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Un jardin pour deux
Résumé: UA! Omégaverse/Mpreg. Le prince Arslan découvre que sa plus grande crainte est fondée: le voilà oméga! Il se retrouve confronter à un nouveau monde auquel il ne connait rien et qui l'effrayait... Mais peut-être que cette nouvelle perspective pourrait l'aider à trouver une solution à la guerre qui se profile...
Chapitre 1 Découverte et chamboulement
Le jeune prince parse se promenait dans les jardins, en repensant à ce qu'il s'était produit la semaine précédente. Cela avait fait beaucoup de bruit d'ailleurs. L'héritier du puissant royaume de Parse qui se fait enlever par un prisonnier lusitanien ! Les nobles s'étaient vite enflammer, en voyant cela le prince avait craint que son père lui passe un sacré savon. Mais rien ne se produisit, ni son père, ni sa mère ne semblèrent s'inquiéter de ce qui c'était passé. Arslan ne savait pas s'il était soulagé ou déçu de leur réaction. Soulagé que son père ne se soit pas énervé contre lui mais il avait espéré obtenir ne serait-ce qu'un peu de leur attention, pour une fois… Mais rien, même pas un regard de sa mère, ni une parole de son père.
Il soupira, de toute manière il était habitué maintenant, mais malgré tout il espérait toujours que cette relation froide qu'il entretenait avec ses parents évoluerait. Il continua à errer dans le jardin, écoutant le bruit de l'eau et de ses pas qui résonnaient sur les dalles de pierres blanches. Il respira à plein poumons le parfum des roses, elles avaient une douce senteur sucrée qui arrivaient toujours à l'apaiser. Depuis quelque temps, il y passait tout son temps libre.
Ses entraînements avec Vahriz l'épuisaient de plus en plus, même s'il essayait de le motiver et de lui rappeler que le maniement des armes était indispensable à tout bon souverain, il n'y arrivait plus. Ce coup de fatigue commençait à l'inquiéter sérieusement, car bientôt il saurait de quel genre il est : alpha, béta ou oméga. Seulement il savait très bien qu'il ne pouvait pas être un alpha, et un béta ne ressentirait aucun changement particulier. Alors oui, ce coup de fatigue l'angoissait beaucoup. Il avait déjà fait part de ses inquiétudes à Vahriz, mais celui-ci avait balayé d'un revers de main cette hypothèse, et avait tenté de le rassuré. Sa mère était béta et son père un alpha, il y avait très peu de chance pour qu'il soit oméga. L'oméga le proche dans sa lignée était l'époux de son arrière-arrière-grand-père. Et puis cela faisait des années qu'aucun oméga n'était né dans la lignée royale. Loin de le rassurer, cela l'avait effrayé encore plus : si jamais il était oméga se serait le premier depuis des générations, son père le détesterait pour ça. Il serait celui qui rabaisserait la famille royale, surtout qu'il n'avait ni frère, ni sœur pour hériter du trône à sa place.
Il avait même du mal à dormir la nuit, et manger beaucoup moins. Ce qui n'arrangeait rien à son état. Cela avait même finit par inquiéter Daryûn. Il sourit en repensant à ce moment où Daryûn s'était mis à le questionner tout en ayant un air paniqué. Cela l'avait presque amusé de voir Daryûn s'agiter dans tous les sens. Lui qui était un alpha, un guerrier, le contraste était saisissant. Sans même s'en rendre compte il avait pris la direction des écuries, arrivé devant il vit qu'elles étaient vides ce qui était plutôt étonnant. Les chevaux ne firent pas attention à lui, sauf un étalon noir qui se mit à taper du pied pour attirer son attention :
« Eh bien Shabrang ça fait longtemps, le cheval frotta son naseau amicalement sur la tête du prince. - Votre Altesse est vraiment doué avec les animaux, Shabrang ne laisse personne s'approcher d'habitude, dit Daryûn en posant sa main sur l'encolure de son cheval qui le repoussa aussitôt. On dirait que tu fais la tête, je ne suis pas en retard pourtant. -Pff, Shabrang hennit et retourna quémander l'attention du prince. -Finalement je crois qu'il vous préfère à moi, ria Daryûn. -Mais non voyons, c'est que je ne l'ai pas vu depuis longtemps c'est tout, reprit joyeusement le prince. Daryûn prit un air plus grave. - Votre Altesse s'en vouloir être indiscret, vous sentez-vous mieux depuis l'autre fois? -Hum … C'est gentil de t'inquiéter pour moi, mais je préfèrerais ne pas en parler, dit-il en essayant de sourire. -D'accord votre Altesse … Mais si jamais… Enfin juste au cas où, vous pouvez m'en parlez ou bien à mon oncle Vahriz, vous savez ? Reprit Daryûn. -Merci Daryûn, c'est très gentil de ta part, sourit le prince, je suis désolé de vous inquiéter. »
Daryûn préféra ne rien ajouter, il voyait bien que le prince ne semblait pas à l'aise. Il en avait déjà fait part à son oncle, et celui-ci lui avait parlé des doutes du prince. Comme son oncle il pensait qu'il y avait peu de chance que le prince soit oméga, mais c'est vrai que le prince avait très peu de chance d'être un alpha contrairement à ses prédécesseurs. D'un autre côté il comprenait la raison des doutes du prince : son père. Le roi ne prêtait guère attention au prince hormis pour le réprimander, et la reine ne faisait guère mieux. Ce comportement finissait par mettre beaucoup de pression sur les épaules du jeune prince. Arslan n'avait pas vraiment le caractère, ni la carrure d'un souverain, ou plutôt il n'avait pas celle de son père. Il était encore jeune et avait encore besoin d'apprendre. D'ici quelques années il ferait un bon roi, ça Daryûn en était convaincu, même si son oncle semblait émettre plus de réserve. Et puis un roi ne peut pas être parfait sur tout, c'est pour ça qu'il est entouré !
Arslan regardait Daryûn qui semblait perdu dans ses pensées. Il espérait ne pas l'avoir vexé, mais Daryûn avait tendance à beaucoup s'inquiéter quand il s'agissait de lui. Il préféra donc couper court à la conversation. Il se doutait bien que Daryûn lui aurait certainement donné la même réponse que Vahriz. Il sourit légèrement, mais il commença à avoir chaud tout à coup. Sa vue se brouilla. Il pensa qu'il n'avait pas assez mangé ce matin et avec la fatigue, forcément ça n'arrangeait rien. Il tituba, le sol commençait à danser sous yeux.
« Votre Altesse vous allez bien ? Vous êtes très pâle ! -J'ai la tête qui tourne mais ça devrait passer, dit-il se voulant rassurant. -Attendez… Ce n'est pas digne de votre rang mais… Asseyez-vous là pour le moment. Le temps de vous remettre. »
Il entendit Daryûn lui parler mais il ne saisit pas ce qu'il lui dit. Il se sentit devenir de plus en plus brûlant. Et d'un coup plus rien. Tout devint noir.
« Daryûn, j'ai chaud… »
À peine eut il finit de dire ça qu'il s'évanouit, Daryûn eut tout juste le temps de le rattraper.
Le jeune prince entendit des voix étouffées, il réussit à en saisir quelques brides : on parlait de lui c'était certain. Il commença peu à peu à reprendre conscience, et à retrouver des sensations dans son corps. Il pouvait sentir le poids des couvertures qui le couvraient ainsi une serviette froide et humide sur son front. Une odeur bizarre et totalement étrangère flottait dans l'air, une odeur bestiale et assez effrayante. Cela lui donna la nausée. Il poussa un petit grognement de mécontentement et tenta d'ouvrir les yeux. Il s'attendait à ce que la lueur claire du jour le gène, mais ce fut la douce lumière des chandelles qui l'accueillirent. Il put distinguer trois personnes : Vahriz, le médecin de famille royale, et un homme qui lui était inconnu.
« Vous voilà enfin réveillé, votre Altesse ! Nous commencions à nous demander combien de temps vous dormiriez encore, plaisanta Vahriz, mais ce ton inquiéta tout de suite le prince. -Vous sentez-vous mieux Altesse ? Demanda le médecin. -Avez-vous utilisé un nouvel encens ? Il y a un parfum étrange, demanda le prince. Il sentit l'atmosphère se glacer aussitôt. -Non, majesté… Je… Balbutia le médecin effrayé. -Maître Vahriz, que ce passe-t-il ? Paniqua le prince, quelque chose n'allait décidément pas. -Votre Altesse… C'est assez difficile à dire… Mais il semblerait que vos doutes étaient fondés, je le crains. Nous avons pris le soin de faire venir Messire Arihas, ici présent au cas où, dit-il en désignant l'homme qui se trouvait derrière lui. Maintenant je dois me retirer, si vous voulez bien m'excuser. -Attendez Vahriz ! Mon père sait-il- sa voix se brisa soudainement, en voyant le regard de Vahriz. -Nous avons fait part de nos soupçons à sa Majesté le roi, Messire Vahriz doit aller lui confirmer, reprit le médecin. Je vais vous laissez avec Messire Arihas, il va répondre à vos questions, dit-il en s'inclinant, puis ils quittèrent tous les deux la pièce. -Votre Altesse, nous n'avons jamais eu l'occasion d'être présenté, dit-il en s'inclinant. Je m'appelle Arihas, j'étais l'époux d'un ancien marzbâhn qui malheureusement est décédé lors de la dernière campagne militaire de sa Majesté le roi. On m'a mandé pour que je devienne votre précepteur, au cas où vous vous révéliez être oméga, car j'en suis moi-même un. J'imagine que vous devez être un peu confus. -On peut dire ça en effet… Est-ce que vous pourriez me laisser juste quelques instants, le temps que je mis fasse, murmura le prince. -Vous savez votre Altesse, je ne vous en tiendrais pas rigueur si vous souhaitez pleurer, vous n'avez pas à vous contraindre ainsi devant moi. »
C'était la première fois qu'on lui disait une chose pareil, depuis qu'il vivait à la cour on lui avait plutôt appris l'inverse : ne pas montrer ses émotions. Ne pas se montrer faible. Il était de haut rang, et il devait se comporter comme tel. De plus il échangeait rarement avec les gens, car il y avait peu de personne autour de lui et qu'elles finissaient toujours par s'éloigner à cause de l'ombre du roi qui était bien trop opaque pour être ignorer. Même Daryûn dont il était proche, n'osait rester trop près de lui. Toutes ses années à sourire, à refouler, à garder le silence. C'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase. S'en était trop. Trop.
