolé, bégaya-t-il. - Ce n'est pas grave, dit-il. Je porte toujours mon collier alors cela n'a pas d'incidence… - Vous devez me détester… - Non, je sais que vous n'êtes pas quelqu'un de mauvais.»
Daryûn tremblait toujours, il savait qu'il devait s'éloigner d'Arihas mais il n'y parvenait pas. Ses muscles se crispaient dès qu'il cherchait à se détacher de lui.
« Je suis désolé je n'arrive pas à vous lâcher, murmura-t-il. - Je sais ne vous en faîte pas. - Je peux vous poser une question indiscrète ? - Hum… Allez-y on verra bien ! - Vous et Rajendra… Je croyais qu'il n'y avait rien entre vous pourtant il est sorti de votre tente, non ? »
Arihas resta interdit, si n'importe qui lui avait demandé de justifier sa vie privée il l'aurait envoyé balader mais là… Il se sentait presque obligé de lui répondre.
« En effet c'est indiscret comme question… Je vous l'ai déjà dit en plus, soupira-t-il, il n'y a rien entre lui et moi. Il m'a proposé un massage car je lui ai avoué être stressé pour demain. Et c'est tout ! -Et… Il vous a demandé de vous déshabiller pour ça ? - Vous voulez bien arrêter ça oui ! Je vous ai répondu il me semble ! - Excusez-moi… Je n'arrive pas à m'en empêcher… - Je sais… - Depuis tout à l'heure vous dîtes ça mais comment pouvez-vous savoir ? -Votre comportement et votre attitude je peux les lire… Je les ai déjà vus chez d'autre, Kahzac faisait ça aussi lorsque je m'approchais d'un autre alpha. C'est l'attitude d'un alpha… - Je ne comprends pas ce que cela veut dire… - Je crois que vous me considérez comme votre oméga… - Comment ? Sursauta-t-il. »
Il se détacha d'Arihas mais il fut trop surpris pour le remarquer. Il ne comprenait pas ce qu'il venait de dire. Quant à Arihas, il ne pensait pas un jour se retrouver dans cette situation : Daryûn, même s'il le montrait peu, restait un alpha et souhaitait se lier à lui. Arihas ne savait pas comment gérer la situation : en restant aux côtés de son Altesse il ferait souffrir Daryûn s'il épousait un autre alpha et la situation risquerait de dégénérer. Il pourrait très bien tuer son alpha dans un état de rage pour l'obtenir.
Ce genre d'instinct enfoui finissait toujours par ressurgir, un instinct animal qui pousse à trouver son partenaire et tout faire pour l'obtenir une fois choisi. De la même manière que deux mâles vont se battre pour un territoire ou un partenaire. Plusieurs années auparavant il n'aurait pas compris ces histoires d'instincts et les aurait prises pour de simples rumeurs, de fausses idées et que ce n'était qu'une excuse pour les alphas… Pourtant tous les jours il devait faire face à ce lui enfoui, luttait pour garder un comportement « humain ». Les omégas sont soumis à ses « règles » lorsqu'ils sont en chaleur et les alphas le vivent pour posséder ce qu'ils considèrent comme leur appartenant.
Ses choix se limitaient à rester vivre à la cour et se donner à Daryûn ou partir et trouver un autre partenaire. Daryûn semblait reprendre conscience peu à peu, lui aussi réfléchissait à ce qu'il devait faire et comment agir. Il l'aimait et il le savait depuis le début, depuis qu'il l'avait vu mais ce n'était pas simplement physique. Plus il apprenait à le connaître, plus il aimait son esprit libre et sa volonté de défendre ses idéaux. Il ne se contentait pas de ce qu'on lui imposait, il prenait ce qu'il désirait. Il adorait cette partie de lui, il adorait tout chez lui mais il avait préféré fermer les yeux. Après l'annonce de son oncle, il s'était mis des œillères pour ne plus voir que le prince. Il l'appréciait et s'ils s'étaient mariés il aurait tout fait pour le rendre heureux. D'une certaine manière il s'était senti libéré lorsque le prince épousa Hilmes mais il ne restait plus qu'une obsession pour Arihas. Il le voulait.
« Epousez-moi après cette bataille ! »
Arihas resta interloqué mais c'était la seul chose à faire. Il appréciait Daryûn et de toute manière il devait se remarier alors autant que ce soit avec lui. Il lui faisait suffisamment confiance pour lui confier des choses qu'il n'avait jamais dites à personne : ses cicatrices. Il le laissait se montrer « indiscret » et à chaque fois il lui répondait. Et puis il n'était pas le genre de personne à tomber amoureux à premier regard, pour lui une relation n'existe que sur la durée. Un couple de la noblesse n'est pas la même chose qu'un couple du peuple, car le choix est très souvent restreint à des fins politiques ou diplomatiques. Un couple doit s'entendre et pouvoir communiquer ouvertement, c'est une relation de confiance. Si tout ça est réuni alors l'amour peut naître. Cela s'était passé ainsi avec Kahzac, ils s'entendaient bien et avaient fini par s'aimer et former un couple très fusionnel.
« D'accord, dit-il simplement. »
Daryûn se sentit idiot après sa demande. Il s'attendait encore moins à recevoir une réponse positive de la part d'Arihas.
« Vraiment ? S'exclama-t-il. - Oui mais après la bataille, dit-il fermement. - Je… Je sais que je ne me suis pas bien comporté ce soir mais je… Je te protègerais et je n'ai pas l'intention de te priver de ta liberté ! »
Daryûn avait besoin de lui dire. Arihas lui sourit, il ressemblait à un enfant en disant ça. Il alla s'agenouiller devant un sac d'où il sortit un coffret qu'il ouvrit, Daryûn le regarda faire sans rien dire. Arihas défit son collier et en mit un autre qu'il tira du coffret. Il se l'accrocha autour du cou et se retourna vers Daryûn. Il fixa ce nouveau collier noir, très différent du précédent, un détail en particulier attira son attention : une petite serrure sur l'avant. Arihas attrapa une veste pour se couvrir avant de s'approcher à nouveau de Daryûn et lui tendre une petite clef.
« Ceci est la preuve de mon accord, je te donne la seule clef de mon collier… Toi seul peux l'ouvrir, expliqua-t-il. - Vous… Enfin tu, se corrigea-t-il, es sûr ? - Je ne te la donnerais pas sinon ! N'oublies pas aussi de faire une demande officielle… - Je n'y manquerais pas ! - Bien tu devrais te retirer maintenant et aller te reposer, nous avons une dure journée qui nous attend demain. - Est-ce que je peux… - Demain ! Ce sera ta récompense pour me revenir, sourit-il. »
Daryûn accepta bien qu'un peu frustré, il aurait bien aimé l'embrasser.
Le lendemain, Daryûn se leva plus léger. Il ne pensait qu'à ce qui arriverait après la bataille. Il fonderait sa propre famille, enfin si Arihas souhaitait lui aussi avoir des enfants. Il souriait stupidement malgré l'air pesant, sa béatitude interrogea Narsus et Ghîb qui furent les premiers à la constater. Ils n'eurent pas l'occasion de lui poser de questions car Daryûn du partir avec Jaswant et Faranghîs pour accompagner Rajendra. Il ne put s'empêcher d'éprouver de la fierté de l'avoir battu, il possédait la clef. Il l'avait d'ailleurs attaché à son propre collier pour la garder près de lui et à l'abri des regards.
Il était heureux qu'Arihas lui fasse confiance et accepte sa demande, il ne s'y attendait vraiment pas. Il attendait avec impatience la fin de la bataille, ça ne lui ressemblait pas d'être si peu concentré pour une bataille mais là la situation était différente. Toute sa vie allait changer ! Il devrait en parler aux princes et faire une vraie demande cette fois. Peut-être devrait-il lui offrir un bijou… Une bague par exemple ? Mais quel genre de bague Arihas aimerait-il ? Et puis cela lui convenait-il vraiment ? Il avait l'impression de lui avoir forcé la main, il eut un pincement au cœur. Est-ce qu'Arihas le voulait vraiment ? Avait-il eu trop peur pour refuser sa demande ? Cela l'étonnerait qu'il se laisse faire mais il se sentait quand même coupable. Lui se réjouissait mais était-ce le cas d'Arihas ?
Faranghîs le rappela à l'ordre voyant qu'il était perdu dans ses pensées. Ils se rapprochaient du camp et l'armée se stoppa attendant le signal d'attaquer d'Hilmes. Daryûn chassa ses réflexions pour se concentrer pleinement sur l'attaque qui allait se dérouler. Il devait revenir vivant pour avoir la moindre chance de l'épouser. Le clairon sonna dans le silence matinal et une mâchoire de fer se referma sur le camp endormi.
Les ennemis ne s'attendaient pas à une attaque ils n'auraient pas le temps de réagir et l'attaque serait rapide mais rien ne se déroula comme prévu. Aucun soldat ne se manifesta malgré le bruit et le fracas des armes, aucune alerte ennemie ne fut donnée pour signaler l'attaque. Dès lors Hilmes sut que quelque chose n'allait pas, c'était beaucoup trop calme pour être normale. Tous les généraux en vinrent à la même conclusion, cela ne se déroulait pas comme prévu. Pourtant les éclaireurs avaient vu des lumières durant la nuit, les hommes n'avaient pas pu se volatiliser en peine quelques heures.
Le constat fut identique pour tous les groupes: le camp était désert. Cela n'annonçait rien de bon. Hilmes ordonna un repli immédiat vers le camp, il craignait de se faire prendre à revers ou pire… Que l'ennemi attaque leur camp ! Certes il y avait des soldats en grand nombre et ils pourraient tenir jusqu'à leur arrivée mais il craignait qu'il n'arrive malheur à Arslan. L'armée turâniene n'est pas connue pour être stratège mais barbare, alors qu'ils fassent un plan n'annonçait rien de bon. Il espérait avoir tort.
Malheureusement ce qu'il craignait arriva. Sur la route menant au camp ils tombèrent sur des messagers qui leur annoncèrent que le camp était attaqué par l'ennemi. Ils tenaient bon mais avaient besoin de renfort au plus vite. Cependant ils arrivèrent trop tard, l'ennemi avait déjà disparu laissant derrière eux une trainée de sang visqueuse. Hilmes partit en quête d'Arslan sans grand succès, il fut interpellé par Daryûn :
« Votre Altesse, le prince est-il avec vous ? - Non, je le cherche mais je ne trouve aucune trace de lui et personne ne semble savoir où il est… - Je ne trouve pas Arihas non plus, avoua-t-il, mais un soldat a aperçu Narsus auprès d'Etoile qui est blessée… Peut-être qu'ils savent où est son Altesse Arslan ! »
Hilmes le suivit sans un mot, cette situation l'agaçait et il commençait à avoir peur. Il ne le voyait nulle part, il n'arrivait pas à le sentir non plus… Il avait un mauvais pressentiment.
Cela se confirma lorsqu'il vit la mine inquiète de Narsus au chevet de la soldate lusitanienne. Elle reprenait conscience quand il arriva, elle était gravement blessée et souffrait rien qu'en respirant. Hilmes s'adressa d'abord à Narsus qui évitait son regard :
« Où est Arslan ? Demanda-t-il brusquement. - Nous essayons de le savoir… Etoile est la dernière personne à l'avoir vu… - Comment ça « la dernière à l'avoir vu » ? Dit-il en serrant les dents. - Nous ne savons pas où il est, avoua Narsus. Et Arihas reste lui aussi introuvable… Il devait certainement être avec le prince… Je crains qu'ils n'aient été enlevés pour servir d'otage, l'attaque de Turân a été soudaine et ils sont repartis presque aussi vite. Toutes leurs forces n'étaient pas réunis, ils n'avaient pas l'intention de combattre… - Vous dîtes que le prince Arslan a été enlevé sous votre responsabilité… Grinça-t-il. - C'est une supposition nous attendons la version d'Etoile. - Tu m'entends ? Demanda Alfreed à Etoile. - Oui, murmura-t-elle. - Tu nous as entendus pas vrai ? Est-ce que tu sais ce qui est arrivé au prince ? - Ils nous ont encerclés… Ils ont dit de prendre le prince vivant… Avec Arihas nous avons essayé de leur tenir tête mais on ne faisait pas le poids, ils étaient trop nombreux et Arihas était blessé au bras. Je me suis fait assommer alors que j'allais le soutenir… Je suis tombée et je les ai vus faire pareil au prince et à Arihas puis ils les ont amenés… J'ai essayé de le protéger, pleura-t-elle, je voulais vraiment mais- elle fut coupée par un sanglot. - Tu as fait de ton mieux, répondit Hilmes. »
Il enrageait, c'est lui qui aurait dû être là pour le protéger… Il aurait dû le convaincre de rester à Peshawar en sécurité ! Il n'avait pas sa place sur un champ de bataille… Hilmes s'en voulait, il ne pouvait même pas protéger son oméga ou le convaincre de rester à l'abri. Il serra les dents pour ne pas hurler sa colère et garda les points fermés. Cela ne devait pas arriver, Arslan devait être en sécurité à l'arrière, il lui avait donné ce poste pour qu'il ne soit pas exposé et finalement ce fut l'inverse… Il se sentait coupable, s'il l'avait pris avec lui rien de tout ça ne serait arrivé ! Il espérait, non il priait pour qu'il aille bien.
La tête d'Arihas était douloureuse et ce n'était pas la seule, tout son corps de le faisait horriblement souffrir. Un liquide chaud coulait sur son visage et avec l'odeur de rouille, il n'eut pas de mal à comprendre que c'était du sang. Le sien. Il ouvrit péniblement un œil, sa vision se troubla à cause du sang. Il chercha le prince, il arrivait à sentir sa présence pas loin.
« Votre Altesse ? Appela-t-il. Il entendit un bruit de chaines. - Arihas tu es réveillé ? J'ai cru que tu étais… Sanglota le prince. - Arslan comment allez-vous ? Vous êtes blessé ? Demanda-t-il. - Je vais bien… Mais toi… T-tu es couvert de sang Arihas et tu es tout pâle, pleura-t-il. - Ne vous inquiétez pas pour moi, ça va… Même si j'ai connu mieux, dit-il en essayant de sourire. Savez-vous où nous sommes ? - Aucune idée, ils m'ont bandé les yeux… Je… Arihas j'ai peur, avoua-t-il, et puis j'ai mal au ventre. - Ne vous en faîte pas, son Altesse Hilmes doit déjà être à votre recherche à l'heure qu'il est ! Et Narsus prépare certainement un plan génial pour nous tirer de là ! »
Arihas essayait de le rassurer. Arslan paniquait, il le sentait clairement et cela l'inquiétait car cette situation cachait quelque chose d'autre qu'il n'arrivait pas à saisir. Il se passait quelque de grave chez le prince mais il ne savait pas quoi. Il arriva enfin à y voir net, il observa autour de lui. Il remarqua qu'on leur avait retiré leurs armures. Ils étaient prisonniers dans une petite tente et attaché par des chaines au poteau central. Il n'arrivait pas à voir à l'extérieure mais il entendait le vent souffler et l'air était froid. Ils devaient se situer dans les montagnes. Des voix se firent entendre à l'extérieur et s'approchaient dangereusement.
Un grand homme en armure entra dans la tente. Arslan reconnut sans peine le roi Ilterish, il eut un frison de dégout.
« Alors comment vont nos prisonniers ? Sourit-il ravi. »
Il n'obtint aucune réponse et cela l'énerva apparemment. Il s'approcha et saisit Arslan par le col.
« Tu fais moins le malin quand t'es plus sur tes remparts pas vrai ! Comment un oméga peu diriger une armée ? T'es fait pour écarter les cuisses, t'as pas compris encore ? Ton alpha te l'as pas dit ? Pourtant on dirait qu'il se fait plaisir ! »
Pour accompagner ses mots, il arracha le col d'Arslan laissant apparaître ses nombreuses marques.
« En plus, t'es pas le seul ! T'as même un petit soldat oméga pour te défendre ! L'armée Parse est tombée bien bas ! - Parles pour toi ! S'énerva Arihas. Tu as peur de nous au point de nous attacher pour nous parler ! - Il a une grande gueule celui-là ! Pourtant je suis sûr que je peux te faire taire… On dirait que t'es pas marqué toi… Et si je te marquais pour voir ? Il lâcha le prince et se dirigea vers Arihas. - Arrêtez ! S'exclama le prince. »
Il saisit le bras blessé d'Arihas pour l'obliger à se lever. Il prit plaisir à appuyer volontairement sur sa blessure mais Arihas resta de marbre. Il ne lui ferait pas ce plaisir. Ilterish arracha son col et une bonne partie de sa chemise suivit avec. Son agresseur grogna en voyant le collier au cou d'Arihas.
