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~('o'~) ~(*o*)~ (~'o')~ About writing (or not writing) Fandom : The heroic legend of Arslan, Bleach, Star Wars and 10 Dance
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Je Crois Que Je Vais Pleurer ;_; C'est Trop Triste D'imaginer La Mort D'Arslan... T.T
Je crois que je vais pleurer ;_; c'est trop triste d'imaginer la mort d'Arslan... T.T
Translation of “Elegy for King Arslan the Emancipator“
Source: “Tenba no Yume” Arslan Senki Art Collections by Amano Yoshitaka
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Published: 1991
Written by: Tanaka Yoshiki (author of Arslan Senki series)
In-universe author: “unkown but it’s said to be Gieve”
Big thanks to @innerchorus for proofreading & helping me out with the wording! <3
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Se méfier des apparences - l’annonce + bonus
Ce qui se cache derrière le masque
Résumé: Perdre la guerre n'était pas prévu et se retrouver à SON service non plus... Mais parfois il faut savoir être patient pour découvrir ce qui se cache derrière le masque...
Type: OS Rated: M
o~~O~~o
La guerre était finie mais il avait gagné. Lui plutôt qu'Arslan. Daryûn se réveilla rempli de rage. Pourquoi lui plutôt qu'Arslan ? Par quel miracle ? Ou plutôt par quel malheur ? Quels dieux lui avaient accordé le trône plutôt qu'à Arslan ? Et le pire dans tout cela : c'était que lui il était vivant et pas Arslan. Il devait être son champion, son bouclier, le mur contre lequel l'ennemie se fracassait sans pour autant atteindre sa cible. Il devait vivre, voir même survivre pour protéger son seigneur mais que devait-il faire s'il mourrait avant lui ? Personne ne lui avait jamais dit comment il fallait vivre après son seigneur et il ne s'était jamais posé la question car il devait être le premier à partir. Cela le rongeait. Il ne pouvait retourner sa colère contre personne car c'était un malheureux incident au milieu de la guerre.
Le prince gagnait pourtant, il avait convaincu ce qui restait de l'armée de son père à le rejoindre après avoir été défait par Hilmes. Cela devait être le dernier assaut. La victoire revenait à Arslan mais quelques malheureux centimètres avaient mis fin à tout espoir. Le morceau de terrasse sur lequel il se trouvait s'était effondré, Arslan et leurs espoirs avec.
Il était à peine un homme que son corps se fracassa au sol. Seize ans pourtant les pierres et gravas déchiquetèrent et écrasèrent sa peau. Son corps en lambeau piétiné et déchiré par le bâtiment qui l'avait vu grandir. Tout jeune qu'il était, tout prince qu'il était, il se transforma en un tas de chair sanguinolent, de la viande hachée. Sa chute aurait suffi à le tuer et son corps serait resté intact mais le sort s'était acharné et l'avait rendu méconnaissable. Il aurait pu avoir une mort propre et nette mais elle fut couverte de sang comme cette guerre fratricide.
Daryûn était tombé à genoux. Pour qui combattre maintenant ? Il n'y avait personne pour le remplacer. Narsus l'avait regardé espérant lui donner le courage de se battre mais Daryûn ne s'était pas relevé. À quoi bon maintenant. Le prince Arslan était mort, vive le roi Hilmes…
o~~O~~o
Daryûn regarda le plafond cloqué de sa cellule humide. Ils étaient fermés là depuis une dizaine de jours et ne savaient pas ce qui se passait à l'extérieur. Narsus avait été enfermé plus loin dans une cellule sans ouverture pour ne pas pouvoir leur parler. Ils étaient dans un bien triste état les compagnons du grand prince Arslan ! Tous là, fermés en cage comme des animaux sauvages encore couverts de sang, de poussière et de cet atroce souvenir qui les hanterait à jamais. Elam ne fermait plus les yeux et dormait à peine. Il finissait même par délirer. Le souvenir tatoué sous ses paupières l'empêchait de fermer les yeux comme eux tous mais il était encore jeune et n'avait jamais connu la guerre. Faranghîs consacrait son temps prier. Alfrîd la harcelait, lui demandant si elle priait cette même déesse qui leur avait arraché Arslan d'une manière aussi brutale. Ghîb ne souriait plus et marmonnait des chansons tristes dans sa barbe. Quant à Jaswant, il était comme lui, il fixait le vide pour ne plus penser. Que devaient-ils faire maintenant ? Quel avenir pour eux ? Les plus proches amis d'Arslan et de par ce fait les pire ennemis d'Hilmes… Seraient-ils exécutés pour trahison ? Il ne plaignait pas sa vie mais celles d'Alfrîd et d'Elam. Ils étaient encore si jeunes et n'avaient rien connu de la vie. Combien de temps leur restaient-ils à tenir ainsi ? Allait-on simplement les laisser croupir ici ? Les y oublier ? Combien de temps avant qu'ils ne perdissent complètement l'esprit, torturés par le souvenir et la frustration ? Ils étaient si proches du but. Ils caressaient la victoire du bout des doigts et elle s'était dérobée en une fraction de seconde. Ils ne verraient jamais Arslan monter sur le trône, ni ce qu'il devait accomplir ni même simplement le voir grandir. Daryûn en pleura la nuit. Des larmes silencieuses qui avaient entaillé sa peau. Il lui sembla que ses joues en garderaient la marque jusqu'à sa mort.
Maintenant ses yeux fixaient le néant. Il ne savait plus où il en était, ni ce qu'il devait faire. Un vide froid s'était niché au creux de sa poitrine. Il n'arrivait plus à penser, ou plutôt il en était incapable… Non, en réalité il ne voulait pas, il ne voulait plus. C'était trop douloureux.
L'enfermement et l'isolement lui offraient cette possibilité. Narsus n'était pas à portée et les autres ne s'égareraient pas à lui parler. Il leur en était reconnaissant pour ça, il n'aurait pu tenir la moindre conversation dans son état. En réalité aucun d'eux ne devait en être capable. Un silence de mort régnait en maître, bien que de temps à autre il était coupé par un gémissement plaintif d'Elam ou un léger chant de Ghîb. Au début Daryûn aurait voulu lui hurler de se taire lui et ses maudits chants, ce n'était pas le moment ! Mais peu à peu il comprit… C'était son moyen à lui de ne pas perdre la tête. Il finit par trouver cela assez rassurant et reposant. Toujours mieux et plus supportable que d'entendre Elam pleurer, ce qui lui rappelait irrémédiablement la brûlure glaciale de la réalité.
Les journées défilaient et se ressemblaient toutes. Le même rituel ennuyeux et rassurant qui rendait toutes pensées inutiles et superflues. Pourtant cette assiduité fut brisée. Un soldat vint chercher Ghîb, puis Jaswant, puis Faranghîs avec une régularité inquiétante. Que se passait-il ? Allaient-ils être exécutés sans procès ? Alfrîd aussi fut cherchée. Puis Elam et Narsus furent emmenés ensemble. Il ne restait plus que lui. Il ne paniquait pas mais avait une douleur au ventre. Voilà ce que serait sa fin ? Une mort dans l'ombre après avoir vu celle de son seigneur. La porte s'ouvrit à nouveau. Il entendit d'abord les pas du gardien puis le cliquetis régulier des clefs avant qu'il ne s'arrête devant les barreaux de sa cellule.
« Levez-vous Messire Daryûn, on vous attend, murmura-t-il. »
Il avait parlé gentiment. Un soldat parse qui malgré la situation continuait de se montrer respectueux envers ses anciens supérieurs. Daryûn se leva presque mécaniquement. Il ne devait pas être beau à voir le cavalier noir, couvert de sang séché, de poussière et de sueur. Le soldat ouvrit la cellule mais il semblait un peu gêné.
« Il faut que je vous attache les mains… J'espère que vous comprenez. »
Daryûn acquiesça et se laissa faire aussi placide qu'une poupée de chiffon. Il lui attacha les mains dans le dos. Daryûn se dit qu'Hilmes avait dû le demander spécifiquement car d'habitude les mains étaient attachées devant. De toute manière cela ne servirait à rien. Il n'avait pas l'intention de lutter et il ne possédait ni la force ni l'envie pour cela. Il fut surpris qu'on l'amenât dans la salle du trône mais ne dit rien. Peut-être aurait-il un procès finalement… Il entra et cette fois il fut stupéfait : ses compagnons, vivants, étaient là et les marzbâhns aussi ! Tous ceux encore en vie se trouvaient ici réunis dans la salle du trône où siégeait Hilmes. Il était là, assis sur le trône qui revenait à Arslan.
Daryûn ne chercha même pas comprendre et fit ce qu'on lui dit. Il s'avança dans l'allée scruté par des regards menaçants et compatissants. Même Kubard lui lança un petit sourire d'encouragement : il devait vraiment faire peine à voir. Il se retrouva face à Hilmes et il devait s'agenouiller. Il marqua un arrêt. Il vit Zandé prêt à dégainer son arme aux moindres mouvements suspects ou agressifs. Les gardes du roi se rapprochèrent et l'y obligèrent. Cela réveilla en lui un sursaut d'orgueil, il ne voulait pas ployer devant l'ennemi. Hilmes lui lança un petit sourire en coin avant de finalement parler lorsqu'il fut dans une position en adéquation avec ça situation : à genoux.
« Daryûn, marzbâhn déchu de son rang par le roi usurpateur Andragoras troisième du nom, puis champion au service du feu Arslan… Savez-vous la raison de votre présence ici ? »
Daryûn tiqua à l'omission volontaire que fit Hilmes sur le titre de prince d'Arslan. De la pure provocation.
« Je ne sais pas, dit-il simplement. »
Il refusa donc de lui donner le moindre honorifique en réponse à son insulte à la mémoire du prince mais Hilmes ne s'en formalisa pas. Il n'avait peut-être pas perdu toute volonté à combattre finalement.
« La coutume veut que les sujets prêtent allégeance à leur nouveau souverain. - Je ne savais pas que Parse avait un nouveau souverain, répondit-il. »
Hilmes fit claquer sa langue sur son palet. Il ne s'attendait pas à ce que Daryûn se montrât si arrogant mais il choisit de ne pas lui donner plus de crédit. Daryûn se surprit lui-même à être si hargneux.
« J'imagine sans peine que votre séjour en prison vous l'a fait rater… - Si je comprends bien, vous attendez que je vous prête serment… Et si je refuse c'est un acte de trahison… »
… Alors je serais exécuté, n'est-ce pas ?
« Vous êtes un homme intelligent… Autant que vos compagnons me semble-t-il, vous ferrez le bon choix pour votre pays, déclara-t-il. »
Cela voulait dire que Narsus avait cédé ? Il avait ployé le genou devant Hilmes ? Narsus parmi tous les autre, celui qui défendait sa liberté d'esprit et ne supportait aucune contrainte ? Il ployait le genou et se soumettait à Hilmes ? Il chercha à avoir une réponse et lui jeta un regard que ce dernier évita. Il avait sa réponse. Narsus baissa la tête honteux sous le regard de reproches que lui lança Daryûn. Hilmes ne manqua rien de cet échange et en prit note.
« Comment suis-je censé prêter un serment dans ses conditions ? Je suis attaché, cela ne permet pas d'être totalement honnête ou sincère comme l'exige un serment… - Vous avez parfaitement raison… Et puis un guerrier comme vous se doit de le jurer avec son épée. »
Zandé se tourna aussitôt vers Hilmes choqué mais il lui fit signe de faire selon ses ordres. Daryûn fut détaché et Sahm s'avança lentement pour lui confier une épée. Il l'a pris, la soupesa puis s'approcha d'Hilmes mais Zandé le stoppa rapidement. Cependant à la grande surprise générale ce fut Hilmes qui descendit de son trône et se plaça à, à peine un mètre de lui. Zandé voulut protester à nouveau mais Hilmes l'arrêta avant qu'il n'ait pu parler et lui intima de se reculer.
Daryûn bouillonnait. Il ne cessait de le provoquer et cette situation n'échappait pas la règle. Il se tenait juste devant lui, sans arme, alors que lui en possédait une. Un seul geste et s'en était fini de lui. Un seul mouvement et il vengeait Arslan… Il pourrait défouler toute sa rage sur lui avant qu'on n'ait pu l'arrêter. Il resserra sa main sur la garde en lui jetant un regard assassin mais Hilmes ne bougea pas, au contraire même il lui lança un regard de défis. S'il le faisait il serait aussitôt arrêté mais n'obtiendrait rien de plus, qui lui succéderait ? De plus il mourrait en martyr, tué par un opposant qu'il graciait dans sa grande générosité. De quoi lui donner le beau rôle mais aussi ternir l'image d'Arslan.
Seulement… En prêtant serment ainsi il montrait qu'il le faisait volontairement, qu'on ne l'avait pas forcé puisqu'il pouvait saisir sa chance pour fuir. Il posa un genou à terre et ressentit aussitôt une douleur dans ce dernier. Son bras semblait peiner à garder la lame tendue à l'horizontale et prononcer ces mots lui brûlait la gorge et arrachait sa langue. Il refusa de lever les yeux vers cet homme qui le mettait dans une telle position, qui l'humiliait ouvertement et s'en ravissait. Il finit son serment en tremblant puis il tendit l'épée à Hilmes. L'homme qu'il reconnaissait comme son seigneur, comme son roi au même titre qu'Arslan. Hilmes saisit la garde en effleurant sa main, Daryûn la regarda comme s'il venait de rêver mais refusa de le regarder lui. Hilmes se servit de la lame pour l'obliger à relever la tête, la pointe de l'épée sous la gorge Daryûn le regarda finalement. L'atmosphère lui parut étrange avec ce geste bien que cela ne dura qu'une seconde. Hilmes lui lança un sourire à la fois moqueur et satisfait avant de finir la cérémonie.
Daryûn se releva avant rejoindre la place qu'on lui indiqua à côté de Narsus. Il se retint de lui demander quoi que ce soit. De toute manière il ne pouvait plus ouvrir la bouche, la colère lui nouait la gorge.
o~~O~~o
Une fois la séance terminée, ils furent dispersés : Alfrîd et Jaswant suivirent un garde, Faranghîs et Ghîb une servante. Le chef cuisinier vient chercher Elam et Hilmes invita Narsus à le suivre. Il ne resta plus que lui, Sahm s'avança alors et lui demanda de le suivre. Daryûn n'ouvrit pas la bouche et Sahm ne chercha pas à engager la conversation. Ils arrivèrent dans un petit couloir loin des regards où plusieurs portes en bois identiques se suivaient sans distinction particulière. Sahm ouvrit le deuxième à droite et laissa Daryûn entrer. Il fut agréablement surpris malgré l'air austère du couloir la petite chambre était plutôt chaleureuse. Elle possédait un grand lit en bois brute assorti à une armoire et une table de chevet. Un bureau accompagné d'une chaise se trouvait sous un petit carreau qui faisait office de fenêtre. En avançant dans la chambre il entendit le vieux parquet grincer sous ses pieds par endroit. Il vit alors un rideau derrière lequel se cachaient un autre petit meuble et une grande bassine métallique. Sahm lui indiqua que ce serait sa chambre à partir de maintenant. Daryûn trouva cela suffisant et il s'en contenterait parfaitement, il n'avait pas besoin de plus.
« Je dois vous montrer quelque chose d'autre aussi… Sa Majesté souhaite que vous entriez à son service personnel, c'est pour cela qu'il vous a attribué cette chambre. Il y a un accès direct vers les appartements royaux, il mène dans le bureau personnel du roi. Certes il est étroit mais très pratique… - Le roi me veut à son service ? Personnel ? Je ne comprends pas, pour quelle raison me veut-il à son service ? Je ne suis pas un de ses hommes de confiance, je pourrais très bien l'assassiner quand il dort et disparaitre sans que personne n'en sache rien… - Sa Majesté le sait pertinemment… Mais il vous a demandé c'est tout. »
Daryûn n'osa pas demander ce qui allait arriver à ses compagnons. Sahm coupa court à la conversation puis l'invita à le suivre, derrière le rideau se cachait aussi une petite armoire haute et étroite pour ranger du linge. Il lui tendit une clef puis désigna la porte de l'armoire. Daryûn aperçut alors la petite serrure et y entra la clef. Il ouvrit alors l'armoire et constata qu'il s'agissait d'une porte s'ouvrant sur un passage caché entre le mur de la chambre et celle avoisinante.
Voilà donc le passage…
Qui aurait remarqué cet écart avec les murs épais du palais ? Sahm lui dit de monter, Hilmes l'attendait déjà là-haut. Il s'y faufila et vit un escalier étroit s'élever dans l'ombre. Il monta prudemment, craignant de rater une marche ou bien de se cogner dans la pénombre. Il arriva sur un petit palier où se trouvait une porte. Il remarqua un léger décalage, d'où filtrait de la lumière, dans l'entrebâillement de celle-ci, il pouvait vaguement apercevoir le bureau dans la fente. Il se décida finalement à frapper. Il entendit Hilmes lui dire d'entrer mais il se trouva face à un problème : comment ouvrir ? En tâtonnant il trouva un loquet qu'il souleva puis il poussa la porte. Il entra avec précaution ne sachant pas dans quoi il mettait les pieds.
« Mais qu'est-ce que ? »
Narsus le regarda comme si un fantôme venait d'apparaitre dans le bureau.
« Il semblerait que le passage soit toujours utilisable, tant mieux j'aurais certainement besoin de vous à un moment ou un autre, déclara Hilmes sans même le regarder. Je vous appellerais plus tard. »
Daryûn se retint de grimacer pour être congédié ainsi.
« Bien… Majesté. »
Il se retira sans un mot de plus et referma la porte. Il rageait intérieurement. Pourquoi lui avoir demandé de venir pour rien ? Surtout pour le traiter avec dédain devant Narsus… Devant Narsus ? L'idée mit du temps à faire son chemin. Pourquoi diable devant Narsus ? Il devait bien se douter que Narsus ne raterait pas un tel détail. Mais était-ce pour qu'il vît Narsus ou bien pour que Narsus le vît ? Quel était son intérêt là-dedans ? Cherchait-il à les monter l'un contre l'autre ? Il devait bien avoir une idée derrière la tête mais il ne se laisserait pas abuser. Narsus ne pouvait réellement être un allié d'Hilmes. Et ce dernier ne pourrait croire qu'il était devenu son larbin par plaisir. Daryûn resta malgré tout quelques instants sur le seuil à attendre.
« Vous avez choisi Daryûn comme garde personnel ? - Oui je ne vois pas où est le problème… - Zandé ne le prend pas mal ? Vous choisissez un de vos anciens ennemis pour un poste de confiance ? - Je crois que vous surestimez la fonction… Un garde personnel c'est un joli nom donné à un serviteur du roi. »
Narsus ne répondit mais Daryûn comprit lui aussi, le but n'était que de l'humilier d'une manière déguisé. Il descendit l'escalier et fut étonné de voir que Sahm était toujours là.
« Je devais encore vous dire une chose, il y a une ouverture qui permet à sa Majesté de vous parler, dit-il en désignant le plafond. »
Daryûn regarda et vit qu'en effet il y avait une petite fente. Il commença à penser que sa vie risquait de devenir un véritable enfer. Cela se confirma lorsque Sahm lui dit qu'il devrait rester à attendre les ordres venant du roi. Il pouvait s'occuper comme il le souhaitait mais devait rester disponible. Daryûn craignit pour son équilibre s'il passait ses journées enfermé à attendre mais il déchanta en recevant la première demande. Il espérait avoir au moins un peu de temps pour se laver avant. Il devait se rendre en cuisine pour chercher un plateau et du vin pour le roi, en passant par le chemin habituel évidemment.
Il se rendit aux cuisines et partit à la recherche de quelqu'un qui pourrait lui préparer ça. Après plusieurs minutes il trouva enfin un commit qui lui remplit aussitôt un plateau avec du pain frais, des fruits et remplit une jarre de vin. Daryûn s'étonna de sa rapidité mais le remercia et prit ce qu'il venait de lui préparer.
Il traversa les couloirs à pas rapides, il voulait finir cela le plus rapidement possible. Seulement cela ne fut pas si simple. Il croisa plusieurs soldats et même des haut-gradés. Ils ne disaient rien lorsqu'ils le croisèrent mais dès qu'il s'éloignait ils s'en donnaient à cœur joie pour le dénigrer. Daryûn savait que cela ne devrait pas l'atteindre mais il en ressentait une vive blessure dans son amour propre. Il était un guerrier pas un valet, même garder la porte des appartements du roi lui convenait. Il ferait au moins quelque chose dans lequel il pouvait voir du monde… Voilà donc sa punition. La clémence du roi avait ses limites.
Il frappa à la porte et patienta jusqu'à ce qu'on l'autorise enfin à entrer. Hilmes leva à peine le nez de ses feuilles. Daryûn posa alors le plateau sur la petite table où se trouvait déjà une carafe vide et deux verres. Il s'apprêtait à repartir lorsque le roi l'arrêta :
« Que fais-tu ? - Je m'apprêtais à vous laisser seul pour travailler et ne pas vous déranger. - Daryûn, un garde obéit aux ordres de son maître, si je ne te dis pas de partir tu restes jusqu'à ce que je te le demande. - Bien, votre Majesté. - Et puis surtout tu ne laisses pas la carafe vide, tu la ramènes aux cuisines. - Oui, votre Majesté. »
Daryûn attendit donc que le roi daigne autoriser son départ ou bien lui confie une nouvelle tâche. Il patienta ou plutôt s'impatienta. De plus le tutoiement du roi ne lui avait pas échappé.
« Amène-moi un verre. »
Daryûn se montra docile et obéit malgré l'envie de lui jeter la carafe à la figure. Il remplit le verre et s'avança pour le tendre au roi. Hilmes le saisit mais, à nouveau, il laissa sa main s'attarder sur celle de Daryûn.
« Tu n'as pas encore eu l'occasion de te laver, ni de te changer, dit-il pour tout remerciement. - Je n'en ai pas encore eu la chance et je ne sais pas ce qu'il me reste d'affaires ici à la capitale… - Pas de souci pour cela, je t'ai déjà fait porter de nouveaux habits. Tu peux disposer pour remédier au problème et n'oublie pas la carafe car vide elle ne me servira à rien. »
Daryûn se retint de grimacer et le petit : « bien, votre Majesté » lui arracha la langue. Cependant il fit ce que le roi lui demandait. Il se dépêcha de ramener cette fichue carafe et rejoint sa chambre presque en courant. Il vit alors la pile de vêtement posée sur son lit, en s'approchant il constata qu'ils étaient noirs bordés de vert : les couleurs du roi. Il les regarda avec un certain dédain. Il allait porter des vêtements assortis à ceux du roi : de quoi le mettre en rogne.
Il soupira.
De toute façon il n'avait pas vraiment le choix. Il saisit la bassine métallique et partit la remplir d'eau. Une fois revenu, il la remit à sa place et sortit un savon et une serviette du petit meuble derrière le rideau. Il se débarrassa des vêtements poisseux qui le couvraient, ceux-là même qu'il portait le jour de la bataille, il les retira avec un soulagement et un pincement au cœur. Il portait ses vêtements le jour où Arslan les avait quittés. D'une certaine manière ils étaient liés à lui, à son souvenir, les enlever signifiait aussi tourner la page sur cette bataille, sur cette terrible épreuve qui l'avait ébranlé jusqu'aux tréfonds de son âme.