Le prince s'effondra aussitôt, il essaya malgré tout de retenir ses sanglots, mais finit par céder totalement. Le stress et la tension qu'il avait accumulés ces derniers jours semblèrent lui tomber dessus d'un coup. Il n'arrivait plus à se contrôler. Il pensa à son père qui devait le haïr maintenant, et qui allait certainement lui en faire baver pour avoir rabaissé ainsi la lignée royale. Sur des dizaines de générations, il était le seul à être né oméga.
Il sentit les bras Arihas s'enrouler autour de lui, c'était la première fois depuis des années que quelqu'un le prenait dans ses bras. Les contacts physiques qu'il avait pu avoir ses dernières années, c'était limité à des accidents ou une personne qui l'effleurait par inadvertance. Personne n'osait l'approcher. Personne n'osait le toucher. Et lui n'osait pas autant par timidité que par peur des représailles. La sensation était vraiment agréable et lui avait terriblement manqué. C'était assez étrange d'ailleurs qu'il se laisse autant aller devant une personne qu'il ne connaissait pas. Sans trop savoir pourquoi il se sentait en sécurité avec Arihas. Il finit par se calmer et reprendre contenance. Il essuya ses larmes avant de regarder Arihas, c'était un bel homme brun aux yeux sombres mais qui possédait un regard doux et chaleureux.
« Vous vous sentez mieux ? Demanda-t-il. -Ça va un peu mieux, merci. -Vous savez, je peux comprendre ce que vous ressentez, je suis moi-même l'aîné de ma fratrie et à l'époque où j'ai su que j'étais oméga je n'avais aucun frère et sœur … Mes parents ont eu du mal à s'y faire mais ils ont fini par l'accepter, le rassura-t-il. -Je vois mal mon père l'acceptait un jour… »
Un oméga ne peut gouverner seul, pensa-t-il. Déjà que son Père voyait d'un mauvaise œil que son héritier monte sur trône en étant béta alors maintenant… Son Père devait donc avoir un nouvel héritier ou bien lui trouvait un époux…
Arslan frissonna en y pensant, maintenant toute sa vie était chamboulé, tout ce à quoi il s'était préparé, tout ce qu'il attendait venait d'être réduit en cendres. Il avait toujours pensé qu'il épouserait une belle princesse d'un pays voisin ou bien une jeune fille de la haute-noblesse Parse. Voilà qu'il allait devoir épouser un homme ... Les chances qu'il épouse un prince étranger était nul, trop de risques que Parse de retrouve sous l'emprise d'un autre pays. Il y avait de grande chance pour qu'il se marie avec un marzbâhn. Toutes ses réflexions l'effrayées de plus en plus, et sa rencontre avec son père devenait de plus en plus horrible à imaginer.
Arihas observait en silence l'air sombre du prince, lui aussi était passé par là pourtant il avait eu des parents aimants, il n'osait imaginer dans quel état d'angoisse se trouvait le prince. Tout le monde savait que le roi se montrait dur ou bien totalement indifférent avec le prince. Et si seulement le roi n'était que son seul souci, son rang aussi ajoutait une pression sociale supplémentaire. Lorsqu'une famille noble a un fils alpha, on dit que cela va de soi, quand c'est une fille on s'en félicite, c'est tellement rare. Quand ils sont béta on se dit que ce n'est pas grave car cela aurait pu être pire… Une fille oméga c'est acceptable, ça ne change pas beaucoup son sort, mais un fils… C'est une déchéance totale surtout pour un aîné, du moins en Parse. Certain pays accepte très bien les omégas, voir même les vénères presque comme des dieux. Mais pas en Parse.
Ce pauvre prince ne sera pas épargner, il va vivre constamment entourer d'alpha. Malheureusement Arihas va devoir le préparer à ce qu'il attend dehors, et il a peu de temps pour cela car le roi a déjà prévu une annonce officielle d'ici trois jours. Il n'aura pas le temps de s'habituer ou même d'y aller progressivement.
« Dîtes moi, tout à l'heure Maître Vahriz a dit que vous aviez des doutes concernant mon genre qu'est-ce qui l'a confirmé ? Demanda le prince d'une petite voix. -Eh bien, vous avez dit sentir un parfum étrange, n'est-ce pas ? Le prince acquiesça. Il s'agit en réalité de phéromones émises soit par un alpha, soit par un oméga. Les alphas en libèrent continuellement, les quantités varient selon leur état psychique. Contrairement aux omégas qui en libèrent sutout lors des périodes de chaleurs, expliqua Arihas. -Donc ça venait de Vahriz ? -Exactement, sourit-il. - Ce n'était pas vraiment agréable… C'était assez oppressant, bredouilla le prince. -Hum… C'est assez embêtant que cela vous touche autant, alors qu'il était à un niveau plutôt … bas, le regard du prince s'assombrit. -C'est embêtant, c'est ça ? -En soit, c'est plutôt normale… Arihas hésita, votre père souhaitait faire une annonce officielle et donc en votre présence, seulement la cour est essentiellement composée d'alphas… »
Arihas préféra être honnête avec le prince, car lui-même était très inquiet pour la santé de ce dernier. Se retrouver ainsi au milieu de la cour alors qu'il n'avait même pas eu le temps de s'habituer, ni même de se confronter à un alpha, alors une centaine… Il sentait venir la catastrophe. Le visage du prince se décomposa. Arihas se reprit immédiatement, il était là pour rassurer le prince et non pour le décourager. Il était là pour l'accompagner durant ces prochaines années qui allaient être éprouvantes pour le prince Arslan : la puberté d'un oméga n'est pas facile à vivre. Il risquait de passer plus temps allongé dans son lit qu'à suivre des bals à la cours.
« Votre Altesse vous devriez vous reposez un peu, cela vous fera du bien, sourit-il gentiment. -Vous avez certainement rai- Le prince fut coupé par l'arrivée d'un serviteur. -Veuillez m'excuser de vous déranger à une heure si tardive votre Altesse mais Sa Majesté le roi souhaite vous parlez, il vous attend dans la salle conseil »
Le messager partit avant que Arihas n'eut le temps de protester. Le prince obéit par reflexe ou bien résignation, Arihas ne sut le dire. Arslan se releva difficilement, Arihas l'aida à se lever, il hésita un instant à lui dire qu'il n'était pas obligé mais se rendit compte que c'était inutile. Parlementer avec le roi n'était pas vraiment une option. Le roi était cruel de faire ça, c'était un alpha il ne pouvait pas feindre l'ignorance. Il savait pertinemment que ce qu'il demandait à Arslan, ou plutôt de ce voulait lui faire subir. Arihas espéra juste qu'il ne croiserait pas trop de monde dans les couloirs.
Il fut étonné de trouver les couloirs déserts, cela lui donna un mauvais pressentiment. Le prince semblait être plus à l'aise maintenant, il avait meilleur mine. Arslan se sentait bien mieux maintenant, marché lui faisait un bien fou cela lui rappelait ses ballades dans les jardins. Il se demanda si Arihas accepterait de l'y accompagner un jour.
Lorsqu'ils arrivèrent devant la porte, Arslan commença à se sentir de nouveaux mal. Arihas se rapprocha légèrement de lui, sa présence fut efficace pour le rassurer, mais pas assez pour dissiper le mal. Arihas sentit ses doutes se confirmer. Il y avait plusieurs alphas derrière la porte. Le roi avait « convié » plusieurs personnes, Arihas put reconnaître au moins Messire Vahriz. Les portes s'ouvrirent, devant eux se dresser le roi sur son trône accompagné par la reine. Le prince avança et se présenta au roi en s'inclinant humblement. Arihas resta en retrait observant avec attention. Il vit que Vahriz était accompagné de son neveu, ainsi que deux autres marzbâhns Sahm et Garshâq. Il vit Arslan pâlir mais il resta digne malgré tout.
Daryûn se demandait pourquoi le roi l'avait convoqué, Sahm et Garshâq semblaient aussi perplexes que lui. Seul son oncle semblait être au courant de ce qu'il se passait, mais sa mine sombre ne présageait rien de bon. Le roi ne prit la parole que pour envoyer faire chercher le prince. Un silence pesant s'installa jusqu'à l'arrivée de celui-ci. Il ne semblait pas dans son assiette, apparemment il ne s'était pas encore remis de son malaise de ce matin. Daryûn avait cherché à savoir ce qui c'était passé mais personne ne connaissait la réponse et son oncle ignorait totalement sa question.
Il remarqua alors qu'un homme brun accompagné le prince. Il se demanda qui était cette personne, et pourquoi il se trouvait aux côtés du prince. Ses deux autres confrères semblèrent choqués mais surtout ils comprirent ce qu'il se passait. Daryûn n'arrivait pas à saisir ce qui leurs arrivaient, mais quand le prince s'avança il comprit que quelque chose n'allait pas. Il y avait quelque chose de différent chez le prince mais il n'arrivait pas savoir quoi. Il avait une drôle de sensation, c'était… Bizarre. Il laissa ça de côté et s'inquiéta plutôt pour l'état du prince, il blêmissait a vu d'œil.