« Je vois… Un gars comme toi a un fiancé, je me demande quelle tête peut avoir une énergumène pareil pour te supporter. Il doit être bien laxiste pour que tu parles comme ça. - C'est pas un con lui ! »
Arihas prit un coup en plein visage, il n'en attendait pas moins d'un type de ce genre. Les coups se mirent à pleuvoir, il entendit le prince crier à côté. Il se sentit partir et lutta pour rester conscient. Il fut soulagé lorsque les coups cessèrent enfin.
« Tu l'as bien cherché, p'tit pute ! Cracha-t-il. - Ilterish qu'est-ce que ça signifie cette histoire ? Demanda une voix qui s'éleva derrière. - Itoqt te voilà enfin ! Je t'ai attendu ! Si on n'avait pas bougé l'armée Parse nous aurait détruits avec ton retard ! S'énerva-t-il. - Mon frère pourquoi avoir enlevé ces deux omégas ? - Là c'est le prince Arslan et le mari du prince Hilmes, et à ton avis que va-t-il faire ? - Il va nous tuer pour avoir enlevé son oméga voilà ce qu'il va faire ! S'exclama-t-il. - Il va foncer tête baissée pour le récupérer et on va lui tendre un piège ! Je me ferais un plaisir de le tuer et d'humilier Parse ! - C'est de la folie mon frère ! Et que vas-tu faire d'eux après ? - J'en ferais mes épouses, sourit-il. - Plutôt mourir ! S'exclama soudainement le prince. - Ah bon ? Ilterish se tourna vers lui. Tu crois ? Tu verras que lorsque tu seras en chaleur ça t'importera peu de savoir qui te remplit… Il jeta Arslan à terre, et lui donna un coup dans le ventre. Maintenant je veux plus vous entendre vous deux ! Je m'occuperais de vous après… »
Son frère fut choqué de ce comportement mais ne dit rien et suivit son frère lorsqu'il sortit de la tente. Arihas se précipita auprès du prince qui ne bougeait pas et restait recroquevillé sur lui-même.
« Arslan est-ce que ça va ? - Arihas, pleura-t-il, je saigne ! - Où ça ? Demanda-t-il. »
Arslan baissa les yeux et il comprit. Il y avait du sang sur le pantalon d'Arslan. Arihas se mit à hurler pour interpeller les gardes. Un d'eux daigna montrer le bout de son nez par l'entrée de la tente.
« Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il. - Allez chercher un médecin, le prince fait une fausse-couche ! »
Le garde écarquilla les yeux avant de partir en courant chercher un médecin. Le prince tremblait, des larmes roulaient sur ses joues. Arihas aperçut un matelas il poussa Arslan à aller s'allonger dessus.
« Arihas… Qu'est-ce qu'il se passe ? Sanglota-t-il. - Arslan, je suis navré de vous dire ça mais vous faîtes une fausse-couche… Vous êtes enceint mais votre enfant arrive trop tôt… C'est à cause des coups que vous avez reçus… - J'ai un bébé… Dans mon ventre ? Demanda-t-il surpris. Je suis en train de perdre mon bébé ? Arihas… Je ne veux pas… J'ai peur, pleura-t-il. - Je suis là, d'accord ? Dit-il en saisissant sa main. Je resterais avec vous, je ne vous lâcherais pas ! Un médecin va arriver et il va s'occuper de vous. Tenez bon ! »
Arslan se blottit contre Arihas en pleurant. Le médecin arriva peu après, c'était un vieil homme au visage grave qui tenait des petites fioles dans ses mains. Le garde qui était parti le chercher arriva les bras chargés de linges. Il les posa à côté d'Arihas et parti aussi vite qu'il était venu.
« Enlevez-lui son pantalon, ordonna-t-il fermement. »
Arihas obéit immédiatement tout en continuant à rassurer le prince. Il passa des serviettes sous lui et le couvrit avec un drap. Le médecin le souleva et observa un moment avant de parler.
« Les saignements ne sont pas préoccupant mais il faut surveiller qu'ils n'augmentent pas. Je vais vous donner de quoi vous revigorer, la nuit va être longue. »
Il lui fit boire plusieurs fioles et se tourna vers Arihas.
« Je vous le confie pour le moment, vérifiez bien les saignements ! S'ils augmentent donnez-lui ça, dit-il en désignant une fiole. Il risque aussi d'avoir de la fièvre… Je vais aller chercher de quoi le soulager rapidement, je ne serais pas long… »
Arihas n'eut pas besoin de plus pour comprendre ce que voulait dire le médecin. Il allait fabriquer une potion pour le faire avorter plus rapidement mais ce genre de phrase effrayait les parents. Les mères se mettaient à paniquer et refusaient de boire le remède, elles avaient l'impression de tuer leur enfant en le faisant. Il était impossible de leur faire comprendre que c'était pour les soulager. Le remède permet d'accélérer le processus pour éviter des efforts inutiles aux porteurs et mettre fin rapidement à ce moment traumatisant. Arslan tremblait toujours dans ses bras, il se mettait à sangloter par moment. Arihas faisait de son mieux pour le calmer et le rassurer, comme le médecin lui avait demandé il vérifiait régulièrement les saignements qui par chance restèrent stables.
Le médecin revint avec une infusion encore fumante, il la fit boire au prince qui pleura à nouveau. Il resta avec eux et s'assit dans un coin à l'écart. Le prince finit par somnoler dans les bras d'Arihas, dans son sommeil il réclama Hilmes.
« Depuis combien de temps ? Demanda simplement le médecin. - On ne savait pas, dit Arihas, mais je suppose que c'est depuis sa chaleur donc bientôt un mois et demie. »
Le prince se réveilla brutalement à cause d'une crampe. Il se plaignit de la douleur. Arihas lui tint fermement la main, cela dura plusieurs minutes. Le médecin vérifia les saignements qui s'étaient intensifiés. La crampe s'arrêta et les saignement aussi. Le prince retomba en arrière contre le matelas et s'endormit presque aussitôt. Le médecin retira les serviettes de sous Arslan et les remplaça. Arihas aperçut le sang mais aussi de petits bouts de chairs, il eut un haut le cœur et détoura les yeux. Le médecin replia les serviettes ensanglantées et les emballa soigneusement. Le médecin les tendit à Arihas. C'était terminé.
« Il en aura besoin pour faire son deuil, dit-il simplement. Souhaitez-vous que je m'occupe de vos blessures aussi ? »
Un Jardin pour deux
Chapitre 24 Oraison
Arihas dormit peu cette nuit-là. Il se réveillait constamment pour s'assurer que le prince aille bien. Ses blessures devinrent de plus en plus douloureuses au fils des heures, heureusement pour lui que le médecin les avait soignées. Il commençait à avoir de la fièvre et ça l'angoissait. Elle devait être due à ses blessures mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était causée par autre chose…. Il essaya de chasser cette pensée en vain. Tout ce qu'il pouvait faire c'était espérer qu'il se trompe et qu'ils se sortent de là rapidement. Cependant ils étaient trop faibles pour s'évader par eux même. Il peinait rien qu'à lever les bras et le prince venait de faire une fausse-couche, il était affaibli à la fois physiquement et mentalement. Arihas ne savait pas comment il réagirait à son réveil. Il ne cessait de réclamer Hilmes dans son sommeil. Il avait besoin du réconfort de son alpha pour se calmer, Arihas ne pouvait pas faire grand-chose à part le serrer dans ses bras et il lui dire que tout irait bien.
Les heures défilait lentement, Arihas avait l'impression que des jours s'étaient écoulés lorsqu'un garde leur apporta à manger. Le prince se réveilla difficilement, les yeux encore rougis par les larmes. Il restait silencieux malgré les tentatives d'Arihas pour le faire parler. Il réussit cependant à le faire manger malgré sa réticence. Le médecin passa le voir pour vérifier que les saignements étaient terminés et que tout allait bien.
Arslan fixait un point que seul lui pouvait voir. Il ne réalisait toujours pas qu'il avait porté un enfant dans son ventre et qu'il avait découvert son existence alors qu'il disparaissait. Il avait perdu leur bébé, le fils ou la fille d'Hilmes. Leur bébé était mort et il se sentait coupable. S'il était resté à Peshawar cela ne serait pas arrivé, il aurait dû écouter Hilmes… C'était de sa faute.
« Où est mon bébé ? Murmura-t-il. »
Arihas entendit sa plainte, il prit le petit baluchon de tissu et le tendit à Arslan. Le prince le regarda les yeux plein de larmes.
« C'est encore trop tôt pour pouvoir voir un vrai bébé mais le médecin a gardé les serviettes avec votre sang… Il est dedans, expliqua-t-il doucement. »
Arslan l'attrapa comme s'il s'agissait d'une petite créature fragile. Ses mains tremblaient lorsqu'il le saisit. Il l'attira contre lui et se mit à sangloter. Arihas s'approcha et le pris dans ses bras.
« Ce n'est pas votre faute Arslan… C'est des choses qui arrivent malheureusement mais cela ne vous empêchera pas d'avoir d'autres enfants après… »
Arslan n'arrivait pas comprendre comment il avait pu porter un enfant et le perdre si vite. Il ne croyait qu'il pouvait être enceint si vite, s'il avait su il aurait écouté Hilmes. S'il avait cru une seule seconde que ce soit possible, il n'aurait pas mis leur enfant en danger. Il n'avait jamais ressenti le besoin d'avoir un enfant mais en apprenant ce qu'il se passait il avait tout de suite éprouvé de l'attachement pour cette petite vie qui grandissait en lui. Il culpabilisait et ressentait un sentiment d'échec. Il appréhendait la réaction d'Hilmes, il craignait qu'il ne lui en veuille d'avoir perdu son héritier. Heureusement Arihas était avec lui, ses mots lui allait droit au cœur et arrivait à le rassurer. Il finit par s'endormir dans ses bras tout en serrant contre lui le petit tas de tissu.
La journée fut longue et ennuyeuse, heureusement pour eux Ilterish ne leur refit pas de visite. Arihas sentait toujours la fièvre montait en lui et se répandre dans tout son corps à chaque minute qui passait. Il espérait qu'on vienne vite les sortir de là, il se sentait de moins en moins en sécurité sous cette tente.
Le soir venu, le silence devint total comme si une tempête se préparait. Arihas se rapprocha d'Arslan prêt à le défendre en cas d'attaque. Lorsque la nuit tomba des cris commencèrent à s'élever aux quatre coins du camp. Quelque chose se tramait dans l'obscurité sans que les soldats turâniens n'arrivent à saisir ce qui leur tombait dessus. Une vague silencieuse les engloutit peu à peu, s'immisçant dans la tente des gardes et les assommant sans qu'ils n'aient pu donner l'alarme.
Un cri brisa le silence et le cliquetis des armures retentirent, l'assaut fut lancé et submergea le camp. L'ennemi dévoila son visage et les soldats turâniens furent prit par surprise. Ils ne purent réagir face l'ennemi Parse qui les assaillaient de toute part. L'alarme put enfin être sonnée, l'ennemi ne se cachait plus et attaquait de front maintenant. Les cris et les chocs des armes résonnèrent dans les montagnes. Arihas s'enroula autour d'Arslan qui se réveillait peu à peu à cause du bruit. Il s'accrocha à lui en sentant l'air lourd s'écraser sur eux.
Les cris d'agonie se rapprochaient de plus en plus de leur tente. Arslan se serra contre Arihas en reconnaissant sa présence, il avait peur de lui faire face. Une ombre ouvrit les pans de la tente et entra avec précipitation. Hilmes les avait retrouvés. Arihas fut soulagé et voulut s'écarter du prince mais Arslan s'agrippa à lui de toute ses forces et cacha son visage contre le torse d'Arihas. Les larmes se mirent à couler sur ses joues, il ne voulait pas lui dire, ça le terrifié. Hilmes ne comprit pas la réaction d'Arslan, il resta stupéfait. Arslan aurait-il peur de lui ? Il entendit Sahm l'appeler derrière lui : le roi Ilterish était proche. Hilmes ressortit de la tente très énervé, il interpella Daryûn pour qu'il s'occupe d'eux.
« Je te confie Arslan cette fois, veilles à ce qu'il ne lui arrive rien, déclara-t-il. »
Daryûn resta sans voix face à cette demande soudaine. Hilmes venait de lui confier la protection du prince plutôt que de s'en occuper lui-même. C'était surprenant, étonnant même. Se pourrait-il qu'il lui fasse confiance pour lui donner cette tâche ? Et puis leur retrouvailles avaient été un peu courte, non ? Il s'attendait à ce qu'il ne puisse pas les séparer…
Hilmes avançait rongé par la colère, son oméga était blessé et en larmes. Il refusait même de croiser son regard. Il allait le faire payer au roi Ilterish. Zandé s'écarta devant Hilmes en voyant la colère brûler dans ses yeux, il ne l'avait jamais vu ainsi et ça n'annonçait rien de bon. Kishward se tenait debout près du roi et de son frère attachés et agenouillés contre le sol. Ilterish eut un sourire provocateur en le voyant arriver et Itoqt savait que cela n'annonçait rien de bon…
Il priait pour son frère ne le provoque pas, même lui béta pouvait sentir la menace que représentait actuellement Hilmes. Il ne savait pas ce qu'avait fait son frère mais il supposait que ce n'était pas une bonne chose.
« Alors vous avez retrouvé votre épouse ? Demanda-t-il rieur. - Je n'ai pas d'épouse mais un époux ! Vous ne faites pas la différence entre un homme et une femme ? - J'ai pu le constater par moi-même… »
Hilmes enragea au sous-entendu d'Ilterish. S'il avait osé ne serait-ce que poser un doigt sur lui… Et son attitude désinvolte commençait sérieusement à lui faire voir rouge. Il allait le tuer ! Sahm et Kishward voyaient la situation se dégrader mais ne savaient pas comment agir pour calmer Hilmes.
« Vous savez que vous ne faîtes pas le poids alors vous prenez des otages, c'est plutôt lâche de votre part ! Pourquoi nous attaquer alors que vous savez que vous allez perdre ? - Comme Atropathènes, j'imagine que vous ne pensiez pas perdre, raia-t-il. »
Hilmes sourit et se pencha vers lui pour lui murmurer :
« J'ai moi-même fait tomber Andragoras de son cheval à Atropathènes, alors je ne crains pas un petit roi couard dans votre genre… Il se releva. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de vous ? Pourquoi ne pas vous ramener vous et vos hommes prisonniers jusqu'à la capitale, je suis sûr que le roi Rajendra sera ravi de veiller sur vos terres ! - En effet, sourit l'intéressé. - Mais les sermons ne fonctionnent pas avec les têtes de mules dans votre genre, vous ne comprenez que la force et la douleur… Vous connaissez le sort réservé à ceux qui essayent de voler ce qui ne leur appartient pas… Détachez-le ! »
Kishward fit un signe de tête aux soldats qui détachèrent les liens d'Ilterish. Celui-ci ne perdit pas une seconde pour tenter de saisir une arme mais une lame siffla, avant qu'il n'ait le temps de comprendre son bras se retrouva parterre. Il mit une fraction de seconde pour comprendre ce qui venait d'arriver et celle d'après il se retrouva au sol à hurler et se tordre de douleurs. Hilmes se sentit mieux, ce geste de rage réussit à le calmer.
« C'est ça ! Va donc engrosser à nouveau ta putain ! »
Hilmes se figea, il se retourna lentement vers Ilterish. Il allait le tuer. Kishward réagit le premier et le frappa au visage l'assommant d'un coup. Narsus vint attraper Hilmes pour le pousser à partir et ainsi calmer son animosité. Il réfléchit aux paroles d'Ilterish et à ce qu'elles sous-entendaient. Hilmes en vint à la même conclusion peu réjouissante. Il se dirigea aussitôt vers la tente où il avait laissé Arslan et il demanda à Narsus d'aller chercher Faranghîs.
Il fut surpris de voir Daryûn toujours debout hors de la tente. Il ne semblait pas à l'aise.
« Pourquoi restez-vous dehors ? - À cause d'Arihas… Lorsque je suis entré il… »
Daryûn ne termina même pas sa phrase tellement il était embarrassé. Hilmes entra voyant qu'il ne tirerait rien de lui. Il comprit alors la raison du malaise de Daryûn, Arihas venait d'entrer en période de chaleur. La situation s'était inversée, cette fois Arslan se tenait au chevet d'Arihas allongé sur le matelas.