Il se lava consciencieusement malgré l'eau froide. Il voulait détacher le souvenir de l'horreur de sa peau. Son corps était enfin propre après toutes ses épreuves mais son esprit ne pouvait s'en laver. Il se rhabilla rapidement, un froid morbide mordait sa peau malgré l'air ambiant plutôt chaud. Il était un nouvel homme, enfin propre et avec des vêtements sentant encore l'air frais où ils avaient séchés. Il prit ceux qui restaient sur son lit et entreprit de les ranger dans son armoire, en l'ouvrant il vit que d'autres vêtements, draps et linges y avaient été rangés. Il attrapa les draps et les posa sur le lit, après tout il en avait le temps. Il fit le lit avec maladresse, cela faisait longtemps qu'il n'en n'avait pas fait un. Depuis plus d'un an, il avait peu eu l'occasion de dormir dans de vrais lits, il avait surtout passé ses nuits sur des lits de camps à même le sol.
Une fois cela fait, il se retrouva à tourner en rond. Que pouvait-il faire dans cette chambre ? Il n'y avait même pas un livre et la fenêtre donnait sur des toits. Il ne pouvait qu'attendre une nouvelle demande du roi. Il finit par somnoler sur son lit.
o~~O~~o
Il se réveilla en sursaut lorsqu'on frappa à sa porte.
« Oui ? Que se passe-t-il ? - Je vous apporte votre repas messire Daryûn. »
Daryûn se leva pour ouvrir à une jeune et charmante servante.
« Mais qui vous… - Sa Majesté a demandé à ce qu'on vous apporte vos repas dans votre chambre. »
Daryûn acquiesça et la laissa passer.
« Je reviendrais chercher le plateau dans une heure, dit-elle. - Ne vous donnez pas cette peine, je le ramènerais directement aux cuisines… Elle le coupa à nouveau. - Sa Majesté a demandé à ce qu'on vienne le récupérer pour que vous n'ayez pas à sortir le soir. Il a dit souhaiter « vous avoir à sa disposition ». Bien je vous laisse maintenant… Bon appétit. »
Elle disparut aussi rapidement qu'elle était arrivée. Daryûn trouva cela vraiment étrange, les mots d'Hilmes prêtaient à confusion. Il se sentit vraiment isolé ce soir-là. Il mangea en silence et rapidement, il ne pouvait rien faire de plus de toute manière.
La jeune servante revint comme elle l'avait dit. Il chercha à discuter mais vit qu'elle ne lui dirait rien de plus. Il devrait s'en contenter pour le moment. Il pensa aller se coucher quand il entendit la sonnette retentir. Il s'arrêta net. Cela signifiait qu'Hilmes lui demandait de passer par le passage. Pourquoi avait-il besoin de lui maintenant ? Il faisait déjà nuit et il devait surement être sur le point de se coucher.
Il cessa de se poser des questions et monta l'escalier secret. Il frappa à la porte mais n'obtint aucune réponse. Il s'apprêtait à frapper à nouveau lorsqu'Hilmes ouvrit la porte.
« Dépêches-toi un peu, je t'attendais… Le soir une fois que tu as fini de manger tu viens à moins que je ne te donne l'indication contraire, d'accord ? Idem le matin, je veux que tu sois là lorsque je me réveille. - Pardon ? »
Hilmes le regarda comme s'il n'avait strictement rien entendu. Daryûn retint un soupire.
« Je vous demande pardon, votre Majesté ? - Il me faut quelqu'un pour m'aider à m'habiller, sourit-il. »
Daryûn se mordit les lèvres. Cet homme avait décidé de l'humilier complètement, le réduire à l'état de modeste serviteur. Son serviteur. En réalité le problème était surtout qu'il était à son service car travailler dans les écuries ne lui aurait pas posé problème. Hilmes lui indiqua de le suivre dans la suite des appartements royaux. Il le suivit jusqu'à sa chambre et éprouva un malaise en repensant à ce qu'avait dit la servante. Hilmes se tint debout et attendit. Daryûn ne sut que faire. Le roi soupira et alla se déshabiller derrière le paravent.
« Attrape le pantalon qui est sur le lit. »
Daryûn l'attrapa rapidement et le tendit à Hilmes.
« Bien maintenant tu prends les vêtements sales et les mets là-bas, dit-il en désignant l'endroit. Sors des vêtements, des simples, aucune cérémonie n'est prévue pour demain. Voilà ce que tu feras le soir. - C'est tout, votre Majesté ? - Cela suffira pour le moment… - Bien, puis-je me retirer maintenant votre Majesté ? - Oui et n'oublie pas de te lever demain. »
Il se retint de tout commentaire et se retira.
o~~O~~o
Les jours suivant furent identiques. Daryûn restait fermé dans sa chambre à attendre un ordre. Il ne pouvait parler à personne et ne savait rien de ce qui se passait dehors. Il commençait à devenir fou avec toute cette énergie qui parcourait son corps. Ses muscles tremblaient presque de rester si inactif. Seulement il ne savait pas comment faire ou plutôt il ne voulait pas devoir trop y réfléchir. La seule personne qu'il voyait était Hilmes et il était le seul à pouvoir changer sa situation. Peut-être était-ce volontaire ? Il voulait le pousser dans ses retranchements, l'obliger à céder et à ployer le genou pour demander sa grâce. Il ne voulait pas tomber si bas.
Pourtant au bout d'une dizaine de jours il finit par céder.
Il ne tenait plus. Il faisait les cents pas dans sa chambre sans pour autant pouvoir stopper le tremblement qui le parcourait. Sa respiration s'accélérait, il voulait courir, hurler à plein poumon. Il ne supportait plus que son monde se résume à une petite pièce étriquée qui se refermait peu à peu sur lui. Sa fierté en prendrait un coup certes mais son corps ne le supporterait pas plus longtemps. La patience d'Hilmes lui paraissait infinie et il ne changerait rien à moins qu'il ne reçoive une demande. Après tout on n'a rien sans rien. Aucune chance d'obtenir un répit de la part d'Hilmes s'il ne demandait rien car sa situation ne lui importait guère. Pourquoi s'en soucierait-il ? Il n'attendait que ça de l'humilier un peu plus.
Il fut contraint d'attendre le soir pour pouvoir parler. Cela lui sembla être une éternité pourtant lorsque le moment vint le courage lui manqua. Il ne voulait pas mais quel choix avait-il ? Il ne supporterait pas un jour de plus ainsi.
« Votre Majesté, puis-je vous demander quelque chose ? - Vas-y. - Est-ce que vous comptez m'accorder de nouvelles tâches, votre Majesté ? - Pourquoi demandes-tu cela ? Tu considères que tes tâches ne sont pas à ta hauteur ? - Je n'oserais pas, c'est juste que… Si cela était possible j'aimerais pouvoir sortir quelques heures durant la journée. - Pour quelle raison ? Demanda-t-il. - J'aimerais pratiquer les armes, je vous serais plus utiles si je suis en forme… - Mais je n'ai pas besoin que tu puisses pratiquer les armes, j'ai besoin que tu portes mes plateaux et mes vêtements… »
Daryûn voulait hurler, lui crier d'aller se faire voir avec ses plateaux et ses jarres de vin ! Il devait sortir, se dégourdir ! Il allait mourir étouffé si cela continuait ainsi ! Il essaya de se calmer pour prononcer ce qu'il avait à dire sans montrer d'agressivité.
« S'il vous plaît Majesté juste quelques heures… »
Hilmes lui lança un sourire qui n'annonçait rien de bon.
« Je sais me montrer compréhensif et ouvert aux requêtes… Lorsqu'elles sont faites comme il se doit. »
Daryûn crut s'étouffer. Tout son corps lui hurlait de se rebeller, de le secouer jusqu'à ce qu'il lui accorde sa demande. Il ne réclamait pas quelques choses de totalement irréalisable non plus ! Son esprit refusait mais son corps céda, cet homme était trop puissant pour lui. Il ne pouvait pas lutter à armes égales. Il se plaça face à lui et mit à genoux. Il ne pouvait le regarder en face, bien trop honteux et en colère, il posa une main au sol.
« Votre Majesté, j'implore votre générosité ! Je vous prie de m'accorder quelques heures à passer hors de ma chambre. Je me plierais à vos exigences et accepterais les horaires que vous jugerez bon de m'accorder… »
Hilmes se leva et se mit face à lui, un peu trop proche à son goût, il ne faisait que le provoquer depuis le début. La situation actuelle en était la preuve. Il cherchait à le pousser à bout pour qu'il lui donnât une bonne raison de le remettre en prison.
« Tu as bien compris ce que je voulais… Se pourrait-il que tu aies l'habitude de te mettre à genoux ? »
Daryûn se retint de se jeter à son cou. L'attaque était bien trop directe pour n'être qu'une subtile insulte. Encore une provocation. Daryûn tint le coup et ne répondit rien. Hilmes s'approcha encore un peu mais ne bougea pas d'un cran, il ne lui ferait pas ce plaisir. Hilmes le jaugea du regard. Combien de temps tiendrait-il ainsi ? Devait-il continuer la provocation encore un peu ou attendre ? Il décida de le « taquiner » encore un peu ce soir, il lui laisserait du répit plus tard. Il fit glisser son index sous sa mâchoire pour l'obliger à relever la tête vers lui. Daryûn frissonna, un frisson qu'il ne sut expliquer. Il croisa alors le regard d'Hilmes qui le fixait. Ce dernier passa alors son pouce sur son menton. Il vit apparaître des tics nerveux sur son visage et comprit qu'il n'était pas encore mûr.
« Bien tu auras droit à trois heures de libres après le repas. Profites-en bien ! »
Il enleva sa main et lui indiqua qu'il pouvait partir. Daryûn ne se fit pas prier pour disparaître, bien content que ce moment étrange soit terminé mais surtout : il pourrait enfin sortir demain. Respirer de l'air frais, détendre ses muscles et ne plus avoir à attendre des heures que le temps passe ou bien que la sonnette l'appelle. Il se jeta sur son lit avec délice, demain il sortirait et qui sait, peut-être croiserait-il d'anciens amis et connaissances ? Narsus au bout d'un couloir ? Son ami lui manquait terriblement. Il voulait le voir même qu'un seul instant, pouvoir lui parler et tant pis pour les doutes et la rancœur qu'il avait ressentis dans la salle du trône. De toute manière il ne pouvait jamais lui en vouloir bien longtemps.
o~~O~~o
Daryûn passa dix bonnes minutes à s'étirer sous la douce chaleur du soleil avant d'entamer une petite remise à niveau. Il répéta tous les mouvements de bases de l'escrime avec un plaisir infini. Ces gestes auxquels il ne prêtait pas attention d'habitude il les réalisa avec une attention particulière. Il continua ainsi pendant près d'une heure sans s'en lasser.
« Eh bien, tu ne portes pas de plateau aujourd'hui ? Demanda une voix moqueuse. - Narsus… »
Daryûn se tourna et s'avança vers lui pour l'enlacer.
« Que t'arrive-t-il tout à coup ? T'aurais-je manqué ? - Tu n'imagines pas… Ces derniers jours ont été si longs, presque plus longs qu'en prison pour te dire. - Je vois… Mais tu as l'air d'aller mieux, mieux que lorsque je t'ai aperçu dans la salle du trône du moins. - Comment ça ? - On aurait dit que tu étais prêt à te laisser mourir. Pendant quelques instants, j'ai cru que tu allais complètement t'éteindre mais lorsqu'il a commencé à parler tu t'es réveillé, déclara-t-il. Daryûn… Est-ce que ça va ? Vraiment, pas de langue de bois ! - Je- Ça va… Je ne rêve plus depuis que je suis dans cette chambre alors j'imagine que ça va… Je n'y pense plus. Je suis trop occupé à le détester, dit-il en serrant les dents. C'est presque ironique. - Daryûn à ce sujet… Je me suis renseigné : la chambre qu'il t'a attribuée n'a rien à voir avec les gardes ou assistants… - Je ne comprends rien à ce que tu dis. - La chambre que tu as reçue est celle habituellement destinée aux favoris ou bien favorites… - Aux favoris ? Je ne vois pas ce que ça change. Je suis son larbin, il m'appelle quand ça lui chante. - Mais cela pose questions pour pas mal de gens… Tu n'es pas du tout sorti ces derniers jours, tu portes ses couleurs et tu es dans cette chambre. Certains se demandent même pourquoi tu as été épargné… - Tu es train de me dire que tout le monde croit que je suis son… Favori ? - Des servants ont rapporté des choses étranges, comme quoi tu serais dans sa chambre le soir lorsqu'il se couche et avant qu'il se lève. - C'est lui qui l'a demandé et puis je ne passe pas la nuit avec lui si c'est ce que tu sous-entends. - Ça je m'en doute mais il est malin… Il prépare quelque chose Daryûn… Il ne fait pas ça pour rien. Il… Il n'a pas tenté de… Tu sais ? Te mettre dans son lit ? - Pardon ? S'exclama-t-il. Tu penses ce que tu dis ? Pourquoi est-ce qu'il ferait ça ? Je suis un homme ! Et je n'ai rien de féminin ! Tu dois te faire des idées. - Daryûn sur ces quinze jours qui sont passés peux-tu m'assurer que rien de bizarre n'est arrivé ? »
Daryûn s'arrêta net. Il y avait eu les paroles de la servante et ce sous-entendu qu'il avait fait mais rien de plus.
« Daryûn, il ne fait pas les choses au hasard, il très intelligent j'ai pu le constater par moi-même. Fais attention à toi. - Tu crois que je ne peux pas me défendre contre lui ? - Daryûn, c'est le roi maintenant il peut faire ce qui lui chante. Il peut décider de t'enfermer dans ta chambre comme il l'a déjà fait et il n'est pas obligé de s'en prendre directement à toi. - Narsus tu me fais peur là, tu vas bien ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Ne me dis pas qu'il… - Non, bien sûr que non ! Je suis juste un conseiller, j'ai même droit à du temps libre mais ce n'est pas pareil maintenant… Il nous a éparpillé aux quatre coins de pays, ce n'est plus pareil. - Qu'est-il arrivé aux autres ? - Faranghîs a regagné le temple d'où elle venait, Alfrîd et Jaswant sont retournés chez eux sous étroite surveillance et Ghîb je ne sais pas trop, je l'aperçois de temps à autres mais difficile de trop savoir… Quant Elam il travaille aux cuisines, tu l'as peut-être vu ? Demanda-t-il tristement. - Non jamais… Comment va-t-il ? - Mal, très mal. Il vient me voir la nuit car il n'arrive pas à dormir. Il peut passer des heures à pleurer dans mes bras. J'essaie de le rassurer comme je peux mais je pense que seul le temps peut l'aider maintenant, il me parle beaucoup et il commence à remonter la pente tout doucement. Je te dis pas comment me regarde la cuisinière ! Sourit-il. - Tu m'en diras temps ! S'il ressort tous les matins de ta chambre avec les yeux rouges pour avoir pleuré, elle doit te prendre pour un monstre ! - Pourtant j'ai essayé de lui expliquer, dit-il. - Et elle a trouvé ça encore plus louche que tu viennes te justifier ? - Exactement… Et c'est là qu'elle m'a dit : « Vous et votre ami le cavalier noir avaient les même déviances et en plus vous pervertissez ceux qui vous entourent ! Nianiania… » C'est à partir de ce moment-là que je me suis renseigné pour comprendre d'où elle tirait un discours pareil. »
Ils continuèrent à discuter encore peu avant que Daryûn se rendît compte qu'il devait retourner à sa chambre : ses heures de liberté étaient finies. Narsus se décida à l'accompagner pour voir où son ami logeait car cela l'intriguait. Il le suivit dans les couloirs jusqu'au moment où, en passant dans une cour, ils croisèrent le roi et sa suite.
Ils passaient dans une galerie opposée pourtant toute la suite se tut en voyant le roi fixait Daryûn avec attention. Il lui fit un petit signe de tête avec un sourire que Daryûn reconnut sans peine. Encore ce sourire provocateur. Il décida de l'ignorer puisque la distance entre eux le permettait mais il entendit aussitôt des murmures de la part des courtisans. Dès qu'ils furent hors de portée Narsus prit aussitôt la parole :
« C'était quoi ça ? - Comment ? -Ce sourire qu'il t'a fait devant tous ses courtisans ! Il s'est presque arrêté pour te regarder passer ! - N'en rajoute pas non plus… - Mais c'est ce que toute la cour va dire ! En plus tu as détourné la tête alors je ne te dis pas comment ça va jaser… - Narsus ce n'était que de la pure provocation ! Il fait toujours ce sourire la dès qu'il s'apprête à me faire un mauvais coup. - Mais est-ce que tu as vu ses yeux ? Ce n'était pas de la provocation, on aurait dit qu'il allait te déshabiller sur place et ça personne n'est passé à côté. - Narsus… - Je ne plaisante pas ! »
Daryûn ne rajouta rien agacé par le fait que personne ne voit qu'Hilmes se moquait juste de lui. Cependant maintenant qu'il y pensait il ne le regardait jamais dans les yeux, il ne voyait que son sourire… Et si Narsus avait raison ?
Son ami finit par le quitter après avoir passé quelques minutes dans sa chambre. Il la trouva plutôt pas mal et dit qu'il s'attendait à pire. Daryûn se retrouva bien vite à attendre.
Il s'ennuyait.
Il avait pu se défouler cet après-midi alors le retour au calme le déroutait. Ses compagnons lui manquaient et l'agitation qui les accompagnait aussi. Cela le heurta de plein fouet, ils lui manquaient, Arslan lui manquait. Depuis qu'il était sorti de sa prison, il n'y pensait plus comme si ce moment n'était qu'une parenthèse qu'il devrait refermer à un moment ou un autre et c'était ce qui arrivait. Il comprit alors que rien ne serait plus comme avant, que cette situation qu'il vivait ne serait pas de courte durée mais sa vie à partir de maintenant. Ils avaient perdu. Il l'avait perdu. Qu'était-il advenu d'Arslan ? Son corps avait-il été embaumé? Avait-il reçu les prières aux morts ? Avait-il seulement été enterré ? Toutes ces questions l'assaillaient sans pour autant trouver de réponse. Il était perdu.
Et la sonnette sonna.
Daryûn grogna. Il n'avait pas en envie de se soucier des petites faims da sa Majesté Hilmes. Seulement la sonnette retentit à nouveau et il se résigna. Depuis quand était-il si pressé ? Il se dépêcha de grimper l'escalier en essayant de se calmer. Il allait soulever le loquet quand un bruit l'interpella. Ou plutôt un gémissement. Il s'arrêta net. Il devait se tromper. Hilmes ne pouvait pas être en train de… Si ? Il s'approcha lentement de l'entrebâillement de la porte d'où filtrer de la lumière.
« Votre Majesté… S'il vous plaît. »
Daryûn resta figé par ce qu'il voyait ou plutôt apercevait. Il s'agissait d'un des serviteurs du palais. Daryûn l'avait déjà aperçu à plusieurs reprises. Hilmes se trouvait derrière lui et le tenait fermement contre le mur qui n'était d'autre que la porte du passage. Hilmes se pencha et murmura :
« Que veux-tu ? »
Il entendit couiner.
« Votre Majesté… S'il vous plaît, prenez-moi. »
Daryûn resta ébahi. Ils étaient réellement en train de baiser derrière la porte. Pourquoi diable Hilmes l'avait-il appelé ? Il vit la porte trembler et entendit à nouveau la sonnette en bas de l'escalier. Ne serait-ce donc que par inadvertance ? Il jeta un dernier coup d'œil mais s'écarta aussitôt. Il recula comme brûlé à vif et rata la marche. Il se rattrapa comme il put dans l'escalier heureusement étroit mais il s'écorcha méchamment les bras. Il se remit dans le bon axe et descendit aussi vite qu'il put avant de refermer le placard d'où il était sorti en s'assommant. Il ne ressentait pas la douleur pour le moment mais le regard d'Hilmes l'avait transpercé. Il l'avait regardé à travers le minuscule espace entre le mur et la porte. Cela aurait simplement pu être dû au hasard mais il était persuadé que ce n'était pas le cas. Il l'avait fixé, droit dans les yeux. Aucun doute possible, Hilmes l'avait appelé volontairement. La question était de savoir pourquoi ?
Daryûn revint à la réalité lorsque la douleur de ses bras et de sa tête le mordirent. Il se massa la tête pour tenter de calmer la douleur. En faisant cela il constata l'état de ses avant-bras. Il ralla en voyant qu'ils étaient ensanglantés. Il ne manquait plus que ça. Il chercha un linge qu'il humidifia et le passa sur ses bras meurtris. Il attendit patiemment que le sang cesse de couler puis il laissa ses blessures à l'air libre pour qu'elles puissent sécher. En attendant il fouilla dans son armoire à la recherche d'un haut possédant des manches longues. Il n'avait pas l'habitude d'en porter mais il ne voyait pas comment expliquer ses blessures à des gens un peu trop curieux ou bien à Hilmes. Il se changea avec précaution pour éviter d'égratigner ses blessures encore fraiches. Heureusement que ses vêtements étaient noirs, au moins personne ne remarquerait s'il recommençait à saigner.
Seulement les images qu'il venait de voir le hantaient. Il sentait toujours son regard posé sur lui. Il essaya de chasser ses souvenirs seulement les paroles de Narsus vinrent se coupler à ces images. Hilmes s'intéressait réellement aux hommes ? Daryûn était pourtant persuadé qu'il aimait les femmes surtout après que Merlein leur ait raconté le sauvetage de la princesse aveugle dont il n'était plus trop sûr du nom… Irina, non ? Alors pourquoi ce soudain revirement ? Ou peut-être n'en était-ce pas un et la princesse Irina servait de couverture… Ou bien il ne voulait juste pas risquer d'avoir d'enfant illégitime ? Avec un homme la question ne se posait pas, aucun souci à se faire et le serviteur n'irait pas se vanter d'être l'amant du roi à moins d'être « dessus ». Etre passif dans les relations de ce genre n'était pas bien vu dans la société parsi, rien qu'homosexuel d'ailleurs… Mais on tolérait les écarts chez les nobles tant qu'ils étaient « dominants » car cela était une preuve de puissance. Hilmes n'avait pas de soucis à se faire pour cette aventure. Le secret serait bien gardé.
Daryûn sursauta en entendant la sonnette retentir à nouveau. Il hésita un long moment avant de se décider à prendre l'escalier et il attendit encore quelques secondes devant la porte avant de frapper. Hilmes lui dit d'entrer presque aussitôt.
« Eh bien tu te fais désirer ! Ralla-t-il. »
Daryûn vit aussitôt le bazar sur le bureau et la raison lui revint brutalement en mémoire.
Même sur le bureau, pensa-t-il. Il frissonna en pensant à toutes ces personnes qui allaient poser leurs mains dessus sans savoir ce qui c'était passé. Les pauvres…
« Range le bureau ! Ordonna-t-il. »
Daryûn le regarda comme s'il venait de proférer la pire des insultes sur terre.