Il commença à s'inquiéter sérieusement pour le prince, mais ni le roi ni la reine ne semblèrent sans soucier. Le prince s'agenouilla face à ses parents et attendit qu'ils prennent la parole. Le roi grogna avant de prendre la parole :
« Vahriz est venu me confirmer la nouvelle… Malheureusement je n'ai que toi comme héritier, alors tu continueras tes entraînements comme avant avec Vahriz… -Bien Père, murmura Arslan, sa vision commençait à se troubler. -Tu auras même quelques heures en plus pour compenser, tu n'auras plus le temps de t'ennuyais maintenant, dit-il en le regardant avec dédain. Je ne veux aucune excuse, tu ne dois pas rater ces entraînements pour des raisons futiles. Evite de me faire honte de nouveau, déjà rien que le fait que tu sois oméga est amplement suffisant… »
Arslan lu facilement entre les lignes : le simple fait que tu sois là est honteux. Il fit semblant de rien et acquiesça simplement. Il se sentait réellement mal et comme écrasé par un poids, son corps devenait de plus en plus lourd. L'angoisse le rongeait de l'intérieur et il n'arrivait pas à se calmer. Il ne se sentait pas en sécurité.
De son côté Arihas était furieux « des raisons futiles », des raisons futiles ? Comment pouvait-il dire des choses pareilles ? Savait-il au moins ce qu'était la puberté d'un oméga ? Lui, il le savait très bien ! Passait des journées allongés, parce qu'on incapable de tenir debout tellement on a mal ! Devoir apprendre à se contrôler face à un alpha, pour ne pas fuir en courant. Sans parler des premières chaleurs… Alors suivre des entraînements de bourrin à longueur de journée, cela va être compliqué ! Sans parler de toute cette mise en scène juste pour dire cela. Uniquement dans le but de montrer la merveilleuse supériorité des alphas au prince, lui rappeler que lui n'est qu'un vulgaire oméga bon qu'à se soumettre et à obéir. Qu'ils ne leur arrivent pas à la cheville… Arihas avait du mal à se contrôler, c'était injuste. Et surtout le prince ne se rendait pas compte de ce qu'il se passait. Son précepteur lui avait toujours dit que la première rencontre avec un alpha pouvait être particulièrement décisive et influençait la vie entière d'un oméga. Et là ça commençait vraiment mal.
« Oméga » ce mot eut du mal à faire son chemin jusqu'au cerveau de Daryûn. Il fut le seul à tomber des nus, son oncle devait être au courant. Et Sahm et Garshâq semblaient qu'à moitié surpris. Alors le prince était oméga, Daryûn comprit pourquoi il avait trouvé le prince si différent. Mais il ne comprenait pas pourquoi le roi les avait appelés, son oncle d'accord il était concerné, mais eux pas vraiment… Un mouvement attira son attention, l'homme qui accompagné le prince semblait agacé et lutté difficilement pour garder son calme. Daryûn était curieux de savoir qui était personne. Son comportement l'intriguait. Après tout peut-être que lui aussi était oméga. Il se demanda comment cela se faisait qu'il ne puisse pas le « sentir », lui était un alpha et il pouvait reconnaitre les autres alphas. Alors si les alphas et omégas sont censés être fait pour vivre ensemble, pourquoi il ne pouvait les distinguer ? Jusqu'à maintenant il n'avait jamais vu ni rencontré d'oméga, alors il ne s'était jamais posé de questions. Peut-être devrait-il en parler à son oncle dès qu'il en aurait l'occasion.
Il était habitué à ne vivre qu'avec des alphas, d'ailleurs la plus grande partie des marzbâhns étaient des alphas et le roi aussi. Il y avait souvent des frictions à cause de ça, certains avaient le sang chaud… Soudain ça le frappa, le prince : comment allait-il faire ? S'il devait les diriger, ne serait-ce qu'un minimum, comment ferait-il pour se faire obéir ? Les omégas sont connus pour… Pour être soumis. Avait-on seulement déjà eu un roi oméga ? Daryûn se posait beaucoup de questions, mais la raison de sa présence restait une préoccupation : peut-être qu'on allait lui demandait d'assurer la protection du prince, après tout il en aurait très certainement besoin. Jusqu'à ce que… Une petite minute, le prince allait épouser un alpha? Pensa le cavalier. Cela voulait donc dire qu'il allait épouser un homme. Ses réflexions s'arrêtèrent brutalement, le roi mit fin à la réunion et les congédia. Seulement le prince ne bougea pas d'un millimètre. Figé. Le roi répéta, mais le prince ne bougea toujours pas. Daryûn remarqua la pâleur inquiétante du prince. Il eut l'étrange impression que derrière son visage stoïque, le roi jubiler et apprécier la situation.
Arslan entendit que son père lui ordonnait de se retirer, mais son corps ressentait le contraire : il devait restait là. Il était littéralement figé sur place, écrasé par une force qui lui était jusque-là inconnu. La présence de son père était omniprésente et le dominait totalement. Le froid lui mordait la peau et prenait possession de son corps comme si un serpent s'enroulait lentement autour de lui. Le roi réitéra sa demande mais il ne pouvait toujours pas bouger. Il luttait contre lui-même pour se levait et partir.
Il arriva tant bien que mal à poser une main devant lui, pour s'en aider et se redresser. Ses jambes tremblaient, il se concentra pour tenir en équilibre. Il pouvait sentir des regards posés sur lui. Arslan essaya de lever les yeux vers ses parents afin de les saluer, mais en croisant le regard de son père il paniqua aussitôt : il avait peur.
Il ne se sentait pas bien. Il avait mal au ventre, mal au cœur. Sa respiration devenait saccadée. Une bête semblait s'être logée dans son ventre pour lui dévorait l'estomac. Il se sentait déchiré de l'intérieure. Le regard que lui lançait son père le suivait, c'était effrayant. Il avait envie d'hurler, de pleurer, de partir en courant. Il se sentait vraiment mal. Il ne souvint pas très bien de ce qu'il se passa ensuite, mais il entendit Arihas accourir vers lui pour le soutenir. Il marmonna quelque chose qu'il ne comprit pas. Il ne reprit conscience de ce qui lui arrivait que lorsqu'il fut dans le couloir.
« Votre Altesse, encore un petit effort… »
Arihas le lui répéta sur tout le chemin qui mener à ses appartements. Un fois dans sa chambre il eut l'impression de revivre. Ce n'est que là qu'il se rendit compte qu'il pleurait, une vague de sanglot le secoua à nouveaux. Arihas le prit dans ses bras, tentant de le rassurer et de le calmer sans grand succès.
Un jardin pour deux
Chapitre 2 Premiers pas
Arihas n'en revenait pas de ce qu'il s'était passé. Le prince commençait à peine à s'endormir totalement épuiser de ce qui lui était arrivé. Il n'avait pas encore développé ses sens d'oméga, le pauvre ne pouvait donc pas comprendre ce qui se passait. Le roi s'en était donné à cœur joie pour effrayer le prince, en laissant malencontreusement s'échapper un peu trop de ses phéromones. Un malheureux accident, évidemment. Arihas se retenait de pester contre le roi, il ne voulait pas réveiller le prince.
Il recouvrit le corps frêle du jeune homme avec une couverture et s'apprêta à s'assoir dans un siège à côté du lit. Il s'arrêta dans son geste quand il sentit la présence de Messire Vahriz, il l'entendit parler avec un des gardes. Il se déplaça sans bruit jusqu'à la porte et l'entre-ouvrit pour se faufiler à l'extérieure de la chambre. Il tomba nez-à-nez avec Vahriz, qui ne fut pas vraiment surprit de le voir. Arihas remarqua que son neveu l'accompagnait mais restait en retrait malgré l'air inquiet affiché sur son visage. Il préféra l'ignorer ce n'était pas sa priorité.
« Vous saviez ce qui allait se passer, l'accusa Arihas, n'est-ce pas ? -Je ne pensais pas que cela prendrait une telle ampleur, déclara Vahriz. -… Arihas bouillonnait de rage. J'espère que vous allait rattraper ce carnage. -Je ferais de mon mieux en tout cas, promit-il. -J'espère… Car maintenant ça ne va pas être facile pour rattraper ça… -Comment va-t-il ? S'inquiéta le neveu qui était resté calme jusque-là. -Daryûn, le réprimanda son oncle. -Au moins il y en a un qui s'inquiète, soupira Arihas, pour être honnête : il ne va pas bien. Je vais rester là cette nuit pour le surveiller et être là pour le rassurer à son réveil… Je crois qu'il en aura besoin, il s'adoucit, pensez-vous que vous pourriez limiter l'accès des alphas à ce couloir ? Demanda-t-il. -Je ferais mon possible, dit-il. »
Ils se saluèrent et Arihas rentra dans la chambre. Il s'installa dans le siège comme il s'apprêtait à le faire avant l'arrivée de Vahriz. Il observa le prince dormir, il affichait une mine calme. Depuis qu'il avait rencontré le prince c'était la première fois qu'il le voyait si apaisé.