« Hilmes tu dois pas rester, Arihas… - Je ne suis pas affecté par Arihas, répondit-il simplement. Arslan… Regarde-moi. Tu fuis mon regard depuis tout à l'heure. Arslan… - Je ne peux pas, sanglota-t-il. - Que s'était-il passé ? Demanda-t-il. - J'ai… J'ai perdu notre enfant, pleura-t-il. Je ne savais pas ! Je te le jure ! Si j'avais su je serais resté à Peshawar… - Tu n'y es pour rien. Arslan, regarde-moi ! »
Arslan se tourna lentement vers Hilmes, les larmes aux yeux. Hilmes vint s'agenouiller en face de lui et lui caressa la joue pour essuyer ses larmes. Il posa son front contre le sien.
« Est-ce que tu as mal, je veux dire physiquement ? - Oui j'ai des douleurs et des crampes de temps à autres mais à chaque fois… J'ai l'impression que cela recommence. »
Hilmes l'attira dans ses bras et lui caressa la tête. Il réussit à l'apaiser avec ses gestes doux et calmes. Pour la première fois depuis la nuit dernière Arslan se sentit enfin paisible.
« Vous souhaitez que je vous laisse ? Demanda une petite voix à côté d'eux. - Arihas ! S'exclama Arslan. Tu vas mieux ? Je croyais que tu… - Non pas encore mais cela ne vas pas tarder maintenant… Expliqua-t-il. - Vous pensez avoir encore combien de temps avant que votre chaleur ne se déclenche ? Demanda Hilmes. - Deux jours maximum, je pense… Je ne crois pas pouvoir tenir plus. - Dans ce cas il vaut mieux que vous retourniez à Peshawar en urgence avec Daryûn. - Mais Daryûn est un alpha ! Protesta Arslan. S'il l'accompagne il risque de… À moins que… Arslan se tourna vers Arihas. Vous deux, vous… ? - Je souhaitais vous en parler mais les circonstances ne l'ont pas permis, expliqua-t-il. - Mais toi, comment sais-tu ? Demanda Arslan. - Sa réaction à la disparition d'Arihas m'a suffi pour comprendre, étant donné que j'étais dans le même état… Et puis il est d'usage pour un haut-gradé de demander l'autorisation à son seigneur pour se marier. - Tu l'y as autorisé au moins ? - Je n'y vois pas d'inconvénient sinon je ne l'aurais pas proposé pour accompagner Arihas jusqu'à Peshawar connaissant les risques que cela engendreraient. »
Arihas se releva prudemment sous le regard inquiet d'Arslan. Il était malgré tout heureux que ce petit moment ait permis au prince de penser à autre chose.
« Votre Altesse, si vous me permettez j'aimerais sortir dehors pour prendre l'air. »
Arslan voulut protester mais Hilmes le retint, il ne craignait rien maintenant. Daryûn le regarda sortir interloqué.
« Arihas, qu'est-ce que… Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu étais en chaleur… - Non pas encore mais cela ne saurait tarder… - Je suis désolé d'être parti si rapidement tout à l'heure, je craignais de… Perdre le contrôle. - Je sais et j'apprécie le geste, sourit-il. Moi-même j'ai cru que c'était mes chaleurs mais cela s'est calmé rapidement… Je pense que c'est plutôt un avertissement. Son Altesse Hilmes m'a conseillé de repartir à Peshawar rapidement pour éviter les incidents. - Il veut te renvoyer seul à Peshawar ? S'exclama-t-il. C'est encore plus dangereux ! - Eh bien… Il a conseillé que tu m'accompagnes. »
Daryûn resta sans voix.
« Je ne pensais pas que tu lui en parlerais si tôt, dit-il. - Il l'a compris tout seul, il m'a juste demandé quand est-ce que je t'avais demandé en mariage et si la date était fixée, dit-il en baissant les yeux embarrassés. - Son Altesse est perspicace ! Sourit-il. - Je voulais te demander… Es-tu réellement sûr de vouloir m'épouser ? Je veux dire, tu avais l'air plutôt résigné que d'accord… - Si j'étais contre tu l'aurais su rapidement, non ? Cela me convient et puis je te fais confiance ! Je t'ai avoué des secrets que je n'ai jamais dits à personne, les seuls qui savaient étaient mes parents ou bien Kahzac par le biais de mes parents… Je ne l'ai jamais dit ouvertement à personne, dit-il sincèrement. - Dans ce cas laisse-moi te dire que je ferais mon possible pour te rendre heureux ! »
Daryûn tourna aussitôt la tête pour cacher sa gêne. C'était plutôt basique comme phrase et pas vraiment original mais il le pensait sincèrement.
« Voilà une déclaration enflammée ! - Ghîb ? Sursauta Daryûn. - Vous nous avez caché des choses tous les deux ! Bouda Narsus qui n'avait rien vu venir. - Sans vouloir vous vexer Sire Narsus, je crois que vous êtes le seul qui ne s'en doutait pas, déclara Faranghîs. - J'en connais un qui va être vert de jalousie ! Sourit Ghîb. - Messire Arihas, son Altesse est-il là ? Demanda Elam. Comment va le prince ? - Pas très bien malheureusement… »
L'assemblée devint silencieuse. Kishward, Sahm, Zandé et les autres généraux arrivèrent au milieu d'un silence pesant. Les arrivants restèrent muets face aux mines sombres de leurs compagnons. Daryûn rompit le silence :
« Qu'est-il arrivé ? Le prince est blessé ? - C'est Ilterish, n'est-ce pas ? Continua Sahm. - C'est surtout un concours d'évènement difficile, déclara-t-il. - Est-ce pour cela que son Altesse Hilmes m'a fait chercher ? Questionna Faranghîs. - Oui… Le prince Arslan a besoin de faire son deuil, expliqua-t-il. - Alors c'est bien une fausse-couche, conclut Narsus. - Ilterish l'a sous-entendu avec des termes peu élogieux, expliqua Kishward. - Comment se fait-il que le prince était sur le champ de bataille dans son état ? Intervint Zandé. - Il était encore trop tôt pour le dire, répondit Arihas. Pour un oméga il faut au moins trois mois pour le constater, le prince n'était qu'à un peu plus d'un mois. - C'est une grosse perte pour le royaume, c'était une chance d'avoir un héritier si rapidement pour le trône, dit Zaravant. - Nos princes sont jeunes, il y aura d'autre occasion, répondit Kishward. - Si vous pouviez avoir cette discussion ailleurs se serait bien mieux ! - Votre Altesse Hilmes ! S'exclamèrent-ils en cœur. - Dame Faranghîs, si vous voulez bien entrer, nous avons besoin de vous… »
Faranghîs s'engouffra dans la tente avec lui. Elle fut attristée par la mine du prince. Il ne semblait pas bien du tout. Hilmes lui demanda si elle pouvait faire une prière pour leur enfant mort avant même de naître. Elle accepta sans hésitation. Arslan lui tendit sans un mot le petit baluchon de tissu qu'elle saisit. Hilmes attrapa les mains d'Arslan dans les siennes et le serra contre lui. Faranghîs commença à réciter ses prières, depuis qu'elle connaissait le prince elle ne l'avait jamais vu si fragile et vulnérable. Il n'osait même pas croiser son regard et fixait le baluchon qu'elle tenait dans les mains. Quand elle eut fini il se mit à pleurer et il l'a remercia d'avoir fait ça pour eux. Elle lui rendit le baluchon qu'il prit dans ses bras avec précaution et alla se coller dans les bras d'Hilmes. Faranghîs se retira en silence pour ne pas briser leur moment d'intimité. Après un tel évènement ils en avaient besoin.
Hilmes tenait précieusement Arslan dans ses bras. Ce dernier avait l'impression d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps. Il était épuisé et n'avait pas envie de combattre la fatigue qui lui tombait dessus. Il voulait qu'Hilmes reste près de lui, sa présence lui faisait beaucoup de bien. Voyant les yeux de son mari se fermer, Hilmes chercha à l'allonger pour qu'il se repose mais Arslan le retint en attrapant son bras.
« Reste avec moi, s'il-te-plaît… Murmura-t-il. - Ne t'inquiètes pas, je reste là. »
Hilmes s'allongea contre lui et lui caressa les cheveux. Arslan leva son visage vers le sien et se rapprocha timidement. Hilmes fut surpris, Arslan prenait rarement ce genre d'incitative alors il le laissa faire. Il s'approcha et déposa un baiser timide sur ses lèvres. Hilmes passa sa main sur sa joue et colla son front au sien.
« J'ai eu si peur, murmura Arslan. J'avais tellement mal, je ne sais pas comment j'aurais fait sans Arihas… Et j'ai peur que ça recommence, que ça arrive à nouveau… Je sais que les grossesses des omégas ne sont pas faciles… J'ai peur, avoua-t-il. - La prochaine fois cela se passera bien, tu m'entends ? Maintenant on sait que tu es plutôt fertile alors on vérifiera à chaque fois si tu peux participer aux campagnes militaires ou pour les longs voyages. - Je crois que je préfère rester en retrait de tout ça maintenant… C'est lâche mais… Je ne veux pas perdre un autre enfant. Je ne veux plus revivre ça ! - Tu sais, c'est des choses qui arrivent… Tu n'es pas le premier et tu ne seras certainement pas le dernier. Beaucoup de reines ont fait une fausse-couche pour leur première grossesse et cela ne les a pas empêché d'avoir plusieurs enfants après, sans plus avoir de fausse-couche. - J'imagine mais… J'appréhende un peu maintenant, je ne pensais pas possible d'avoir un enfant si rapidement. Je ne pensais même pas que je pouvais tomber enceint si facilement… - Nous pourrons avoir une grande famille, sourit-il. Arslan releva la tête à ses propos. - Tu crois ? Tu veux beaucoup d'enfants ? - Quand j'étais enfant j'aurais aimé avoir des frères et sœurs… - Moi aussi, sourit-il tristement, j'aurais pu parler et jouer avec eux. - Quatre ou cinq, c'est bien non ? Reprit-il. »
Arslan lui sourit, il ne pensait pas qu'Hilmes voulait avoir beaucoup d'enfants.
« J'aimerais bien avoir une fille, avoua-t-il. - C'est vrai ? S'exclama Arslan. - Oui, pourquoi cela t'étonne-t-il autant ? - Eh bien… D'habitude les seigneurs préfèrent avoir des fils pour leur succéder… - On pourrait très bien avoir une fille alpha, tu ne crois pas ? En tout cas nous avons plus de chance qu'un couple classique. Et puis si elle est oméga ce n'est pas grave ! Ou même si nous avons des fils omégas ce n'est pas grave, pas vrai ? - Tu le penses vraiment ? - Evidemment ! J'aimerais tous nos enfants de la même façon. »
Hilmes continua à lui parler de leurs futurs enfants, il espérait qu'ils auraient les yeux bleus d'Arslan. Il l'écouta avec attention, souriant aux remarques de son alpha. Cela lui faisait plaisir, il sentait un poids s'enlever de sa poitrine. Il n'avait plus peur de décevoir Hilmes, tout ce qu'il espérait était que sa prochaine grossesse se passe bien cette fois. Il finit par s'endormir dans ses bras. Hilmes le couvrit et se leva en faisait attention de ne pas le réveiller. Il sortit devant la tente et fut surpris de voir que la petite assemblée de tout à l'heure était toujours là. Ils hésitèrent avant de lui demander des nouvelles du prince. Il les rassura mais leur avoua que le prince était fatigué. La nouvelle de la fausse-couche du prince avait déjà tourné dans le camp, même de simples soldats venaient demander des nouvelles de leur prince.
Hilmes laissa Narsus et Kishward gérer le camp et la fin de la guerre contre Turân. Ils avaient décidé dès le début de faire prisonnier un bon tiers des soldats Turâniens. Ils ne voulaient pas conquérir Turân –cela serait une perte de temps- alors ils les amputaient de leur armée pour qu'ils se tiennent à carreaux. Les soldats seraient renvoyés chez eux au compte-goutte d'ici un an ou deux espérant que d'ici là Ilterish se serait calmé.
Lorsqu'Arslan se réveilla il retrouva Hilmes à ses côtés. Il lui annonça qu'ils partaient pour rejoindre leur camp au pied des montagnes. Ils y seraient avant la fin de l'après-midi. Il lui dit aussi qu'Arihas et Daryûn étaient partis à Peshawar quelques heures auparavant. Arslan se leva et le suivit à l'extérieur, il fut surpris de voir tous ses compagnons réunis là. Il essaya de paraître normal et de leur sourire pour les rassurer mais il n'y arriva pas. Ils lui racontèrent comment ils les avaient retrouvés et comment ils s'étaient organisés pour attaquer le camp turânien. Il apprit aussi le sort réservé à Ilterish, il comprit alors qu'Hilmes s'était retenu pour ne pas le tuer sur place. Par contre il ne savait pas comment son Père prendrait la nouvelle…
Daryûn arriva juste à temps à Peshawar. Arihas tremblait dans ses bras et son taux de phéromones montait en flèche. En arrivant il demanda aussitôt où se trouvait les appartements d'Arihas pour l'y amener. Il déposa Arihas sur son lit avec autant de délicatesse qu'il put mais Arihas le retint.
« Daryûn, gémit-il. Reste avec moi… Je te veux… »
Il dut se faire violence pour le lâcher et sortir de la chambre. Lorsqu'il était encore conscient Arihas lui avait demandé de ne pas passer cette chaleur avec lui. Ils devaient se marier avant. Daryûn fut un peu vexé mais au fond il préférait ça. Il voulait qu'Arihas soit pleinement conscient pour leur première nuit. Il se laissa glisser au sol contre la porte de la chambre. Il veillerait à ce que personne ne le dérange. Il respira à plein poumon, le parfum d'Arihas était vraiment attirant.
Sa chaleur se termina au lendemain du retour de l'armée des princes. Arihas avait oublié combien une chaleur était épuisante. Heureusement que pour lui cela ne durait que trois jours ! Lorsqu'il se leva et s'approcha de la porte il sentit une présence agréable. Daryûn était resté derrière la porte durant les trois jours. Il ouvrit doucement la porte et le vit endormi dans un siège face à sa porte. Il s'avança à pas de loup, il le trouva adorable endormi ainsi. Il approcha son visage du sien pour déposer un baiser sur ses lèvres. Il fut surpris lorsqu'il le sentit répondre. Quand il se recula il vit Daryûn à moitié endormi lancer un regard interrogateur. Il lui sourit :
« Je te l'avais promis en récompense pour m'être revenu vivant, non ? J'honore toujours mes promesses, sourit-il. »
Daryûn saisit sa nuque et l'attira vers lui pour l'embrasser à nouveau.
« Marions-nous à notre retour à la capitale ! »
Arihas lui sourit pour toute réponse. Des pas pressés se firent entendre à l'autre bout du couloir.
« Ah ! Vous êtes là ! Je vous cherchais, vous savez ? Je dérange, peut-être ? Sourit Ghîb. - Que faîtes-vous là ? Grogna Daryûn. - Sir Arihas ? Vôtre confinement est déjà terminé ? Demanda-t-il. Je suis sûr que le prince sera ravi de l'apprendre. Puisque vous êtes sur pieds alors autant que vous veniez aussi. L'enterrement va bientôt avoir lieu… Dit-il plus gravement. »
Kishward avait proposé aux princes d'enterrer les restes de leur enfant à Peshawar, étant donné qu'il n'y avait pas de corps à proprement dit, il ne pouvait bénéficier d'un vrai enterrement royal à la capitale. Le couple princier accepta, ils auraient une bonne raison pour quitter la capitale. Arslan avait demandé à ses amis s'ils voulaient y assister, ils acceptèrent et demandèrent même au prince pourquoi il leur posait la question. Etoile qui s'était remise de ses blessures demanda si elle pouvait aussi réciter une prière pour leur enfant, ils furent surpris mais acceptèrent. Sahm et Zandé y assistèrent aussi après tout ils étaient les plus proches compagnons d'Hilmes. Rajendra les avait accompagnés jusqu'à Peshawar y assista lui aussi.
Arslan fut soulagé de voir Arihas suivre Daryûn. Cela lui fit plaisir qu'il puisse être là lui aussi. Hilmes arqua un sourcil en remarquant qu'Arihas portait toujours son collier et qu'il n'avait pas été marqué mais ne dit rien. Ils étaient tous réunis alors Faranghîs commença à résister une oraison funèbre puis ce fut au tour d'Etoile. Arslan fut touché par son intervention bien qu'elle surprit Sahm, Zandé et Kishward. On mit sur la tombe une plaque aux armories de la famille royale et l'emblème de Parse, il fut inscrit :
Ci-gît le premier enfant du couple princier Hilmes et Arslan.
13 mai de l'an 322
Bahman devait assister à la cérémonie mais sa santé se dégradait de plus en plus, les médecins ne lui donnaient plus qu'un mois ou deux à vivre. Hilmes fut attristé de l'apprendre, son Maître d'armes lui paraissait bien différent maintenant qu'il le voyait allongé sur un lit. Il dut pourtant lui dire adieu car ils devaient retourner à la capitale aussitôt la campagne militaire terminée.