« Comment ? - Le bureau, il est en désordre. Range-le. »
Daryûn s'exécuta à contrecœur et empila les feuilles avec dégout, fort heureusement aucune substance illicite à signaler mais beaucoup de feuilles froissées. Il préférait ne pas imaginer ce qui c'était passé mais son esprit divaguait complètement. Les bouts d'images qu'il avait perçues lui revenaient en mémoire sans arrêt mais le plus dérangeant restait sans nul doute ce regard qui le suivait. Son regard. Un regard plein d'envie, de désir tourné vers lui. Il n'en avait jamais reçu de tel. Il tentait d'oublier mais les picotements qu'il ressentait dans la nuque l'en empêchaient. Il continua de le fixer alors qu'il rangeait. Daryûn n'osait même pas relever la tête de peur de croiser un autre regard similaire. Seulement cette fois il n'y aurait pas de mésentente possible. Il n'y avait qu'eux deux et pas de porte ou cloison pour les séparer. Son malaise grandit encore lorsqu'il bougea. Hilmes marcha d'un pas tranquille vers son fauteuil derrière le bureau et s'y installa nonchalamment. Daryûn devait contrôler le moindre de ses mouvements pour ne pas le voir, pour ne pas relever trop les yeux et ainsi prendre le risque que leurs regards se croisent. Il craignait ce qu'il pourrait y voir.
« Il y en a ici aussi, ne les oublia pas. »
Daryûn se figea alors qu'Hilmes désignait le pied de son fauteuil. Daryûn sentit une bouffée de colère l'envahir. Il le rabaissait encore. Pourtant il devait obéir. Il fit le tour du bureau pour s'agenouiller et ramasser les deux pauvres feuilles tombées là.
Deux feuilles ? Il me force à ramasser deux minables feuilles ? À croire qu'il l'a fait exprès !
« Décidément la position à genoux te sied à merveille ! »
Daryûn oublia les craintes qu'il avait pu éprouver et releva la tête outrée et prêt à mordre. Il ne se laisserait pas encore insulter ainsi. Il fut à la fois surpris et blasé de trouver la même mine provocatrice dessinée sur le visage d'Hilmes.
« Fais attention à ce que tu fais, déclara Hilmes. Tu es en train de froisser les feuilles. - Et faîtes attention à ce que vous dîtes, s'emporta Daryûn. - Ah bon ? Et que vas-tu faire sinon ? Hum ? M'attaquer avec des feuilles ? M'étouffer avec du vin ? Me dire que les accidents sont vites arrivés ? »
Daryûn ne dit rien mais l'amertume l'envahi. Il avait raison. Que pouvait-il bien faire contre le roi ? Cela l'agaçait de ne pouvoir ni répondre ni se défouler. Hilmes saisit son menton l'obligeant ainsi à le regarder. Daryûn sentit sa peau lui brûler au contact de ses doigts. Il voulait repousser cette main, plaquer Hilmes contre son siège et lui faire comprendre de cesser ce petit jeu. Ce dernier se pencha vers lui, leurs visages furent bien trop proches à son goût.
« Alors ? Que vas-tu faire Daryûn ? »
Son nom roula étonnamment bien sur la langue de cette vipère à croire qu'il le répétait souvent… Cependant le ton employé cette fois était beaucoup plus neutre, pas une énième provocation mais une vraie question. Hilmes se pencha encore un peu plus vers lui pour lui murmurer à l'oreille :
« Vas-tu te venger ? Vas-tu m'obliger à mettre à genoux pour te satisfaire? »
Puis il se recula avec nonchalance comme si ces mots sortaient tout droit de l'imagination de Daryûn. Il resta bouche bée et ne sut que répondre à ça. Beaucoup trop de questions se chamaillaient déjà dans son pauvre esprit traumatisé.
« Tu peux y aller je n'ai plus besoin de toi pour le moment, et ne sors pas par la petite porte, prends celle de devant… »
Daryûn s'exécuta trop médusé pour réfléchir ou bien raller. Il avança dans les couloirs complètement figé sans même apercevoir les regards tantôt amusés tantôt outrés qui le scrutaient. Il rentra dans sa chambre, ferma la porte et s'assit sur son lit pour fixer le vide.
Il… Hilmes venait de sous-entendre que… Non il avait rêvé, hein ? Cela ne pouvait être que ça ! Hilmes ne pouvait pas lui dire une chose pareille. Il l'avait invité à… Non… Impossible. Il ne devait pas le dire dans ce sens-là. Seulement après le sous-entendu qu'il avait placé à l'encontre de Daryûn, son esprit avait fait une association d'idée rien de plus… Rien de plus… Non. Narsus avait lui-même dit qu'il devait se méfier car il était intelligent. Hilmes devait se douter de comment serait interprété son message… Encore une autre provocation ? Cependant cette fois elle n'était pas dirigée contre lui…
Daryûn secoua la tête. Décidément rester enfermé ne lui réussissait pas, et pour son plus grand malheur il ne put chasser cette pensée de son esprit ni l'image qui lui vint à l'esprit. Hilmes à genoux. Le voir à ses pieds pour qu'il cesse de le prendre de haut. Le voir soumis et docile… Les images commencèrent à affluer devant ses yeux. Il ne voulait pas penser à de telle chose mais son corps lui semblait apprécier les images… La solitude ne lui réussissait pas, vraiment pas, car pour avoir un début d'érection en pensant à Hilmes, il fallait être désespéré…
Il resta là, planté sur le lit, les yeux embrumés par une réflexion peu structurée qui tournait en rond.
Bureau.
Hilmes.
À genoux.
Non ce n'est pas une bonne idée de penser à ça.
Hilmes.
Soumis.
Bordel de merde.
Hilmes.
Provocation ?
Hilmes…
Pourquoi je bande bordel ? On peut pas dire qu'il soit mignon ou très attirant… Quoique… Il doit plaire aux femmes…
Un bruit sourd arrêta les turpitudes qui torturaient son âme. Qui pouvait bien frapper à sa porte ? Il se leva sans envie et l'ouvrit mais il resta bouche bée. Leila, la servante qui lui amenait ses repas se trouvait sur le pas de la porte avec un plateau. Il la fixa un long moment avant qu'elle ne prenne la parole :
« Messire Daryûn, vous allez bien ? - Euh… Oui mais n'est-ce pas un peu tôt pour le repas ? Demanda-t-il. - Non, je l'amène toujours à la même heure, répondit-elle perplexe. »
Daryûn la laissa entrer sans savoir que dire. Venait-il de passer son après-midi à penser à Hilmes ? Encore une fois il dût chasser les pensées qui l'assaillaient à grand coup de pieds aux fesses. Il remercia Leila et mangea son repas avec une certaine angoisse. Le repas signifiait qu'il devrait bientôt aller voir Hilmes.
Il plaqua sa fourchette sur le plateau. Ce jeu du chat et de la souris avait assez duré, il devait y mettre un terme pour de bon. Il décida que dorénavant il répondrait aux provocations d'Hilmes et il lui ferait comprendre que non il ne se laisserait pas faire. Il devait jouer finement pour éviter de se le mettre à dos ou bien qu'il puisse lui reprocher quoi que ce soit. Leila repassa prendre le plateau et lui souhaita une bonne nuit comme elle le faisait habituellement. Daryûn prit une grande inspiration avant de monter à l'étage pour rejoindre les appartements royaux. Il le fit avec sa discrétion habituelle et rejoint le roi dans sa chambre. Seulement ce dernier était déjà changé pour la nuit. Daryûn se demandait ce qu'il faisait là car Hilmes n'avait clairement pas besoin de lui.
![image](https://64.media.tumblr.com/807521ab3b7fbaee25d9f5b02447465d/tumblr_inline_p50txvRRJy1v0tf26_540.jpg)
« Que puis-je pour vous aider, votre Majesté ? - Le lacet de ma chemise est défait… Je n'ai jamais été très doué avec les lacets. »
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
« Votre Majesté, que puis-je faire d'utile pour vous aider ? - Le lacet, répéta-t-il. Sinon je t'ai déjà dit ce que tu pouvais faire pour te rendre utile… Je te l'ai dit cet après-midi tu devrais t'en souvenir pourtant … - Je vous demande pardon ? »
Daryûn se refroidit. Cette remarque ralluma aussitôt sa colère.
Cette espèce de… Il peut courir pour que je me mette à ses genoux !
« Tu m'as très bien compris… Alors ce lacet, j'attends ! - Vous vous moquez de moi en plus ! Vous pouvez courir pour que je vous taille une pipe ! »
Daryûn explosa totalement et se mit à proférer des insultes et phrases sans queue ni tête. Hilmes le regarda faire médusé avant de soupirer.
Quel idiot… Il n'a pas compris de quoi je lui parlais.
« Il suffit, ralla Hilmes. - Et puis quoi encore ! »
Daryûn recommença alors son long monologue d'insultes. Hilmes décida de le ramener sur terre et saisit son bras mais cela ne se passa pas comme prévu. Daryûn réagit par réflexe coléreux et envoya sa main à la rencontre de la joue d'Hilmes. Ce dernier s'écrasa au sol sous ce choc imprévu.
Son sang ne fit qu'un tour et sa colère s'évapora comme si elle n'avait jamais existé. Il était mort ou il allait perdre sa main, au choix. Il ne sut que dire et regarda Hilmes se tenir la joue. Daryûn ne voyait pas son visage mais à le voir trembler il se dit qu'il allait le tuer sur place. Pourtant lorsqu'il releva la tête vers lui ce ne fut pas de la colère qu'il vit mais un regard plein d'envie, le genre de regard qu'il n'aurait jamais penser voir chez un homme. Il fut figé sur place.
« Assis, murmura Hilmes. »
Daryûn s'exécuta et s'assit sur le lit incapable de réfléchir à quoi que ce soit. Hilmes rampa jusqu'à lui et posa sa main sur son genou pour l'obliger à ouvrir les jambes. Daryûn le regarda faire stupéfait.
« J'ai été injuste avec toi, il faut bien que je me fasse pardonner. »
Ça y est tout devint clair dans son esprit : il rêvait. Il s'était endormi après avoir mangé et ayant trop bu il délirait complètement. Cela ne pouvait être que ça. Hilmes ne pouvait pas réellement être en train de faire ce qu'il faisait et dire de telle chose. La question était plutôt de savoir pourquoi son esprit imaginait une telle scène ? Bon sang pour un rêve il était très réel mais totalement surréaliste.
Hilmes qui ouvrait son pantalon avec les dents et qui se mettait à le lécher.
Un rêve rien de plus.
Il continua à le stimuler et obtint enfin la réponse qu'il attendait.
Une hallucination.
Il le prit en bouche et commença à le sucer.
Un grave délire de son esprit en manque d'attention.
Il jouait avec sa langue sur son membre.
Oh merde… Pour un rêve il est réussi… Bon, autant en profiter, non ?
Daryûn posa sa main dans les cheveux d'Hilmes pour l'inviter à continuer ses attentions et les approfondir. Il se débrouillait plutôt bien, très bien même. Daryûn étouffa des gémissements rauques et il vit Hilmes lever les yeux vers lui. Il fut étonné par la non-gêne que montrait Hilmes, cette situation semblait lui être tout à fait normale.
Il éprouva une pointe d'agacement à le voir si à l'aise. Il lui proposa donc tout naturellement un peu plus de challenge. Il appuya un peu plus sur sa tête et fut hypnotisé par l'apparente facilité d'Hilmes à l'avaler. Il continua toujours avec lenteur, il éprouvait quelques scrupules quand même, à le pousser à descendre pour voir jusqu'où il pourrait aller ainsi sans se plaindre. Il dût s'avouer vaincu. Hilmes le prit entièrement en bouche sans jamais chercher à reculer. Daryûn se sentit vexé d'être pris en bouche si facilement… Néanmoins il se souvint que c'était la première fois que cela arrivait. Il laissa Hilmes reprendre son activité mais il le poussa à sortir de sa zone de confort. Cette fois-ci il sembla éprouver un peu plus de difficulté et cela fit sourire Daryûn. Il tenait enfin sa vengeance. Il poussait Hilmes dans ses limites sans en abuser pour autant. Il préférait garder encore un peu de marge au cas où il s'habituerait… Hilmes poussait des gémissements de protestation mais il n'utilisait pas ses mains pour se dégager ou le repousser. Daryûn comprit qu'il se laissait faire tant que cela lui convenait aussi mais il rallait pour la forme.
Daryûn se retenait de jouir, il voulait que cela dure encore un peu. Hilmes semblait prêt à continuer encore longtemps et il souhaitait l'épuiser pour ne pas perdre la face et éviter ses remarques. Seulement cela devint compliqué. Il finit par l'obliger à ralentir le rythme pour approfondir le contact. Il tenait à garder le contrôle jusqu'au bout. Le roi se plia à son avis et se laissa gentiment guider car ce n'était pas pour lui déplaire. Daryûn donna un dernier coup de rein avant de jouir dans le fond de sa gorge. Hilmes avala sans broncher. Le cavalier commença à se dire qu'il était bien trop habitué à ce genre de chose, enfin ce n'était qu'un rêve après tout.
« Toujours fâché ? »
Daryûn baissa son regard sur Hilmes, la tête posée sur l'intérieur d'une de ses cuisses.
« Ce rêve est vraiment bizarre. - Normal ce n'en est pas un… Tu veux que je t'en apporte une autre preuve peut-être ? »
Daryûn l'arrêta aussitôt.
« Non. »
Il se leva et parti sous le regard frustré du roi. Il espérait un peu plus mais Daryûn semblait perdu, autant lui laisser encore du temps… Mais il commençait à en avoir marre de se toucher, ses doigts ne pouvaient le satisfaire pleinement et Daryûn était la victi- le partenaire idéel pour le combler enfin.
o~~O~~o
Daryûn retourna dans sa chambre et s'assit sur son lit les yeux rivés dans le vide.
Merde, c'était pas un rêve…
Les questions affluèrent à nouveau dans son esprit, ces derniers temps cela n'arrêtait pas, étonnant qu'il n'ait pas encore eu de maux de tête. Seulement la pensée qu'il refoulait depuis quelques minutes déjà le heurta de plein fouet : Hilmes venait de lui faire une fellation. Une pipe bordel de merde ! Il se demanda encore une fois pourquoi il ne l'avait pas repoussé cependant il ne pouvait dire qu'il avait été forcé non plus. S'il l'avait voulu il aurait pu le repousser, Hilmes n'allait pas le poursuivre en courant pour assouvir son envie.
Pourquoi avait-il fait ça ? Le faisait-il souvent ? Pourquoi le provoquait-il autant s'il voulait juste le mettre dans son lit ? Pourquoi cette gifle l'avait soudainement mis dans cet état ? Etait-ce la gifle qui l'avait excité ? Pourtant il avait frappé fort… Une minute… Les pièces du puzzle se mirent en place dans son esprit. Depuis le début Hilmes cherchait à le faire réagir en le provoquant ouvertement ou en faisait des sous-entendus.
« Vas-tu te venger ? Vas-tu m'obliger à mettre à genoux pour te satisfaire? »
Ces questions n'étaient pas ironiques mais sous-entendaient ce qu'il voulait vraiment; puis il avait été excité par la douleur… La conclusion qu'il tira le laissa perplexe. Hilmes était masochiste (ou possédait quelques tendances). Au final il n'attendait que ça qu'il le frappe ou le… Viol ? Enfin ce n'en était pas s'il était consentant mais il voulait que ce soit violent et avait utilisé ce sous-entendu pour l'immiscer dans son esprit. Daryûn secoua la tête. Jamais il n'aurait fait une telle chose, cela ne lui serait jamais venu à l'idée, le frapper par contre il devait avouer qu'il y avait songé… C'est ce qu'il avait fait sans le vouloir d'ailleurs.
Il s'allongea sur son lit. Que devait-il faire maintenant qu'il savait cela ? Ou plutôt que voulait-il faire ? L'expérience de tout à l'heure n'avait pas été désagréable, il fallait bien le reconnaitre… Devait-il se laisser entraîner ou bien l'envoyer balader ? Il n'en savait rien. Après tout cela ne pourrait rester qu'une aventure…
T'es con ou quoi ? C'est le roi de Parse, tu crois vraiment que tu peux le niquer et le laisser tomber sans la moindre conséquence ? Bon c'est vrai que maintenant tu connais ces penchants. Tu peux toujours essayer le chantage s'il te menace… C'est lui qui aura le plus de problème si cela se sait… Toi tu seras tranquille, le petit serviteur sans importance et disgracié qui a baisé le roi…
Il était avantagé jusqu'au moment où Hilmes déciderait de l'assassiner dans son sommeil et sans le faire savoir. Il se trifouilla l'esprit encore deux bonnes heures incapable de dormir ou de penser à autre chose. Il ne trouva pourtant aucune solution à apporter à son problème. Il se décida à se coucher pour de bon mais il ne cessa de se retourner dans son lit. Le sommeil fut difficile à capturer ce soir-là.
o~~O~~o
Le réveil fut tout aussi affreux. Il devait monter voir Hilmes. Le voir ou ne pas le voir tel était la question. Il y alla à reculons mais à son grand soulagement Hilmes n'était plus là. Aurait-il lui aussi fui la confrontation craignant que son écart lui soit préjudiciable ? Peut-être avait-il simplement compris que Daryûn ne tomberait pas dans son lit et ne partageait pas ses penchants. Il espéra que ce fût le cas et reprit ses occupations le cœur léger de ne pas avoir dû lui faire face. Il s'ennuya fermement jusqu'à l'heure du repas mais la joie de pouvoir enfin sortir lui fit oublier toutes ces questions douloureuses pour son esprit.
Il saisit l'occasion de se promener dans les couloirs et cours avant de se diriger vers son lieu habituel d'entraînement. Il s'étira avec plaisir, tordant son corps pour détendre ses muscles et son dos endolori par tant de conflits intérieurs. Il s'apprêtait à prendre une arme pour répéter des mouvements de bases quand une terreur blonde s'abattit sur lui telle la foudre sur un clocher.
« Daryûn tu m'as assuré qu'il ne t'avait rien fait pourtant tout le monde ne parle que de ça ! Franchement tu aurais dû me dire qu'il te forçait la main à moins que tu… Enfin si tu préfères les hommes… Je n'y vois pas d'inconvénients tu sais… On est ami, ça ne changera jamais quoi qu'il arrive. On n'est pas tous obligé d'aimer les mêmes choses… Mais tu vois… Enfin, bredouilla-t-il. - Narsus… Je ne comprends pas ce que tu veux me dire là. Je ne suis pas du tout même ! - Daryûn, tout le monde ne parle que de ça… Toi et Hilmes… - Hein ? »
Daryûn se figea. Comment ça tout le monde le sait ? Pensa-t-il. Il n'y avait qu'eux deux dans la chambre hier soir ! Personne ne pouvait les avoir surpris ! Il préféra prendre des pincettes avec Narsus pour être sûr qu'il parlait bien de ça et ainsi éviter des gaffes embarrassantes à expliquer car son ami ne le lâcherait pas tant qu'il ne saurait pas tout en détail.
« Narsus, de quoi parles-tu ? - Hier tu es sorti de son bureau l'après-midi, pas vrai ? - Oui mais encore ? - Et bien sa Majesté devait tenir un conseil l'après-midi seulement lorsque nous sommes allés à son bureau il était occupé avec quelqu'un si tu vois ce que je veux dire… Et tu es la seule personne vue à être sorti de son bureau… En plus il paraît que ton pantalon était sale au niveau des genoux, alors je te laisse imaginer le lien qui a été fait… - J'y crois pas il l'a fait exprès ! Percuta Daryûn. - De quoi tu parles ? Qu'il t'ait fait salir les genoux ? Demanda Narsus perplexe. - Non l'après-midi je l'ai vu avec un des serviteurs, enfin je te passe les détails, puis il m'a appelé pour ramasser les feuilles éparpillées de son bureau, dit-il en frissonnant. C'est pour ça que mes genoux étaient sales ! Et pour finir il m'a demandé de sortir devant plutôt que de reprendre le passage, expliqua Daryûn. »
Narsus resta sans voix pendant quelques secondes le temps que l'information fasse son chemin. Il reprit finalement la parole :
« Alors il l'a fait exprès… Je t'avais prévenu qu'il était malin. - Cela ne m'aide pas beaucoup ce que tu me dis là, tu sais ? »
Daryûn soupira. Son moyen de pression tombait complètement à l'eau puisque tout le monde était déjà persuadé qu'ils couchaient ensemble. Seulement il passait pour le « dominé » personne ne le croirait s'il disait l'inverse. La cour resterait sur son idée, qui pourrait croire ça du roi Hilmes surtout s'il prévoyait d'épouser Irina. Ils supposeraient simplement que Daryûn cherchait à racheter son image en le discréditant. Il était piégé. Hilmes avait bien préparé son coup le salaud. Il soupira à nouveau. Il ne savait toujours pas quoi faire.
o~~O~~o
Il abandonna l'idée de s'entraîner et partit errer dans le palais en laissant Narsus en plan. Il devait réfléchir tranquillement. Ses pas le conduisirent vers les jardins mais ils étaient trop fréquentés à cette heure-ci et il continua sa route sans avoir de réel but. Il arriva devant un grand pavillon de marbre et s'arrêta net devant. Le tombeau de la famille royale. Il regarda un moment les décorations qui ornaient le fronton avant de passer le seuil avec hésitation. Il y était déjà entré mais il craignait ce qu'il pourrait désormais y voir ou plutôt son absence. Il avança lentement s'enfonçant de plus en plus dans la pénombre du lieu. Il vit la tombe du roi Andragoras, érigée à sa mort dans la bataille au pied de la cité. Alors qu'ils se trouvaient en plein siège contre Hilmes et qu'ils attendaient ou plutôt espéraient la venue du prince Arslan, Kishward avait trouvé le moyen de rendre hommage à son seigneur. Daryûn s'arrêta juste devant n'osant plus bouger. Il resta ainsi plusieurs minutes sans même esquisser le moindre mouvement.
Il prit son courage à deux mains et tourna lentement la tête vers l'endroit où devrait se trouver la tombe d'Arslan. Il se stoppa à nouveau. Une tombe en marbre s'y trouvait bel et bien. Il resta muet et s'avança lentement pour voir la plaque. Il eut le souffle coupé :
Arslan, le Libérateur.
Voilà ce qui était écrit en lettres dorées. Ses yeux se remplirent de larmes lorsqu'il lut l'épitaphe, il reconnut aussitôt le style de Ghîb. Hilmes avait demandé ça ? Pourquoi rendrait-il hommage à son ennemi ? Un hommage resté discret mais un hommage malgré tout. Le comportement d'Hilmes l'intriguait, qui ferait ça à par Arslan lui-même ? Il fut bouleversé par cette découverte. Hilmes n'était peut-être pas si mauvais… Il avait conscience de la défaite cuisante qui l'attendait s'il n'y avait pas eu cet incident. Il reconnaissait sa défaite face à Arslan, et après sa mort il devenait son successeur voilà la raison de cette tombe.
Daryûn se laissa porter jusqu'à sa chambre, il se sentait tellement plus léger. Narsus le savait-il ? Il devrait lui apprendre si ce n'était pas le cas mais cela lui paraissait peu probable. Narsus savait toujours tout et dans les moindre détails. Il sourit à cette pensée. Il se sentait allégé d'un poids : Arslan avait reçu une sépulture décente et le vibrant hommage qu'il méritait.
Et la sonnette sonna.
Daryûn se leva avec une énergie nouvelle : il était d'humeur à jouer cette fois et voulait tester ses limites. Il se rendit dans le bureau d'Hilmes sans trop se presser. Il était temps d'inverser les rôles. Le roi le regarda avec son habituel sourire moqueur mais ne remarqua pas le changement chez Daryûn.