Daryûn suivit son oncle dans les couloirs il donna ses ordres suite à la demande de l'homme. Un sacré personnage d'ailleurs ! Il n'avait jamais entendu quelqu'un faire des reproches à son oncle, hormis le roi peut-être. Il le suivit silencieusement et attendit qu'il soit seul pour poser la question qui lui brûlait les lèvres :
« Mon oncle qui est cet homme ? Je veux dire, celui avec le prince. - Tu parles d'Arihas ? C'était l'époux de feu Messire Kahzac… Il a un sacré caractère, n'est-ce pas ? - Mais Messire Kahzac dirigeait des terres au nord dans le Daylam, non ? Comment Messire Arihas a pu arriver si rapidement ? - Je les fais demander il y a quelques jours déjà, suite aux doutes du prince et puis je craignais aussi que cela se révèle vrai. Alors je préférais avoir quelqu'un pour prendre les choses en main au cas où, déclara-t-il. - Vous voulez dire que c'est un oméga lui aussi ? - Bien sûr, sinon il n'aurait pas l'autorisation de rester avec le prince, à ce sujet d'ailleurs… Dorénavant tu devras limiter les contacts avec le prince, est-ce clair ? -Oui, mon oncle ! Promit Daryûn. J'aurais une autre question… C'est au sujet de ce qu'il s'est passé tout à l'heure … Qu'est-il arrivé au prince ? Qu'a voulu dire Messire Arihas ? Son oncle s'assombrit. -Eh bien… commença-t-il mal-à-l'aise, Sa Majesté souhaitait « tester » la résistance du prince face à la présence d'alphas, c'est pour cela qu'il nous avait tous convoqués… Il a cherché à le confronter à quoi il devrait faire face dans le futur… Seulement il… Il sembla chercher ses mots, il a poussé un peu loin… »
Son oncle se tut, et se mura dans le silence. Daryûn aurait bien aimé poser d'autres questions. Il avait l'impression de découvrir un autre monde. Pour lui être alpha se limitait à posséder une force « supérieure » à la moyenne, il n'avait jamais pensé qu'il pouvait dominer les autres sous ce prétexte. Ou plutôt il préférait fermer les yeux sur ces facultés enfouies, il remarquait bien du coin de l'œil que certains en profitaient pour pousser des dames dans leurs lits ou bien se faire obéir. Il n'en avait jamais parlé avec son oncle, ce n'était pas vraiment le genre de chose qu'on abordait, surtout qu'il n'en avait jamais vu d'utilité. Cependant cet oméga l'avait troublé, il était l'opposé même des descriptions qu'on lui avait fait des omégas. Il se demanda si le prince pourrait devenir aussi indépendant que lui. Son oncle aussi devait l'espérer pour qu'il l'ait choisi lui, plutôt qu'un autre oméga plus … Conventionnel. Dans tous les cas, il semblait que le prince soit tombé entre de bonne main.
Le réveil fut difficile pour Arslan, il se sentait nauséeux et tout engourdi. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il eut la surprise de voir qu'il n'était pas seul. Arihas dormait paisiblement enroulé dans une couverture sur un fauteuil à côté de son lit. Arslan le fixa sans s'en rendre compte se demandant pourquoi il était là. C'était un sentiment plutôt réconfortant de voir qu'il l'avait veillé toute la nuit. Il ne souvenait pas que quelqu'un ait déjà fait ça pour lui. Il le vit soupirer et commencer à s'agiter. Le prince fut amuser en regardant Arihas grognait avant de s'étirer puis de frissonner. Il ouvrit les yeux difficilement, le prince put voir la surprise s'inscrire sur le visage d'Arihas. Il voulut parler mais ce fut un lamentable échec. Son corps lui parut bien lourd tout à coup. Arihas le regarda avec bienveillance et se leva :
« Reposez-vous votre Altesse, vous devez être épuisé après ce qui est arrivé hier. Si vous voulez je peux demander à vous faire apporter un petit-déjeuner, sourit-il, vous aurez besoin de faire le plein d'énergie. -Est-ce que vous pouvez rester encore un peu ? Murmura difficilement le prince. -Bien sûr ! Ne vous inquiétez pas. »
Le brun passa sa main sur le front du prince pour prendre sa température. Il fut tout de suite alarmé : il était brûlant. Le prince quant à lui apprécia ce contact qui lui fit le plus grand bien mais ce fut de courte durer. Il vit Arihas s'éloigner et aller à la porte, il crut un instant que celui-ci partait, il eut un pincement au cœur mais il s'y résigna à regret. Il sentit de nouveau une main lui caressait le front, il crût rêver pourtant il aperçut le visage d'Arihas avant de fermer les yeux pour de bon.
Lorsqu'il se réveilla la seconde fois, il constata qu'il était seul. Il se sentait encore un peu engourdi mais il était mieux malgré tout. Il se redressa lentement dans son lit et s'acclimata doucement à la lumière du jour. Il devait avoir beaucoup dormi à en juger par où se trouver le soleil. La porte s'ouvrit brutalement ce qui fit sursauter le prince. Il ne put cacher sa surprise lorsqu'il vit que c'était Arihas qui revenait chargé de trois plats bien remplie.
« Vous voilà réveillez tant mieux, sourit-il, je suis parti vous cherchez de quoi manger, j'espère que vous avez faim.»
Il posa les plats sur une petite table ronde avant d'aider le prince à se lever. Il l'installa confortablement sur une chaise avant de le couvrir avec une étole. Il lui avait amené du pain frais de ce matin, un des plats était entièrement rempli de fruits très varié aux couleurs chatoyantes, un bol de thé et bien d'autre chose encore. Il lui conseilla de manger des fruits sucrés pour éviter qu'il ne refasse de malaise. Après ça il l'aida se laver et se changer. Arslan fut plutôt gêné car il était habitué à ce que ce soit toujours les mêmes serviteurs qui accomplissent ces tâches. Mais le bien qu'il éprouva après compensa, il se sentait propre et frais, cela lui donna une énergie nouvelle.
Les autres jours furent tous aussi laborieux, et heureusement que le prince ne fut pas convoqué pour l'annonce officielle. Seulement, au bout d'une semaine la patience du roi s'envola. Il exigea qu'Arslan reprenne ses entraînements avec Vahriz.
L'aile du palais était quasiment déserte à cette heure-ci, Arihas remercia intérieurement Vahriz qui avait réussi à limiter l'accès de l'aile. Le prince avançait calmement près de lui, il avait marqué une hésitation avant de sortir de sa chambre mais une fois le seuil passé, il semblait avoir retrouvé son assurance. Il l'accompagna jusqu'à la cour où Vahriz les attendait, il s'inclina face au prince et le laissa s'approcher. Le prince s'avança doucement vers Vahriz, il fut vite soulager de sentir que sa présence ne l'affecte pas. Arihas fit un léger signe à Vahriz qui commença alors l'entraînement.
Arslan fut particulièrement joyeux durant l'entraînement. Il avait craint que ça ne recommence mais tout ce passa bien. Enfin comme d'habitude plutôt, son professeur le désarmait toujours avec autant d'aisance. Il tomba à plusieurs reprises, mais se releva à chaque fois avec plus d'entrain. Il était heureux. Il avait l'impression que ce qui était arrivé n'était qu'un mauvais rêve, il en oublierait presque qu'il était un oméga. À cet instant, tout lui paraissait comme avant, comme si rien n'était arrivé. La seule chose qui le ramenait à la réalité c'était ces étranges odeurs qu'il percevait et la présence d'Arihas. Celui-ci l'observait avec attention. Le prince se débrouillait bien pour son premier entraînement, il ne semblait pas gêné. La présence de Vahriz y était pour beaucoup. Elle était rassurante et protectrice presque comme la présence d'un père et cela aidé beaucoup.
Le prince tomba une nouvelle fois, il se leva et s'apprêtait à recommencer mais Vahriz le stoppa. C'était suffisant pour aujourd'hui. Arihas raccompagna le prince jusqu'à sa chambre, il vérifia que celui-ci aille bien avant de s'absentait quelques instants. Il revint avec un des professeurs du prince. Il sentit de la surprise dans le regard du prince mais elle disparut aussi vite qu'elle était arrivé et il entama ses cours habituels.
Quelques semaines s'écoulèrent ainsi, sans incident notable. Après les choses sérieuses commencèrent. Le prince commença à avoir des courbatures mais il ne s'en inquiéta pas particulièrement, et ne pensa pas à en parler à Arihas. Il pensa simplement que c'était dû à ses entraînements. Seulement il finit par ne plus pouvoir les suivre correctement. Arihas se mit à lui préparer de drôles d'infusions au goût étrange mais qui avaient le mérite d'être efficaces. Rapidement ce ne fut plus assez efficace et un matin il se retrouva cloué au lit sans pouvoir faire le moindre mouvement.
Tout son corps était douloureux, il avait même dû mal à respirer. Il brûlait de l'intérieur, il pouvait sentir chacun de ses muscles et même certain dont il ignorerait l'existence. Arihas annula tous ses cours de la journée et resta à ses côtés. Arslan lui demanda :
« Que m'arrive-t-il ? -Votre Altesse commence à ressentir les changements dus à la puberté … Ces modifications sont particulièrement éprouvantes pour les garçons omégas et les filles alphas car le corps subît des changements conséquents en peu de temps. Généralement cela durent entre deux et trois ans entre la découverte du genre et la première chaleur. -Mais je ne vais pas rester dans cet état, non ? -Eh bien… Cela dépend de beaucoup de chose mais c'est sûr que vous ne pourrait pas suivre tous vos entraînements. -Mais mon Père a dit que je devais suivre tous mes entraînements, souffla-t-il. -Je vais en parler avec Messire Vahriz pour organiser vos entraînements autrement, ne vous en faîte pas, le rassura-t-il. »
Arihas prit les choses en mains. Il parla avec Vahriz ainsi qu'aux professeurs du prince. Il réorganisa tout son programme : des entraînements fragmentés et plus courts, ses cours répartis différemment, il apporta aussi quelque chose de nouveau : des cours théorique de combat et de stratégie. Dans la journée il réorganisa tout l'emploi du temps du prince. Daryûn le croisa de nombreuses fois dans les couloirs, seul ou en compagnie de son oncle. Tous ces va-et-vient l'interpellèrent mais comme ils ne semblaient pas paniqués alors il ne s'inquiéta pas. Son oncle remarqua son air perplexe et lui expliqua la situation. Arihas semblait plaire à son oncle, ce n'est pas tous les jours qu'on croise des gens qui viennent perturber la vie bien rangée de la cours. Arihas prenait sa tâche à cœur, il faisait son possible pour améliorer la vie du prince et prendre soin de lui, un peu comme un parent. Vahriz était fier d'avoir fait le bon choix.