Rajendra aussi dut se préparer à rentrer chez lui dans son palais. Il ne manqua pas d'embêter Daryûn en disant à Arihas que s'il le souhaitait il pourrait toujours le rejoindre. Il glissa aussi un dernier mot à l'oreille de Daryûn :
« Tu as intérêt à le rendre heureux car je n'hésiterais pas à venir te le voler si tu échoues. - Dans vos rêves ! Répondit-il avec un petit sourire. »
Hilmes confia la garde des soldats prisonniers au seigneur qui protégeait Peshawar. Leur départ pour la capitale se ferait dans une semaine, le temps que les blessés soient suffisamment forts pour supporter le voyage. Arslan se préparait déjà à affronter les remarques de son Père quand il apprendrait sa fausse-couche. Il se ferait un plaisir de le rabaisser.
Un Jardin pour deux
Chapitre 25 Vie paisible ?
Arslan ne s'était pas trompé. Son Père ne manqua pas l'occasion de faire des remarques désobligeantes. Le plus étonnant fut certainement l'intervention de la reine, elle stoppa le roi avant qu'il n'ait pu proférer une autre horreur. Arslan fut surpris, sa Mère n'intervenait jamais elle restait toujours en retrait alors il devait bien l'avouer cela lui avait fait plaisir.
Une autre nouvelle réjouit le prince, Arihas et Daryûn allaient se marier à la fin du mois. Les marzbâhns félicitèrent chaleureusement leur compagnon –le roi aillant tenu sa parole, Daryûn était de nouveau marzbâhn. Le roi afficha un air dédaigneux en apprenant la nouvelle mais n'ajouta rien et préféra critiquer les décisions et choix d'Hilmes durant la campagne. Comme le fait qu'Arslan ait pu être en enlever si facilement ou la punition envers Turân trop laxiste à son goût. Hilmes ne manqua pas de lui faire comprendre que si cela ne lui convenait pas il aurait dû lui donner des ordres plus clairs et précis quant aux sanctions à prendre. La tension entre les deux alphas réapparut aussitôt, rappelant que même dans le palais les risques de rupture existaient bel et bien. Kishward reprit la parole pour expliquer leurs choix et Arslan attrapa discrètement la main d'Hilmes pour calmer son animosité. À ce contact, Hilmes coupa tout lien visuel avec le roi pour se tourner vers Arslan avec un regard interrogatif.
Arslan soupira soulagé de voir son alpha se calmer aussitôt. Il voulut enlever sa main pour ne pas embarrasser Hilmes mais il le retint quelques instants encore un peu dans sa main avant de finalement le laisser partir. Le roi demanda à ce qu'on lui fasse un rapport détaillé et congédia les autres. Le prince se retrouva parmi le groupe congédié, cela le soulagea de ne pas rester dans la même pièce que son Père. Une mauvaise énergie émanait de lui et son aura l'étouffait à chaque fois qu'il le croisait. Il supportait de moins en moins sa présence.
La journée fut plutôt chargée, on le demanda de toute part autant par les médecins pour s'assurer qu'il s'était remis que par des nobles pour lui dire des civilités d'usage. On le félicita pour cette campagne et lui souhaita un bon retour mais la nouvelle de sa fausse-couche fit vite le tour de la cour… On lui dit que c'était un incident, que cela arrivait… Arslan avait été rassuré de l'entendre de la part d'Hilmes et d'Arihas mais venant des courtisans cela sonnait terriblement faux et hypocrite. Tous ce monde l'épuisa, il n'eut même pas la force d'aller faire un tour dans les jardins. Il demanda à ce qu'on lui prépare un bain et il s'y glissa sans hésitation. Il savoura la sensation de l'eau chaude sur sa peau et resta là sans bouger. Il entendit la porte s'ouvrir ainsi qu'une voix raller. Il remarqua alors qu'il n'avait pas revu Hilmes de la journée, il espéra qu'il n'y ait pas eu d'incident majeur entre lui et son Père. La porte de la salle d'eau s'ouvrit :
« Tu es là ? Je pensais que tu serais dans les jardins… »
Arslan ne répondit pas, il se sentait gêné par la situation et cela ne s'arrangea pas quand Hilmes se mit à se déshabiller tout en lui racontant le déroulement du conseil qui s'était éternisé. Il se dévêtit sans la moindre pudeur et le rejoint dans le bain toujours aussi distrait. Arslan fut déconcerté, certes ils avaient partagé des moments intimes pourtant cela ne l'empêchait pas d'être gêné. À chaque fois qu'ils avaient fait l'amour c'était dans des circonstances particulières et il ne se souvenait jamais entièrement… Il avait dû mal à se faire à cette proximité alors qu'ils étaient nus, leurs jambes se touchaient et Hilmes ne semblait pas éprouver le moindre problème. Arslan préféra replier ses jambes pour limiter les contacts.
Hilmes s'arrêta de parler et le fixa, cela n'arrangea pas la situation d'Arslan qui se mit à rougir.
« Arslan ça va ? Tu es tout rouge. Tu as de la fièvre ? »
Il se rapprocha et posa sa main sur son front. Arslan laissa échapper un petit cri de surprise avant de se recroquevillait sur lui-même.
« Arslan… Tu es sûr que ça va ? - C'est juste que… C'est gênant ! »
Hilmes l'observa un petit moment sans rien dire, il ne comprenait pas vraiment la gêne de son oméga. Ils avaient déjà partagé une chaleur et avaient plus souvent été imbriqués l'un dans l'autre que séparés. Il avait déjà vu Arslan sous toutes les coutures alors il ne voyait pas le problème à ce qu'ils prennent un bain ensemble.
« Je ne vois vraiment pas où est le souci… Nous avons déjà partagé des moments plus intimes, bouda-t-il. - Je sais… C'est juste que ce n'est pas pareil… Et puis je ne me souviens pas de tout alors… Rahh ! Je ne sais pas, c'est gênant c'est tout ! S'exclama-t-il. »
Hilmes fut amusé par son comportement, il le trouvait adorable.
« Je suis navré, si j'avais su que cela te dérangerais autant je ne serais pas venu, j'aurais attendu. Puisque cela te gêne je vais te laisser tranquille, dit-il en commençant à se lever. - Non, c'est moi ! Je suis là depuis bien plus longtemps que toi alors je vais te laisser… Est-ce que tu peux regarder ailleurs ? Demanda-t-il. »
Hilmes s'exécuta et détourna la tête à contrecœur. Cependant il ne résista pas à l'envi de jeter un coup d'œil. Son corps était vraiment superbe, il l'adorait. Arslan l'aperçut et fit un faux mouvement alors qu'il allait protester, Hilmes le rattrapa avant qu'il ne tombe.
Arslan se demanda pourquoi il ne s'était pas encore écrasé sur le sol en mosaïque dans une position terriblement gênante. Il se rendit compte qu'il était toujours dans la baignoire mais contre Hilmes cette fois-ci. Il devint plus rouge encore et n'osa pas bouger. Il bredouilla difficilement un petit « merci » et voulut se dégager mais Hilmes le retint.
« Tu ne veux pas rester encore un peu ? »
Arslan n'osa pas bouger, il se sentit étonnement apaisé dans ses bras. Peut-être des souvenirs inconscients des moments passés ensemble. La gêne disparût rapidement. Le contact de leurs peaux l'une contre l'autre faisait un drôle d'effet, mais ce n'était pas désagréable. Il finit par se détendre complètement dans ses bras et s'allongea de tout son long contre lui. Finalement c'était plutôt agréable comme sensation. Il se serra contre lui et observa distraitement le torse qui s'offrait à lui. D'une main il se mit à en faire les contours comme hypnotisé. Hilmes le regarda faire intrigué.
« Tu crois que j'aurais des muscles comme ça un jour ? Demanda-t-il. - Tu es en bon chemin en tout cas… Dit-il en posant sa main sur son dos. Mais tu sais, tu es très bien comme ça, soupira-t-il. - Tu trouves ? Je grandis beaucoup ces derniers temps mais j'ai l'impression que malgré mes entrainements je ne prends pas beaucoup de muscles… J'imagine que c'est parce que je suis un oméga, murmura-t-il. - Tu es mince, c'est tout ! Et puis ce serait bizarre si d'un coup tu te retrouvais avec les muscles de Daryûn, non ? Cette remarque fit rire Arslan. Tu vois bien Arihas ! Il ne parait pas très musclé pourtant il est très fort, pas vrai ? - Tu ne veux pas que je sois plus musclé que toi en faîte ? Sourit-il. - Pff… Essaye donc ! Dit-il avec une moue boudeuse. »
Arslan éclata de rire et se resserra contre Hilmes, l'eau commençait à refroidir.
« On dirait que tu n'es plus gêné, fit remarquer Hilmes. »
Arslan ne répondit pas et préféra rester contre son alpha.
« Tu n'as pas froid ? Finit-il par demander. - Tu veux sortir ? - Oui mais je n'ai pas envie de bouger, avoua-t-il. »
Hilmes le saisit et le souleva sans lui demander son avis. Il se dépêcha de le rouler dans une serviette à la plus grande surprise d'Arslan. Il en saisit une autre et s'agenouilla pour sécher ses jambes. Arslan le regarda faire en silence, il dut l'avouer c'était plutôt agréable. Il remarqua que les cheveux d'Hilmes gouttaient sur ses jambes, il saisit une autre serviette pour lui sécher les cheveux. Il s'amusa surtout à lui ébouriffer les cheveux, Hilmes finit par lui demander d'arrêter car il n'y voyait plus rien. Il profita de son inattention pour déposer un baiser sur son genou. Arslan se figea mais ne protesta pas, il se contenta de le fixer alors celui-ci recommença. Il continua encouragé par le consentement tacite de son partenaire. Il remonta le long de sa cuisse en faisant glisser la serviette qui le couvrait avec ses mains. Du bout des doigts il effleura l'intérieur de sa cuisse, dessinant des arabesques invisibles. Et il continua sa conquête remontant de plus en plus et scrutant les réactions de son oméga qui se cambrait de plus en plus vers l'avant. Un véritable régal pour Hilmes.
« Hilmes, soupira-t-il. Si tu continues comme ça… Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. - Dans ce cas laisse-toi faire, murmura-t-il. »
Quand il le sentit monter encore, Arslan se crispa sur la serviette et la redescendit pour couvrir son sexe qui commençait à se tendre. Hilmes ne chercha pas l'en empêcher et continua sa quête en écartant les cuisses d'Arslan pour avoir un meilleur accès. Il finit par arriver jusqu'à la jointure de sa cuisse et de son bassin, ce dernier baiser ne fut qu'un effleurement mais il arracha un gémissement à Arslan. Hilmes chercha à soulever le morceau de tissu qui le dérangeait mais Arslan se crispa et refusa de le laisser faire.
Hilmes remonta alors embrasser son oméga. Il attrapa sa main et la posa sur son propre membre exposé.
« Tu vois… Je suis dans le même état que toi, murmura-t-il. On n'est pas obligé d'aller jusqu'au bout si tu ne veux pas mais on peut au moins se soulager l'un l'autre, d'accord ? »
Arslan rassuré acquiesça et laissa Hilmes le découvrir. Il se rapprocha de lui pour coller leurs entre-jambes. Hilmes se frotta contre lui, la friction était agréable. Il l'invita à le toucher et caresser son membre. Arslan n'osait pas vraiment le toucher, il ne l'effleura que du bout des doigts. Il ne savait pas comment s'y prendre pour procurer du plaisir à son alpha, il avait peur de mal s'y prendre. Hilmes ne le pressa pas mais il n'hésita pas une seconde à caresser Arslan. Il l'embrassa, mordilla son cou et le lécha sans la moindre gêne. Il frotta la paume de sa main contre son membre, Arslan décida de reproduire le geste bien que plus timidement.
Le rythme s'accéléra et Arslan oublia sa pudeur pour laisser place à l'instinct. Il relâcha la tête vers l'arrière et offrit son gorge à son alpha qui ne rata pas cette occasion. Il l'embrassa partant du bas de sa gorge et remonta jusque sous son menton en passant sur sa pomme d'Adam. Il mordilla la peau à la jonction du menton et de la gorge avant de le mordre pour de bon. Arslan poussa un cri de soulagement et d'extase, Hilmes grogna dans son cou avant de le lâcher. Ils restèrent tous les deux un long moment haletant l'un contre l'autre. Hilmes les essuya tous les deux avec une serviette et porta Arslan jusqu'à leur lit. Son oméga avait encore les yeux embués par le plaisir et ne montrait aucune réaction. Il se lova confortablement dans ses bras et n'avait aucune envie d'en partir. Lorsqu'Hilmes l'allongea il resta agrippé à son partenaire et refusa de le laisser partir.
« Reste… Murmura-t-il. J'ai froid… - Justement laisse-moi t'habiller, soupira-t-il. »
Arslan s'assit sur le lit et observa Hilmes pour vérifier qu'il revienne. Il enfila sa chemise de nuit et amena la sienne à Arslan qui le mit sans faire de difficulté. Il s'allongea sous les couvertures et attendit patiemment qu'Hilmes le rejoigne. À peine fut-il dans le lit qu'Arslan le tira à lui et s'allongea contre son torse. Hilmes fut surpris, il pensait que comme Arslan avait repris ses esprits il se coucherait sans trop se soucier de lui au contraire même, il était venu de lui-même chercher sa compagnie. Cela lui fit plaisir qu'Arslan cherche sa présence, il avait remarqué qu'il faisait ça après chaque marquage, mais au fond il attendait le moment où Arslan réclamerait de lui-même ses caresses. Il devait souvent engager les choses avec Arslan, et surtout il le voulait. Il voulait le faire sien, il voulait le prendre et le marquer. Il essayait de se montrer patient avec lui, de ne pas brusquer les choses et de lui laisser le temps. La différence d'âge se faisait sentir entre les deux, Hilmes avait déjà expérimenté mais maintenant il souhaitait surtout partager cette sexualité avec son oméga alors qu'Arslan commençait tout juste à découvrir et ne se sentait pas encore prêt pour ça. Le fait qu'il soit alpha jouait beaucoup aussi car un alpha possède une libido plus importante que la moyenne.
C'était difficile pour lui de patienter alors il essayait de concilier les deux : laisser du temps à Arslan pour découvrir et expérimenter mais en même temps satisfaire son propre besoin de contact. Il attendait presque avec impatience la prochaine chaleur d'Arslan pour réussir à apaiser ses ardeurs. Arslan ne devait pas se rendre compte qu'il libérait de temps à autre des phéromones, l'ennuie était que dans ces moments il n'avait qu'une envie : lui sauter dessus sans hésitation. Il espérait que bientôt il pourrait partager plus de moment d'intimité mais surtout qu'Arslan le ferait par plaisir et non par obligation envers son alpha. Il souhaitait que cette envie, ce désir de partager plus soit réciproque et non à sens unique. Il se resserra autour de son oméga endormi et finit par le rejoindre dans les limbes du sommeil.
Lorsque la date du mariage avait été fixée, il l'avait trouvé plutôt lointaine mais maintenant que ses parents étaient là il se rendit compte que s'était bien plus proche qu'il ne l'avait cru. Ses parents furent ravis de rencontrer Daryûn, sa mère le félicita d'avoir trouvé un si bon parti et si bel homme… Et son père, lui, était ravi d'avoir un gendre marzbâhn. Daryûn trouva ses futurs beaux-parents très amicaux et fut ravi de passer du temps avec eux. L'inverse ne fut pas réciproque…
Le père de Daryûn ne prit pas la peine de faire le voyage et sa mère ne semblait pas très favorable à cette union. (Une très belle femme dont Daryûn tenait les traits.) Elle semblait en vouloir plus à son fils qu'à Arihas. Elle se montrait assez froide mais polie malgré tout avec lui. Ce comportement agaça rapidement Daryûn. Il ne comprenait pas que sa mère, avec qui il s'entendait si bien, se comporte ainsi et qu'elle ne semble pas heureuse pour lui. Il aimait Arihas et souhaitait que sa mère l'apprécie aussi. Arihas n'était pourtant pas quelqu'un de difficile à aborder.