« J'ai faim et je n'ai plus de vin, dit-il. »
Daryûn sourit, une idée lui vint à l'esprit. Il s'assit avec nonchalance dans le siège face au bureau et attendit. Hilmes releva la tête, arqua un sourcil, posa la plume qu'il tenait avant de finalement prendre la parole :
« Je ne t'ai pas invité à t'assoir il me semble. - Pourtant c'est ce que j'ai compris. »
Hilmes le regarda un moment avant d'assimiler ce qu'il venait de dire.
« Je te demande pardon ? - Cela fait longtemps que je n'ai plus de rancœur pas la peine de vous excuser… - Daryûn, je ne sais pas à quoi tu joues mais cesse cela immédiatement, je n'ai pas de temps à perdre ! - Moi non plus alors arrête tes conneries et à genoux puisque tu as soif ! »
Daryûn n'en revenait pas lui-même d'avoir dit une chose aussi vulgaire, et accessoirement de l'avoir tutoyé, mais cela fit mouche. Hilmes changea d'expression et sa fausse colère laissa place à de l'amusement…
« Je ne suis pas sûr de… - Tu as très bien compris alors obéis ! »
… Puis à de l'excitation.
Daryûn se releva pour se placer debout contre le bureau et Hilmes ne le lâcha pas des yeux :
« La porte n'est pas fermée, commenta-t-il. - Cela ne me pose pas problème, tu n'auras qu'à ne pas faire trop de bruit… »
Hilmes descendit lentement de son fauteuil pour finalement se mettre à genoux face à Daryûn. Il le fixa attendant patiemment un ordre. Daryûn lui fit un simple mouvement de tête et il s'exécuta. Il le laissa recommencer le même travail que la vieille. Cette fois il n'hésita pas à le pousser directement dans ses retranchements et Hilmes endura. Cela ne semblait pas lui déplaire, Daryûn pouvait voir son excitation à travers ses vêtements. Et une nouvelle fois il avala tout sans broncher.
« Tu as toujours soif ? Sourit Daryûn. - Non… Mais j'ai toujours faim, gémit-il. - Montre-moi comment te nourrir alors… »
Il se sentait vraiment ridicule à dire des choses pareilles mais en même temps… Cela l'excitait aussi. Peut-être n'était-il juste pas habitué à ce genre de jeux. Hilmes, lui ne montra aucune gêne à se déshabiller entièrement et s'allonger face contre le bureau en écartant largement les jambes. Il posa une de ses mains sur ses fesses et susurra un petit : « juste là. » Daryûn admira la vue avant d'oser le toucher. Il éprouva une certaine hésitation quant à la démarche à tenir, il n'était pas habitué à utiliser cette voie-là. Il posa sa main dans le bas de son dos et vit aussitôt Hilmes frissonner. Il effleura lentement sa peau et lui arracha quelques gémissements et cambrages de dos. Cette zone semblait très sensible et il n'était pas prêt de lui offrir de répit. De sa main libre il vint explorer l'intérieur de ses cuisses largement ouvertes. Il fit glisser son pouce sur l'intérieur de ses fesses ce qui arracha de nouveaux tremblements, puis il introduisit son index en lui. Hilmes s'accrocha aussitôt au bureau et poussa un gémissement étouffé cette fois.
Daryûn fut fasciné par les réactions de son partenaire. Il voyait les muscles de ses cuisses se tendre, son dos s'arquer mais surtout il l'entendait gémir. Il ne pensait pas qu'un homme puisse être autant stimulé par de tels contacts. Il commença à bouger lentement son doigt mais en fut vite lassé et voyant qu'Hilmes quémandait plus il augmenta la cadence. Il introduisit un deuxième doigt puis poussa le troisième en accélérant de plus en plus ses mouvements mais ce fut Hilmes qui le stoppa :
« Prend-moi, gémit-il. »
Daryûn saisit alors cette occasion pour venger son amour propre.
« Je sais écouter les demandes lorsqu'elles sont bien faîtes… - Accordez-moi la faveur de me prendre entièrement, s'il vous plaît… - Qui ? - S'il vous plaît, Maître…»
Il ne répondit pas mais lui accorda sa demande d'un coup de rein. Hilmes poussa un gémissement plus rauque et plus douloureux mais n'exprima toujours aucune plainte. Daryûn s'enfonça en lui sans marquer d'arrêt jusqu'à ce qu'il fût entièrement en lui. Il se remit à caresser le bas de son dos et le sentit aussitôt se contracter autour de lui pour finir par se détendre. Il commença par de petits va-et-vient fluides avant d'allonger ses mouvements de bassin au rythme d'Hilmes. Ce dernier lui demanda plus et Daryûn lui répondit par des coups plus secs et plus profonds. Il saisit les hanches d'Hilmes pour être le seul à imposer le rythme. Il le tirait à lui lorsqu'il s'enfonçait et le repousser lorsqu'il se retirait. Hilmes ne s'arrêtait plus de pousser des soupirs, gémissements ou phrases obscènes l'invitant à poursuivre avec ardeur et dureté…
Il fut le premier à lâcher prise. L'emprise se resserra autour de Daryûn mais il continua encore ses mouvements avant de finir par jouir à son tour. Il demeura ainsi un moment avant de finalement sortir de cet antre chaud et accueillant maintenant humide de sa semence. Hilmes resta dans cette position tentant de reprendre son souffle et se retenant au bureau alors que ses jambes l'avaient lâché. Daryûn lui jeta un dernier coup d'œil avant de s'écarter et de refermer son pantalon. Il ne put s'empêcher de donner un claque sur ces fesses ostentatoirement exposées et fut surpris de l'entendre gémir à nouveau.
« Range le bureau je t'apporte de quoi te remettre ! »
Daryûn sortit dans un le couloir avec un petit sourire satisfait. Il était plutôt content d'avoir découvert ce qui se cachait derrière le masque…
Daryun is really a funny guy...
"I could kill you... Oh it's just a little joke BUT if you try to hurt His Majesty it won't be."
Daryun and Isfan in Book 14
Whether it was drinking, eating, or speaking, Isfan’s mouth hadn’t stopped. With his eyes dazed and intoxicated with alcohol-consumption, Isfan asked his senior officer a question.
“Lord Daryun, what do you think of this?”
“I just want to protect His Majesty.”
“No matter what happens?”
“No matter what happens.”
“Even if the enemies are the populace?”
“Even so. Anyone who holds their blade against His Majesty is my enemy.”
Daryun made his pronouncement. His meaning couldn’t be any more simple and clear, yet his statement was filled with boldness and truth. The other two held no hint of doubt about Daryun.
“Even if the enemies were you guys.”
Isfan lifted an eyebrow towards him.
“Even if you’re joking, that was taking it too far. Lord Daryun, we will never hold our blades against His Majesty. This is an insult to us.”
With a helpless smile, Daryun looked at his junior officer, who appeared to be serious even if he was definitely drunk.
“That’s true. I’ve joked about something I shouldn’t have. I ask for your forgiveness.”
- Arslan Senki Volume 14: Heaven Resounds, Earth Quakes
La légende du Ξ
Résumé: Omegaverse! "Dans la population on compte en général un oméga pour deux alphas, cela crée un déséquilibre. Il arrive parfois qu'un oméga se marie et rencontre après l'alpha qui lui est destiné. L'oméga part alors avec lui car c'est la solution la plus sage et raisonnable. Seulement…" Tout n'est pas si simple et Arslan s'en rend bien compte surtout avec deux alphas aussi têtus!
type: OS rated: T
Daryûn souffla. Après plusieurs jours de voyage à cheval il arrivait enfin à Ecbatâna, ou plutôt il rentrait. Il avait dû quitter la capitale à la hâte quatre ans auparavant à cause d'une situation imprévue et diplomatiquement complexe.
À ses treize ans le prince Arslan se révéla être un oméga. Ce statut arrangeait particulièrement le roi Osloes. Son frère se montrait menaçant depuis la naissance de son fils mais l'annonce de son genre avait aussitôt calmé ses ambitions de grandeur. Pour le roi cela représentait une véritable chance. Il fiança aussitôt son fils et son neveu, son frère n'obtiendrait aucun allié par mariage et promesse de couronne. Seulement l'imprévu fut qu'Arslan se révéla très réceptif à Daryûn, on pouvait même parler de couple destiné. Cela alarma Osloes, il ne pouvait se permettre de perdre Arslan au profit de Daryûn. Il n'avait rien contre lui mais son oncle Vahriz était proche d'Andragoras alors difficile de lui faire confiance. Le roi demanda alors à Daryûn de partir pour éviter tout problème jusqu'à ce qu'Arslan et Hilmes soient mariés.
Le couple princier avait été marié durant la dix-septième année d'Arslan. Osloes avait tenu à attendre autant que possible avant de les marier, il ne voulait pas trop brusquer les choses entre eux. Cela fut payant car Hilmes et Arslan s'entendaient bien. Ils avaient pu nouer une étroite relation au fur et à mesure des années. Du moins c'était ce qui se disait.
Cette situation ne dérangeait pas vraiment Daryûn. Bien qu'il semblait avoir un lien particulier entre eux, Daryûn n'éprouvait pas de regret ou de rancœur de n'avoir pu épouser Arslan ou même d'en avoir fait son oméga. Arslan n'avait que treize ans au moment des faits et il ne ressentait aucune attirance pour lui (ce qui aurait été plutôt déplacé). De toute manière le mariage ou se trouver quelqu'un n'avait jamais été pas une priorité pour lui, en réalité cela lui importait peu.
Son retour à la capitale passa inaperçu mais il ne s'attendait pas à grand-chose au vu de son départ. Seul son oncle et son ami Narsus l'accueillirent à son arrivée.
« Cela fait longtemps mon oncle ! S'exclama-t-il. - C'est vrai… Tu as bien changé pendant tout ce temps, dit-il chaleureusement. Je suis heureux de te revoir. Son altesse Arslan était content de ton retour... - Il nous a demandé de te souhaiter la bienvenue, reprit Narsus. - Le mariage c'est bien passé ? - La fête était sublime. Les princes ont eu l'air d'apprécier… »
Vahriz lui raconta le déroulement des fêtes qui avaient eu lieux trois mois auparavant comme si c'était hier. La fête semblait lui avoir plu et les princes s'entendaient bien ce qui le ravissait. Narsus lui expliqua plus tard que Vahriz et le roi craignaient que cela se passe mal à cause du lien qui unissait Arslan à Daryûn, mais après la chaleur que les princes avaient déjà passé ensemble ils ne se faisaient plus de soucis. Arslan avait de nombreuses traces de marquages semble-t-il.
o~~O~~o
Arslan angoissait un peu de voir à nouveau Daryûn. Leur derrière rencontre avait été si marquante qu'elle restait gravée dans sa mémoire. Même si son mariage avec Hilmes était réussi et qu'ils s'entendaient à merveille, il gardait de la peur au fond de lui. Et ce livre concernant les xis, enfin les deux rares cas recensés, ne l'aidait pas à y voir plus clair. Il se retrouverait dans une bien affreuse situation si cela arrivait mais c'était si rare que cela ne pouvait pas se produire, non ? Seulement il se trouvait dans une situation à peu près similaire, alors…
Il secoua la tête. Non, il s'imaginait des choses rien de plus. Des choses qui l'arrangeraient ? Il ne savait pas. Il aimait Hilmes, ils étaient mariés, il l'avait marqué durant leur nuit de noces et à de nombreuses reprises pendant ses chaleurs. Hilmes était son alpha, il ne pouvait avoir de doutes là-dessus. Il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, il éprouva de la culpabilité envers Hilmes. Son alpha l'aimait, se montrait très affectueux et à l'écoute pourtant lui pensait à un autre. Il se mordit les lèvres. Il se faisait du souci pour rien, une telle chose n'arriverait pas. Deux cas en plus de mille ans, combien de chance pour que cela lui arrive ? Enfin leur arrivent ?
Arslan se dit qu'il valait mieux éviter Daryûn pour le moment même s'il aurait aimé lui souhaiter la bienvenue. Il demanderait des nouvelles via Narsus ou bien Vahriz autant ne pas tenter le diable. Il ne voulait pas blesser Hilmes.
Mais tout ne se passa pas comme prévu. Rien du tout en fait.
Il était dans la bibliothèque et Daryûn se trouvait juste devant lui à une dizaine de pas au milieu des rayonnages de livres. Il resta bloqué avant de finalement se lever pour le saluer.
« Cela faisait longtemps Sir Daryûn. Vous avez fait un bon voyage pour venir jusqu'ici ? - Oui, mais c'est vrai que la route est longue jusqu'à la capitale. »
Arslan ne sentit pas de changement s'opérer en lui alors que Daryûn s'approchait un peu plus.
« C'est sûr mais au moins personne n'a dû vous importuner, sourit-il. - Ceux qui ont tenté s'en sont mordus les doigts ! - Cela ne m'étonne pas. »
Un pas de plus.
« Vous avez retrouvé votre oncle Vahriz ? - Il m'avait manqué, soupira-t-il. Il m'a dit que votre mariage s'était bien déroulé ? Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous féliciter ! - Bahman s'est arraché les cheveux à tout gérer, et il semble que cela amusait beaucoup sa Majesté ! »
Arslan commença à se sentir mal. Daryûn fit un pas de plus.
« Votre Altesse vous êtes pâle, dit-il le souffle court. - Daryûn ne vous approchez pas plus. - Pourquoi ? »
Arslan se sentit partir, il eut la même sensation que pendant ses chaleurs. Il ne se contrôlait plus, ses jambes cédèrent sous son poids. Il sentit Daryûn le rattraper par la taille. Au milieu de la confusion ses dents se refermèrent sur son cou. Un poids quitta ses épaules, il se sentait enfin complet avec cette marque mais… Malgré tout il manquait quelque chose, quelqu'un.
Il ne saurait dire combien de temps cet instant dura mais une porte s'ouvrit. Des voix éclatèrent et il tomba lourdement au sol.
« Je vais te tuer salopard ! »
La voix d'Hilmes. Il vit deux corps s'agiter au sol, poussant des cris enragés. Son esprit redevint net quand il sentit le danger imminent, ils allaient s'entretuer. Arslan se jeta comme il put entre eux, Hilmes était en train de massacrer Daryûn qui ne se laissait pas faire pour autant. Arslan s'accrocha à son mari le suppliant d'arrêter.
« S'il te plait ! C'est de ma faute ! Lâche-le ! Par pitié lâche-le ! »
Hilmes referma son bras autour d'Arslan et en oublia presque Daryûn qui gisait par terre sous eux. Il le serra contre lui à lui en briser les os.
« Que t'a-t-il fait ? Demanda-t-il avec rage. Pourquoi ? - Hilmes… J'ai besoin de vous deux… »Murmura-t-il avant de s'évanouir.
Hilmes continua de le serrer contre lui. Il regarda d'un œil mauvais Daryûn se redresser en face de lui.
« Qu'est-ce qu'il vous a pris ? Demanda-t-il les dents serrées. - Je ne sais pas… On parlait et d'un coup je… - Vous. Avez. Mordu. MON oméga. Et vous ne savez pas ? S'il ne m'avait pas retenu je vous aurai déjà tué de mes propres mains… Croyez-moi je vais veiller à ce que votre châtiment soit à la hauteur de l'affront ! »
Daryûn baissa la tête honteux. Il venait de se transformer en monstre et avait été incapable de se contrôler. Il s'en était pris à un oméga et par n'importe lequel : l'époux de l'héritier du trône et aussi le neveu du roi. Il ne s'en sortirait pas vivant pour avoir attaqué un membre de la famille royale. Il ne pouvait que se résigner.
« J'accepterais ma sentence. »
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Bahman fit fermer la bibliothèque dès qu'il apprit ce qui était arrivé. Il prévint le roi, Vahriz et appela les médecins de la famille royale. Hilmes refusa de lâcher Arslan même pour soigner ses blessures. Le roi arriva dans la bibliothèque et vit son fils couvert de sang en train d'assassiner Daryûn du regard. Ce dernier ne montrait pas de réaction face aux remontrances et sérieuses corrections qu'il recevait de son oncle. Vahriz s'agenouilla aussitôt face au roi.
« Votre Majesté, je ne comprends pas comment une telle chose a pu arriver. Ce n'est pourtant pas son genre, il ne s'est jamais comporté ainsi… Je ne comprends pas… Daryûn, siffla-t-il. - Je ne comprends pas non plus, votre Majesté. Je ne cherche pas à me trouver d'excuse car je n'en ai aucune. Nous parlions sans qu'il n'y ait le moindre souci et puis d'un coup je… Je ne contrôlais plus rien. Il… Il est devenu pâle et je me suis approché pour le rattraper… C'est comme si d'un coup il était entré en chaleur et… Je ne sais plus… - Je vois. C'était ce que nous craignions, dit le roi. - Comment ça ? S'exclama Hilmes. - Daryûn et Arslan forment un couple destiné… On ne peut les séparer, expliqua Bahman. Votre Altesse je crains qu'il ne faille penser à- - Il en est hors de question ! Je ne me séparerais pas de mon oméga, vous m'entendez ! Dit-il en resserrant son étreinte autour d'Arslan. Je ne le céderais à personne ! - Je crois que cela ne sera pas nécessaire, déclara le roi. »
Tous les regards se tournèrent vers lui alors qu'il lisait un livre ouvert sur la table. Le livre qu'Arslan devait consulter au moment de sa rencontre avec Daryûn.
« Arslan s'en doutait… Il a cherché des cas similaires au sien et on dirait qu'il a trouvé, dit-il en désignant le livre. Arslan n'est pas un simple oméga mais un xi ! - Un xi ? Demanda Vahriz incrédule. - Qu'est-ce que cela veut dire ? Demanda Hilmes. - Dans la population on compte en général un oméga pour deux alphas, cela crée un déséquilibre. Il arrive parfois qu'un oméga se marie et rencontre après l'alpha qui lui est destiné. L'oméga part alors avec lui car c'est la solution la plus sage et raisonnable. Seulement… Il y a eu de très rares exceptions et cela est justement expliqué dans ce passage. L'oméga était déjà lié à un alpha lorsqu'il a rencontré son alpha destiné. Il est donc parti avec lui mais il ressentait un manque, son autre alpha lui manquait. Son alpha destiné voyant que cela le rendait triste, chercha à le retrouver et l'invita venir vivre chez eux où ils finirent par vivre tous les trois. - Un ménage à trois ? Demanda Bahman. C'est une légende, non ? Je ne vois pas comment cela est possible. - Je crains qu'il n'y ait guère de solution, soupira le roi. - Tout à l'heure avant de s'évanouir Arslan a dit qu'il avait besoin de nous deux… Déclara Hilmes. - C'est la seule solution si tu souhaites garder Arslan car il ne pourra pas se passer de son alpha destiné maintenant qu'il l'a trouvé. - Mais comment ? Comment voulez-vous mettre ça en place ? Je veux dire, ça ne s'est jamais vu ! Une annonce publique ou bien seulement connu par une poigné de personne ? C'est tellement improbable que je ne vois pas comment… - Nous allons y réfléchir mais vous deux, vous allez vous faire soigner !»
o~~O~~o
Arslan se réveilla vaseux. Il avait cette même sensation après ses chaleurs. Sa mémoire nageait dans le flou. Il eut du mal à se souvenir de ce qui était arrivé, mais lorsqu'il se souvint il fut horrifié. Hilmes et Daryûn. Daryûn et Hilmes. Pourquoi ? Arslan sentit les larmes lui monter aux yeux. Il se redressa mais fut incapable de se lever. Il regarda autour de lui et reconnut ses appartements, ceux qu'il partageait avec Hilmes. La porte s'ouvrit sur ce-dernier. Il avait la lèvre inférieure fendue et gonflée.
« Hilmes, s'exclama-t-il. »
Il tenta de se lever mais Hilmes le rattrapa avant qu'il ne tombe sur le sol. Il s'accrocha à lui.
« Hilmes, Hilmes… Je suis désolé, tellement désolé… Pleura-t-il. - Pourquoi t'excuses-tu ? Tu n'y es pour rien… - Et… Et pour, bégaya-t-il, pour Daryûn… Que va-t-il lui arriver ? - … Hilmes grogna. Il ne s'en sort pas trop mal… - Hilmes… Il faut que je te dise quelque chose, je crois que je… Je suis un… - Xi ? Finit-il. - Comment tu ? - Le roi a vu le livre que tu lisais et en est venu à cette conclusion, expliqua-t-il. Sa Majesté réfléchit à une solution. »
Le silence s'installa. Hilmes l'aida à se rallonger sur le lit avec beaucoup de douceur sans pour autant le lâcher. Il ne pouvait croire ce qui venait de leur tomber dessus. Il voulait en profiter tant qu'Arslan était encore son oméga. Il refusait de le partager. Il chercha à l'embrasser mais il fut interrompu. On frappa à la porte. L'oméga sentit immédiatement la présence de Daryûn. Pourtant ce fut le roi qui entra en premier, Hilmes grogna en voyant Daryûn le suivre. Cependant il l'avait bien amoché et il ne put s'empêcher d'en tirer une certaine fierté.
« Bien, je vois qu'Arslan est réveillé, tant mieux nous avons à parler. La situation est assez compliquée mais nous allons trouver la solution… Arslan et Daryûn forment un couple destiné, ils ne pourront donc pas être séparés mais comme tu as fait des recherches à ce sujet, je suppose que tu ne souhaites pas être séparé de Hilmes non plus ? - Non, répliqua Arslan. - Bien, dans ce cas continuons… Daryûn sera nommé au service du couple princier en tant que garde personnel comme cela ça ne posera pas questions qu'il reste avec vous deux. Il serait bien trop compliqué de devoir expliquer la situation. Daryûn vous déménagerez dans les appartements justes à côté. Il se trouve qu'il existe une porte cachée menant à ceux-ci. Ensuite vient la partie un peu plus compliquée… S'il doit y avoir une relation illégitime supposée il vaudrait mieux qu'elle soit entre Hilmes et Daryûn pour éviter des problèmes concernant la légitimité des héritiers… - Comment ? S'exclama Hilmes. Mais comment pourrait-on croire une telle chose ? Nous sommes tous les deux des alphas… - Ça je ne veux pas le savoir, mais il est vrai qu'il y aura toujours le problème des héritiers… Puisqu'il sera difficile de savoir qui est l'enfant de qui, à moins que vous ne vous organisiez… Mais là je pense qu'il sera nécessaire que vous le voyiez entre vous. En réalité c'est à vous trois de décider comment vous allez gérer cette situation, je n'ai pas l'intention de me mêler de votre vie privée. Et pour finir, évitez de vous mettre dans des situations embarrassantes ou qu'on ne puisse arranger. Bien je vais vous laisser en discuter mais ne vous entretuez pas ! »
Osloes partit sans plus de cérémonie les laissant tous les trois dans une atmosphère tendue. Hilmes le toisa de haut en bas sans pour autant prendre la parole. Daryûn se sentait vraiment mal-à-l'aise de se retrouver dans une telle situation. Comment allaient-ils faire ? Deux alphas pour un oméga était-ce réellement possible ? Cette situation lui paraissait complètement ingérable. Arslan avait bien conscience que cela ne serait pas facile pour Daryûn et Hilmes de s'entendre. Il décida donc de prendre l'initiative pour entamer la discussion et tenter de détendre l'atmosphère :
« Daryûn, tu vas bien ? - Pas trop mal, j'ai connu pire… »
Provocation ? Se demanda Hilmes.