Le lendemain la nouvelle organisation fut mis en place. Arslan avait toujours du mal à bouger, son bassin le faisait atrocement souffrir. Il eut dû mal à trouver une position confortable. Il réussit malgré tout à suivre ses cours, ensuite vint l'heure de l'entraînement avec Vahriz. Il redoutait un peu cet entraînement mais il ferait de son mieux pour ne pas décevoir son maître d'armes.
Rester debout en équilibre n'était pas vraiment douloureux mais très désagréable. L'entraînement commença comme d'habitude mais les attaques semblaient moins fortes et plus ciblées. Le prince n'avait pas besoin de beaucoup bouger pour les éviter ou les parer. Il s'en étonna d'ailleurs mais ce qui le perturba le plus était l'aura de son maître, elle semblait plus pesante, plus agressive. Au bout d'une vingtaine de minutes l'entraînement s'arrêta. Arslan regarda son maître surpris par la brièveté du combat.
« Cela sera suffisant pour aujourd'hui je pense. Vous vous êtes bien débrouillez Votre Altesse pour ce premier échange. -Vous trouvez ? Pourtant je n'ai pas fait mieux que d'habitude, dit le prince. -N'avez-vous pas remarqué quelque chose de différent dans cet entraînement ? Demanda Vahriz. -Non pas vraiment… Vous sembliez un peu plus agressif dans votre manière d'être, c'est tout. -C'est bien alors si cela ne vous a pas trop perturbé. Arihas et moi pensons qu'il est préférable de vous acclimatait à la présence d'alpha en vous y habituant progressivement dans des situations « stressantes ». -Oui dorénavant vos entraînements seront coupés en deux avec une pause au milieu : un au combat à l'épée et l'autre pour faire face à un alpha, expliqua Arihas. -Qu'entendez-vous par-là ? Questionna le prince. -Vous allez voir, mais ne vous inquiétez pas si vous souhaitez arrêter, on arrête immédiatement, d'accord ? »
Ce n'était pas vraiment rassurant mais le prince leur faisait confiance. Il pût s'assoir et faire une pause pour reprendre son souffle. L'entraînement n'avait pas été particulièrement difficile pourtant il était déjà fatigué. Arihas avait bien évalué le temps qu'il fallait pour les entraînements. Quand la pause fut finie, Vahriz l'invita à s'assoir en face de lui. Arihas vint s'assoir à côté de lui, c'est alors qu'il lui expliqua :
« C'est assez simple, vous allez rester en face l'un de l'autre en vous fixant. Messire Vahriz augmentera peu à peu son taux de phéromones, on arrêtera avant que vous ne vous sentiez mal évidemment, le rassura-t-il. Le but est de vous préparer à vos futures confrontations avec des alphas. »
Arslan s'exécuta, il regarda Vahriz qui affichait toujours un visage calme et plutôt rassurant malgré tout. Il sentit peu à peu ses sens s'éveillaient, mais resta tranquille. Il pouvait sentir que Arihas l'épiait près à stopper au moindre signes de faiblesse. Le prince sentit de plus en plus l'aura de Vahriz qui devenait plus présente, mais cela restait supportable. Arihas prit la parole.
« Là c'est un niveau de phéromone basique, il vaut mieux s'en contenter pour le moment. »
Arslan continua à fixer Vahriz encore un moment, mais un éclair plus dur passa au travers du regard de celui-ci. Il céda aussitôt et baissa les yeux. Cet échange l'avait plus épuisé que l'entraînement d'avant. Arihas le félicita malgré tout, pour un début c'était bien. Quand il était jeune, il n'avait pas fait mieux. Cela fit plaisir à Arslan d'entendre ses paroles encourageantes mais il remarqua surtout l'air inquiet et penseur de Vahriz.
Quelques heures après, les répercussions de ses entraînements tombèrent. Il avait mal partout, tout son corps était lourd et douloureux. Il aurait aimé sortir dans les jardins pour respirer un peu, mais son état ne lui permettait pas. Il avait la gorge nouée, il se sentait mal, il avait juste envie de se mettre à pleurer, que tout s'arrête et redevienne comme avant. Arihas n'était pas là pour le calmer, il était parti chercher des plantes médicinales pour préparer ses infusions.
Il n'espérait qu'une chose : qu'il rentre vite. Qu'il le rassure, qu'il lui caresse les cheveux comme il faisait si souvent depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Il se rendit compte à quel point il s'était attaché à lui en si peu de temps, à quel point il lui était indispensable. Il se référait toujours à lui pour agir lorsqu'il était dehors : il était devenu son modèle. Il espérait secrètement un jour avoir autant d'assurance face aux autres. Cette pensée le fit céder, il craqua. Il n'en pouvait plus de cette pression qui l'écraser, du fait d'être un oméga, d'avoir l'impression que quoi qu'il fasse il ne faisait que décevoir ceux qui l'entouraient. Il n'avait pas la force de caractère d'Arihas, il n'avait pas l'habilité aux combats qu'un prince digne de ce nom se devait d'avoir. Il avait peur de ne pas être à la hauteur. Il avait peur tout court. Il essayait malgré tout d'être fort, de résister, d'apprendre et de faire des efforts mais rien ne semblait y faire.
La porte s'ouvrit, en entrant Arihas faillit laisser tomber les sachets qu'il tenait en voyant le prince recroquevillé et sanglotant. Il posa rapidement les sachets sur la table et se jeta au côté du prince. Il se mit à lui caresser les cheveux doucement, le prince tenta de bouger pour se rapprocher de son bienfaiteur. Arihas l'aida et l'accueillit dans ses bras chaleureusement. Le prince pleura longuement, il en avait les yeux rougi et complètement bouffi. Lorsqu'il fut complètement vider, il se sentit bien mieux.
« Ne vous en faîtes pas Altesse, c'est normale ce sont les hormones : votre corps subit beaucoup de changement, murmura-t-il. »
La fatigue s'abattit sur le prince qui finit par s'endormir totalement épuisé.
Le lendemain matin Arslan se sentait un peu mieux mais restait malgré tout prisonnier de ses démons. Ses pensées de la veille ne le quittaient pas, il tenta de les cacher mais Arihas n'était pas dupe. Il profita d'un temps de pause entre deux cours pour amener le prince dehors. Arslan se demanda où il pouvait bien l'emmener, il fut surpris quand il reconnut le chemin qui menait aux jardins.
« Il m'a semblait que vous souhaitiez y aller hier, sourit-il. Il y aura peu de monde à cette heure-ci et vous avez un peu de temps libre alors c'est idéal pour sortir prendre l'air. - Arihas jusqu'à maintenant je n'ai jamais eu le temps de vous remercier pour tout ce que vous faîtes pour moi… Alors merci, merci de prendre sur votre temps pour vous occuper de moi, déclara-t-il. -Vous n'avez pas à me remercier, vous savez… C'est mon travail. Je suis aussi passé par là, je sais que… Ce n'est pas facile ni évident à vivre alors je fais mon possible pour vous aider et puis cela me permet de m'occuper l'esprit, sourit-il tristement. Ces jardins sont vraiment magnifiques, se reprit-il. -C'est vrai, j'ai toujours aimé y aller depuis que je suis petit. Le bruit de l'eau est toujours calme et apaisant, et puis lorsque les roses fleurissent c'est tout simplement un régal pour les yeux. Les couleurs vives sont splendides et les parfums qui s'en dégagent sont incroyables, s'émerveilla-t-il. -Vous semblez vraiment aimer ses jardins, ria le brun. -Oui, rougit-il. »
Ils continuèrent à bavarder tranquillement en avançant dans les jardins. Arihas comprit la passion du prince pour ses jardins. Ils étaient aménagés autour d'une grande allée, traversée par un ruisseau artificiel enjambé régulièrement par des chemins en pierres blanches. L'allée, elle était constituée de pierres beiges et lissés par les années. De nombreux chemins traversaient perpendiculairement l'allée principale, formant ainsi divers parterres rectangulaires couvert de fleurs, d'arbustes et d'arbres de toutes espèces. Dans certain de ces bloques s'élevaient de petites mais majestueuses fontaines. Ils continuèrent à avancer le long de l'allée. Arihas fut ravi de voir le prince sourire, cette sortie lui faisait le plus grand bien. Elle semblait lui avoir remonté le moral.
L'entraînement de l'après-midi fut difficile, mais le prince tînt bon jusqu'à la fin. Vahriz ne pouvez que reconnaître les efforts du prince, il tentait de parer toutes les attaques et de contre-attaquer mais ses attaques manquaient encore de force. Elle viendrait très certainement avec l'âge, mais sa faible constitution et sa condition risquait de rendre cela difficile. Le prince devra faire beaucoup d'effort pour arriver au niveau de combat d'un béta, ce niveau-là au moins serait satisfaisant pour un prince. Et le roi veillait à ce que ça arrive, car il ne tolèrerait pas un niveau inférieur. Vahriz dû se résignait à annoncer la nouvelle au prince, il attendit la fin des entraînements pour cela :
« Votre Altesse, Sa Majesté souhaite que vous ayez aussi des entraînements au maniement des armes le matin, déclara-t-il. -Je vois, dit simplement le prince. -Comment ? S'exclama Arihas. -Le roi avait déjà annoncé qu'il souhaitait que Son Altesse suive des entraînements en plus. -Vous voulez dire tous les matins ? Je ne suis pas sûr que Son Altesse puisse tous les suivre, il commence à peine à ressentir les changements de son corps et ça ne va pas s'améliorer ! -Messire Arihas, sachez que le roi n'apprécie déjà pas la nouvelle organisation des entraînements… Cela m'étonnerait qu'il accepte de revenir sur sa décision. Mais j'imagine que nous pouvons conserver la même méthode que les entraînements de l'après-midi, ils seront même plus court le matin. -D'accord, acquiesça Arslan. »
Arslan était décidé, il ne se laisserait plus aller comme il l'avait fait. Il ferait ce qu'il avait à faire et ne décevrait pas ceux qui comptaient sur lui. Même si cela devait passer par des entraînements à rallonges. Il y arriverait. Il leurs prouverait qu'on peut compter sur lui.