Daryûn et sa mère se disputèrent assez régulièrement sous le prétexte des préparatifs du mariage. Arihas et son père durent intervenir pour calmer le jeu. Il saisit alors l'occasion pour lui parler en tête à tête et l'invita à marcher dans les jardins pour essayer de comprendre le malaise qu'il y avait. Elle accepta très facilement sa proposition ce qui le surpris un peu. Peut-être souhaitait-elle aussi lui parler ? Une fois qu'ils furent seul et loin d'oreilles indiscrètes il engagea la discussion prudemment :
« Je comprends que ce soit difficile de laisser votre fils se marier surtout avec quelqu'un comme moi… Je sais que beaucoup de familles voient d'un mauvais œil un oméga arriver dans leurs lignées mais je- - Je n'ai pas problème avec les omégas ! Le coupa-t-elle. Vous n'y pouvez rien… - Dans ce cas permettez-moi de vous demander ce qui ne vas pas ? Si ce n'est pas le fait que je sois oméga… - Répondez-moi en toute honnêteté ! Pria-t-elle. Pourquoi portez-vous ce collier ? Il vous a déjà marqué c'est ça ! Je l'ai bien élevé pourtant c'est un bon garçon, pleura-t-elle. - Non pas du tout, je le porte pour ne pas être marqué, répondit-il. Votre fils ne m'a rien fait de mal… Et vous avez parfaitement raison, vous l'avez bien élevé, la rassura-t-il. - C'est vrai ? Tant mieux dans ce cas… J'ai cru que… - Je vois ça mais pourquoi avez-vous pensé ça ? »
Elle resta un moment silencieuse avant de finalement reprendre la parole.
« J'imagine qu'avec tout ce que j'ai dit ces derniers jours je vous dois bien la vérité mais gardez-le pour vous, s'il-vous-plaît… N'en parlez pas à Daryûn. -Bien, je ne lui dirais rien. - Vous savez j'ai été très surprise quand il nous a annoncé qu'il se mariait avec un oméga, encore plus lorsque j'ai appris que c'était avec un homme... J'ai toujours cru que mon fils préférait les femmes, mais je n'ai rien contre ça ! Je crois que j'ai surtout beaucoup de mal à me faire à l'idée qu'il ne m'en ait pas parlé… J'aurais compris… Je l'aurais aidé à trouver quelqu'un qui lui plaisait plutôt que de lui demander sans cesse s'il s'était trouvé une bonne épouse… J'étais proche de mon fils lorsqu'il vivait encore avec nous… Alors… J'étais déroutée et puis il n'a jamais montré d'attirance particulière pour des omégas ! Alors j'ai eu peur, vous savez avec tout ce qu'on entend sur les alphas… J'ai cru qu'il s'en était pris à vous et qu'il cherchait à réparer sa faute en vous épousant ! - Je crois que je peux comprendre votre raisonnement, déclara Arihas. Mais votre fils n'est pas ainsi ! »
Arihas lui assura qu'il n'était rien arrivé de grave et que Daryûn l'avait simplement demandé en mariage avant la bataille. Il n'osa pas lui avouer ce qui c'était réellement passé de peur qu'elle s'inquiète. Même si au fond rien de grave n'était réellement arrivé, s'il ne voulait vraiment pas l'épouser il pouvait très bien refuser. Pourtant il avait choisi d'accepter et de lui-même cette fois alors il ne regrettait pas.
Un Jardin pour deux
Chapitre 26 (Re)Naissance
Durant le mois Arihas eut peu l'occasion de voir le prince ou alors il était toujours accompagné. Finalement le fait qu'il ne soit pas là, donnait la possibilité à Hilmes de monopoliser son oméga autant qu'il le souhaitait. La marque sur la gorge du prince ne lui échappa pas. Les marques ont des significations différentes selon l'endroit où elles se trouvent : sur la nuque, c'est le marquage des chaleurs et souvent le plus bestiale; dans le cou, c'est une marque plus basique, assez habituelle mais qui montre un couple plutôt attaché l'un à l'autre et enfin la gorge, la marque de la passion, qui montre un très grand attachement et une totale confiance de l'oméga envers son alpha. Il était heureux de voir que tout se passait bien entre eux.
Maintenant il devait se concentrer sur son mariage, il commençait à angoisser. Il croisait très rarement Daryûn ces derniers jours, sa mère lui interdisait car selon elle ça porterait malheur. Alfreed s'amusait beaucoup pour l'aider dans les préparatifs et pour choisir sa tenue. Arslan s'ajouta à eux dans les derniers jours pour faire le choix final, Alfreed l'obligea à revêtir des dizaines de tenues. L'air désespéré d'Arihas amusa le prince, Ghîb et Faranghîs se joignirent aussi à eux. L'effervescence d'Alfreed amusa tout le monde.
« Tu comptes préparer le tien avec Narsus après ? Plaisanta Ghîb. - Je ne me marierais pas avant mes dix-huit ans de toute manière alors j'ai le temps ! Répondit-elle sérieusement. - Elle va l'avoir à l'usure, murmura Ghîb à Arihas. »
Il acquiesça silencieusement, mais en attendant de se marier avec Narsus elle reportait sa frustration sur lui. Il savait déjà ce qu'il voulait porter alors tous ses essayages étaient inutiles mais puisque cela lui faisait plaisir, il l'a laissé faire…
Le jour j arriva très vite, il revêtit sa tenue : une tunique longue fendu sur l'avant et l'arrière couverte de broderies dorés et cuivrés avec un pantalon ocre plutôt simple. Alfreed avait insisté pour qu'il s'attache les cheveux alors il avait cédé. Il les tira vers l'arrière et les attacha avec une broche doré. Le prince quant à lui tient à lui offrir des bijoux qu'il porta évidemment. Il s'agissait de boucles d'oreilles pendantes dorés serties d'un petit rubis écarlate avec un collier fin et assorti qui tombait sur le haut de son torse. Sa mère le rejoignit et dès qu'elle le vit elle se mit à pleurer sous l'émotion :
« Tu es tellement beau ! Pleura-t-elle. - Mère voyons… C'est mon deuxième mariage pourtant. - Justement… Je-je croyais que cela n'arriverait plus jamais après Kahzac… Tu étais si effondré, et puis tu ne voulais tellement pas te marier la première fois… Je me suis toujours dit que tu nous en voulais pour ça. Je n'aurais pas cru que tu souhaiterais te marier de ton plein grès comme ça… Ce garçon doit être bien pour que tu acceptes sa demande… - Maman… Je suis heureux tu sais. »
Sa mère se mit à pleurer de plus belle, jamais elle n'aurait pensé qu'Arihas lui dirait ses mots un jour. Il avait toujours renié sa position d'oméga et n'avait cessé de lutter contre depuis qu'il l'avait appris. Sa mère était heureuse qu'il ait enfin réussi à s'accepter et surtout qu'il lui dît.
« Peut-être verrais-je des petits-enfants cette fois… Sourit-elle. - Ce n'est pas encore gagné mais sait-on jamais ! »
Les enfants voilà un sujet qui ne le préoccupait pas, à son âge les chances étaient plus réduites et rien ne disait que la stérilité de son dernier mariage ne venait que de Kahzac. Il serait content s'il en avait mais ne chercherait pas forcement à en avoir. Cela ne lui avait jamais paru indispensable bien qu'il était très frustré avec Kahzac il savait que ce dernier en voulait alors cela le rendait triste de ne pouvoir exhausser le souhait de son alpha. Cependant cela fonctionnerait peut-être avec Daryûn… Il faudrait surement du temps car ses chaleurs étaient courtes et ils en avaient peu maintenant, il avait déjà trente-trois ans et les grossesses pouvaient s'annoncer difficiles… Il n'était pas aussi fringant que le prince. Il se résignait déjà à ne pas avoir enfants mais peut-être que Daryûn en voulait lui ?
Daryûn angoissait. Narsus se moquait de lui pour essayer de le détendre mais cela n'était pas efficace. Sa mère tentait de la convaincre de sourire.
« C'est la première fois que je te vois dans cet état, remarqua Narsus. Pourtant on se connait depuis longtemps… - La dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'est lorsqu'il est parti vivre ici avec mon frère… - Mère… Grogna-t-il. - Et vous, Narsus ? Quand comptez-vous vous marier ? J'ai entendu que cela s'organisait avec la demoiselle du clan Zot ? - Non pas exactement, dit-il embarrassé. - Je suis contente que mon fils se marie enfin ! Et qu'il s'implique, cela a été si difficile de lui présenter des jeunes demoiselles… Pourquoi ne pas nous avoir dit que tu préférais les hommes ? J'aurais compris, bon peut-être pas ton père… Mais j'aurais essayé de te trouver un oméga… - Je n'étais juste pas intéressé à l'époque, répondit-il. Arihas est spécial, c'est tout ! - Alors c'est bien que tu es trouvé la personne… Je suis enfin comblée, il y aura quelqu'un pour veiller sur ma brute de fils ! - Je ne pense pas qu'il ait besoin d'être protégé, intervint Narsus. - Peut-être, mais on a tous besoin de quelqu'un avec qui tout partager… »
Elle ajusta son col et le lissa consciencieusement, Daryûn remarqua que ses mains tremblaient. Il ne dit rien et prit ses mains dans les siennes pour les embrasser.
« Ça va aller mère… - Pff… Ne t'en fais pas pour moi ! »
Daryûn eut l'impression de reprendre conscience lors du repas. La cérémonie était passée à une vitesse folle… Ils étaient mariés… Arihas et lui étaient mariés… Ils étaient mariés !
« Daryûn, souffla Arihas, est-ce que ça va ? - Je ne pourrais être mieux ! »
Arihas sourit face à l'enthousiasme de son, maintenant, mari. La fête devint rapidement bruyante et animée, les marzbâhns imbibés d'alcool devenaient très bavard et joyeux. Le temps s'écoula sans qu'ils ne le voient passer et la nuit était déjà bien avancée. Ghîb attendait le moment propice pour s'approcher de Daryûn car l'envi de le taquiner le démangeait depuis un moment déjà. Il réussit à s'approcher du nouveau couple :
« Il serait temps pour les jeunes mariés de s'éclipser. »
Daryûn faillit s'étouffer avec sa boisson et se tourna vers Ghîb avec un regard noir puis vers Arihas qui lui jeta un regard complice. Il lui tendit la main pour l'entraîner à l'extérieur de la salle où deux serviteurs les attendaient. Ils furent guidés à leurs appartements décorés pour l'occasion.
Alfreed s'était amusée à placer des fleurs partout. Arihas éternua à cause de tout ce pollen, ce n'était pas une bonne idée de mettre autant de fleurs dans un endroit restreint. Il sentit Daryûn se rapprocher et il se tourna vers lui. Il agissait plus timidement que d'habitude. Il sortit son collier de sous sa tunique et Arihas vit une petite clef y pendre.
« Je pense que tu n'as plus besoin de ton collier, maintenant… Bredouilla-t-il. »
Il lui tendit la clef mais Arihas se contenta de pencher la tête sur le côté pour donner l'accès à Daryûn. Il lui avait confié la clef pour qu'il déverrouille lui-même son collier. Daryûn hésita mais le fit, il agit lentement de peur de le blesser. Il entendit un léger cliquetis et le collier s'ouvrit, il l'enleva avec précaution et regarda ce qui venait de s'offrir à lui. Il voyait pour la première fois cette parcelle de peau qui se présenter à lui. Il posa sa main dans son cou, presque avec crainte, et le caressa. Il se pencha pour l'embrasser et ressentit un frisson de désir le parcourir au contact de sa peau. Arihas posa ses mains sur ses joues et releva son visage vers lui pour l'embrasser.
« Alors ? Tu es heureux ? Sourit-il. - Tu n'imagines même pas à quel point ! - Tu es d'humeur pour nôtre nuit de noce, alors ? - Tu sais je ne veux pas t'obliger… On peut très bien attendre encore un peu, rougit-il. - Hum… Arihas resta perplexe. Que t'arrive-t-il tout à coup ? - Je… Je n'ai jamais fait ça avec un homme… J'ai peur de mal m'y prendre et de te faire mal… Dit-il gêné. - Dans ce cas laisse-moi te montrer comment faire… »
Arihas attira Daryûn contre le lit et l'allongea dessus sans hésitation avant de recommencer à l'embrasser. Il se laissa faire et pour le coup il trouva ça agréable d'être choyé par Arihas. Il se laissa déshabiller, toucher et caresser sans opposer de résistance. Lorsqu'il venait l'embrasser, il l'attirait de tout son corps contre lui, accrochant ses mains sur ses épaules et enroulant ses jambes autour de son bassin. Il se demandait si sa réaction était normale. Plus ils se découvraient et plus la température montait et son désir d'être possédé par Arihas augmentait tout autant. Pourtant il était l'alpha, il devrait être « dessus », non ? Il s'inquiétait de voir son comportement si différent de ce qu'on lui avait rapporté des alphas. Il décida d'arrêter Arihas :
« Arihas, soupira-t-il essoufflé, est-ce vraiment « normal » de le faire ainsi ? Je veux dire n'est-ce pas l'alpha qui doit mener, rougit-il. - Tu souhaitais que je te montre, pas vrai ? Et puis il n'y a rien de mal… - Mais je… J'ai envie que tu me prennes… Murmura-t-il encore plus rouge. - Et moi j'ai très envie de te faire mien, souffla-t-il à son oreille. - N'est-ce pas bizarre ? - Non pas vraiment, c'est vrai qu'on en parle peu mais cela arriva plus souvent que tu ne le penses. Nous sommes deux hommes, pas vrai ? Peu importe le genre on garde le même instinct et le même désir de posséder son partenaire… Et puis certains couples y ont recoure pendant les chaleurs pour limiter les grossesses, donc ce n'est pas étrange du tout ! - Je ne savais pas tout ça… - Tu veux qu'on continue ? »
Daryûn n'eut pas besoin de répondre pour faire comprendre son consentement, un mouvement de hanche suffit à inviter Arihas à continuer ses attentions. L'alpha se laissa faire, il se sentait bien et en confiance avec Arihas. Cependant il se crispa lorsqu'il sentit Arihas venir toucher une zone plutôt intime. Il se doutait que c'était par là mais il n'avait jamais songé que cela se passerait ainsi. Arihas s'arrêta soudainement, Daryûn le regarda surpris.
« Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il. - Je cherche quelque chose… Ah ! Voilà ceci devrait faciliter les choses. »
Il saisit quelque chose posé sur la table de nuit que Daryûn ne pouvait pas voir. Il l'interrogea du regard quand il aperçut enfin la fiole dans ses mains. Arihas en vida le contenu sur ses doigts.
« Tu verras, ça ira mieux… »
Daryûn se laissa faire. Il s'abandonna à son partenaire sans retenu et fut surpris de ce qu'il découvrit et éprouva. Il trouva cela d'abord désagréable puis fondit sous les sensations qui parcoururent son corps de long en large. Arihas laissa son empreinte en lui et sur son cou. Il fut surpris d'être mordu par son oméga mais apprécia d'autant plus la sensation. Arihas se laissa tomber à côté de lui essoufflé, les jambes de Daryûn en tremblaient encore.
« Alors ? Souffla-t-il. - Attends un peu, haleta-t-il, je vais te rendre l'appareil ! »
Arihas lui sourit. La cérémonie et la nuit de noce furent une véritable réussite.
La chaleur de l'été étouffait maintenant la capitale et les reconstructions avaient bien avancé. Les aqueducs réparés l'eau circulait à nouveau comme avant, et les habitants pouvaient enfin se resservir des fontaines. Les premiers groupes de soldats lusitaniens furent renvoyés chez eux sous bonne escorte et Etoile s'occupait de faire les liaisons entre les deux anciens ennemis. Quant aux habitants de la capitale, ils se relevaient enfin des épreuves endurées et reprenaient peu à peu leurs vies d'avant.
Hilmes avait profité de ce dernier mois pour se rapprocher d'Arslan pendant qu'Arihas s'occupait de son propre mari et de leurs affaires à déménager. On leur avait proposé de nouveaux appartements plus grands et avec une pièce attenante, en prévision d'un potentiel premier enfant. Alors de son côté il profitait de chaque occasion pour lui parler et le toucher. Arslan s'habituait de plus en plus à lui et se montrait moins gêné lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Hilmes sentait son désir pour son oméga augmenter mais il ne voyait pas de réaction réciproque chez son partenaire. Cela l'inquiétait mais il se dit que sa fausse-couche devait l'avoir refroidi et il culpabilisa de vouloir lui imposer ses propres désirs.
Un matin pourtant son vœu fut exaucé. Les chaleurs d'Arslan montrèrent le bout de leur nez. Elles furent beaucoup plus douces et réconfortantes mais surtout moins épuisantes. De ce fait Hilmes ne chercha pas à forcer la main d'Arslan mais plutôt se plier à ses désirs et ses attentes. Ils finirent par passer le plus clair de leur temps allongés, nus l'un contre l'autre à échanger des baisers et des caresses. Ce fut la chaleur la plus paisible d'Arslan.