« C'est une histoire bien embarrassante… - C'est sûr ! Sourit Daryûn. Je ne pensais pas me retrouver un jour dans une telle position… Etait-ce seulement imaginable ? - Nous serons le troisième cas recensé de Parse ! Alors je pense qu'il était difficile d'y penser… J'ai trouvé quelque chose d'intéressant dans mes recherches, un carnet où un des alphas, Samir, raconte leur vie à trois… Je pense qu'il pourrait être utile que vous le lisiez… - Cessons ces simagrées ! Le problème n'est pas là, s'énerva Hilmes. Comment fait-on ? Comment s'organise-t-on ? Tu passes une nuit avec un puis avec l'autre ? Demanda-t-il exaspéré. - Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution... Supporterais-tu de me savoir avec Daryûn plutôt qu'avec toi ? - Non, mais comment veux-tu faire d'autre ? Que l'on partage tous les trois le même lit ? - Cela éviterait des jalousies... Je… Puisque j'ai été marqué par vous deux, je… Je, hum, bégaya-t-il. Je vais vous réclamer tous les deux lors de mes prochaines chaleurs, rougit-il. - Attendez, vous voulez dire que… ? Reprit Daryûn. À… Trois ? Mais…»
Daryûn sentit son visage se réchauffer alors que des images indécentes affluaient dans son esprit.
« Quoi ? Tu es timide maintenant ? Railla Hilmes. - Pourquoi tu as l'habitude de ce genre de relation ? Demanda Arslan d'un ton sec. - Bien sûr que non… Et tu le sais très bien… - Comme tu dis cela ne résout pas le problème ! - Donc si je suis tout, vous souhaitez que l'on partage tous les trois le même lit, reprit Daryûn. »
Le concept d'être trois dans le même lit lui paraissait bien trop… Trop. Un couple c'était à deux pas à trois.
« Mais cela veut dire que vous voulez aussi qu'on… Qu'on le fasse tous les trois ? Demanda-t-il d'une voix plus aiguë. »
La question jeta un froid. Jusqu'à maintenant les deux alphas n'avaient pas pris en compte tout ce que cela engendrerait. Hilmes porta un soudain intérêt au livre qu'Arslan avait mentionné plus tôt.
« Et… Que dit-il… Hum… Samir, à ce sujet ? Pour quelle solution avaient-ils opté ? - Au début ils avaient choisi de faire une nuit sur deux seulement cela ne fonctionnait pas du tout, alors ils ont fini par partager le même lit mais… Dès qu'un des deux souhaitait monopoliser un peu plus Kalhn, l'oméga, cela engendrait des frictions et forcément la première chaleur qu'ils passèrent ensemble fut assez… Catastrophique. Alors Kalhn leur interdit de partager son lit tant que tous les deux n'avaient pas … partagé plus d'intimité. Et après tout s'est arrangé! Ils devinrent très fusionnels ! - Il n'est pas question que j'ai ce genre de rapport avec lui ! S'exclama Hilmes. - Pour une fois je partage l'avis de son Altesse. - Je pense que nous verrons cela plus tard, murmura Arslan. »
Hilmes n'aimait pas ça. Mais. Pas. Du. Tout. Il ne voulait pas partager son oméga, il lui appartenait. Cela le blessait profondément de penser qu'il était celui mis à l'écart, Arslan et Daryûn partageaient ce lien unique qu'il aurait voulu avoir avec lui. Le problème c'était lui, la pièce rapportée qui mettait le bazar dans un couple déjà défini. Il se rapprocha d'Arslan et provoqua ouvertement Daryûn en allant nicher son visage dans le cou d'Arslan. Il voulait en profiter tant qu'il pouvait. Il avait besoin de sentir la présence de son oméga, de se sentir rassuré car la crainte de le voir partir lui vrillait le cœur. Il avait tout simplement peur qu'il le quitte pour Daryûn, qu'il l'abandonne.
Il s'y opposait.
Il ne le laisserait pas partir, Arslan était à lui. Il le serra alors contre lui. Arslan fut surpris face à ce geste étrange venant d'Hilmes, il ne se montrait jamais si démonstratif. Il vit Daryûn se raidir en face de lui.
« Hilmes qu'est-ce qu'il se passe ? - Quoi ? Je n'ai pas le droit de toucher mon oméga ? »
Hilmes avait répondu avec la plus grande mauvaise foi du monde et lancé un pique à Daryûn par la même occasion. Il n'apprécia pas du tout. Il fut piqué à vif par un sentiment qu'il ne connaissait pas : la jalousie. Arslan était aussi à lui, bien qu'il ait encore du mal à s'y faire il ne pouvait le nier. Hilmes n'était plus son seul alpha, ils étaient deux maintenant et même si ce n'était pas évident ils devraient faire avec.
Daryûn sentit un élan de témérité l'envahir. Il marcha vers eux et se pencha sur Arslan pour déposer un baiser sur son front. Daryûn resta impassible lorsqu'il sentit le regard assassin d'Hilmes. Il se moquait bien de ce qu'il pouvait penser en ce moment. Il refusait de lui laisser Arslan.
Arslan sentit l'orage pointer le bout de son nez.
« Arrêtez ça tout de suite vous deux, vous n'aurez rien de moi si vous passez votre temps à vous battre, c'est clair ? »
Ils grognèrent pour toute réponse. Arslan soupira, cela commençait bien…
o~~O~~o
Daryûn n'aurait jamais pensé finir sa journée ainsi. Il déménagea dans ses nouveaux appartements quelques heures après l'incident et le roi Osloes lui-même se déplaça pour lui montrer le passage secret qui menait aux appartements princiers. Il découvrit alors la porte cachée derrière une armoire et un couloir qui s'enfonçait dans le mur. Qui aurait pu deviner que les murs étaient doublés et qu'un passage étroit s'y trouvait ?
« Il y a beaucoup de passages de ce genre dans le palais ? Demanda-t-il. »
Le roi se contenta d'hausser les épaules. Certaines choses devaient rester secrètes. Daryûn s'y faufila en se mettant de profile pour avancer à cause de l'irrégularité des murs. Une ouverture se dessina alors devant lui. Le mur était troué pour former une sorte de porte bouchée par une cloison en bois.
« Vous avez trouvé ? Demanda le roi. - Je crois mais comment cela s'ouvre ? - Essayez de pousser. »
Ce que Daryûn fit. Il essaya de plusieurs façons avant d'arriver à pousser le bas de la cloison qui se souleva. Il réussit alors à l'ouvrir complètement.
« C'est bon, votre Majesté ! »
Daryûn vit les charnières au-dessus de sa tête et comprit alors comment fonctionnait le mécanisme. L'ouverture se trouvait derrière des pans de bois sculptés servant de décoration à la chambre.
« Daryûn ? »
Il sursauta presque en voyant Arslan assis près de la bibliothèque avec un livre dans les mains.
« Votre Altesse ! Ah, excusez mon intrusion mais sa Majesté me montrait le passage entre nos appartements. - C'est une entrée plutôt surprenante, sourit le prince. Entre donc que l'on regarde comment elle s'ouvre de ce côté. »
Daryûn obéit un peu gêné par son apparition alors que le prince se trouvait là. Arslan se leva pour voir par lui-même le passage. Daryûn referma doucement le volet pour trouver un moyen de l'ouvrir une fois fermé. Un petit rebord sur le bas de la cloison permettait de la saisir de l'intérieur sans qu'il n'y ait de trou ou d'espace qui aurait compromis la position de la porte. Cette ouverture avait été pensée pour être totalement invisible. Une fois fermée les motifs du bois se suivaient parfaitement, aucun décalage visible pour indiquer sa présence. Daryûn l'ouvrit à nouveau sous l'œil émerveillé du prince qui découvrait ce mécanisme invisible menant vers un lieu nouveau. Arslan entra dans le passage poussé par la curiosité, Daryûn le laissa arriver dans ses appartements avant de le suivre. Le prince y discutait déjà avec le roi.
« C'est vraiment étonnant, déclara Arslan. Je ne pensais pas qu'il serait ainsi, je m'attendais plutôt à une porte cachée dans le mur entre les deux appartements et non à un couloir caché dans ceux de l'extérieur ! - En effet c'est assez étrange mais le prince qui l'a découvert en a bien profité... Il a trouvé que le mur avait été doublé pour que les appartements soient mieux isolés mais il a remarqué l'espace vide entre les deux. Il a fait faire deux ouvertures puis les a camouflées, et voilà ! Il semblerait au final que ce passage ne soit dû qu'au hasard… - Et peut-on vous demander comment vous avez découvert cela ? Sourit Arslan. - Ça c'est un secret royal que je ne peux révéler. Vous comprendrez donc que je vous demande la plus grande discrétion concernant la présence de ce chemin. »
Ils acquiescèrent tous les deux. Ils discutèrent encore quelques instants avant que le roi s'en allât pour retourner à ses occupations. Arslan prit à nouveau le couloir amusé par cette découverte. Sans trop savoir pourquoi Daryûn le suivit à nouveau.
« Cela sera vraiment très utile, déclara le prince. Tu ne crois pas ? - Vous avez raison… Cela évitera des allers et venues suspects dans le couloir entre les deux appartements. - Daryûn, tu peux me tutoyer tu sais ? Entre nous cela ne pose pas de problème et puisque tu m'as marqué je pense qu'on peut s'autoriser un peu de familiarité, non ? - J'ai encore dû mal à me faire à l'idée… C'est assez déconcertant de me dire que je viens de trouver mon oméga, d'ailleurs de me dire que j'ai un oméga cela me paraît bizarre… - Je crois que je comprends... La situation en elle-même est très particulière et peu orthodoxe mais je pense que c'est mieux ainsi. »
Daryûn trouva le prince vraiment attachant, exactement le souvenir qu'il en avait : souriant et enjoué.
« Vous n'avez pas changé Arslan, soupira-t-il avec nostalgie. - Vraiment ? - Oui j'ai l'impression de vous retrouver comme lorsque je vous ai dit « au revoir » hormis pour le physique. Vous avez beaucoup grandi… Vous êtes un homme maintenant ! »
Les remarques de Daryûn firent rire Arslan.
« Et toi, tu es resté identique à mes souvenirs. Cela m'a vraiment épaté lorsque je t'ai vu dans la bibliothèque. Un peu comme si le temps ne s'était pas écoulé et que tu étais revenu quelques heures après ton départ. Cela m'a fait plaisir d'apprendre ton retour bien que j'avais peur des conséquences que cela pourraient engendrer… - Vous pensiez que cela arriverait ? - Après notre dernière rencontre, je savais que ton retour ne serait pas évident… Je sentais le lien qui nous unissait mais il fallait que j'épouse Hilmes. Au début je ne voulais vraiment pas car je savais que tu étais fait pour moi mais Hilmes a chamboulé toutes les convictions que j'avais acquises. Je ne croyais pas cela possible et j'ai fini par penser que ce serait possible avec lui… Il me paraissait effrayant au début… Pourtant lorsqu'on a été fiancé, il s'est tout de suite montré gentil et protecteur. On s'est beaucoup rapproché et je ne me voyais plus vivre sans lui ! J'étais vraiment heureux lorsqu'on s'est mariés mais je sentais une ombre planer… Je ne pouvais pas t'oublier totalement mais je ne pouvais pas non plus me séparer d'Hilmes. J'étais tiraillé entre vous deux, je me sentais mal à cette idée car je devais choisir ou plutôt je devais arrêter de penser à toi et d'avoir des doutes mais impossible… Cela revenait tout le temps me hanter pourtant j'étais heureux avec Hilmes, je ne comprenais pas… Et je me sentais coupable envers lui d'avoir de tels sentiments. - Arslan… est-ce que ça va ? Tu as les larmes aux yeux… - Ahh ! Tu me tutoies enfin ! Sourit-il. - Je m'inquiète ! Ne te moque pas, ralla Daryûn. - Eh bien on s'amuse ? Demanda Hilmes d'un ton sec. »
Arslan se retourna aussitôt, surpris de ne pas l'avoir entendu rentrer. Son mécontentement s'affichait sur son visage. Hilmes s'attendait à pouvoir passer un moment tranquille, et plus si affinité, avec son oméga. Depuis l'annonce qu'ils devraient vivre ensemble tous les trois, il ressentait le besoin de se rapprocher d'Arslan, de s'accrocher à lui pour qu'il ne parte pas. Quelle mauvaise surprise ce fut de le découvrir en compagnie de Daryûn dans leurs appartements. Sa présence raviva aussitôt ses craintes de se voir repousser par Arslan. Il ne supportait pas cette brûlure qui le ravageait de l'intérieur.
« Que fait-il ici ? Demanda Hilmes en désignant Daryûn avec dédain. - Sa Majesté est venu nous montrer le passage puis on s'est mis à discuter. - Dans ce cas, il va devoir le reprendre rapidement car notre repas arrive, dit-il sèchement. »
Daryûn ne chercha pas à protester et obéit sagement. Hilmes scruta ses moindres mouvements alors qu'il le regardait soulever le volet pour disparaitre dans le passage. Il ne montra aucun signe de surprise face à cette découverte. Il soupira d'apaisement une fois que toutes les traces du gêneur eurent disparu. Arslan se tourna vers lui en fronçant les sourcils :
« Hilmes, le réprima-t-il. - Quoi ? Demanda-t-il avec un ton innocent. - Pourquoi lui parles-tu ainsi ? - Je n'aime pas le savoir avec toi surtout si je tombe sur lui alors que je rentre pour t'avoir pour moi… - Il va falloir t'y faire maintenant, dit-il avec douceur. »
Hilmes grogna et s'approcha d'Arslan. Bien qu'il se montrât rassurant Hilmes ne se sentait pas totalement apaisé. Il pencha vers lui pour l'embrasser mais Arslan l'évita.
« Tu feras des efforts ? - Oui, oui, ralla-t-il. »
Arslan le fixa attendant une meilleure réponse.
« D'accord ! Je vais essayer de me montrer plus courtois ! »
Il lui sourit et l'autorisa enfin à l'embrasser. Hilmes se rapprocha encore plus de son oméga mais Arslan connaissait ce regard et savait ce qu'il signifiait.
« Hilmes... - Quoi ? Tu ne veux plus de moi ? S'énerva-t-il piqué à vif. - Voyons tu sais bien que ce n'est pas ça… - Alors où est le problème ? Tu n'as pas envie ? Demanda-t-il plus calmement. - Tu aimerais que je fasse l'amour avec Daryûn ? - Quoi ? S'exclama-t-il. Bien sûr que non ! - Bien, tu as ta réponse maintenant ! Tant que vous ne vous entendrez pas il faudra attendre. Je n'ai pas envie de devoir régler toutes vos disputes. »
Hilmes geignit. Il comprenait la logique de son oméga et savait que cela serait certainement mieux ainsi mais… Cela le froissait de savoir que son oméga se refusait à lui non pas parce qu'il n'avait pas envie (ça il le comprenait très bien) mais pour éviter les disputes que cela pourrait engendrer. Il ne l'avouerait pas mais il en avait surtout besoin pour être rassuré, pour être sûr que rien n'avait changé entre eux et qu'Arslan le désirait toujours.
« On peut vraiment rien faire du tout ? Gémit-il. - On peut aller jusqu'où tu supportes que Daryûn fasse de même. »
Autant dire qu'ils n'iraient pas loin. Il ne voulait même pas qu'ils s'embrassent ! La question le heurta :
« Vous vous êtes déjà embrassés ? Demanda-t-il inquiet. »
Le hochement de tête négatif le soulagea mais il se doutait que cela ne durerait pas longtemps. Il y aurait forcément un moment où cela arriverait. Le repas finit par arriver et il savoura avec un plaisir non dissimulé ce moment qu'il partageait juste avec Arslan.
o~~O~~o
Hilmes voyait Arslan fixer l'entrée du passage depuis qu'ils avaient fini de manger. Il hésita à lui en demander la raison de peur d'obtenir une réponse contenant le mot « Daryûn ». Il espérait avoir encore un peu de temps seul avec lui avant que Daryûn ne s'incruste pour de bon dans leur mariage. Mais ses espoirs finirent par voler en éclat :
« Tu crois que j'aurais dû lui dire de venir ? - Pardon ? S'étouffa Hilmes. - Daryûn, tu crois que j'aurais dû lui dire de venir ? Arf ! Bien sûr que tu ne veux pas mais il faut bien ! Tu as été largement avantagé par rapport à lui tu sais ? - Je suis ton mari ! - Oui, sourit-il, mais lui aussi d'une certaine manière… Il faut bien t'y habituer ! Pense à lui qui arrive au milieu d'un couple déjà formé ! Allez je vais l'appeler. »
Arslan se leva sous le regard plaintif d'Hilmes.
« Attends on ne peut même pas… Profiter un peu ? - N'oublie pas ce que je t'ai dit tout à l'heure, chantonna-t-il. -… Bon va le chercher si tu veux mais je ne lui laisserais pas mon côté du lit ! »
Arslan pouffa à sa remarque. Il sentait la douleur qu'éprouvait Hilmes face à cette situation. Il espérait qu'ils s'entendraient rapidement pour mettre fin à cette tension. Il se faufila dans le passage et revint quelques minutes plus tard avec Daryûn dans ses pas. Ce dernier était très mal-à-l'aise, Arslan avait visé juste. Hilmes scruta le moindre de ses gestes prêt à le réprimander aux moindres faux pas. Ce dernier pourtant reprit confiance grâce à l'attention que lui porta Arslan pour l'aider à se mettre à l'aise. Ce qui, forcément, agaça Hilmes.
Le coucher fut tout aussi délicat. Arslan pensait pouvoir dormir tranquillement mais ce fut une grosse erreur de penser cela. Il fallut d'abord séparer le lit en zone pour éviter que les deux s'étripent ou ne s'estiment lésés dans cette affaire. Après une heure de diplomatie et de patience de la part d'Arslan ils purent enfin se coucher. Il pensait qu'ils se calmeraient enfin une fois les lumières éteintes.
Deuxième grosse erreur.
Hilmes ne resta pas neutre longtemps et Daryûn d'abord timide n'apprécia pas de savoir son oméga aux mains d'un autre. Il prenait de plus en plus conscience du lien qui l'unissait à Arslan et si au début il avait des doutes maintenant il était sûr qu'il ne pouvait le laisser lui filer entre les doigts. Il finit donc par venir lui aussi se coller à Arslan dans l'espérance d'obtenir plus que son adversaire.
Arslan sut qu'il avait fait une erreur. Il avait sérieusement merdé même.
Hilmes grogna. Puis Daryûn.
Un bras s'enroula autour d'Arslan. Puis un autre mais le propriétaire était différent. Ce qui engendra un nouveau grognement de la part du propriétaire de l'autre bras. Le territoire se transforma alors en champ de bataille. La conquête était la priorité mais elle ne s'avérait pas évidente. Chaque adversaire tentait de gagner du territoire mais ils en perdaient irrémédiablement à chaque mouvement offensif où ils laissaient du terrain sans protection. Ils se battaient sans relâche ce qui eut le don d'agacer rapidement Arslan.
« Qu'est-ce que je vous ai dit tout à l'heure ? Ralla-t-il. »
Aucune réponse évidemment.
Ils prétendaient dormir et ces gestes étaient totalement involontaires. Ils ne pouvaient avouer qu'ils se bataillaient depuis plus d'une heure pour être celui qui se collerait le plus à Arslan et ainsi gagner la manche.
Arslan en eut assez d'être un territoire à envahir.
« Bon ! Maintenant vous arrêtez, vous vous écartez et ne me touchez plus ! C'est clair ? »
Arslan venait de leur parler exactement comme il l'aurait fait pour des enfants pris en faute. Ils restèrent silencieux mais obtempérèrent. Arslan resta allongé sur le dos à fixer le plafond. Il devait réfléchir au moindre de ses mouvements pour éviter une crise diplomatique. S'il se tournait vers un, il le favorisait mais… Qui devait-il favoriser pour cette première nuit ? Et encore ce n'était que pour dormir. Qu'est-ce que ce serait quand il faudrait aller un peu plus loin ! Ingérable, le mot convenait parfaitement à cette situation.
Il réfléchit. Qui avait le plus besoin d'être avantagé ? Lequel se trouvait dans une position de faiblesse ? Daryûn était son alpha destiné mais il venait de débarquer dans un couple déjà formé. Il avait quasiment été exilé de la cour et ils n'avaient jamais pu approfondir la moindre relation contrairement à Hilmes.
En ce qui concernait Hilmes, il hésitait. Ils avaient grandi et s'étaient découverts ensemble. Ils étaient même mariés maintenant mais… Hilmes n'était pas son alpha destiné. Les réactions qu'il montrait depuis ces dernières heures ne lui ressemblaient en rien. Il ne venait jamais demander du contact aussi directement. Il prenait très mal cet évènement. Difficile d'en douter.
Alors comment faire ? Comment faire pour les satisfaire tous les deux ? Ils continueraient à souffrir temps qu'ils ne s'entendraient pas. Ils devaient eux aussi former des liens pour être un couple.
Non.
En réalité ils devaient former un trio et cela nécessitait qu'ils s'entendent tous les trois. Il ne pouvait y avoir deux couples : le couple Hilmes-Arslan puis le couple Arslan-Daryûn avec pour toute charnière le partage de l'oméga. Ils ne devraient même pas avoir à le partager il fallait que ce soit naturel.
Arslan finit par s'allonger en se tournant vers Hilmes, celui qui avait le plus besoin d'être rassuré sur sa place au milieu de ce couple destiné. Ce dernier lui sourit, il devait savourer sa victoire, mais surtout être heureux de voir que son oméga ne le délaissait pas au profit du nouveau venu.
Pourtant Arslan ne s'arrêta pas là, il attrapa une main d'Hilmes et la plaça sur sa hanche. Hilmes en profita alors pour se rapprocher. Il fit de même avec Daryûn qui se trouvait derrière lui et ce dernier agit de la même manière prenant le geste comme une invitation. Arslan plaça sa main entre celle d'Hilmes et celle de Daryûn sans pour autant chercher à couper tout contact entre les deux. Ils se crispèrent mais finirent par s'habituer à ce contact étrange, adouci par la barrière que formait Arslan.
Ils finirent par s'endormir tous les trois ainsi, à égale distance les uns des autres mais reliés par un lien unique. Arslan savoura enfin un sommeil bien mérité. Demain aussi il devrait jouer les diplomates entre ces deux montagnes d'égo d'alpha.
o~~O~~o
Cela faisait une semaine que cela durait. Une très longue semaine. Arslan ne pouvait plus dormir tranquillement et le moindre moment de répit volait en éclat à cause d'un de ses alphas en quête d'attention, ou plutôt cherchant à le monopoliser plus longtemps que son adversaire. Daryûn s'étant bien intégré ils passaient leur temps à se chamailler, Arslan devait sans cesse les arrêter ou calmer le jeu.
Il était à bout.