Arihas n'ajouta rien, mais n'en pensait pas moins : cela allait être difficile. Cependant le prince semblait résolu et déterminé, alors il n'ajouta rien. La seule chose qu'il pouvait faire c'était l'aider, faire de son mieux pour que le prince s'en sorte et tienne le coup. Puisque c'était ce qu'il souhaitait alors il ferait de son mieux pour lui apporter les solutions. Il allait devoir faire un sacré stock de plantes médicinales.
Les jours passaient sans se ressembler. Certains avec des hauts, d'autres avec des bas. Le prince semblait mu par une détermination et une énergie nouvelle. Il s'améliorait à son rythme certes, mais il s'améliorait de jour en jour, même Vahriz le reconnaissait. Certaines journées furent sombres et difficiles. Le prince découvrit ce qu'Arihas entendait par « ça ne va pas s'améliorer ! » et en effet il avait bien raison. Il avait l'impression d'avoir une grippe perpétuelle : fièvre, courbatures, vision troublée… Mais chaque entraînement manqué provoquait irrémédiablement une convocation et des réprimandes de son père. Bien que la présence d'alpha ne soit plus aussi angoissante qu'avant, les entrevues avec son père étaient toujours aussi redoutables et effrayantes. Alors il faisait de son mieux pour ne pas manquer ses entraînements autant par crainte de son père que pour lui-même. Pour se prouver qu'il pouvait y arriver.
Un Jardin pour deux
Chapitre 6 Chez le seigneur Narsus
Le prince se réveilla difficilement le lendemain matin dans une modeste chambre et un lit peu confortable. Il avait mal partout et son esprit était encore embrouillé. Il arrivait à peine à bouger. Il parvint tout juste à tourner la tête et remarqua un tas de couvertures à côté de son lit, il aperçut des bougies et une bassine d'eau avec des linges encore humides. Arihas avait certainement dû le veiller toute la nuit, il esquissa un léger sourire. Il entendit des pas dans le couloir puis la porte s'ouvrit doucement sur Arihas que fut surpris de le trouver réveillé.
« Comment vous sentez-vous votre Altesse ? Demanda-t-il gentiment. -J'ai l'impression d'avoir été piétiné par une horde de chevaux. -Hum, c'est sûr que vous étiez mal hier vous avez eu plusieurs montées de fièvre mais je vous ai préparé plusieurs remèdes et Elam a préparé un petit-déjeuner copieux. Vous serez rapidement sur pied, sourit-il. -Je ne suis pas sûr de pouvoir manger tout de suite, si j'arrive à me relever ce sera déjà bien… Mais quelle heure est-il ? -Il doit être six heures, le jour commence à se lever, déclara-t-il. -Hum… Il sembla perplexe. - Qu'y a-t-il, Votre Altesse ? -C'est juste que vous avez dû passer la nuit à me veiller, vous devez avoir besoin de vous reposer, non ? -Ne vous en faîtes pas pour ça ! J'ai fait plusieurs petites siestes je suis en pleine forme ! »
Arihas l'aida à se redresser pour boire plusieurs infusions puis l'aida à se rallonger. Le prince se rendormit et Arihas quitta la pièce pour préparer de nouvelles plantes. Elam le regarda revenir dans la cuisine avec ses bols vides.
« Son Altesse est réveillé ? Demanda-t-il. -Il s'est rendormi pour le moment mais il va mieux… Je pense qu'il devrait arriver à se lever tout à l'heure, sourit-il. -Il est si mal que ça… Murmura Elam pour lui-même. -Certes ce n'est pas facile tous les jours mais le prince fait de son mieux, il est du genre entêté ! Il était mal depuis un moment déjà mais il ne s'est jamais plaint ! Je crois que je déteins un peu trop sur lui, sourit-il. -Ce genre de situation arrive souvent ? Est-ce parce qu'il… - Est un oméga ? Finit Arihas. Oui je le crains mais la bataille qu'il a dû mener l'a beaucoup fatigué, je pense que ça a dû empirer son mal. Jusqu'à maintenant les montées de fièvres n'étaient pas si importantes. Elles ne durent généralement qu'une heure ou deux avant de se calmer. -Hum… Je vois, déclara Elam, vous avez l'habitude de gérer ce genre de situation. -En effet, l'ayant moi-même vécu je sais ce que c'est, il s'assombrit. Je peux peut-être vous aidez en cuisine ? -Non ne vous en faîtes pas ! »
Elam remarqua la tentative d'Arihas pour changer de sujet il préféra donc ne pas insister. Il s'occupa de préparer le repas pendant qu'Arihas s'afférait avec ses plantes et mixtures. Il en profita pour refaire du stock car le prince en aurait besoin tout au long de la journée. Il retourna dans la chambre du prince voyant qu'il dormait toujours il en profita pour faire un somme lui aussi.
Il entendit un léger bruissement. Il ouvrit immédiatement les yeux de peur que le prince ait un problème. Arihas soupira constatant qu'il s'était inquiété pour rien, le prince plissa le nez et remua légèrement. Il poussa un grognement avant d'ouvrir les yeux. Son corps lui semblait plus léger bien que toujours douloureux, il réussit à bouger sans trop de difficulté. Arihas l'aida pour se redresser et il lui fit boire à nouveau des infusions. Le goût était plus amer cette fois. Le prince essaya de se lever mais ce fut avec beaucoup de difficultés. Il repoussa gentiment l'aide d'Arihas qui avait accouru le voyant perdre l'équilibre. Il voulait se lever de lui-même. Il fit quelques pas. Son corps était encore endolori mais il arrivait garder l'équilibre et il respirait mieux, c'était déjà ça. On frappa à la porte : « le déjeuner est prêt » déclara doucement Elam. Il sursauta quand la porte s'ouvrit sur Arihas et qu'il aperçut le prince déjà debout. Il les invita alors directement à venir à table. Daryûn se leva d'un bond lorsqu'il vit le prince sur pied.
« Votre Altesse, vous sentez-vous mieux ? S'inquiéta-t-il. -Oui merci Daryûn, sourit-il. - Je suis heureux de vous voir sur vos pieds Altesse, déclara Narsus. J'espère que vous avez pu vous reposer suffisamment malgré cette modeste chambre. -Je vous remercie Messire Narsus pour votre hospitalité et votre accueil, déclara-t-il. - Daryûn m'a expliqué la raison de votre visite Altesse, mais malheureusement je ne puis vous être utile. Je me suis retiré du monde et j'ai choisi de me consacrer à la peinture ! S'enflamma-t-il. Et puis je crains que ma présence ne vous porte préjudice auprès de votre père, sa Majesté ne m'apprécie guère. -Disons que ça nous fait un point commun, dit-il tristement. Daryûn et moi ne sommes pas vraiment dans ses bonnes grâces en ce moment. »
Elam ne sut que penser de ces déclarations. Narsus avait cru comprendre que Daryûn c'était opposé au roi avant la bataille ce qui lui avait valu de perdre son rang de marzbâhn. Le cavalier avait évoqué à demi-mot la relation tendue entre le prince et le roi. Narsus s'en doutait un peu, connaissant le roi il y avait peu de chance qu'il se montre conciliant avec son seul héritier qui était un oméga. Il en avait la preuve même : il avait amené son fils sur le champ de bataille. Pas étonnant que le prince se soit effondré le soir même totalement épuisé.
Heureusement que Vahriz était un homme prévoyant et qu'il avait choisi Arihas comme précepteur. Le prince ne pouvait trouver mieux parmi les omégas de la noblesse. Il avait pu rencontrer Arihas à maintes reprises par le passé. Il a du caractère mais sait se montrer conciliant. Il se souvint des fois où il avait pu le voir s'entraîner dans des petites cours à l'écart alors qu'il venait voir le seigneur Kahzac. Son père et lui étaient de bons amis.
Il avait d'ailleurs été très surpris d'apprendre que son ami s'était marié si soudainement avec un jeune homme de presque vingt ans de moins. Lors de son retour après son mariage, son père était immédiatement parti à sa rencontre. Narsus l'avait accompagné par curiosité, pour rencontrer cet oméga qui avait à peine cinq de plus que lui. Après tout à douze ans il avait déjà entendu parler des genres mais lui n'étant pas concerné, ni même son entourage -puisqu'ils étaient tous bêtas- il avait du mal à y croire alors il avait saisi cette opportunité pour en rencontrer un en chair et en os. Il n'avait pas été déçu. Ce jeune homme brun aux yeux tout aussi sombres l'avait marqué et il avait été tellement intimidé qu'il n'avait osé lui parler.
À cette époque-là, Arihas était réellement intimidant il gardait une mine sombre et refrognée en permanence. Au fil de leurs visites ils purent constater des changements chez Arihas. Il devint de plus en plus ouvert et souriant. Son père était content de voir son ami Kahzac retrouver une seconde jeunesse, il le taquinait régulièrement à ce sujet. Au bout de quelques années leur foyer devint des plus chaleureux, Narsus s'y plaisait autant que chez lui. Cependant une seule ombre planait sur ce tableau, le jour où son père parla d'enfant. Kahzac changea de sujet immédiatement et Arihas devint blême. Son père n'en reparla plus voyant le malaise que cela avait provoqué. Et Narsus ne parla pas à son père de la dispute qu'il entendit plus tard le soir.
« Je te dis que ce n'est pas grave ! S'exclama Kahzac. -Mais si ! J'ai déjà échoué en tant qu'homme et aujourd'hui même en tant qu'oméga je ne suis capable de rien ! Je ne peux même pas te donner d'enfant, pleura-t-il. Narsus sursauta en entendant un bruit sourd. -Je t'interdis de dire des choses pareilles ! Hurla Kahzac. Tu sais bien que je ne pense pas ça, dit-il plus calmement. Et puis réfléchis un peu si tu étais stérile tu n'aurais pas de chaleurs, non ? Demanda-t-il doucement. -J'imagine… M-mais pourquoi alors je n-ne peux… Sanglota-t-il. -Car ce n'est pas de ta faute, c'est moi… »
Narsus préféra partir se sentant de trop, et puis surtout très mal-à-l'aise d'entendre une conversation aussi intime. Il n'entendit pas la fin.