Il trouva cela agréable mais éprouva de l'anxiété en se disant qu'il était peut être à nouveau enceint. Cela ne l'inquiétait pas en soi mais il craignait plutôt que cela se passe mal à nouveau. Jusqu'à maintenant il avait réussi à se faire à l'idée que cela arrivait et qu'on y pouvait rien mais il repensait aux douleurs qu'il avait eu avant. Et si même sans les coups d'Ilterish il avait fait une fausse-couche ? Cela lui faisait peur mais il n'eut pas besoin d'en parler pour qu'Hilmes le comprenne. Il lui murmurait des « ça va aller » sans préciser de quoi il parlait exactement. Le dernier jour de ses chaleurs il se mit à pleurer dans ses bras sans pouvoir mettre le doigt sur la raison mais il se sentit plus léger après.
Il en parla avec Arihas et ce dernier le rassura, avoir des douleurs au ventre pendant une grossesse n'étaient pas si rare et le mois de chevauché avait dû le fatiguer. Il lui conseilla de se reposer mais surtout de se détendre en attendant que le premier mois passe car il allait se rendre malade tout seul. Arslan ne put profiter longtemps de sa présence car quelques jours plus tard se fut au tour d'Arihas d'être confiné. Daryûn se fit un plaisir de pouvoir le marquer comme sien et partager ce moment-là avec lui.
La vie paisible fut à nouveau interrompue par des nouvelles inquiétantes venant de Peshawar. Le roi Ilterish tenterait une alliance avec Tûrq pour attaquer à nouveau Parse. Deux marzbâhns furent envoyés pour voir ce qu'il se passait vraiment et vérifier leurs informations. Deux mois plus tard ils reçurent de mauvaises nouvelles. Les négociations entre Turân et Tûrq avaient abouti à un accord mais le roi de Tûrq ne se mouillait pas. Il confia six milles fantassins mais ne se déplaça pas lui-même.
Andragoras décida de se déplacer lui-même cette fois mais emmena Hilmes dans sa campagne. Cependant Arslan resta à la capitale. Le traumatisme de la dernière fois l'ayant profondément marqué, il préférait être sûr de ne pas être à nouveau enceint pour y aller bien qu'il ait passé ses deux mois post-chaleurs sans incident, mais non sans crainte. Il se sentit soulagé de passer ce stade et eut l'impression de respirer à nouveau. Hilmes le quitta à regret, le confiant aux soins d'Arihas et à la garde de Kishward et Daryûn qui protègeraient la capitale en l'absence du roi.
Pourtant au front la situation se dégrada plus facilement que prévu, le mois suivant Daryûn et ses hommes furent appelés en renfort. Il put au moins ramener une bonne nouvelle de capitale… La nouvelle grossesse du prince avait été confirmée. Hilmes se retint de sauter de joie, cela n'aurait pas été très approprié…
Pour régler la crise cette fois ils avaient dû en finir avec Ilterish. Il n'aurait jamais abandonné son ambition de toute manière. Son frère, Itoqt fut nommé roi de Turân mais contraint de signer des accords de non-agression contre Parse durant tout son règne.
o~~O~~o
« Votre Altesse ! Ils sont arrivés ! S'exclama Arihas en courant vers lui. »
Arslan releva la tête vers lui.
« C'est vrai ? »
Arslan se leva pour quitter les jardins accompagné d'Arihas. Il n'eut pas le temps d'en sortir, qu'il entendit des voix bien connues s'élever pas loin d'eux. Il se mit aussitôt à courir vers elles. Il profita d'être en petit comité pour sauter dans les bras de son alpha. Hilmes fut d'abord surpris puis sans plus d'hésitation le serra dans ses bras. Il remarqua alors un petit détail. Lorsqu'il le relâcha il vit le changement qui avait opéré chez son oméga. Son ventre bien rond l'interpella, il le regarda sans pour autant oser le toucher.
« J'ai pris du poids on dirait, sourit Arslan. »
Kishward regarda la scène avec bienveillance, il s'étonnait du contraste entre le couple princier et le couple royale. La reine ignorait complètement le roi à son retour et ne venait même pas pour l'accueillir alors qu'Arslan se jetait dans les bras d'Hilmes. Pourtant cela ne faisait pas si longtemps qu'ils étaient mariés… Il fut aussi surpris qu'Hilmes de voir le ventre arrondi du prince, lorsqu'ils étaient partis Arslan ne montrait aucun signe de grossesse et maintenant on ne voyait que ça.
Arslan se trouvait au milieu de son sixième mois et cela commençait à devenir difficile pour lui. D'après les médecins du palais son bébé arriverait plus tôt que prévu comme c'était souvent le cas pour les grossesses d'omégas mâles. Il ne devait lui rester qu'un mois et demi avant d'accoucher. Cela le rassura quand il apprit qu'Hilmes sera là pour la naissance de leur premier enfant. Il ne savait pas si Hilmes serait vraiment content d'apprendre qu'il aurait très certainement une fille. Les plus anciennes servantes du palais lui avaient dit et même Arihas semblait le penser. La raison ? Son ventre haut apparemment…
« Messire Arihas, vous n'êtes pas en confinement ? Demanda Kishward. -… Non en effet, grogna-t-il. - Vous devriez l'annoncer à Daryûn avant qu'il ne s'inquiète de ne pas vous trouver. Il nous a quittés presque en courant pour vous rejoindre, dit Hilmes. - « L'annoncer » ? Demanda Kishward perplexe. - Une autre bonne nouvelle, soupira Arihas. »
Daryûn explosa de joie lorsqu'il apprit que lui aussi allait être papa dans cinq mois… Arihas ne put que sourire face à sa réaction. Pour le coup il ne se doutait pas que cela arriverait aussi rapidement.
Le ventre d'Arslan s'arrondissait un peu plus chaque jour au grand bonheur d'Hilmes qui se plaisait à le toucher et parler à leur bébé. Il fut tout aussi ravi d'apprendre que serait certainement une fille.
À quelque jours de passer le huitième mois, Arslan espérait que cela se termine. Il priait aussi pour que cela se passe bien et que son enfant soit en bonne santé. Il demanda même à Faranghîs de faire des prières pour l'accouchement. Il angoissait de plus en plus. Arihas l'aidait à se détendre comme ils partageaient maintenant la même situation que lui. Son ventre commençait tout juste à être rebondi.
Arslan avait dû mal à se lever et souffrait de crampes nocturnes qui l'alarmaient régulièrement. Il avait déjà appelé plusieurs fois les médecins, cependant à chaque fois c'était de fausses alertes.
Une nuit il fut à nouveau réveillé par des crampes, il essaya de se rendormir mais en vain. Il finit par réveiller Hilmes, c'était trop douloureux. Hilmes l'aida à se lever pour le faire marcher, le seul moyen pour soulager les douleurs d'après les sages-femmes. Seulement quelque chose d'imprévu arriva : il perdit les eaux à peine fut il debout.
« Oh mon Dieu ! »
Hilmes l'aida à se rassoir et envoya un garde chercher les sages-femmes. Elles ne furent pas trop inquiètes et dire qu'il y avait encore du temps avant que le travail ne commence. Elles demandèrent à Hilmes de quitter la chambre et d'aller se reposer en attendant dans une chambre à côté. Elles le préviendraient lorsque le travail commencerait vraiment. Il trouva leurs propos aberrants, il n'allait pas dormir pendant que son oméga souffrait surtout qu'il était seul dans la chambre. Cela l'embêtait un peu de devoir faire ça mais il fit chercher Arihas pour rassurer Arslan. Arihas arriva bien plus vite qu'il ne pouvait l'imaginer.
« Je suis désolé de vous avoir réveillé si tôt mais je préférerais qu'il ne reste pas seul… - Ne vous en faîtes pas, c'est tout à fait normal ! Je vous tiendrais au courant. »
Les sages-femmes autorisèrent Arihas à rester au plus grand soulagement d'Arslan. Daryûn ne tarda pas à pointer le bout de son nez dans le couloir. Il trouva Hilmes qui faisait les cent pas devant la porte. Il s'arrêta brusquement en voyant Daryûn.
« On vous a réveillé aussi à ce que je vois… - Je me suis dit que je pouvais vous être utile. »
Le silence s'installa. Daryûn remarqua la tenue débraillé d'Hilmes : sa tunique était complètement ouverte sur son torse laissant apparaître des marques d'affection de son oméga mais il ne semblait pas s'en soucier. Les sages-femmes avaient dû le chasser aussitôt qu'elles étaient arrivées et sans ménagement. Il était très agité.
« Vous savez vous devriez peut-être aller vous reposer… - Ah bon ? Et comment suis-je censé dormir tranquillement alors que mon oméga va accoucher ? S'exclama-t-il. »
Daryûn comprit alors que le sujet était sensible et à sa place il ferrait certainement pareil. Il préféra alors changer de sujet.
« Le roi et la reine sont au courant ? - Ils seront prévenus au petit matin à moins que le bébé n'arrive plus tôt… - D'autres personnes savent que le travail a commencé ? - J'ai fait quérir Dame Faranghîs au cas où, murmura-t-il. Les autres seront prévenus le matin. »
Daryûn comprit que les heures allaient être longue jusqu'au matin. De temps à autre ils pouvaient percevoir un gémissement douloureux, à chaque fois Hilmes se tournait vers la porte comme prêt à l'enfoncer.
Les sages-femmes obligeaient toujours Arslan à marcher. Il se stoppait à chaque contraction et elles le poussaient à continuer à marcher. Les contractions se rapprochaient doucement et devenaient plus fortes. Il fut soulagé qu'Arihas soit avec lui mais il semblait épuisé après quelques heures à attendre. Il sortait régulièrement donner des nouvelles à Hilmes, il pouvait l'entendre râler d'ici et cela le faisait sourire à chaque fois. L'aube commençait à s'éclaircir et rosir lorsqu'il sentit une contraction plus forte que les autres, il ne pouvait plus tenir debout. Elles l'allongèrent dans la hâte sur le lit. Le travail sérieux commençait. Arihas sortit une dernière fois puis vint près du prince pour lui tenir la main. Les prochaines heures s'annonçaient difficiles.
Hilmes se tendait un peu plus à chaque cri de son oméga qui lui parvenait bien qu'ils soient étouffés, ils n'en restaient pas moins affreux à supporter.
Aux premières heures du jour, tout le palais savait que prince Arslan mettait au monde leur premier héritier. Tous les compagnons du prince avaient accouru vers les appartements du couple princier pour avoir des nouvelles. Ils furent étonnés de voir Hilmes si blême devant la porte de la chambre mais il ne se souciait pas d'eux et ne cachait pas son anxiété.
La porte s'ouvrit sur Arihas qui annonça qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant que l'enfant naisse. Il referma aussitôt la porte pour retourner auprès du prince épuisé.
« Une dernière fois votre Altesse ! Répétait inlassablement la sage-femme. »
Il y eut un dernier cri déchirant avant le silence. Un silence complet qui inquiéta davantage Hilmes. Les secondes qui passèrent le glacèrent et lui semblèrent des heures. Un petit cri plus aigu et régulier finit par se faire entendre, Hilmes souffla soulagé de l'entendre enfin. Il courut presque lorsque Arihas lui dit qu'il pouvait entrer, il se précipita au côté d'Arslan dont la pâleur le frappa. Il le prit doucement dans ses bras :
« Comment vas-tu ? - Je suis épuisé, souffla-t-il, mais où est notre bébé ? »
Hilmes se tourna vers la sage-femme qui lavait cette nouvelle vie qui s'agitait.
« Alors ? Demanda Hilmes. - Il semble que ce soit une fille en parfaite santé, répondit-elle. - « Il semble » ? Demanda-t-il perplexe. - Eh bien elle présente des caractéristiques d'alpha… - Vous pouvez le dire dès la naissance ? Demanda Arslan. - Disons que c'est plus facile à voir chez une fille que chez un garçon, sourit-elle. »
Elle tendit la petite fille emmaillotée à Hilmes. Il resta figé un moment en regardant leur enfant dans ses bras. Elle avait des yeux gris et des cheveux clairsemés plutôt clair, elle ressemblerait à Arslan. Il s'assit près de son oméga pour la lui présenter.
« Elle est belle tu ne trouves pas ? Elle te ressemble… »
Arslan leva les mains pour la prendre et Hilmes la posa délicatement dans ses bras.
« Oui, souffla-t-il. Elle me paraît si petite maintenant… »
Hilmes autorisa les compagnons d'Arslan à entrer pour voir leur nouvelle princesse bien que ce ne soit pas très protocolaire. Quelques minutes plus tard, une invitée inattendue se présenta : la reine elle-même vint voir sa petite-fille. Elle se montra étonnamment expressive face à cette petite princesse.
« Quel est son nom ? Demanda-t-elle. »
Hilmes et Arslan se regardèrent avant de parler.
« Yildiz, princesse Yildiz de Parse… »

Petit portrait de famille issu de ma fanfiction Un Jardin pour deux avec Daryûn, Arihas et leurs deux enfants Dalir et Keya.
Un Jardin pour deux
Épilogue
Parse, an 332.
Il régnait une effervescence toute particulière dans la salle du trône car c'était un jour très particulier. Après trois jours de deuil on s'apprêtait à fêter une cérémonie importante : le couronnement du nouveau Shah. Hilmes allait accéder au trône avec beaucoup de fierté et de soulagement. De plus il n'avait pas à se soucier de sa descendance avec huit enfants en dix ans. Une fille ainée qui se révélait être une alpha suivi par trois garçons, trois autres filles et un petit dernier qui n'avait pas encore un an…
La descendance n'était pas un problème pour lui, pour Arslan se fut plus difficile surtout ses grossesses très rapprochées. Bardia était arrivé un an après Yildiz, et ensuite Osloes et Cyrus nés la même année. Avec ces quatre grossesses très rapprochées, Arslan avait été vite épuisé avec sa santé fragile. Ils avaient dû trouver un moyen de réduire les grossesses et de les écarter. Hilmes se trouvait obligé de donner de sa personne. D'abord opposé à l'idée soulevée par Arihas, il s'y était résigné pour soulager Arslan et finalement lui aussi y avait trouvé son compte. Ils étaient devenus suffisamment proche avec le temps pour ce genre de moment intime. Arslan avait aussi émis des réserves et était très gêné de se retrouver « sur » son alpha. À force de pratique, ils y avaient trouvé leur compte : Arslan aimait voir Hilmes lâcher prise sous ses attentions et Hilmes devait le reconnaître il appréciait beaucoup…
Hilmes et Daryûn nouèrent un accord tacite à ce sujet. Ils comprenaient rapidement pourquoi l'autre était peu enclin à une journée d'entrainement ou de chasse, surtout après une chaleur de leur oméga. Ils se faisaient même quelques sous-entendus et plaisanteries à ce sujet.
Il chassa toutes ses pensées et se concentra sur sa marche dans l'allée centrale. Tous les seigneurs et leurs familles s'agenouillaient sur son passage. Il s'avança jusqu'au trône où Kishward l'attendait avec la couronne. Il s'inclina et s'écarta quand il arriva jusqu'à lui. Hilmes s'agenouilla et Kishward posa la couronne sur sa tête puis il se releva et se tourna vers l'assemblée. Il fit signe à Arslan de le rejoindre, ce dernier confia leur dernier-né, Nader, à Arihas qui se trouvait derrière lui et veillait sur les jeunes princes et princesses.
Il s'avança lentement et s'inclina devant son roi, il sursauta lorsqu'il sentit Hilmes poser quelque chose sur sa tête, cette couronne n'était pas prévue. Puis Hilmes lui fit signe de se relever en le prenant par la main et l'invitant à venir s'assoir à ses côtés sur le trône. Il siégeait à la même place que sa Mère le reine-mère. Elle était d'ailleurs présente dans l'assemblée au même rang que ses petits-enfants vêtue en noir. Elle devrait porter le deuil de son époux pendant un an mais surtout se retirer complètement de la vie de cour maintenant qu'une nouvelle génération tenait le trône.
Une fois qu'ils furent installés, Hilmes se leva une dernière fois pour appeler sa fille ainée. Il l'invita à s'assoir à côté de lui. À dix ans, elle était suffisamment âgée pour être nommée héritière et Hilmes tenait à montrer que c'était elle qu'il nommerait pour sa succession. Avec Arslan, ils négociaient déjà un mariage avec une princesse lusitanienne. La fête commença enfin : vive le nouveau roi !
Durant le premier mois de son règne, Hilmes ne manqua pas de respecter les accords qu'il avait signés avec Arslan onze ans plus tôt. Il mit en place des lois restrictives visant à abolir complètement l'esclavage.