Il comprit enfin pourquoi Kalhn, l'oméga ayant vécu la même situation que lui, avait interdit à ses alphas de l'approcher ou de partager son lit tant qu'ils n'avaient pas réussi à s'entendre ou à coucher ensemble. Il finit par en venir à cette même conclusion. C'était le seul moyen pour qu'ils comprennent véritablement la situation. Il ne voyait pas comment faire d'autre pour qu'il y ait un début de relation et d'équilibre entre tous les trois. Cette méthode était plutôt extrême alors il pensait qu'il valait mieux attendre encore un peu avant d'en arriver là.
Ou pas.
Après deux heures à devoir jouer les nourrices il en eut sa claque. Il mit le plan à exécution, un plan sournois mais d'extrême urgence. Sa santé mentale et physique en dépendait. Il rêvait de dormir sans les sentir se chamailler autour de lui.
« Stop ! Intervint-il. Cela suffit maintenant ! Je ne pensais pas devoir en arriver là mais vous m'y contraignez à force de vous comporter comme des gamins de huit ans qui se battent pour un jouet ! Je ne suis pas un jouet alors je mérite de l'attention et pas uniquement pour agacer l'autre. Bien maintenant que j'ai toute votre attention je vais vous expliquer… Tant que vous n'aurez pas commencé à avoir une vraie relation tous les deux, vous dormirez dans les appartements d'à côté. Il n'est pas question que je déménage à cause de deux gugusses dans votre genre. C'est clair ? »
Les deux « gugusses » restèrent muets quelques secondes le temps d'assimiler la nouvelle. Ce fut Hilmes qui entama la discussion avec précaution :
« Qu'entends-tu par une « vraie relation » ? - La même chose que dans tout couple normal… Parlez-vous calmement, communiquez, apprenez à vous connaître. Touchez-vous aussi… Car que vous le vouliez ou non cela arrivera lors de mes chaleurs et elles se rapprochent… - Tu veux qu'on… Couche ensemble ? Demanda-t-il perplexe. - Je ne voyais pas si loin mais puisque que tu le proposes pourquoi pas ! - Mais deux alphas ça, commença Daryûn, ça ne peut pas marcher ! Tu comprends ce que je veux dire non ? - Non, répondit Arslan du tac au tac. Je ne vois pas et je ne veux pas savoir. Débrouillez-vous ! »
Les deux alphas firent une mine à briser le cœur mais Arslan manquait trop de sommeil pour s'en soucier.
« Donc si je résume… Si on couche ensemble on peut rester ici ? Demanda Hilmes lentement. - Hilmes… Je te rappelle que s'il n'est pas d'accord c'est du viol ! - Je sais, je ne suis pas fou non plus mais répond à la question. - J'ai dit que je voulais que vous vous entendiez… »
Hilmes se tourna vers Daryûn pour le détailler de haut en bas avant de se tourner à nouveau vers Arslan.
« Tu ne veux pas te mettre entre nous deux ? - Pour que vous vous battiez encore ? - On est obligé d'aller jusqu'au bout ? On ne peut pas juste… Tu sais… Comme quand on… - Hilmes, ralla Arslan. Arrêtes de chercher des échappatoires. - D'accord… Mais je ne vois pas comment faire pour… M'entendre avec lui, dit-il en serrant les dents. - Parlez tout simplement ! - De quoi ? - Pas de moi déjà, c'est sûr que ça limite le champ des possibles pour vous ! Mais il faudra faire un effort ! Oh ! Et ne cherchez pas à vous faire mousser ou à vous vanter je vous surveille… - De quoi on peut bien parler alors ? Demanda Daryûn. - De votre journée… Non ! J'ai mieux ! Donnez des mots positifs pour décrire l'autre. »
Arslan trouva l'idée drôle lorsqu'il les vit se regarder comme s'ils ne s'étaient jamais vus. Il décida de les encourager gentiment.
« Allez, mettez-vous en face et dîtes ce qui vous vient à l'esprit. »
Hilmes roula les yeux mais se tourna malgré tout vers Daryûn. Il soupira, fit la grimace mais le regarda avec attention réfléchissant à ce qu'il pouvait bien dire de pas méchant au sujet de Daryûn. Il se dit qu'il valait mieux rester assez neutre.
« Il ne se bat pas trop ma- il souffla et reprit : il se bat bien. - Ce n'est pas trop mal, commenta Arslan, mais encore ? - Il est très fidèle et dévoué, c'est quelqu'un de loyal, un homme de confiance. Ça suffit non ? - Bon à Daryûn ! - Il combat bien et je dois le reconnaître, bien mieux que moi. Il peut se montrer attentionné de temps en temps et… Il se montre très protecteur envers toi ce qui me paraît tout à fait compréhensible. »
Arslan trouva finalement l'activité très distrayante, ils devraient la continuer dans les prochains jours. Qui sait peut-être qu'ils finiraient par se rendre compte qu'ils n'avaient pas que des défauts… Ce n'était pas gagné mais il n'était pas interdit de rêver quand même !
« Bien, c'est bien je suis fier de vous ! Maintenant vous comprendrez que j'ai des heures de sommeil à rattraper alors j'aimerais me coucher… - Pas de problème, répondit Hilmes.»
Arslan se racla la gorge en regardant les deux alphas se tourner vers le lit le plus naturellement du monde.
« Je crois que vous avez oublié quelque chose tous les deux. »
Il désigna le volet du menton avec un petit sourire. Ils auraient essayé. Tous les deux dépités ils se dirigèrent vers la porte cachée.
« Attendez… »
Ils se figèrent et se tournèrent vers Arslan plein d'espoir.
« Bonne nuit ! » Finit-il avec un petit sourire malicieux.
Ils soupirèrent frustrés par ce faux espoir. Arslan savoura sa douce vengeance puis alla s'étaler sur le lit confortable qui était devenu un lieu de tension. Il profita pleinement de cette nuit bien méritée.
o~~O~~o
Arslan se réveilla frais et de bonne humeur profitant de l'espace qui lui était accordé. Il se demanda malgré tout avec une pointe de culpabilité si ses deux alphas ne s'étaient pas étripés. À pas de loup il se faufila dans les appartements voisins et fut amusé du spectacle qu'il vit. Ils avaient tous les deux tellement pris l'habitude de venir se serrer sur lui qu'ils s'étaient accrochés à la première source de chaleur disponible.
Il trouva la situation attendrissante. Il voulait en profiter autant que possible tant qu'ils étaient paisibles. Il aimerait bien voir cela plus souvent mais il se doutait que cela n'arriverait pas de sitôt. Il s'installa tranquillement et les regarda se réveiller. Daryûn fut le premier à ouvrir les yeux, son expression déroutée lorsqu'il vit Arslan le fit rire. Il devait se demander comment il était possible qu'Arslan soit si loin alors qu'il devait être juste à côté de lui.
Il sursaute presque quand il reconnut Hilmes. Ce dernier ne tarda pas à ouvrir les yeux et eut la même réaction. Arslan les félicita pour cette nuit sans effusion de sang ou de hurlements. Il saisit l'occasion de les féliciter et de les encourager. Il monta sur le lit pour se placer entre eux alors qu'ils finissaient d'émerger et de chasser les souvenirs de la nuit bien trop flous et sujet à interprétation. Arslan se pencha d'abord vers Daryûn et déposa un chaste baiser sur ses lèvres. Il sourit en voyant l'air complètement scandalisé d'Hilmes puis il fit de même.
Un simple baiser pour dire bonjour à ses alphas. Il leur aurait bien proposé de faire de même mais c'était trop tôt et il ne souhaitait pas gâcher ce moment de plénitude. Il leur sourit une derrière fois avant de se lever et retourner dans ses propres appartements.
Il ne pouvait pas toujours favoriser Hilmes non plus… Il inverserait demain.
o~~O~~o
Cette semaine-là fut agréable. Arslan reconnut leurs efforts et les autorisa à regagner le lit conjugal pour un essai. Cela se passa bien. Pas de dispute. Arslan crut au miracle mais il remarqua que s'ils ne se bouffaient plus le nez, ils évitaient de se toucher avec une minutie étonnante. Il se dit que ce serait la prochaine étape à franchir : qu'ils acceptent la présence de l'autre.
« Je dois vous avouer que je suis agréablement surpris par ce revirement. Je suis vraiment très content mais il reste quelque chose auquel vous devez vous habituer… Avoir des contacts avec l'autre… Pas forcément prolongé mais juste de vous tenir la main par exemple. Vous ne voulez pas essayer ? »
Hilmes ne ralla même pas et se tourna vers Daryûn avec un air entendu. Il lui tendit ses mains tournées vers le plafond et Hilmes posa lentement ses mains sur les siennes. Ils restèrent ainsi, Arslan attendait avec une certaine appréhension ce moment. Daryûn referma lentement ses mains sur celle d'Hilmes mais il les retira brutalement par reflexe, comme lorsqu'on s'approche trop près d'une flamme. Hilmes se refrogna :
« Ça suffit pour aujourd'hui, dit-il d'une voix rauque. »
Personne n'objecta. Arslan comprit qu'il était trop tôt mais il devrait parler avec Hilmes pour comprendre ce qu'y n'allait pas et pourquoi il s'obstinait à repousser Daryûn. Certes il faisait des efforts mais Arslan sentait toujours un blocage qu'il ne s'expliquait pas. Hilmes avait pourtant dû comprendre qu'il ne favoriserait pas Daryûn, ni ne le délaisserait.
Ses doutes s'amplifièrent le lendemain lorsqu'Hilmes le retrouva seul dans la chambre. Arslan pensa saisir l'occasion pour pouvoir discuter tranquillement mais Hilmes ne lui en laissa pas le temps. Il s'approcha à grand pas et l'embrassa passionnément. Arslan fut trop surpris pour réagir à ce soudain « assaut ». Lorsqu'Hilmes le laissa enfin respirer il réussit à se reculer assez pour voir son visage.
« Hilmes, souffla-t-il. Qu'est-ce qu'y ne va pas ? - Je te veux, murmura-t-il. N'est-ce pas normal de vouloir son oméga après autant de temps sans pouvoir le toucher ? - Tu n'es pas comme d'habitude… - Accorde-moi cette fois.»
Son ton se fit suppliant ce qui interpella à nouveau Arslan. Hilmes recommença à l'embrasser malgré ces protestations. Quelque chose clochait mais quoi ? Hilmes ne se montrait jamais ainsi.
« Hilmes… - Si tu ne veux pas dis-le franchement ! S'énerva-t-il. Je ne te forcerais pas mais si tu ne me dis pas non alors je continuerais. - Ce n'est pas ça… Tu te souviens de ce que je t'ai dit… Tu autoriserais Daryûn lui aussi à- »
Hilmes ne lui laissa pas finir sa phrase et prit à nouveau ses lèvres. Il ne voulait pas entendre la suite bien qu'il la sût déjà. Il voulait Arslan, son oméga, et surtout oublier Daryûn qu'il sortît une bonne fois pour toute de ses pensées.
Il reprit bien vite ses habitudes, touchant Arslan comme il l'avait toujours fait pour le faire gémir. Cela lui avait terriblement manqué, sentir sa chaleur, son corps, son odeur… Tout. Il connaissait tout par cœur mais le redécouvrait à chaque fois. Il finit par pousser Arslan sur le lit pour continuer plus tranquillement. Arslan répondait à ses caresses et à ses soupirs, à lui aussi cela avait manqué. Il le déshabilla prolongeant leurs caresses à l'infini. Leurs peaux se dévoraient comme affamées par une trop longue absence.
Seulement un invité indésirable se manifesta. Daryûn n'arrivait pas si tôt d'habitude. Hilmes se retint de pester mais il n'avait pas envie de s'arrêter là peu importe qu'il soit ici ou pas. Il continua à toucher Arslan sans se soucier du gêneur. Arslan l'aperçut finalement et le dit à Hilmes craignant que ce dernier ne l'ait pas remarqué. Mais comment aurait-il pu le rater alors qu'il ne se trouvait qu'à quelques mètres ?
« Hilmes, gémit Arslan, Daryûn est là… - M'en fous. Si ça l'amuse de mater tant mieux pour lui. Il n'a qu'à se rincer l'œil autant qu'il veut ! »
Arslan fut choqué d'une telle réponse de la part d'Hilmes. Il ne s'attendait pas à ça, il pensait qu'il demanderait plutôt à Daryûn de repartir d'où il venait. Daryûn, lui ne montra aucun signe annonçant qu'il ferait demi-tour. Après tout Hilmes venait de l'inviter à rester et il en avait bien l'intention.
« Arslan cela te dérange que je reste ? Demanda-t-il. »
L'oméga rougit mais accepta. De toute manière il le verrait ainsi à un moment où un autre. Alors pourquoi pas ? De plus ils étaient tous les trois et les deux alphas ne s'étaient pas disputés pour une fois… C'était l'occasion ou jamais.
Daryûn regarda, bien que gêné par la situation, seulement les ayant trouvé ainsi il ne pouvait plus partir. Arslan était aussi son oméga, il ne voulait pas le savoir se donner à un autre sans qu'il ne soit sûr qu'aucun mal ne lui serrait fait. La sensation était étrange et contradictoire. Il ne voulait pas partager son oméga mais en le voyant ainsi avec Hilmes, il ne trouvait pas cela étrange car c'était Hilmes. Hilmes qui le touchait et l'embrassait, qui découvrait sa peaux et la caressait avec précision.
Il ressentait le plaisir et la complicité qui les unissaient comme s'il participait lui aussi aux échanges. Il voulait les rejoindre, participer, les toucher, non pas juste Arslan mais Hilmes aussi. Le voir frissonner et lâcher prise sous ses caresses. Il voulait le faire sien autant qu'Arslan. Sentir sa chair l'entourer, son corps supplier et sa voix se faire plus rauque. L'entendre gémir. Voir son visage se tordre par le plaisir. Il voulait le posséder peut-être même plus qu'Arslan en ce moment. Il se rapprocha hypnotisé par les épaules musclées d'Hilmes qui roulaient sous sa peau et son dos qui dansait en rythme des gémissements d'Arslan.
Lorsqu'il fut à porter il posa sa main sur le milieu de son dos, hésitant sur le mouvement à suivre monter ou descendre. Hilmes frissonna à son contact mais ne fit mine de ne rien remarquer. Alors il continua son approche et monta sur le lit. Arslan le remarqua enfin mais ne dit rien. Daryûn décida de résoudre son dilemme en posant sa deuxième main dans le dos d'Hilmes, une monta et l'autre descendit. Il prit le temps d'imprimer la marque de ses mains sur sa peau mais Hilmes ne disait toujours rien. Il caressa son dos comme un massage pour s'imprégner de ses formes, de ses creux et de ses monts. Il se pencha lentement, fit courir son souffle sur sa colonne vertébrale cherchant le bon endroit, l'endroit parfait pour déposer son premier baiser.
Il le trouva.
Juste sur la bosse que formait la jonction de la nuque et du dos. Il déposa alors son baiser et l'effet fut immédiat. Il sentit Hilmes frissonner sous lui. Il recommença se collant bien plus dans son dos cette fois. Il embrassa sa nuque, son dos, se frotta contre lui. Son odeur l'excitait. Il était excité par un alpha, l'alpha qui en ce moment même touchait son oméga, était-ce pour cela ? Il voulait le faire sien. Il continua les attentions qu'il lui portait avec minutie. Il voulait le savourer. Il ne remarqua même pas qu'Hilmes s'était figé sous lui.
Arslan s'inquiéta, Hilmes ne bougeait plus où à peine. Il ne s'occupait plus de lui. Il comprit alors en voyant Daryûn le toucher mais il se demanda pourquoi Hilmes ne l'avait pas encore envoyé balader… Sa mine rouge et son souffle court lui firent comprendre. Hilmes le voulait aussi. L'oméga sentit qu'il n'avait plus sa place au milieu de ces deux-là pour le moment. Ils devaient créer leur lien. Peut-être est-ce ça dont Samir parlait ? Il se dit qu'il valait mieux se retirer et les laisser. Il fit un mouvement pour se dégager mais Hilmes le retint, il s'accrocha à lui cherchant de quoi l'empêcher de sombrer.
Cela l'effrayait. Cette sensation qui l'envahissait était étrange, vraiment étrange. Elle rongeait Hilmes depuis plusieurs jours déjà. Cette envie de se glisser au milieu du couple destiné. Ce désir de prendre Arslan mais d'être pris par Daryûn. Il faisait ce même rêve depuis plusieurs nuits… Depuis qu'il avait dormi seul avec Daryûn. Son odeur, son corps tout le tentait, le poussait à céder.
Et cela arrivait en ce moment même. Daryûn le touchait. Une part de lui pourtant refusait toujours de céder. Les alphas ne se soumettaient pas à d'autres alphas. Il y avait toujours de la rivalité entre eux, le désire de dominer l'autre et de le faire perdre. Il ne voulait pas perdre la face ni montrer que ça l'atteignait autant, que ça lui plaisait, l'excitait au plus haut point…
Pourtant il cédait de plus en plus de terrain, répondant aux caresses par des gémissements, aux frustrations par des mouvements de rapprochement.
Il se mordit les lèvres. Il devait tenir !
Il laissa un gémissement filtrer entre ses dents. Mais c'était si bon…
Il grimaça. Il ne devait pas.
Il relâcha sa prise sur Arslan et le laissa partir.
Plus d'excuse.
Il se tint au lit alors que Daryûn prenait pleinement possession de lui. Il lâcha prise cette fois. Se laissa guider par des mouvements de hanches qui lui arrachaient des gémissements de plaisirs. Il voulait plus. Daryûn continuait le serrant encore plus contre lui, conquérant de plus en plus de terrain, se frayant un chemin de plus en plus loin.
Ils s'arrêtèrent essoufflés mais ce n'était pas encore assez. Ils continuèrent. Daryûn se mit face à lui pour ne perdre aucune miette du spectacle qui s'offrait à lui. Il l'embrassait à pleine bouche, touchait les parties de son corps exposés qu'il n'avait pas encore pu atteindre. Il ne s'en lassait pas. Il voulait le marquer mais il sentait que s'il le faisait cela s'arrêterait, qu'Hilmes cesserait de le désirer et il ne le supportait pas. Il souhaitait que cela se prolongeât, sentir encore ce parfum qui émanait de sa peau depuis ses derniers jours.
o~~O~~o
Hilmes fatiguait. Depuis combien de temps faisaient-ils ça ? Depuis combien de temps se mêlaient-ils l'un dans l'autre ? Allaient-ils seulement pouvoir se décoller ?
« Daryûn, pria-t-il. Je n'en peux plus… - Ce n'est pas encore assez, grogna-t-il. »
Arslan se tenait dans un coin de la pièce. Il n'arrivait pas à se détacher de la scène qui se déroulait. Leurs corps s'emmêlaient avec une facilité déconcertante. Il les entendait soupirer, grogner et gémir. Il fut impressionné qu'ils fussent toujours aussi vigoureux après tant d'efforts. Ils seraient rodés pour supporter ses chaleurs.
Cette fois pourtant la flamme sembla s'essouffler. Ils étaient plus lents, Hilmes était à bout. Il ne se tendait plus, il s'arquait complètement, lâchant sa tête vers l'arrière et accrochant ses mains à tous ce qui pouvait le retenir dans la conscience. Daryûn aussi ralentissait le rythme, sans pour autant s'arrêter. Il se pencha sur Hilmes et mordit son cou. Hilmes poussa un cri rauque et essoufflé. Ils tremblèrent tous les deux avant de s'effondrer l'un sur l'autre.
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Hilmes fut réveillé par une mèche de cheveux qui lui chatouillait un peu trop le nez. Il sut tout de suite que le réveil serait douloureux, une certaine partie de son anatomie le brûlait avec une ardeur sans équivalence. Il n'avait jamais connu ça et… Il faut dire qu'il n'avait jamais connu pareil traitement. Daryûn l'écrasait mais aucune trace d'Arslan à proximité. Cela lui déplut fortement. Il tapota le dos du tas qui le couvrait pour le faire bouger. Daryûn grogna sans pour autant s'écarter au contraire même il vint se coller encore plus. Hilmes laissa échapper un cri tout sauf viril quand il sentit cette partie sensible de son anatomie être attaqué dès le réveil. Il poussa Daryûn avec le peu de force qui lui restait autant dire que Daryûn ne se souleva que de quelques centimètres au-dessus de lui.
« Tu peux courir ! Tu ne me touches plus durant ces prochains jours espèce de grand malade ! - « Ces prochains jours » hein ? Cela veut dire qu'après je peux, sourit-il. - Crève ! »
Arslan les regarda se chamailler avant de se manifester enfin.
« Vous êtes enfin réveillés ? Vous ne savez pas tous ce que j'ai dû faire pour expliquer votre absence, soupira-t-il. Hilmes tu es censé être malade ce qui explique ton retard et Daryûn est censé t'aider pour que tu n'es pas à sortir du lit. J'ai dû cacher ton déjeuné pour qu'ils croient que tu étais dans ta chambre Daryûn ! Et bien sûr je me suis arrangé pour que personne n'entre ici, autant dire que ce n'est pas évident ! Vous auriez pu raccourcir un peu… - Dis ça à l'autre ! S'exclama Hilmes. C'est lui qui n'a pas voulu me lâcher ! - Oui mais on ne peut pas dire que tu t'y sois réellement opposé, tu semblais plutôt apprécier même… Je me trompe ? - Tu te ligues contre moi ? Toi, mon oméga ? Si je pouvais me lever je partirais tellement je suis outré par de telles remarques ! »
Arslan pouffa de rire. Daryûn le regarda se demandant s'il était sérieux ou pas. Il ne l'avait jamais vu se comporter ainsi mais Arslan semblait en avoir l'habitude.
« Mais dis-moi Arslan… Tu avais dit que si on s'entendait alors on pourrait te toucher n'est-ce pas ? Demanda Hilmes avec un petit sourire. - Pour le moment réussi à te lever après on verra ! Vous avez tous les deux une longue journée. J'espère pour toi Hilmes que le roi n'a pas prévu de sortie à cheval… Tu vas voir que ce n'est pas évident. »
Hilmes déglutit. Il n'avait pas pensé à ça. « Merde » ce fut sa seule pensée.
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Hilmes trouva la journée particulièrement périlleuse. Il tentait de garder un semblant de fierté mais il devait faire face à des regards qui ne cessaient de se tourner vers lui. Cela était totalement inhabituel de plus il voyait des sourires apparaître dès que Daryûn se trouvait à proximité. Il y avait anguille sous roche. Cela se confirma quand son père vint le voir avec un grand sourire. Cela n'annonçait rien de bon, du tout.