« Tu sais à mon âge j'ai déjà eu plusieurs rapports avec des femmes et même quelques relations qui ont un peu plus durées, avant notre mariage bien sûr ! Précisa-t-il. Pourtant je n'ai jamais eu le moindre bâtard… Alors je pense, non je suis sûr que le problème ne vient pas de toi. Si tu dois en vouloir à quelqu'un c'est à moi pas à toi. -Mais qu'est-ce que tu racontes ? Bouda-t-il. C'est pour toi, moi je m'en fiche d'avoir des enfants ou non ! » La mauvaise foi d'Arihas amusait toujours Kahzac, au moins il ne s'en ferait plus pour ça, cela lui fit plaisir.
Daryûn le sortit de ses pensées, le ramenant au sujet qui l'intéressait à savoir s'il comptait les aider ou non. Le prince aussi tenta de le convaincre mais il ne s'offusqua pas de son refus. Au contraire même, il s'excusa de se montrer si insistant. Narsus ne put déterminer si c'était sincère ou si c'était uniquement dû à son genre mais connaissant Arihas il penchait plutôt pour la première option. Arihas ne laisserait pas son protégé se cantonner à son genre, il devait plutôt le pousser à se mettre en avant et à prendre ses propres décisions.
Ils parlèrent encore longuement de la situation actuelle, le prince était de plus en plus préoccupé. Narsus pouvait lui reconnaître cette qualité il s'inquiétait réellement pour son peuple et ses hommes, comparé à de nombreux nobles qui ne les voyaient que comme de la main d'œuvre. La journée passa à une vitesse folle, en fin d'après-midi le prince tomba de fatigue et surtout ses douleurs étaient revenues. Arihas et Narsus s'en rendirent compte, Narsus l'invita à retourner se coucher. Arslan voulut décliner par politesse mais Narsus insista, le prince finit par céder. Arihas l'accompagna et l'aida se coucher. Le prince s'endormit immédiatement après une énième potion qui avait un goût horriblement amer. Narsus en profita pour discuter encore un peu avec Daryûn au sujet du prince :
« Toi qui le connaît bien, de quelle trempe est le prince Arslan ? - Comme tu l'as vu il s'inquiète du sort des soldats laissés là-bas et la trahison de Kahllahn lui inspire plus de tristesse que de colère. C'est une bonne personne… Mais sa sensibilité m'inquiète, enfin j'imagine que c'est peut-être normal… Mon oncle l'êrhan Vahriz semble penser de même ! Il m'a fait jurer fidélité à son Altesse, expliqua-t-il. -Maître Vahriz a dit ça ? -Le ton qu'il a employé ne m'inspire rien de bon. Sa Majesté le roi traite son fils avec mépris et la reine semble vouloir prendre ses distances avec le prince je ne comprends pas… -Même la reine ? Pour le roi je crois comprendre, connaissant son orgueil ça a dû le piquer que son fils ne soit pas comme lui. Peut-être en veut-il à la reine de ne lui avoir donné que le prince comme héritier ? -Pourtant il se montre bien indulgent avec elle, répondit-il. -Hum… C'est étrange en effet, dit Narsus pensif. Tu m'as dit hier que le roi avait annoncé les fiançailles du prince… Peut-être que Vahriz veut que quelqu'un soit là pour protéger le prince au cas où le prétendent se montre violent ou profite du prince ? Avec le roi on peut s'attendre au pire ! -… Daryûn se renfrogna. -Qu'y a-t-il ? Tu sais quelque chose que tu ne m'as pas dit, je le vois sur ton visage ! Depuis le temps qu'on se connaît tu penses pouvoir me cacher quelques choses ? -Eh bien, hésita-il, mon oncle m'a sous-entendu que… Que je… Enfin que le roi aurait pensé à moi, bégaya-t-il. -Vraiment comment ça ? S'exclama-t-il. -Eh bien il m'a dit qu'il savait qui le roi avait choisi mais que mon comportement l'avait peut-être fait changer d'avis… »
Le silence s'installa. Narsus réfléchissait aux révélations que venaient de faire son ami puis il reprit :
« Si on y réfléchit, c'est plutôt logique : tu es un marzbâhn donc un bon chef de guerre, le plus jeune d'ailleurs donc celui avec le moins d'écart d'âge. Tu es le neveu de l'êrhan donc quelqu'un de confiance et qui appartient à la noblesse de Parse et puis tu ne t'es jamais rebellé –jusqu'à maintenant- contre le roi... C'est en effet le meilleur choix ! Tu obéis aux ordres du roi mais tu es quand capable de diriger, déclara-t-il avec une logique implacable. -Je n'y avais pas vraiment pensé sous cet angle, murmura Daryûn. -Le prince le sait-il ? Demanda-t-il. -Non le roi n'a rien dit d'officiel alors je préfère ne rien dire. -C'est certainement mieux ainsi, cela risquerait d'influencer le prince. Il est préférable qu'il ne s'en préoccupe pas pour le moment. -C'est vrai… -Qu'y a-t-il Daryûn? Je vois qu'il a encore quelque chose qui te perturbes, soupira Narsus. -Je me demandais : vous semblez bien vous connaître avec Messire Arihas, non ? - Bien se connaître est un peu fort, rit-il. Mon père et son époux étaient amis de longue date après tout ils étaient tous les deux seigneurs dans les terres du Daylam. Comme je l'accompagnais régulièrement je voyais souvent Arihas ! Et puis nous avions peu d'écart d'âge, on discutait pendant que mon père et Kahzac parlaient de leur côté. -Je vois, c'est vrai qu'ils avaient un sacré écart d'âge. -Oui c'est vrai ! Mais les parents d'Arihas étaient des amis de Kahzac, et puis je crois qu'ils cherchaient quelqu'un de particulier pour leur fils. Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé mais leur mariage a été précipité après les premières chaleurs d'Arihas. Au début je pensais que c'était à cause d'une grossesse mais il n'a jamais eu d'enfant… Il semble qu'il y ait eu un incident qui ait précipité ce choix car ils ont conclu le mariage à peine un mois après l'annonce officielle. Mon père semblait aussi s'interroger mais il n'a jamais demandé ou ne m'a jamais dit s'il avait eu la réponse. »
Daryûn resta pensif à ces nouvelles il y repensa même avant de s'endormir.
Le lendemain Arslan se réveilla aux aurores, toutes traces de fatigue oubliées. Arihas n'était pas là, il se dit qu'il devait être parti chercher des plantes. Arslan n'avait jamais posé la question d'où venaient toutes les connaissances d'Arihas sur les plantes ? Cela lui était très bénéfique, grâce à ça il était de nouveau sur pieds. D'ailleurs sans ça il n'aurait jamais pu suivre les entraînements qu'il avait subis au palais. En repensant au palais il se demanda si son Père et Vahriz avaient pu le rejoindre pour préparer le prochain assaut contre les lusitaniens. Il espérait qu'ils soient sains et saufs et que sa mère aussi aille bien. Il décida de se lever. Il entendit du bruit dans la cuisine et tomba sur Elam qui s'affairait autour des fourneaux. Jusque-là il n'avait pas vraiment eu l'occasion de lui parler, mais ils semblaient avoir le même âge. Il espérait pouvoir lui parler et peut-être s'en faire un ami. Il ne savait pas vraiment comment engager la conversation, Elam l'aperçut et le salua aussitôt. Arslan voulut proposer son aide mais Elam la refusa. Il tenta alors d'engager la conversation en parlant de ses parents qui avaient été affranchi par Narsus. Elam se mit alors à lui raconter comment Narsus avait libéré ses esclaves pour en faire des hommes libres et de la colère du roi. Arslan repensa alors à ce garçon lusitanien qui l'avait pris en otage et avait critiqué l'esclavage parse. Il pensa alors à voix haute :
« Vaut-il mieux libérer les esclaves ou pas ? Murmura-t-il. -C'est à vous seul de trouver une réponse à cette question, répondit Elam. »
Des bruits de sabots se firent alors entendre dans les bois. Arslan et Elam quittèrent la cuisine, ils trouvèrent Narsus, Daryûn et Arihas à la fenêtre qui observaient dehors.
« Ce sont les hommes de Kahllahn, déclara Daryûn. -Ils n'ont pas mis longtemps pour vous trouver, ils sont bien entraînés ! Il réfléchit. Je ne t'ai pas demandé mais par quelle route êtes-vous passés pour venir ici ? Daryûn haussa les épaules en souriant. -Alors c'est pour ça qu'on est passé par là, sourit Arihas comprenant le stratagème de Daryûn. -Ne me dis pas que… Tu es passé ouvertement sous le château de Kahllahn ! Depuis le début tu voulais m'impliquer ! S'exclama-t-il. -Je savais depuis le début que j'aurais besoin d'arguments pour te convaincre ! Tu n'as plus d'autres choix que de te mettre au service de Son Altesse, dit-il sournoisement. »
Narsus n'avait plus d'autre choix que de coopérer maintenant qu'il était impliqué là-dedans. Il fit monter ses invités au grenier avant que les soldats ne rentrent. Ce qu'ils apprirent leur firent froid dans le dos : Vahriz était mort ! Narsus entendit un bruit provenant du plafond, il se douta que Daryûn devait être en train de perdre son sang-froid là-haut. Les soldats essayèrent de le convaincre de rejoindre leur camp mais il expédia vite la conversation et les soldats tombèrent dans son piège.