Beaucoup d'évènements avaient eu lieu durant ses onze ans. Faranghîs resta à la capitale pour s'occuper des temples reconstruits, Ghîb aussi était resté et Arslan le nomma même musicien officiel de la cour. Narsus s'établit dans le palais en tant que peintre officiel, comme promis, et finit par céder aux avances d'Alfreed qu'il épousa deux ans après la Reconquête. Ils eurent une fille nommée Emna quatre après, le portrait de sa mère, et un petit garçon, Ramin, était né en ce début d'année. Quant à Daryûn et Arihas ils eurent deux solides garçons Dalir né deux mois après Yildiz et Keya né la même année qu'Emna. Autant dire que le palais était très animé avec tout ce petit monde. Jaswant était retourné à Sindôra et Elam avait suivi Etoile jusqu'en Lusitania. Il semblait que depuis ils voyageaient tous les deux. Ils n'avaient que peu de nouvelles depuis leur départ mais ils devaient revenir d'ici un mois.
Parse, an 340.
Après de long mois d'échange avec Lusitania, ils firent venir la princesse Simin pour rencontrer Yildiz. Du haut de ses dix-huit ans elle ne se sentait pas vraiment prête à rencontrer sa promise. Elle avait beau être alpha elle se sentait angoissée, encore un trait en commun qu'elle avait avec son Père Arslan. Elle était son portrait craché comme la plupart de ses frères et sœurs d'ailleurs malgré tout c'était elle qui lui ressemblait le plus. Parmi la fratrie seuls Bardia et Anahita ressemblaient à leur Père Hilmes et pourtant ils étaient nombreux, onze pour le moment… Ils étaient cinq à avoir révélé leur genre Bardia oméga – pour son plus grand malheur- Osloes alpha comme elle, Cyrus un béta et enfin Anahita une oméga.
Sur les cinq ce fut Bardia qui le prit le plus mal, surtout que cela se révéla assez tard chez lui, il devait avoir passé ses quinze ans. Il rêvait de devenir marzbâhn avec Dalir mais ses rêves étaient tombés en morceaux. Cependant Arslan l'encouragea à ne pas abandonner, ils devinrent très proche tous les deux. Bardia n'abandonna pas, il s'entraîna sans relâche et profita que sa puberté ne soit pas trop douloureuse pour y consacrer le plus clair de son temps. Ils le reconnurent à peine lorsqu'il sortit de sa période de confinement. En le voyant il était difficile de savoir qu'il était oméga. Il n'avait pas la silhouette fine d'Arslan, il était bien plus « massif » et ressemblait beaucoup à Hilmes. À croire que sa seule volonté ralentissait sa « croissance » d'oméga, à dix-sept ans il n'avait toujours aucune trace de chaleurs alors qu'Anahita à quatorze ans commençait à souffrir de fièvre assez régulière. Elle savait que leurs parents réfléchissaient en cachette pour trouver un alpha qui pourrait lui convenir. Arslan et Hilmes se doutaient bien que cet état qui arrangeait Bardia ne durerait pas éternellement. Cependant si cela continuait ainsi, ils finiraient par marier Anahita avant Bardia. Leur père Arslan avait été très précoce alors le retard de Bardia inquiétait.
Pourtant ça lui convenait, il pouvait suivre ses entraînements et surtout on le considérait plus comme un béta qu'un oméga. Il n'avait rien contre les omégas, il adorait son Père et sa sœur et possédait un grand respect pour Arihas mais… Il n'y avait jamais eu de marzbâhn ou de général oméga. Depuis l'enfance il en rêvait, il voulait combattre aux côté de son Père Hilmes. Il savait que la guerre n'était pas une partie de plaisir mais il voulait prouver sa valeur auprès de son Père… Cependant depuis qu'il le savait être oméga, son Père n'évoquait plus l'idée qu'il l'accompagne sur le champ de bataille. Cela le rendit triste d'être mis à l'écart au profit de son frère Osloes qui était un alpha lui…
Arslan vit son malaise, et contrairement à ce que Bardia pensait il n'essaya pas de l'en dissuader. Il l'encouragea même et lui fit donner des cours de stratégies par le plus grand Maître de Parse : Narsus lui-même.
« En tant qu'oméga, on ne peut pas tout reposer sur la force… Tu es un bon guerrier mais il y aura toujours des moments où tu ne pourras pas être sur le champ de bataille. Alors tu dois pouvoir diriger, être capable de monter des plans dans un arrière poste. Ainsi même si tu as tes chaleurs ou bien une grossesse tu peux toujours participer, n'est-ce pas ? Et un bon marzbâhn ne se résume pas qu'à un tas de muscles ! »
Bien que contrarié par l'évocation de chaleurs et de grossesses, il comprit que son Père voulait l'aider, alors il l'écouta et apprit l'art de la stratégie aux côtés de Narsus. Cela ne plut pas à Hilmes, il espérait qu'Arslan le convaincrait d'abandonner l'idée.
« Ce n'est pas sa place ! - Sa place ? S'exclama Arslan. Parce que la place d'un oméga c'est de rester cloîtré à l'abri dans un palais ? - Ce n'est pas ce que je veux dire… Mais s'il lui arrive un accident ? S'il se fait marquer par un ennemi ? Qu'une chaleur se déclenche pendant une bataille ? Qu'il fasse une fausse-couche ? Arslan comprends-moi… J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose, je ne me suis pas pardonné ce qui t'es arrivé… Je n'ai pas pu te protéger alors si jamais il lui arrive malheur… Dit-il tristement. - Hilmes, sur un champ de bataille il peut arriver malheur à n'importe qui, même Yildiz, Osloes et Cyrus ne sont pas à l'abri… - Mais il est plus exposé qu'eux… »
Ils n'arrivèrent pas à se mettre d'accord. Arslan pensait que leur fils pouvait parfaitement y arriver et Hilmes craignait qu'il n'arrive quelque de chose grave. Cette situation devenait difficile à vivre pour eux qui étaient un couple fusionnelle mais aussi pour leurs plus jeunes enfants. Saman, Leilie et Samir étaient très agités, quant à Shirin, Jasmine et Nader qui se rapprochaient de l'adolescence et de la découverte de leur genre ils étaient déboussolés par ce changement d'humeur de leurs parents. Yildiz dut intervenir en tant qu'ainée pour jouer les arbitres :
« Pères ! Vos comportements affectent vos enfants et n'aident en rien à gérer la situation… - Yildiz nous pouvons gérer ça, dit tendrement Arslan. C'est gentil de t'inquiéter… - Mais je pense avoir mon mot à dire en tant qu'héritière ! - Je te trouve bien sûr de toi ! s'exclama Hilmes. - Père je ne comprends pas votre réticence à laisser Bardia combattre, l'avez-vous seulement déjà vu combattre ? Il est très doué, il est même meilleur que Dalir alors pourquoi ne pas lui laisser de chance ? - Yildiz ma patience à des limites, grogna-t-il. - Je vous trouve bien lâche de ne pas lui dire dans les yeux vos arguments ! Vous ne lui avez jamais dit qu'il ne pourrait pas atteindre son but ! Vous le laissez espérer et je trouve ça cruel de votre part ! Si vous pensez qu'il n'a pas sa place dans l'armée, dîtes-lui ! Mais sachez que je n'ai pas l'intention de le mettre à l'écart et je serais fière de pouvoir dire que mon frère est le premier oméga à devenir marzbâhn ! - Yildiz ! Hurla-t-il. »
Il s'avança jusqu'à elle mais elle ne fléchit pas et ne le quitta pas des yeux. Il se pencha vers elle, l'écrasant de toute sa présence. Il la fixa dans les yeux mais elle ne céda pas. Arslan intervint, il les savait aussi têtu l'un que l'autre. Il admirait sa fille de pouvoir lui tenir tête ainsi sans fléchir d'un millimètre. Il attrapa le bras d'Hilmes mais cela ne changea rien alors il libéra ses phéromones pour attirer son attention. Cette fois-ci cela fonctionna à merveille. Hilmes se tourna vers lui toutes traces de colère effacée, il se pencha vers lui et posa son front contre le sien.
« Yildiz… Tu comprendras lorsque toi aussi tu auras ton oméga à protéger. - Je peux me protéger tout seul tu sais, soupira Arslan. - Père… S'il-vous-plaît venez au moins en juger par vous-même. Je me suis déjà entraînée contre lui. J'ai libéré mes phéromones une fois pour voir comment il réagirait si son adversaire le faisait mais il n'a pas bougé d'un pouce et m'a envoyé valser sans problème. Il n'a pas besoin de participer à toutes les batailles ou même d'être en première ligne… Il veut vous aider et que vous soyez fier de lui, il n'y a rien de mal à ça pas vrai ? »
Hilmes finit par céder et alla voir Bardia s'entraîner. Il s'entraînait avec Kishward et Hilmes dut le reconnaître il se débrouillait bien, mais il ressentait toujours de la réticence à voir son fils combattre. Il ne se fit pas remarquer et observa de loin, Bardia maitrisait les bases à la perfection. Il parait les coups avec précision et n'était jamais surpris par les attaques de son adversaire. Il était bien meilleur qu'Osloes et Cyrus mais pas encore aussi bon que Yildiz. Il réagissait rapidement et ne se laissait jamais surprendre. Il rendait coups pour coups les attaques et visait les ouvertures avec précision. Hilmes décida de se montrer pour en juger par lui-même, Bardia fut surpris de le voir arriver comme ça. Il voulut parler mais le roi dégaina son arme en un rien de temps pour asséner un coup puissant. Il comprit alors que son Père le testait et ne ferait pas de cadeau. Il bloqua chaque coup sans pour autant avoir le temps de répondre. Les coups étaient trop rapides pour ça. Il prit du recule pour attaquer à nouveau, Hilmes vit la précipitation et fit voler la lame de son fils. Il stoppa tout mouvement lorsqu'il sentit une petite lame contre ses côtes.
« Très malin, souffla-t-il. Une diversion pour créer l'ouverture. »
Bardia l'avait eu en beauté, il entendit des applaudissements derrière lui.
« Je vous l'ai dit Père qu'il est doué ! S'exclama Yildiz. - C'est vrai que tu es très habile, sourit Arslan. - Merci Père ! Sourit-il en retour. - Tu t'en sors bien, avoua Hilmes, mais as-tu déjà fait des entraînements avec un alpha qui cherche à te dominer mentalement ? - Quelqu'un qui… - Nous allons voir comment tu te débrouilles ! »
Bardia n'eut pas le temps de souffler qu'il dut supporter une nouvelle pluie de coups. Cependant cette fois il étouffait par l'omniprésence de son Père, c'était effrayant. Il se sentait écrasé de toute part mais il devait tenir. Son Père Arslan lui avait dit que pour contrer un alpha en colère, il fallait soi-même être en colère. Il avait déjà vu son Père se faire obéir d'alphas récalcitrants sans l'aide de son Père Hilmes. Arslan pouvait entrer dans des colères violentes quand quelque chose lui tenait à cœur, il savait se faire entendre.
Il prit une grande inspiration et se mit à combattre l'alpha en face de lui. L'alpha qui voulait le dominer et l'obliger à se soumettre. Il allait lui montrer de quel bois il se chauffe ! Il poussa un cri et para un énième coup avec violence. Hilmes perdit son élan et Bardia profita que son Père soit déstabilisé pour attaquer avec force. Il ne subissait plus, il attaquait et répondait avec autant de fougue et de de force qu'il possédait.
Bardia laissa tomber sa lame et s'assit parterre épuisé. Il reprenait son souffle difficilement. Hilmes se tenait toujours debout mais fatigué lui aussi, son fils lui avait donné plus de fils à retordre que prévu. Yildiz avait raison, il n'avait besoin de personne pour le défendre. Elle le regarda plutôt fière de son coup.
« D'accord, d'accord… Je le reconnais, il est très doué ! Soupira-t-il. Mais je pense toujours qu'il ne peut pas aller sur un champ bataille s'il n'est pas marié et que ses chaleurs ne sont pas callés ! - Quoi ? S'exclama l'intéressé. Mais Père ! - Je ne reviendrais pas là-dessus ! Je ne peux accepter que tu prennes le risque d'être marqué par un ennemi ou que tu es une chaleur dans un camp ! Ce n'est pas envisageable ! - Et si je réponds à ces deux critères ? - Alors tu pourras participer aux campagnes militaires mais je ne peux pas te promettre une place de marzbâhn… »
Bardia ne savait pas si c'était vraiment une bonne nouvelle. Il ne voulait pas se marier lui ! Il voulait être marzbâhn après il verrait… S'il se mariait il risquait d'avoir des enfants, non ? Et s'il faisait autant de grossesses que son Père ? Il ne pourrait jamais poser un pied sur le champ de bataille. Il décida alors de demander conseil au meilleur confident qui existe :
« Arihas… Vous croyez que je serais aussi fertile que Père ? - Pourquoi cette question Altesse ? - Je ne veux pas avoir autant d'enfants… Je n'en veux pas vraiment d'ailleurs… - Il y a beaucoup de chose qui entre en compte, vous savez… Votre Père était très précoce c'est un des premiers signes, ensuite ses chaleurs sont très longues ce qui favorisent une grossesse et enfin vos Pères forment un couple destiné ce qui ajoute encore des chances… - Donc en fonction de la durée de mes chaleurs je pourrais le savoir ? Demanda-t-il. - Ça donne un indice en effet. Vous savez on ne tombe pas forcément enceint à chaque chaleur ! Il existe aussi un moyen pour limiter… - C'est vrai ? S'exclama-t-il. - Comment croyez-vous que vos Pères font pour ne pas avoir plus d'enfants ? S'ils avaient continué comme au début de leur mariage en dix-huit ans vous pourriez être dix-sept ou dix-huit enfants ! - Mais comment font-ils ? À part l'abstinence je ne vois pas comment… »
Arihas prit des pincettes pour lui expliquer mais Bardia vira au rouge.
« Vous voulez dire qu'un oméga aussi peut… ? Mon Père Arslan il… Et Père Hilmes ? J'ai dû mal à y croire… Et puis je crois que je préfère ne pas savoir en faites ! »
Peu après cet accord entre Bardia et son Père, la jeune princesse lusitanienne arriva accompagnée par Etoile et Elam qui rentraient enfin après trois ans de voyage. Arslan leur avait demandé s'ils pouvaient escorter la jeune princesse durant son voyage comme ils rentraient en prenant la même route.
Yildiz était très, très tendue de rencontrer sa fiancée. Elle espérait que tout se passerait bien et qu'elle ne ferait pas demi-tour en la voyant. Elle connaissait déjà son prénom : Simin. Elle le trouvait magnifique. Yildiz tremblait presque d'anxiété en attendant qu'elle la rejoigne dans la salle du trône pour être présentée à la cour. Hilmes lui dit de se détendre, que tout se passerait bien mais elle trouvait que son Père Arslan prenait un temps fou à la conduire jusqu'ici. Elle entendait Ghîb se moquer d'elle dans un coin de la salle avec Osloes. Les portes s'ouvrirent enfin, elle en sursauta presque.
Son Père s'avança accompagné par une magnifique jeune fille. Elle avait de très longs cheveux blonds couverts par un voile léger et translucide. Elle portait une longue robe bleue nuit aux manches blanches accompagné par des bijoux dorés. Sa propre robe devait paraître bien pâle à côté, Arslan lui avait choisi une robe lilas assortie à des améthystes. Elle avança, tête baissée, vers le Shah comme la coutume l'exigeait. Il se leva pour l'accueillir à bras ouverts et la salua comme un membre de sa propre famille. Elle ne montra aucune surprise face à la brûlure sur le visage de son Père. Bon point. Elle releva la tête et lui sourit, son sourire était magnifique et empreint de sincérité. Yildiz croisa enfin son regard, une chaleur toute particulière se dégageait de ses yeux noisettes. Simin rougit et détourna le regard, le roi lui indiqua le siège à côté d'elle.
Simin s'assit timidement à côté de sa fiancée. Yildiz lui fit un petit sourire pour la rassurer. Une fois la cérémonie finie, elle put enfin lui parler, mais elle ne savait pas comment engager la conversion. Elle se rappela de ce que lui avait dit Ghîb : les femmes aiment être complimentées.
« Vous portez une très belle robe ! Elle vous va bien, dit-elle. - Merci, sourit-elle, mais je dois avouer que je préfère les robes plus claires… »
Mince…
« Est-ce que vous aimeriez que je vous montre les jardins ? Ils sont magnifiques en cette saison ! - J'en serais ravie. »
Courage tu peux le faire !
Yildiz l'amena dans les jardins et l'effet fut immédiat. Simin resta bouche-bée face aux couleurs et senteurs qui envahissait ses sens.