« Eh bien, je ne pensais pas que vous vous entendriez si bien si vite ! - De quoi ? Demanda-t-il surpris. - L'odeur de Daryûn te couvre complétement ! C'est sûr que là tout le monde comprend que Daryûn et toi… Vous entendez bien ! Ainsi que sa soudaine promotion pour qu'il soit juste à côté de toi. - Vous êtes en train de me dire que si tout le monde me fixe c'est parce qu'ils savent que je… Dors avec Daryûn ? Il a passé toute la matinée avec moi car j'étais malade c'est normale que je puisse avoir un peu de son odeur. - Hilmes, comprend bien que ce n'est pas ce genre d'odeur… Tu sens presque plus Daryûn, qu'Arslan avait ton odeur en sortant de la première chaleur que vous avez passé ensemble. Tu comprends que dans ces conditions il n'y a pas de place aux doutes… Et puis je ne savais pas qu'un peu de fièvre donnait des boiteries, dit-il avec un petit sourire. - Alors, là tout le monde sait que j'ai… couché avec Daryûn ? - Et pas qu'une fois en plus ! - Je crois que je vais aller me terrer dans un trou sous les dalles du palais. - Mais non ! C'était le but ! Tout le monde le croit alors c'est parfait. Personne ne soupçonnera ce qui se cache vraiment et si tu restes assez près d'Arslan tout le monde pensera que l'odeur de Daryûn viendra de toi et pas de lui ! Exactement ce qu'il fallait, sourit-il. - Ce n'est pas vous qui êtes dans ma situation ! - Je dois dire que ça m'arrange ! Mais en même temps tu ne t'ennuieras pas et puis tu as l'air d'apprécier malgré tout… - Père c'est suffisamment gênant comme ça alors si en plus tout le monde sait… Ma réputation est fichue… - Ne dis pas ça, au moins tu recevras des propositions intéressantes, soupira-t-il. - Pardon ? - Bon je te laisse te dépatouiller avec tes histoires ! »
Hilmes en aurait presque pleuré, lui qui ne voulait déjà pas avoir de relations avec un autre alpha maintenant TOUTE la cour le savait et d'ici une semaine ou deux cela aurait fait le tour du pays. Génial. La journée allait être très longue, de plus il ne devait rien montrer de la douleur qui le parcourait. Certes il avait connu pire mais là c'était fourbe. Elle se faisait oublier et revenait subitement lors d'un mouvement parfois totalement sans rapport avec la zone douloureuse. Il devait se retenir de grimacer mais elle se rappelait à lui dans des moments totalement imprévisibles. Il voyait que cela amusait Daryûn. Il lui lança des regards meurtriers toute la journée. Il se vengerait et Daryûn allait souffrir autant que lui. Ce dernier répondit par des regards de défis, de toute manière il ne pourrait pas se venger avant quelques jours. Cela le fit enrager.
Cette espèce de…
Arslan s'amusait comme un petit fou en les regardant se chamailler à distance. Si Hilmes recevait des regards tantôt outrés tantôt amusés, il sentait des regards compatissant se poser sur lui. Il hésitait dans le rôle qu'il devait tenir : l'ingénu qui n'avait rien vu et bien trop innocent pour penser à une telle chose ou le mari bafoué qui devait supporter cette honte.
Choix difficile.
Il opta pour l'ingénu. Un rôle plus facile à tenir compte tenu de son caractère et surtout il n'aurait pu se retenir de rire en jouant le mari trompé. Peut-être le réserver pour plus tard… Avec les disputes et petites scènes mélodramatiques à coup de : comment as-tu osé me faire ça alors que je t'aime de tout mon être, larmoyant. Les prochaines semaines s'annonçaient distrayantes.
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Hilmes finit par se réfugier dans ses appartements. Son père avait raison, il venait de recevoir plusieurs propositions dans la même journée et de personne dont il n'aurait pas soupçonné ces penchants. À croire que mettre le prince héritier dans son lit était devenu un nouveau sport. Certains lui lançaient de petits sourires en coin, d'autres s'approchaient d'un peu trop près dès qu'ils se retrouvaient seuls. Le summum fut lorsqu'il croisa Arslan, ce dernier affichait son habituel sourire et il vit dans son regard qu'il s'amusait beaucoup à jouer l'époux niai qui n'avait rien vu. Les femmes qui entouraient le prince lui jetèrent des regards emplis d'éclairs qui lui disaient : comment osez-vous ? N'avez-vous pas honte de montrer si ouvertement que vous le trompez ? Le prince Arslan est tellement gentil, il ne mérite pas ça… Et autres reproches. Les pauvres, il les plaindrait presque de voir qu'Arslan les menait par le bout du nez et se moquait totalement d'elles mais vu comment elles le fixaient il n'allait pas les plaindre !
Il s'assit doucement sur le lit. Cette journée avait certainement été la plus épuisante de sa vie même faire la guerre le fatiguait moins. Il avait dû se retenir de tous les envoyer se faire… Ahem, balader. Il devait faire bonne figure, comme si tout cela était tout à fait normal et qu'il n'y avait aucune différence avec les jours précédents.
Arslan le rejoignit au bout d'une heure environ et Daryûn ne tarda pas à apparaître à son tour. Tous les deux affichaient de grands sourires.
« Je vous déteste, salua Hilmes. - Oh, tu as été au centre de l'attention toute la journée cela te plaît d'habitude, commenta Arslan. - On m'a même demandé comment j'avais fait et si t'étais un bon coup, rajouta Daryûn. Mais je leur ai dit que je ne voulais pas partager… Ils ont conclu que tu devais réellement être un bon coup au lit, sourit-il. - C'est pour cela qu'ils ont passé la journée à me courir après. Merveilleux ! - Mes suivants me regardaient avec tellement de compassion que s'en était hilarant, ajouta Arslan. - Il n'y a que pour moi que cela était un véritable enfer, alors ? Demanda-t-il avec mauvaise foi. - Voyons, tu ne disais pas ça hier… Répondit Arslan. - C'est officiel : je vous hais. »
Arslan se mit à rire face à la mine rageuse d'Hilmes. Il se doutait que cela n'avait pas dû être facile pour lui mais tout de même il en rajoutait un peu.
« De toute manière il fallait que tout le monde le croit, au moins ça c'est réglé! Conclut Arslan. - Oui je sais mais… Recevoir des propositions ou me faire courtiser par tous les alphas de la cour ce n'était pas prévu ! Je m'en serais bien passé de ça. - Dans ce cas autant faire comprendre que la place est chasse gardée, déclara Daryûn. - Je t'ai dit que tu pouvais courir, il est hors de question de remettre ça aujourd'hui, tu m'entends ? J'ai mal tu sais… - Moi qui espérait tant retrouver les bras de mon précieux amant… - Tu es en rut ma parole, soupira-t-il. Bon je consens à ce qu'Arslan puisse en profiter, s'il le veut bien sûr mais moi je vais dormir. - Hey je ne suis pas un objet qu'on peut prêter ! - C'est pour ça que j'ai précisé « si tu voulais ». Il ne risque pas de te forcer à quoi que ce soit tant que je serais là pour le surveiller, ce mâle en rut. »
Hilmes alla se coucher sans plus s'occuper d'eux. Daryûn jeta un coup d'œil à Arslan puis au lit où Hilmes venait de s'allonger.
« Tu veux qu'on fasse ça à côté de toi ? Pervers… - Hier, cela ne t'as pas gêné de nous regarder avec Arslan ! C'est qui le pervers ? Et je ne vous oblige à rien du tout, pas plus que je ne vous empêche d'aller dans l'autre chambre. »
Daryûn regarda Arslan. Il n'avait encore rien fait avec son oméga, à peine un baiser, peut-être est-ce l'occasion d'approfondir un peu les choses ? Arslan comprît le message et lui sourit.
« Par contre je ne te garantis pas que nous irons plus loin que quelques caresses, après tout nous n'avons encore rien fait du tout… Je n'aime pas brusquer les choses comme vous deux hier après on a de mauvaises surprise. »
Hilmes grogna à cette remarque. La vie était injuste avec lui. Le lit s'affaissa à côté de lui.
Ils n'ont pas hésité longtemps…
Il se tourna piqué par la curiosité… Et puis il devait bien les surveiller… On ne sait jamais ! Daryûn tenait Arslan dans ses bras et l'embrassait tendrement. Il aperçut les rougeurs sur les joues d'Arslan et comprit que cela n'irait pas plus loin ce soir. Il savait qu'Arslan prenait son temps au début même s'il se montrait très « débridé » lorsqu'il avait l'habitude. Il leur avait fallu beaucoup de temps avant de passer à l'acte mais après cela s'était débloqué tout seul. Il faudrait certainement moins de temps cette fois-ci. Il les regarda faire avant de finalement soupirer :
« Vous m'ennuyez vous savez… »
Il se rapprocha d'eux et se glissa entre les deux pour pouvoir à son tour embrasser Arslan. Ce dernier se laissa faire, la douceur qui émanait de leurs échanges lui faisait le plus grand bien et le mettait en confiance pour leurs prochains échanges. Hilmes le délaissa pour s'occuper de Daryûn. Il décida de finalement prendre sa revanche malgré son bassin douloureux. Daryûn profita qu'Arslan se soit détendu grâce à la participation d'Hilmes pour approfondir un peu leur échange. Après tout, il pouvait bien lui procurer un peu de plaisir ce soir sans pour autant aller très loin dans leurs ébats et puisqu'Hilmes semblait d'humeur… Autant en profiter.
Arslan appréciait les caresses et attentions que lui procurait Daryûn. Il n'avait pas l'air très expérimenté mais il se débrouillait bien. Sa langue et sa bouche se montraient particulièrement habiles à le satisfaire et les vibrations que provoquaient ses gémissements se faisaient très agréables. Pendant ce temps-là, Hilmes savourait sa douce vengeance qui semblait tout aussi agréable pour sa victime. Arslan fut le premier à lâcher prise et Hilmes profita de la liberté de mouvement rendu à Daryûn pour le prendre avec bien plus d'ardeur. Il devait l'avouer la situation était grisante, Daryûn gémissant sous lui et le visage d'Arslan encore rouge et essoufflé par le plaisir qui venait de le submerger. Daryûn abandonna la partie et il lui suivit dans l'instant qui suivit.
Ils s'étalèrent tous les trois sur le lit totalement épuisés, pourtant quand Arslan vint chercher un dernier baiser avant de s'endormir, une énergie nouvelle les envahit aussitôt. Hilmes et Daryûn échangèrent un regard avant de le tourner vers Arslan. Il commença alors à se demander si c'était réellement une bonne idée qu'ils s'entendent bien.
Peut-être était-ce ça la magie de la légende du xi ?
Un Jardin pour deux
Épilogue
Parse, an 332.
Il régnait une effervescence toute particulière dans la salle du trône car c'était un jour très particulier. Après trois jours de deuil on s'apprêtait à fêter une cérémonie importante : le couronnement du nouveau Shah. Hilmes allait accéder au trône avec beaucoup de fierté et de soulagement. De plus il n'avait pas à se soucier de sa descendance avec huit enfants en dix ans. Une fille ainée qui se révélait être une alpha suivi par trois garçons, trois autres filles et un petit dernier qui n'avait pas encore un an…
La descendance n'était pas un problème pour lui, pour Arslan se fut plus difficile surtout ses grossesses très rapprochées. Bardia était arrivé un an après Yildiz, et ensuite Osloes et Cyrus nés la même année. Avec ces quatre grossesses très rapprochées, Arslan avait été vite épuisé avec sa santé fragile. Ils avaient dû trouver un moyen de réduire les grossesses et de les écarter. Hilmes se trouvait obligé de donner de sa personne. D'abord opposé à l'idée soulevée par Arihas, il s'y était résigné pour soulager Arslan et finalement lui aussi y avait trouvé son compte. Ils étaient devenus suffisamment proche avec le temps pour ce genre de moment intime. Arslan avait aussi émis des réserves et était très gêné de se retrouver « sur » son alpha. À force de pratique, ils y avaient trouvé leur compte : Arslan aimait voir Hilmes lâcher prise sous ses attentions et Hilmes devait le reconnaître il appréciait beaucoup…
Hilmes et Daryûn nouèrent un accord tacite à ce sujet. Ils comprenaient rapidement pourquoi l'autre était peu enclin à une journée d'entrainement ou de chasse, surtout après une chaleur de leur oméga. Ils se faisaient même quelques sous-entendus et plaisanteries à ce sujet.
Il chassa toutes ses pensées et se concentra sur sa marche dans l'allée centrale. Tous les seigneurs et leurs familles s'agenouillaient sur son passage. Il s'avança jusqu'au trône où Kishward l'attendait avec la couronne. Il s'inclina et s'écarta quand il arriva jusqu'à lui. Hilmes s'agenouilla et Kishward posa la couronne sur sa tête puis il se releva et se tourna vers l'assemblée. Il fit signe à Arslan de le rejoindre, ce dernier confia leur dernier-né, Nader, à Arihas qui se trouvait derrière lui et veillait sur les jeunes princes et princesses.
Il s'avança lentement et s'inclina devant son roi, il sursauta lorsqu'il sentit Hilmes poser quelque chose sur sa tête, cette couronne n'était pas prévue. Puis Hilmes lui fit signe de se relever en le prenant par la main et l'invitant à venir s'assoir à ses côtés sur le trône. Il siégeait à la même place que sa Mère le reine-mère. Elle était d'ailleurs présente dans l'assemblée au même rang que ses petits-enfants vêtue en noir. Elle devrait porter le deuil de son époux pendant un an mais surtout se retirer complètement de la vie de cour maintenant qu'une nouvelle génération tenait le trône.
Une fois qu'ils furent installés, Hilmes se leva une dernière fois pour appeler sa fille ainée. Il l'invita à s'assoir à côté de lui. À dix ans, elle était suffisamment âgée pour être nommée héritière et Hilmes tenait à montrer que c'était elle qu'il nommerait pour sa succession. Avec Arslan, ils négociaient déjà un mariage avec une princesse lusitanienne. La fête commença enfin : vive le nouveau roi !
Durant le premier mois de son règne, Hilmes ne manqua pas de respecter les accords qu'il avait signés avec Arslan onze ans plus tôt. Il mit en place des lois restrictives visant à abolir complètement l'esclavage.
Beaucoup d'évènements avaient eu lieu durant ses onze ans. Faranghîs resta à la capitale pour s'occuper des temples reconstruits, Ghîb aussi était resté et Arslan le nomma même musicien officiel de la cour. Narsus s'établit dans le palais en tant que peintre officiel, comme promis, et finit par céder aux avances d'Alfreed qu'il épousa deux ans après la Reconquête. Ils eurent une fille nommée Emna quatre après, le portrait de sa mère, et un petit garçon, Ramin, était né en ce début d'année. Quant à Daryûn et Arihas ils eurent deux solides garçons Dalir né deux mois après Yildiz et Keya né la même année qu'Emna. Autant dire que le palais était très animé avec tout ce petit monde. Jaswant était retourné à Sindôra et Elam avait suivi Etoile jusqu'en Lusitania. Il semblait que depuis ils voyageaient tous les deux. Ils n'avaient que peu de nouvelles depuis leur départ mais ils devaient revenir d'ici un mois.
Parse, an 340.
Après de long mois d'échange avec Lusitania, ils firent venir la princesse Simin pour rencontrer Yildiz. Du haut de ses dix-huit ans elle ne se sentait pas vraiment prête à rencontrer sa promise. Elle avait beau être alpha elle se sentait angoissée, encore un trait en commun qu'elle avait avec son Père Arslan. Elle était son portrait craché comme la plupart de ses frères et sœurs d'ailleurs malgré tout c'était elle qui lui ressemblait le plus. Parmi la fratrie seuls Bardia et Anahita ressemblaient à leur Père Hilmes et pourtant ils étaient nombreux, onze pour le moment… Ils étaient cinq à avoir révélé leur genre Bardia oméga – pour son plus grand malheur- Osloes alpha comme elle, Cyrus un béta et enfin Anahita une oméga.
Sur les cinq ce fut Bardia qui le prit le plus mal, surtout que cela se révéla assez tard chez lui, il devait avoir passé ses quinze ans. Il rêvait de devenir marzbâhn avec Dalir mais ses rêves étaient tombés en morceaux. Cependant Arslan l'encouragea à ne pas abandonner, ils devinrent très proche tous les deux. Bardia n'abandonna pas, il s'entraîna sans relâche et profita que sa puberté ne soit pas trop douloureuse pour y consacrer le plus clair de son temps. Ils le reconnurent à peine lorsqu'il sortit de sa période de confinement. En le voyant il était difficile de savoir qu'il était oméga. Il n'avait pas la silhouette fine d'Arslan, il était bien plus « massif » et ressemblait beaucoup à Hilmes. À croire que sa seule volonté ralentissait sa « croissance » d'oméga, à dix-sept ans il n'avait toujours aucune trace de chaleurs alors qu'Anahita à quatorze ans commençait à souffrir de fièvre assez régulière. Elle savait que leurs parents réfléchissaient en cachette pour trouver un alpha qui pourrait lui convenir. Arslan et Hilmes se doutaient bien que cet état qui arrangeait Bardia ne durerait pas éternellement. Cependant si cela continuait ainsi, ils finiraient par marier Anahita avant Bardia. Leur père Arslan avait été très précoce alors le retard de Bardia inquiétait.
Pourtant ça lui convenait, il pouvait suivre ses entraînements et surtout on le considérait plus comme un béta qu'un oméga. Il n'avait rien contre les omégas, il adorait son Père et sa sœur et possédait un grand respect pour Arihas mais… Il n'y avait jamais eu de marzbâhn ou de général oméga. Depuis l'enfance il en rêvait, il voulait combattre aux côté de son Père Hilmes. Il savait que la guerre n'était pas une partie de plaisir mais il voulait prouver sa valeur auprès de son Père… Cependant depuis qu'il le savait être oméga, son Père n'évoquait plus l'idée qu'il l'accompagne sur le champ de bataille. Cela le rendit triste d'être mis à l'écart au profit de son frère Osloes qui était un alpha lui…
Arslan vit son malaise, et contrairement à ce que Bardia pensait il n'essaya pas de l'en dissuader. Il l'encouragea même et lui fit donner des cours de stratégies par le plus grand Maître de Parse : Narsus lui-même.
« En tant qu'oméga, on ne peut pas tout reposer sur la force… Tu es un bon guerrier mais il y aura toujours des moments où tu ne pourras pas être sur le champ de bataille. Alors tu dois pouvoir diriger, être capable de monter des plans dans un arrière poste. Ainsi même si tu as tes chaleurs ou bien une grossesse tu peux toujours participer, n'est-ce pas ? Et un bon marzbâhn ne se résume pas qu'à un tas de muscles ! »
Bien que contrarié par l'évocation de chaleurs et de grossesses, il comprit que son Père voulait l'aider, alors il l'écouta et apprit l'art de la stratégie aux côtés de Narsus. Cela ne plut pas à Hilmes, il espérait qu'Arslan le convaincrait d'abandonner l'idée.
« Ce n'est pas sa place ! - Sa place ? S'exclama Arslan. Parce que la place d'un oméga c'est de rester cloîtré à l'abri dans un palais ? - Ce n'est pas ce que je veux dire… Mais s'il lui arrive un accident ? S'il se fait marquer par un ennemi ? Qu'une chaleur se déclenche pendant une bataille ? Qu'il fasse une fausse-couche ? Arslan comprends-moi… J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose, je ne me suis pas pardonné ce qui t'es arrivé… Je n'ai pas pu te protéger alors si jamais il lui arrive malheur… Dit-il tristement. - Hilmes, sur un champ de bataille il peut arriver malheur à n'importe qui, même Yildiz, Osloes et Cyrus ne sont pas à l'abri… - Mais il est plus exposé qu'eux… »
Ils n'arrivèrent pas à se mettre d'accord. Arslan pensait que leur fils pouvait parfaitement y arriver et Hilmes craignait qu'il n'arrive quelque de chose grave. Cette situation devenait difficile à vivre pour eux qui étaient un couple fusionnelle mais aussi pour leurs plus jeunes enfants. Saman, Leilie et Samir étaient très agités, quant à Shirin, Jasmine et Nader qui se rapprochaient de l'adolescence et de la découverte de leur genre ils étaient déboussolés par ce changement d'humeur de leurs parents. Yildiz dut intervenir en tant qu'ainée pour jouer les arbitres :
« Pères ! Vos comportements affectent vos enfants et n'aident en rien à gérer la situation… - Yildiz nous pouvons gérer ça, dit tendrement Arslan. C'est gentil de t'inquiéter… - Mais je pense avoir mon mot à dire en tant qu'héritière ! - Je te trouve bien sûr de toi ! s'exclama Hilmes. - Père je ne comprends pas votre réticence à laisser Bardia combattre, l'avez-vous seulement déjà vu combattre ? Il est très doué, il est même meilleur que Dalir alors pourquoi ne pas lui laisser de chance ? - Yildiz ma patience à des limites, grogna-t-il. - Je vous trouve bien lâche de ne pas lui dire dans les yeux vos arguments ! Vous ne lui avez jamais dit qu'il ne pourrait pas atteindre son but ! Vous le laissez espérer et je trouve ça cruel de votre part ! Si vous pensez qu'il n'a pas sa place dans l'armée, dîtes-lui ! Mais sachez que je n'ai pas l'intention de le mettre à l'écart et je serais fière de pouvoir dire que mon frère est le premier oméga à devenir marzbâhn ! - Yildiz ! Hurla-t-il. »
Il s'avança jusqu'à elle mais elle ne fléchit pas et ne le quitta pas des yeux. Il se pencha vers elle, l'écrasant de toute sa présence. Il la fixa dans les yeux mais elle ne céda pas. Arslan intervint, il les savait aussi têtu l'un que l'autre. Il admirait sa fille de pouvoir lui tenir tête ainsi sans fléchir d'un millimètre. Il attrapa le bras d'Hilmes mais cela ne changea rien alors il libéra ses phéromones pour attirer son attention. Cette fois-ci cela fonctionna à merveille. Hilmes se tourna vers lui toutes traces de colère effacée, il se pencha vers lui et posa son front contre le sien.
« Yildiz… Tu comprendras lorsque toi aussi tu auras ton oméga à protéger. - Je peux me protéger tout seul tu sais, soupira Arslan. - Père… S'il-vous-plaît venez au moins en juger par vous-même. Je me suis déjà entraînée contre lui. J'ai libéré mes phéromones une fois pour voir comment il réagirait si son adversaire le faisait mais il n'a pas bougé d'un pouce et m'a envoyé valser sans problème. Il n'a pas besoin de participer à toutes les batailles ou même d'être en première ligne… Il veut vous aider et que vous soyez fier de lui, il n'y a rien de mal à ça pas vrai ? »
Hilmes finit par céder et alla voir Bardia s'entraîner. Il s'entraînait avec Kishward et Hilmes dut le reconnaître il se débrouillait bien, mais il ressentait toujours de la réticence à voir son fils combattre. Il ne se fit pas remarquer et observa de loin, Bardia maitrisait les bases à la perfection. Il parait les coups avec précision et n'était jamais surpris par les attaques de son adversaire. Il était bien meilleur qu'Osloes et Cyrus mais pas encore aussi bon que Yildiz. Il réagissait rapidement et ne se laissait jamais surprendre. Il rendait coups pour coups les attaques et visait les ouvertures avec précision. Hilmes décida de se montrer pour en juger par lui-même, Bardia fut surpris de le voir arriver comme ça. Il voulut parler mais le roi dégaina son arme en un rien de temps pour asséner un coup puissant. Il comprit alors que son Père le testait et ne ferait pas de cadeau. Il bloqua chaque coup sans pour autant avoir le temps de répondre. Les coups étaient trop rapides pour ça. Il prit du recule pour attaquer à nouveau, Hilmes vit la précipitation et fit voler la lame de son fils. Il stoppa tout mouvement lorsqu'il sentit une petite lame contre ses côtes.
« Très malin, souffla-t-il. Une diversion pour créer l'ouverture. »
Bardia l'avait eu en beauté, il entendit des applaudissements derrière lui.
« Je vous l'ai dit Père qu'il est doué ! S'exclama Yildiz. - C'est vrai que tu es très habile, sourit Arslan. - Merci Père ! Sourit-il en retour. - Tu t'en sors bien, avoua Hilmes, mais as-tu déjà fait des entraînements avec un alpha qui cherche à te dominer mentalement ? - Quelqu'un qui… - Nous allons voir comment tu te débrouilles ! »
Bardia n'eut pas le temps de souffler qu'il dut supporter une nouvelle pluie de coups. Cependant cette fois il étouffait par l'omniprésence de son Père, c'était effrayant. Il se sentait écrasé de toute part mais il devait tenir. Son Père Arslan lui avait dit que pour contrer un alpha en colère, il fallait soi-même être en colère. Il avait déjà vu son Père se faire obéir d'alphas récalcitrants sans l'aide de son Père Hilmes. Arslan pouvait entrer dans des colères violentes quand quelque chose lui tenait à cœur, il savait se faire entendre.
Il prit une grande inspiration et se mit à combattre l'alpha en face de lui. L'alpha qui voulait le dominer et l'obliger à se soumettre. Il allait lui montrer de quel bois il se chauffe ! Il poussa un cri et para un énième coup avec violence. Hilmes perdit son élan et Bardia profita que son Père soit déstabilisé pour attaquer avec force. Il ne subissait plus, il attaquait et répondait avec autant de fougue et de de force qu'il possédait.
Bardia laissa tomber sa lame et s'assit parterre épuisé. Il reprenait son souffle difficilement. Hilmes se tenait toujours debout mais fatigué lui aussi, son fils lui avait donné plus de fils à retordre que prévu. Yildiz avait raison, il n'avait besoin de personne pour le défendre. Elle le regarda plutôt fière de son coup.
« D'accord, d'accord… Je le reconnais, il est très doué ! Soupira-t-il. Mais je pense toujours qu'il ne peut pas aller sur un champ bataille s'il n'est pas marié et que ses chaleurs ne sont pas callés ! - Quoi ? S'exclama l'intéressé. Mais Père ! - Je ne reviendrais pas là-dessus ! Je ne peux accepter que tu prennes le risque d'être marqué par un ennemi ou que tu es une chaleur dans un camp ! Ce n'est pas envisageable ! - Et si je réponds à ces deux critères ? - Alors tu pourras participer aux campagnes militaires mais je ne peux pas te promettre une place de marzbâhn… »
Bardia ne savait pas si c'était vraiment une bonne nouvelle. Il ne voulait pas se marier lui ! Il voulait être marzbâhn après il verrait… S'il se mariait il risquait d'avoir des enfants, non ? Et s'il faisait autant de grossesses que son Père ? Il ne pourrait jamais poser un pied sur le champ de bataille. Il décida alors de demander conseil au meilleur confident qui existe :
« Arihas… Vous croyez que je serais aussi fertile que Père ? - Pourquoi cette question Altesse ? - Je ne veux pas avoir autant d'enfants… Je n'en veux pas vraiment d'ailleurs… - Il y a beaucoup de chose qui entre en compte, vous savez… Votre Père était très précoce c'est un des premiers signes, ensuite ses chaleurs sont très longues ce qui favorisent une grossesse et enfin vos Pères forment un couple destiné ce qui ajoute encore des chances… - Donc en fonction de la durée de mes chaleurs je pourrais le savoir ? Demanda-t-il. - Ça donne un indice en effet. Vous savez on ne tombe pas forcément enceint à chaque chaleur ! Il existe aussi un moyen pour limiter… - C'est vrai ? S'exclama-t-il. - Comment croyez-vous que vos Pères font pour ne pas avoir plus d'enfants ? S'ils avaient continué comme au début de leur mariage en dix-huit ans vous pourriez être dix-sept ou dix-huit enfants ! - Mais comment font-ils ? À part l'abstinence je ne vois pas comment… »
Arihas prit des pincettes pour lui expliquer mais Bardia vira au rouge.
« Vous voulez dire qu'un oméga aussi peut… ? Mon Père Arslan il… Et Père Hilmes ? J'ai dû mal à y croire… Et puis je crois que je préfère ne pas savoir en faites ! »
Peu après cet accord entre Bardia et son Père, la jeune princesse lusitanienne arriva accompagnée par Etoile et Elam qui rentraient enfin après trois ans de voyage. Arslan leur avait demandé s'ils pouvaient escorter la jeune princesse durant son voyage comme ils rentraient en prenant la même route.
Yildiz était très, très tendue de rencontrer sa fiancée. Elle espérait que tout se passerait bien et qu'elle ne ferait pas demi-tour en la voyant. Elle connaissait déjà son prénom : Simin. Elle le trouvait magnifique. Yildiz tremblait presque d'anxiété en attendant qu'elle la rejoigne dans la salle du trône pour être présentée à la cour. Hilmes lui dit de se détendre, que tout se passerait bien mais elle trouvait que son Père Arslan prenait un temps fou à la conduire jusqu'ici. Elle entendait Ghîb se moquer d'elle dans un coin de la salle avec Osloes. Les portes s'ouvrirent enfin, elle en sursauta presque.
Son Père s'avança accompagné par une magnifique jeune fille. Elle avait de très longs cheveux blonds couverts par un voile léger et translucide. Elle portait une longue robe bleue nuit aux manches blanches accompagné par des bijoux dorés. Sa propre robe devait paraître bien pâle à côté, Arslan lui avait choisi une robe lilas assortie à des améthystes. Elle avança, tête baissée, vers le Shah comme la coutume l'exigeait. Il se leva pour l'accueillir à bras ouverts et la salua comme un membre de sa propre famille. Elle ne montra aucune surprise face à la brûlure sur le visage de son Père. Bon point. Elle releva la tête et lui sourit, son sourire était magnifique et empreint de sincérité. Yildiz croisa enfin son regard, une chaleur toute particulière se dégageait de ses yeux noisettes. Simin rougit et détourna le regard, le roi lui indiqua le siège à côté d'elle.
Simin s'assit timidement à côté de sa fiancée. Yildiz lui fit un petit sourire pour la rassurer. Une fois la cérémonie finie, elle put enfin lui parler, mais elle ne savait pas comment engager la conversion. Elle se rappela de ce que lui avait dit Ghîb : les femmes aiment être complimentées.
« Vous portez une très belle robe ! Elle vous va bien, dit-elle. - Merci, sourit-elle, mais je dois avouer que je préfère les robes plus claires… »
Mince…
« Est-ce que vous aimeriez que je vous montre les jardins ? Ils sont magnifiques en cette saison ! - J'en serais ravie. »
Courage tu peux le faire !
Yildiz l'amena dans les jardins et l'effet fut immédiat. Simin resta bouche-bée face aux couleurs et senteurs qui envahissait ses sens.
« Je n'avais jamais vu de jardins pareils ! Tous les jardins de Parse sont ainsi ? Demanda-t-elle. - Pas tous… Mon Père Arslan adore les jardins alors il tient beaucoup à celui-ci, c'est comme si on avait un autre petit frère ! Sourit-elle. - C'est vrai que vous êtes une famille très nombreuse. - Oui et je crois qu'on n'a pas fini de s'agrandir ! Mon Père tombe régulièrement enceint cela ne m'étonnerait pas qu'on ait encore droit à quatre ou cinq nouveaux frères et sœurs ! Cette remarque fit rire Simin. - Comment est-ce d'avoir des frères et sœurs ? Demanda-t-elle. »
Yildiz se mit à lui raconter toutes les aventures qu'elle avait vécues avec ses frères et sœurs, ses anecdotes amusaient beaucoup Simin qui était fille unique.
Hilmes s'était éclipsé du palais pour voir comment s'en sortait sa fille avec sa promise. Lorsqu'il les aperçut il se glissa dans un fourré pour ne pas se faire remarquer. Elles discutaient tranquillement de tout et de rien, ça s'engageait bien. Il décida de les laisser tranquilles et se déplaça sans bruit. Il tomba sur Daryûn au milieu des jardins alors qu'il semblait chercher quelque chose.
« Votre Majesté ? Que faites-vous dans les jardins ? - Je vais où je veux dans mon palais il me semble, bouda-t-il. »
Il n'allait pas avouer la vraie raison.
« Oui vous avez raison… Vous n'auriez pas vu Keya et Emna par hasard ? Je crains qu'ils ne préparent encore quelque chose… Je les ai vus sortir dans les jardins mais impossible de mettre la main sur eux ! Cette petite a hérité du génie de son père, dommage qu'elle s'en serve pour faire des bêtises ! En plus elle se débrouille toujours pour entraîner Keya avec elle. - Tu les espionnes en faîtes ? - Non pas du tout ! Rougit-il. Et puis vous croyez que je ne vous ai pas vu surveiller la princesse Yildiz ? - Je ne vois pas de quoi tu parles ! Je cherchais juste Bardia mais je suppose qu'il s'entraîne avec Dalir ! - Qu'ils s'entraînent ? Qu'ils s'entraînent à quoi ? »
Il y eut un flottement.
« Bardia ! - Dalir ! »
« Non, on doit se faire des idées c'est tout ! Se reprit Hilmes. - Vous avez raison ça ne leur ressemble pas de tout façon ! Continua Daryûn. - Oui c'est juste parce qu'il y a cette histoire de fiancée et Keya et Emna ! - Ils s'entendent bien c'est tout ! Et puis ils sont ensembles depuis qu'ils sont petits alors c'est normal qu'ils soient proches… - C'est vrai mais avec cette histoire de mariage pour Bardia, ça risque de leur donner des idées, non ? - Vous croyez qu'il pourrait à penser à Dalir ? S'exclama-t-il. - Comme tu l'as dit ils se connaissent depuis longtemps et Dalir est un peu comme toi tu étais avec Arslan… Alors ça ne m'étonnerait pas… - Comment ça ? - Pour un alpha tu étais plutôt soumis… - Eh ! Protesta-t-il. - Alors c'est parfait pour Bardia : Dalir devient son alpha mais lui obéit quand même, il garde son indépendance et a le marquage pour partir en guerre. En plus ils aiment bien s'entraîner et se taper dessus… Leur relation reste identique mais avec le bonus… - Le bonus ? Demanda Daryûn incertain. - Tu le fais exprès ou quoi ? Faut-il que je te fasse un dessin ? - Surtout qu'Arihas lui a expliqué comment éviter les grossesses parce que ça l'inquiétait… - Encore un bon point pour Bardia, parce que Dalir… Il est un comme toi... Alors bon, on sait qui « est dessus » quoi… - Vous pouvez parler vous ! S'exclama-t-il. On ne dirait pas mais avec sa Majesté Arslan vous faîtes moins le malin ! Ce n'était pas la même histoire sur le bureau la dernière fois ! - Pardon ? Se figea Hilmes. - Je vous ai surpris dans votre bureau ou plutôt étalé sur le bureau… Vos pourriez clouer la porte dans ce genre de situation quand même ! Vous imaginez si un de vos enfants vous surprend comme ça ? Ou même n'importe qui ! Ils auront une sacré surprise, heureusement que ce n'était que moi ! »
Hilmes resta muet et Daryûn fut content de lui avoir cloué le bec. Hilmes souffla avant de se mettre à rire. Daryûn dut le reconnaître, leur conversation devait sembler très bizarre vu de l'extérieur. Ils avaient presque finis par devenir amis, enfin presque… Faut pas rêver non plus !
« On parlait de quoi au début ? Demanda Hilmes. -Dalir ! - Bardia ! »
Bardia soupira en apercevant sa sœur, elle ressemblait déjà à une idiote transie d'amour pour sa belle. Il entendit des rires se déplacer derrière les fourrées. Il n'eut pas de mal à reconnaître Emna qui devait encore être en train de trimballer Keya derrière elle pour lui faire faire des bêtises. À croire que c'était la saison ! Il entendit quelqu'un arriver derrière lui, c'était Dalir. Enfin quelqu'un qui n'avait pas la tête accaparée par des bêtises.
« Je vous ai vu l'autre fois vous battre contre votre Père, c'était impressionnant ! S'exclama-t-il. J'ai entendu qu'il voulait vous laisser entrer dans l'armée, est-ce vrai ? - C'est ton père qui te l'a dit ? - Oui… Il n'aurait pas dû ? - Ce n'est pas encore fait… Mon Père ne veut pas que je participe tant que je ne suis pas marié et que je n'ai pas eu de chaleurs… - Il vous a fiancé ? S'exclama-t-il. - Pas du tout ! Et puis je n'en n'ai aucune envie de toute manière ! Si je me marie je ne pourrais plus rien faire… Si ça se trouve il m'a déjà choisi un mari dans un coin perdu et qui refusera de me laisser quitter son château, grogna-t-il. Et en plus si je suis aussi fertile que mon Père je ne mettrais jamais les pieds dehors… -Pourquoi ne pas choisir vous-même, Altesse ? - Je ne connais personne alors comment veux-tu que je fasse ? - Il y a beaucoup d'alphas parmi les généraux ! - Ils sont vieux et ne m'inspire pas confiance pour ce genre de relation… Ton père Arihas m'a parlé d'un moyen pour limiter les grossesses… Je ne suis pas sûr que des vieux grognons dans leur genre acceptent l'idée ni même que beaucoup d'alphas apprécient ce genre de chose. - Vous savez les alphas peuvent se montrer très compréhensifs sur certains sujets pour faire plaisir à leur oméga. - Mais tu ne sais même pas de quoi je parle, répliqua Bardia. - Si je sais… - Arihas t'en as parlé ? - Disons qu'il n'en n'a pas eu besoin… Mes parents se montrent démonstratifs alors ils n'ont pas besoin de m'en parler et… Je crois que je comprends… - Tu comprends ? Tu laisserais ton oméga, il hésita, « dominer » ? - Si cela peut lui faire plaisir je n'y vois pas d'inconvénient, enfin s'il accepte aussi que je puisse être actif de temps en temps. - Evidemment. »
Il marqua une pause.
« Tu dis ça mais qui dit que le jour où tu auras un oméga se sera pareil ? - Si je peux choisir mon oméga cela m'étonnerait que ce dernier soit un oméga docile et obéissant. - Toi, tu as quelqu'un en vue ? - Vous savez… Je n'ai pas oublié nos promesses d'enfants, rougit-il. »
Bardia resta interdit. Dalir se rappelait de ça ? De cette discussion qu'ils avaient eu enfants alors qu'ils évoquaient leurs rêves d'avenir. Ils voulaient tous les deux devenir marzbâhns et de grands guerriers et seigneurs comme leurs pères. Ils étaient autant fascinés par l'un que par l'autre. Arslan et Arihas, alors qu'ils étaient omégas, avaient combattu et pris les armes ce qui impressionnait Dalir, surtout au vu des récits de son père Daryûn. Bardia lui, montrait plus d'intérêt pour la force en elle-même et le combat de Daryûn contre Bahadur restait son histoire favorite, et savoir que son père avait mis à mal Daryûn le rendait très fier. Seulement Dalir éprouvait des doutes, si jamais il était oméga ? Bardia l'avait regardé comme s'il venait de dire la chose la plus improbable qui soit, pour lui ils ne pouvaient qu'être des alphas.
« Si ça te fais peur d'épouser un inconnu alors je t'épouserais ! Comme ça tu resteras libre de faire ce qu'il te plaît ! - Mais… - De toute façon il y aura bien un de nous deux qui sera alpha ! »
« Tu t'en rappelles vraiment ? Demanda-t-il incertain. - Oui, vous étiez si sûr de vous, ça m'avait fait chaud au cœur ! J'aurais aimé vous dire la même chose mais je savais que vous l'auriez mal pris et je trouvais que ce n'était pas si mal ainsi. Je me voyais presque vous attendre sur les remparts pendant que vous combattiez au front dans les plaines… Oh c'est bon ! Te moques pas j'avais huit ans à l'époque ! - C'est juste que je ne pensais pas que tu le prendrais autant au sérieux, dit-il riant. Quoi que, c'est vrai que j'étais plutôt sérieux en le disant… Je n'imaginer pas l'époque que je serais oméga… »
Le silence tomba. Bardia se remémora toutes ses attentes qui avaient volé en éclat en apprenant qu'il était oméga. Soudain quelque chose le heurta.
« Dalir, hésita-t-il. Quand tu disais te souvenir de cette promesse et que si tu choisissais un oméga il ne serait ni docile ni obéissant… Que dois-je comprendre ? - Faut-il vraiment que je le dise ? - Je veux t'entendre le dire car j'ai peur de ne pas bien comprendre… - Eh bien… Si vous le souhaitez j'irais demander votre main, dit-il en rougissant. - Toi ? S'exclama-t-il. Je veux dire, tu nous verrais ensemble tous les deux ? En couple ? Partageant la même chambre ? - Si c'est ce que vous souhaitez… Mais ce n'est qu'une proposition après tout. Je me comporterais comme d'habitude, je n'ai pas l'intention de t'empêcher de vivre comme tu l'entends ! »
Dalir utilisait assez rarement le tutoiement, il le faisait uniquement lorsqu'ils étaient seuls et qu'il souhaitait faire comprendre qu'il était sincère. Ils se connaissaient depuis l'enfance, Bardia n'y voyait pas de problème au contraire même il préférait ça, cela le mettait plus à l'aise. Bardia réfléchit à ses mots.
« J'ai bien envie de me dégourdir un peu, pas toi ? - Si vous voulez. »
Dalir ne comprenait pas le changement chez Bardia. Il supposa qu'il ne voulait pas le blesser par une de ses réponses trop abruptes alors il choisissait de l'ignorer. Il soupira. De toutes manières il ne s'attendait pas à une réponse positive de Bardia. Dalir se leva et allait partir chercher des armes pour s'entrainer mais Bardia le stoppa. Dalir n'eut pas le temps de réagir qu'il reçut un coup dans le tibia.
« Tu baisses ta garde Dalir ! »
Dalir ralla, il ne pensait pas faire un entrainement au corps à corps surtout après ce qui venait d'arriver. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas fait ça d'ailleurs ? Depuis qu'on savait Bardia oméga, non ? Trop absorbé par ses réflexions il se retrouva plaqué au sol sous Bardia. Ce dernier ne bougea pas.
« Tu te rappelles de comment j'ai conclu ma promesse ? Murmura-t-il. - Oui je m'en souviens… »
Comment aurait-il pu oublier ? Ce jour était gravé dans sa mémoire. Bardia s'était tourné vers lui et l'avait embrassé sans rougir.
« On dit que si on embrasse une fille, il faut l'épouser après pour qu'elle ne soit pas déshonorée ! Si tu es oméga se sera pareil, alors tu n'auras qu'à dire que je t'ai embrassé. Mon Père sera bien obligé de me laisser t'épouser ! »
Dalir avait été impressionné par l'argument. Bardia semblait si sûr de lui qu'il ne pouvait en être autrement. Il finit même par se dire que ce ne serait pas si mal d'être un oméga finalement.
« Alors promets ! »
Il n'hésita pas. Il se redressa pour poser ses lèvres sur les siennes comme ils l'avaient fait lorsqu'ils étaient enfants, avec la même brièveté pourtant il était sûr que Bardia rougissait.
« Je te l'avais dit, non ? Ton fils est comme toi ! »
Ils se figèrent tous les deux en reconnaissant la voix du Shah.
« Peut-on savoir ce que vous faîtes exactement ? - Je dirais que votre fils agresse le mien ! - Pourtant c'est ton fils qui a embrassé le mien ! - Question de point de vu… - Je ne peux tolérer que mon fils soit déshonoré ainsi ! Qui voudra l'épouser si on sait que le fils d'un marzbâhn l'a embrassé ? Vous pensez à sa réputation ? Dalir j'espère que tu es prêt à assumer ton acte ! »
Bardia resta complètement abasourdi devant cette scène surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Qu'est-ce qu'ils avaient entendu exactement pour réagir ainsi? Quand ces deux-là étaient d'accords ce n'était jamais bon signe… Et puis c'était quoi ce jeu d'acteur catastrophique ?
« Dîtes vous comptez rester dans cette position encore longtemps ? Demanda le Shah. »
Dalir se rendit alors compte de la position dans laquelle ils se trouvaient toujours. C'est-à-dire par terre, Bardia à califourchon sur lui et leurs visages à peine quelques centimètres l'un de l'autre. Il éprouva de la gêne à cette constatation et les paroles du Shah ne l'aidaient guère.
« J'espère que tu es prêt à assumer ton acte. »
Hilmes et Daryûn les regardèrent se relever avec maladresse. Ils avaient entendu tout ce qui s'était dit. Ils n'eurent pas besoin de parler pour décider de la marche à suivre. Hilmes avait donc entamé la conversation tout-à-fait théâtralement et Daryûn l'avait suivi avec entrain. Bardia n'était pas dupe et avait tout de suite flairé la mascarade. Quant à Dalir, Hilmes hésitait, prenait-il réellement ce scandale au sérieux ou se laissait-il lui aussi prendre au jeu ? Difficile de le dire, cela dépendait de s'il tenait de Daryûn ou d'Arihas… Dalir prit une grande inspiration comme pour se donner du courage.
« Bien sûr que j'assume mon acte ainsi que ses conséquences ! Je relèverais tous les défis ou épreuves que vous m'imposerez pour vous prouver que je suis digne de votre fils ! »
Bardia fut à nouveau ahuri par tant de grands sentiments. Cette niaiserie ne pouvait qu'être surjoué venant de Dalir. Il ne l'avouerait jamais mais cela l'avait un peu touché quand même… Hilmes acquit la certitude que ce garçon sous ses faux airs d'ingénu tenait d'Arihas…
« Je l'espère bien ! Sinon tu peux toujours rêver pour obtenir sa main ! »
Le regard d'Hilmes lui fit clairement comprendre qu'il le balancerait lui-même du haut des remparts s'il lui faisait le moindre mal. Dalir déglutit comprenant le message à peine voilé.
Une petite minute… Cette histoire vient de sceller mon mariage ? Pensèrent Bardia et Dalir.
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Simin fut touchée par cette grande famille très soudés. Elle avait peur en partant de chez elle car elle ne savait pas où elle allait tomber, de plus elle n'était pas très enchantée d'épouser une femme mais elle trouva Yildiz exceptionnelle et sa famille aussi.
Elle fut adoptée par toute la famille, même si elle avait toujours du mal à retenir les prénoms : Yildiz, Bardia, Osloes, Cyrus, Anahita, Shirin, Jasmine, Nader, Saman, Leilie et Samir ! D'autant plus que Yildiz avait raison : Arslan avait donné naissance à une nouvelle petite fille, Kiana, au début du printemps.
Finalement elle était heureuse ici et surtout elle ne s'ennuyait pas ! Depuis leur mariage il y avait eu beaucoup d'évènements : les fiançailles d'Osloes, ainsi que celle Anahita et surtout Bardia et Dalir s'étaient mariés ! La vie était agréable et paisible, elle aussi avait découvert une passion dévorante pour les jardins. Elle y venait chaque soir et Yildiz la rejoignait avant qu'elle ne l'a raccompagne jusqu'à leurs appartements.
« Je crois que ce jardin va finir par être trop petit avec tout ce monde, dit-elle en caressant son ventre rond. - Tu sais mon Père me dit toujours que ces jardins ont un côté magique… - Ah bon ? - Oui peu importe le nombre de personnes qui y passent ou restent se détendre. Il y a toujours un endroit où on a l'impression que c'est juste un jardin pour deux. »