« Je n'avais jamais vu de jardins pareils ! Tous les jardins de Parse sont ainsi ? Demanda-t-elle. - Pas tous… Mon Père Arslan adore les jardins alors il tient beaucoup à celui-ci, c'est comme si on avait un autre petit frère ! Sourit-elle. - C'est vrai que vous êtes une famille très nombreuse. - Oui et je crois qu'on n'a pas fini de s'agrandir ! Mon Père tombe régulièrement enceint cela ne m'étonnerait pas qu'on ait encore droit à quatre ou cinq nouveaux frères et sœurs ! Cette remarque fit rire Simin. - Comment est-ce d'avoir des frères et sœurs ? Demanda-t-elle. »
Yildiz se mit à lui raconter toutes les aventures qu'elle avait vécues avec ses frères et sœurs, ses anecdotes amusaient beaucoup Simin qui était fille unique.
Hilmes s'était éclipsé du palais pour voir comment s'en sortait sa fille avec sa promise. Lorsqu'il les aperçut il se glissa dans un fourré pour ne pas se faire remarquer. Elles discutaient tranquillement de tout et de rien, ça s'engageait bien. Il décida de les laisser tranquilles et se déplaça sans bruit. Il tomba sur Daryûn au milieu des jardins alors qu'il semblait chercher quelque chose.
« Votre Majesté ? Que faites-vous dans les jardins ? - Je vais où je veux dans mon palais il me semble, bouda-t-il. »
Il n'allait pas avouer la vraie raison.
« Oui vous avez raison… Vous n'auriez pas vu Keya et Emna par hasard ? Je crains qu'ils ne préparent encore quelque chose… Je les ai vus sortir dans les jardins mais impossible de mettre la main sur eux ! Cette petite a hérité du génie de son père, dommage qu'elle s'en serve pour faire des bêtises ! En plus elle se débrouille toujours pour entraîner Keya avec elle. - Tu les espionnes en faîtes ? - Non pas du tout ! Rougit-il. Et puis vous croyez que je ne vous ai pas vu surveiller la princesse Yildiz ? - Je ne vois pas de quoi tu parles ! Je cherchais juste Bardia mais je suppose qu'il s'entraîne avec Dalir ! - Qu'ils s'entraînent ? Qu'ils s'entraînent à quoi ? »
Il y eut un flottement.
« Bardia ! - Dalir ! »
« Non, on doit se faire des idées c'est tout ! Se reprit Hilmes. - Vous avez raison ça ne leur ressemble pas de tout façon ! Continua Daryûn. - Oui c'est juste parce qu'il y a cette histoire de fiancée et Keya et Emna ! - Ils s'entendent bien c'est tout ! Et puis ils sont ensembles depuis qu'ils sont petits alors c'est normal qu'ils soient proches… - C'est vrai mais avec cette histoire de mariage pour Bardia, ça risque de leur donner des idées, non ? - Vous croyez qu'il pourrait à penser à Dalir ? S'exclama-t-il. - Comme tu l'as dit ils se connaissent depuis longtemps et Dalir est un peu comme toi tu étais avec Arslan… Alors ça ne m'étonnerait pas… - Comment ça ? - Pour un alpha tu étais plutôt soumis… - Eh ! Protesta-t-il. - Alors c'est parfait pour Bardia : Dalir devient son alpha mais lui obéit quand même, il garde son indépendance et a le marquage pour partir en guerre. En plus ils aiment bien s'entraîner et se taper dessus… Leur relation reste identique mais avec le bonus… - Le bonus ? Demanda Daryûn incertain. - Tu le fais exprès ou quoi ? Faut-il que je te fasse un dessin ? - Surtout qu'Arihas lui a expliqué comment éviter les grossesses parce que ça l'inquiétait… - Encore un bon point pour Bardia, parce que Dalir… Il est un comme toi... Alors bon, on sait qui « est dessus » quoi… - Vous pouvez parler vous ! S'exclama-t-il. On ne dirait pas mais avec sa Majesté Arslan vous faîtes moins le malin ! Ce n'était pas la même histoire sur le bureau la dernière fois ! - Pardon ? Se figea Hilmes. - Je vous ai surpris dans votre bureau ou plutôt étalé sur le bureau… Vos pourriez clouer la porte dans ce genre de situation quand même ! Vous imaginez si un de vos enfants vous surprend comme ça ? Ou même n'importe qui ! Ils auront une sacré surprise, heureusement que ce n'était que moi ! »
Hilmes resta muet et Daryûn fut content de lui avoir cloué le bec. Hilmes souffla avant de se mettre à rire. Daryûn dut le reconnaître, leur conversation devait sembler très bizarre vu de l'extérieur. Ils avaient presque finis par devenir amis, enfin presque… Faut pas rêver non plus !
« On parlait de quoi au début ? Demanda Hilmes. -Dalir ! - Bardia ! »
Bardia soupira en apercevant sa sœur, elle ressemblait déjà à une idiote transie d'amour pour sa belle. Il entendit des rires se déplacer derrière les fourrées. Il n'eut pas de mal à reconnaître Emna qui devait encore être en train de trimballer Keya derrière elle pour lui faire faire des bêtises. À croire que c'était la saison ! Il entendit quelqu'un arriver derrière lui, c'était Dalir. Enfin quelqu'un qui n'avait pas la tête accaparée par des bêtises.
« Je vous ai vu l'autre fois vous battre contre votre Père, c'était impressionnant ! S'exclama-t-il. J'ai entendu qu'il voulait vous laisser entrer dans l'armée, est-ce vrai ? - C'est ton père qui te l'a dit ? - Oui… Il n'aurait pas dû ? - Ce n'est pas encore fait… Mon Père ne veut pas que je participe tant que je ne suis pas marié et que je n'ai pas eu de chaleurs… - Il vous a fiancé ? S'exclama-t-il. - Pas du tout ! Et puis je n'en n'ai aucune envie de toute manière ! Si je me marie je ne pourrais plus rien faire… Si ça se trouve il m'a déjà choisi un mari dans un coin perdu et qui refusera de me laisser quitter son château, grogna-t-il. Et en plus si je suis aussi fertile que mon Père je ne mettrais jamais les pieds dehors… -Pourquoi ne pas choisir vous-même, Altesse ? - Je ne connais personne alors comment veux-tu que je fasse ? - Il y a beaucoup d'alphas parmi les généraux ! - Ils sont vieux et ne m'inspire pas confiance pour ce genre de relation… Ton père Arihas m'a parlé d'un moyen pour limiter les grossesses… Je ne suis pas sûr que des vieux grognons dans leur genre acceptent l'idée ni même que beaucoup d'alphas apprécient ce genre de chose. - Vous savez les alphas peuvent se montrer très compréhensifs sur certains sujets pour faire plaisir à leur oméga. - Mais tu ne sais même pas de quoi je parle, répliqua Bardia. - Si je sais… - Arihas t'en as parlé ? - Disons qu'il n'en n'a pas eu besoin… Mes parents se montrent démonstratifs alors ils n'ont pas besoin de m'en parler et… Je crois que je comprends… - Tu comprends ? Tu laisserais ton oméga, il hésita, « dominer » ? - Si cela peut lui faire plaisir je n'y vois pas d'inconvénient, enfin s'il accepte aussi que je puisse être actif de temps en temps. - Evidemment. »
Il marqua une pause.
« Tu dis ça mais qui dit que le jour où tu auras un oméga se sera pareil ? - Si je peux choisir mon oméga cela m'étonnerait que ce dernier soit un oméga docile et obéissant. - Toi, tu as quelqu'un en vue ? - Vous savez… Je n'ai pas oublié nos promesses d'enfants, rougit-il. »
Bardia resta interdit. Dalir se rappelait de ça ? De cette discussion qu'ils avaient eu enfants alors qu'ils évoquaient leurs rêves d'avenir. Ils voulaient tous les deux devenir marzbâhns et de grands guerriers et seigneurs comme leurs pères. Ils étaient autant fascinés par l'un que par l'autre. Arslan et Arihas, alors qu'ils étaient omégas, avaient combattu et pris les armes ce qui impressionnait Dalir, surtout au vu des récits de son père Daryûn. Bardia lui, montrait plus d'intérêt pour la force en elle-même et le combat de Daryûn contre Bahadur restait son histoire favorite, et savoir que son père avait mis à mal Daryûn le rendait très fier. Seulement Dalir éprouvait des doutes, si jamais il était oméga ? Bardia l'avait regardé comme s'il venait de dire la chose la plus improbable qui soit, pour lui ils ne pouvaient qu'être des alphas.
« Si ça te fais peur d'épouser un inconnu alors je t'épouserais ! Comme ça tu resteras libre de faire ce qu'il te plaît ! - Mais… - De toute façon il y aura bien un de nous deux qui sera alpha ! »
« Tu t'en rappelles vraiment ? Demanda-t-il incertain. - Oui, vous étiez si sûr de vous, ça m'avait fait chaud au cœur ! J'aurais aimé vous dire la même chose mais je savais que vous l'auriez mal pris et je trouvais que ce n'était pas si mal ainsi. Je me voyais presque vous attendre sur les remparts pendant que vous combattiez au front dans les plaines… Oh c'est bon ! Te moques pas j'avais huit ans à l'époque ! - C'est juste que je ne pensais pas que tu le prendrais autant au sérieux, dit-il riant. Quoi que, c'est vrai que j'étais plutôt sérieux en le disant… Je n'imaginer pas l'époque que je serais oméga… »
Le silence tomba. Bardia se remémora toutes ses attentes qui avaient volé en éclat en apprenant qu'il était oméga. Soudain quelque chose le heurta.
« Dalir, hésita-t-il. Quand tu disais te souvenir de cette promesse et que si tu choisissais un oméga il ne serait ni docile ni obéissant… Que dois-je comprendre ? - Faut-il vraiment que je le dise ? - Je veux t'entendre le dire car j'ai peur de ne pas bien comprendre… - Eh bien… Si vous le souhaitez j'irais demander votre main, dit-il en rougissant. - Toi ? S'exclama-t-il. Je veux dire, tu nous verrais ensemble tous les deux ? En couple ? Partageant la même chambre ? - Si c'est ce que vous souhaitez… Mais ce n'est qu'une proposition après tout. Je me comporterais comme d'habitude, je n'ai pas l'intention de t'empêcher de vivre comme tu l'entends ! »
Dalir utilisait assez rarement le tutoiement, il le faisait uniquement lorsqu'ils étaient seuls et qu'il souhaitait faire comprendre qu'il était sincère. Ils se connaissaient depuis l'enfance, Bardia n'y voyait pas de problème au contraire même il préférait ça, cela le mettait plus à l'aise. Bardia réfléchit à ses mots.
« J'ai bien envie de me dégourdir un peu, pas toi ? - Si vous voulez. »
Dalir ne comprenait pas le changement chez Bardia. Il supposa qu'il ne voulait pas le blesser par une de ses réponses trop abruptes alors il choisissait de l'ignorer. Il soupira. De toutes manières il ne s'attendait pas à une réponse positive de Bardia. Dalir se leva et allait partir chercher des armes pour s'entrainer mais Bardia le stoppa. Dalir n'eut pas le temps de réagir qu'il reçut un coup dans le tibia.
« Tu baisses ta garde Dalir ! »
Dalir ralla, il ne pensait pas faire un entrainement au corps à corps surtout après ce qui venait d'arriver. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas fait ça d'ailleurs ? Depuis qu'on savait Bardia oméga, non ? Trop absorbé par ses réflexions il se retrouva plaqué au sol sous Bardia. Ce dernier ne bougea pas.
« Tu te rappelles de comment j'ai conclu ma promesse ? Murmura-t-il. - Oui je m'en souviens… »
Comment aurait-il pu oublier ? Ce jour était gravé dans sa mémoire. Bardia s'était tourné vers lui et l'avait embrassé sans rougir.
« On dit que si on embrasse une fille, il faut l'épouser après pour qu'elle ne soit pas déshonorée ! Si tu es oméga se sera pareil, alors tu n'auras qu'à dire que je t'ai embrassé. Mon Père sera bien obligé de me laisser t'épouser ! »
Dalir avait été impressionné par l'argument. Bardia semblait si sûr de lui qu'il ne pouvait en être autrement. Il finit même par se dire que ce ne serait pas si mal d'être un oméga finalement.
« Alors promets ! »
Il n'hésita pas. Il se redressa pour poser ses lèvres sur les siennes comme ils l'avaient fait lorsqu'ils étaient enfants, avec la même brièveté pourtant il était sûr que Bardia rougissait.
« Je te l'avais dit, non ? Ton fils est comme toi ! »
Ils se figèrent tous les deux en reconnaissant la voix du Shah.
« Peut-on savoir ce que vous faîtes exactement ? - Je dirais que votre fils agresse le mien ! - Pourtant c'est ton fils qui a embrassé le mien ! - Question de point de vu… - Je ne peux tolérer que mon fils soit déshonoré ainsi ! Qui voudra l'épouser si on sait que le fils d'un marzbâhn l'a embrassé ? Vous pensez à sa réputation ? Dalir j'espère que tu es prêt à assumer ton acte ! »
Bardia resta complètement abasourdi devant cette scène surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Qu'est-ce qu'ils avaient entendu exactement pour réagir ainsi? Quand ces deux-là étaient d'accords ce n'était jamais bon signe… Et puis c'était quoi ce jeu d'acteur catastrophique ?
« Dîtes vous comptez rester dans cette position encore longtemps ? Demanda le Shah. »
Dalir se rendit alors compte de la position dans laquelle ils se trouvaient toujours. C'est-à-dire par terre, Bardia à califourchon sur lui et leurs visages à peine quelques centimètres l'un de l'autre. Il éprouva de la gêne à cette constatation et les paroles du Shah ne l'aidaient guère.
« J'espère que tu es prêt à assumer ton acte. »
Hilmes et Daryûn les regardèrent se relever avec maladresse. Ils avaient entendu tout ce qui s'était dit. Ils n'eurent pas besoin de parler pour décider de la marche à suivre. Hilmes avait donc entamé la conversation tout-à-fait théâtralement et Daryûn l'avait suivi avec entrain. Bardia n'était pas dupe et avait tout de suite flairé la mascarade. Quant à Dalir, Hilmes hésitait, prenait-il réellement ce scandale au sérieux ou se laissait-il lui aussi prendre au jeu ? Difficile de le dire, cela dépendait de s'il tenait de Daryûn ou d'Arihas… Dalir prit une grande inspiration comme pour se donner du courage.
« Bien sûr que j'assume mon acte ainsi que ses conséquences ! Je relèverais tous les défis ou épreuves que vous m'imposerez pour vous prouver que je suis digne de votre fils ! »
Bardia fut à nouveau ahuri par tant de grands sentiments. Cette niaiserie ne pouvait qu'être surjoué venant de Dalir. Il ne l'avouerait jamais mais cela l'avait un peu touché quand même… Hilmes acquit la certitude que ce garçon sous ses faux airs d'ingénu tenait d'Arihas…
« Je l'espère bien ! Sinon tu peux toujours rêver pour obtenir sa main ! »
Le regard d'Hilmes lui fit clairement comprendre qu'il le balancerait lui-même du haut des remparts s'il lui faisait le moindre mal. Dalir déglutit comprenant le message à peine voilé.
Une petite minute… Cette histoire vient de sceller mon mariage ? Pensèrent Bardia et Dalir.
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Simin fut touchée par cette grande famille très soudés. Elle avait peur en partant de chez elle car elle ne savait pas où elle allait tomber, de plus elle n'était pas très enchantée d'épouser une femme mais elle trouva Yildiz exceptionnelle et sa famille aussi.
Elle fut adoptée par toute la famille, même si elle avait toujours du mal à retenir les prénoms : Yildiz, Bardia, Osloes, Cyrus, Anahita, Shirin, Jasmine, Nader, Saman, Leilie et Samir ! D'autant plus que Yildiz avait raison : Arslan avait donné naissance à une nouvelle petite fille, Kiana, au début du printemps.
Finalement elle était heureuse ici et surtout elle ne s'ennuyait pas ! Depuis leur mariage il y avait eu beaucoup d'évènements : les fiançailles d'Osloes, ainsi que celle Anahita et surtout Bardia et Dalir s'étaient mariés ! La vie était agréable et paisible, elle aussi avait découvert une passion dévorante pour les jardins. Elle y venait chaque soir et Yildiz la rejoignait avant qu'elle ne l'a raccompagne jusqu'à leurs appartements.
« Je crois que ce jardin va finir par être trop petit avec tout ce monde, dit-elle en caressant son ventre rond. - Tu sais mon Père me dit toujours que ces jardins ont un côté magique… - Ah bon ? - Oui peu importe le nombre de personnes qui y passent ou restent se détendre. Il y a toujours un endroit où on a l'impression que c'est juste un jardin pour deux. »