Narsus fit descendre le prince et ses deux compagnons. Arslan vit alors la trappe dans laquelle les soldats étaient tombés. Ils ne risquaient pas de sortir de sitôt. Daryûn les regarda avec mépris et colère, Arslan était trop attristé par la nouvelle pour en être dérangé. Arihas les observa, bien que moins touché par la nouvelle il comprenait leurs sentiments. Il connaissait peu Vahriz malgré ces dernières passées au palais, mais il savait que c'était un homme bon pour le prince et que sans lui son Altesse n'en serait pas là aujourd'hui. Il n'aurait peut-être pas survécu à cette bataille.
Narsus demanda à Daryûn de se calmer, il se reprit tant bien que mal. Il se figea en voyant la détresse sur le visage du prince, cela le calma aussitôt. Arslan ne dit rien, il repensait à son Maître d'armes qui avait été comme un père pour lui. Il lui avait tout appris, sans lui il serait mort à la bataille et ne serait certainement pas capable de faire face à un alpha aujourd'hui. Arihas posa une main réconfortante sur son épaule et l'enveloppa dans une aura douce et chaleureuse. Il se demanda comment Arihas faisait ça. Un oméga ne produisait pas de phéromones hors des chaleurs alors pourquoi il arrivait toujours à le réconforter ainsi. Cela lui donnait l'impression d'être enveloppé dans une couverture moelleuse et sa présence le rassurait toujours. Il était heureux qu'Arihas l'ait accompagné, il se sentirait perdu sans lui sinon.
Si il n'y avait eu que Daryûn avec lui il se serait senti gêné. Même s'il apprécie beaucoup Daryûn, il se rendait compte que maintenant il ne considérait plus les alphas de la même manière qu'avant. Peut-être que ses récentes montées de fièvre et d'hormones le rendaient plus sensible à leurs présences. C'était encore une chose dont il devrait parler avec Arihas.
Elam arriva et annonça le repas, Narsus conseilla de bien manger car leur journée s'annonçait longue et difficile. Arslan resta perdu dans ses pensées. Narsus l'observa du coin de l'œil, il constata qu'Arihas était aussi intrigué que lui. Daryûn, lui se concentrait sur son repas tentant d'oublier ou bien de digérer la nouvelle du décès de son oncle. Elam remarqua le trouble parmi l'assemblée quand il vit à quel point ils avaient peu touché à leurs assiettes. Il leur proposa de préparer autre chose à manger mais tous déclinèrent son offre. Daryûn entama alors la conversation. Il tenta de nouveau de convaincre Narsus de se joindre à son Altesse :
« Pourquoi ne pas abandonner ta vie d'ermite et entrer au service de son Altesse ? - Mêle-toi de tes affaires ! Je n'aspire qu'à une vie paisible consacrée à l'art ! -Désolé d'insister à nouveau mais votre aide nous serait précieuse, déclara le prince. Mais sachez que je suis disposé à vous dédommager à la hauteur de votre sacrifice. -Une compensation ? Vous souhaitez me couvrir d'or comme sa Majesté ? -Je ne pense pas qu'on puisse vous acheter Messire Narsus… -Vous comptez me proposer un poste de ministre ? -Vous n'y êtes pas, quand nous aurons réussi à renvoyer les lusitaniens chez eux et que je monterais sur le trône je vous nommerais peintre officiel de la cour de Parse. »
Arihas ne put s'empêcher de rire devant les mines déconfites de Daryûn et Elam. Daryûn tenta de persuader le prince que c'était de la folie de confier un tel poste à ce « barbouilleur de toile » mais il ne réussit pas à le convaincre. Narsus, ravit, ne put s'empêcher de narguer Daryûn et son manque d'esthétique. À la grande surprise de celui-ci, Narsus s'inclina humblement devant le prince et prêta serment de rester à son service.
Ils se préparent alors pour le départ oubliant totalement les soldats dans la trappe qui enragés de pouvoir sortir. Ils quittèrent la petite maison en emportant des provisions ainsi que les chevaux des soldats. Une fois que le groupe fut parti, les soldats réussirent à sortir de la trappe bien décidés à les coincer plus tard. Elam qui les surveillait de loin alla prévenir Narsus que les soldats avaient réussi à s'enfuir, il reporta aussi ce qu'il avait entendu. Le petit groupe avait trouvé refuge dans une grotte à l'abri des regards. Narsus élabora alors un plan pour leur échapper. Il en fit part au prince qui écouta avec attention toutes les explications que donner Narsus sur la stratégie militaire. Daryûn sourit en voyant le prince si attentif devant les « cours » de Narsus. Ce dernier ne se rendait pas compte à quel point ce qu'il disait intéressait et fascinait le prince. Le stratège le mit en garde contre l'excès d'orgueil et de confiance lors des batailles car cela risquait de le mener à sa perte de la même manière que son Père. Arslan en prit bien note.
La légende du Ξ
Résumé: Omegaverse! "Dans la population on compte en général un oméga pour deux alphas, cela crée un déséquilibre. Il arrive parfois qu'un oméga se marie et rencontre après l'alpha qui lui est destiné. L'oméga part alors avec lui car c'est la solution la plus sage et raisonnable. Seulement…" Tout n'est pas si simple et Arslan s'en rend bien compte surtout avec deux alphas aussi têtus!
type: OS rated: T
Daryûn souffla. Après plusieurs jours de voyage à cheval il arrivait enfin à Ecbatâna, ou plutôt il rentrait. Il avait dû quitter la capitale à la hâte quatre ans auparavant à cause d'une situation imprévue et diplomatiquement complexe.
À ses treize ans le prince Arslan se révéla être un oméga. Ce statut arrangeait particulièrement le roi Osloes. Son frère se montrait menaçant depuis la naissance de son fils mais l'annonce de son genre avait aussitôt calmé ses ambitions de grandeur. Pour le roi cela représentait une véritable chance. Il fiança aussitôt son fils et son neveu, son frère n'obtiendrait aucun allié par mariage et promesse de couronne. Seulement l'imprévu fut qu'Arslan se révéla très réceptif à Daryûn, on pouvait même parler de couple destiné. Cela alarma Osloes, il ne pouvait se permettre de perdre Arslan au profit de Daryûn. Il n'avait rien contre lui mais son oncle Vahriz était proche d'Andragoras alors difficile de lui faire confiance. Le roi demanda alors à Daryûn de partir pour éviter tout problème jusqu'à ce qu'Arslan et Hilmes soient mariés.
Le couple princier avait été marié durant la dix-septième année d'Arslan. Osloes avait tenu à attendre autant que possible avant de les marier, il ne voulait pas trop brusquer les choses entre eux. Cela fut payant car Hilmes et Arslan s'entendaient bien. Ils avaient pu nouer une étroite relation au fur et à mesure des années. Du moins c'était ce qui se disait.
Cette situation ne dérangeait pas vraiment Daryûn. Bien qu'il semblait avoir un lien particulier entre eux, Daryûn n'éprouvait pas de regret ou de rancœur de n'avoir pu épouser Arslan ou même d'en avoir fait son oméga. Arslan n'avait que treize ans au moment des faits et il ne ressentait aucune attirance pour lui (ce qui aurait été plutôt déplacé). De toute manière le mariage ou se trouver quelqu'un n'avait jamais été pas une priorité pour lui, en réalité cela lui importait peu.
Son retour à la capitale passa inaperçu mais il ne s'attendait pas à grand-chose au vu de son départ. Seul son oncle et son ami Narsus l'accueillirent à son arrivée.
« Cela fait longtemps mon oncle ! S'exclama-t-il. - C'est vrai… Tu as bien changé pendant tout ce temps, dit-il chaleureusement. Je suis heureux de te revoir. Son altesse Arslan était content de ton retour... - Il nous a demandé de te souhaiter la bienvenue, reprit Narsus. - Le mariage c'est bien passé ? - La fête était sublime. Les princes ont eu l'air d'apprécier… »
Vahriz lui raconta le déroulement des fêtes qui avaient eu lieux trois mois auparavant comme si c'était hier. La fête semblait lui avoir plu et les princes s'entendaient bien ce qui le ravissait. Narsus lui expliqua plus tard que Vahriz et le roi craignaient que cela se passe mal à cause du lien qui unissait Arslan à Daryûn, mais après la chaleur que les princes avaient déjà passé ensemble ils ne se faisaient plus de soucis. Arslan avait de nombreuses traces de marquages semble-t-il.
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Arslan angoissait un peu de voir à nouveau Daryûn. Leur derrière rencontre avait été si marquante qu'elle restait gravée dans sa mémoire. Même si son mariage avec Hilmes était réussi et qu'ils s'entendaient à merveille, il gardait de la peur au fond de lui. Et ce livre concernant les xis, enfin les deux rares cas recensés, ne l'aidait pas à y voir plus clair. Il se retrouverait dans une bien affreuse situation si cela arrivait mais c'était si rare que cela ne pouvait pas se produire, non ? Seulement il se trouvait dans une situation à peu près similaire, alors…
Il secoua la tête. Non, il s'imaginait des choses rien de plus. Des choses qui l'arrangeraient ? Il ne savait pas. Il aimait Hilmes, ils étaient mariés, il l'avait marqué durant leur nuit de noces et à de nombreuses reprises pendant ses chaleurs. Hilmes était son alpha, il ne pouvait avoir de doutes là-dessus. Il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, il éprouva de la culpabilité envers Hilmes. Son alpha l'aimait, se montrait très affectueux et à l'écoute pourtant lui pensait à un autre. Il se mordit les lèvres. Il se faisait du souci pour rien, une telle chose n'arriverait pas. Deux cas en plus de mille ans, combien de chance pour que cela lui arrive ? Enfin leur arrivent ?
Arslan se dit qu'il valait mieux éviter Daryûn pour le moment même s'il aurait aimé lui souhaiter la bienvenue. Il demanderait des nouvelles via Narsus ou bien Vahriz autant ne pas tenter le diable. Il ne voulait pas blesser Hilmes.
Mais tout ne se passa pas comme prévu. Rien du tout en fait.
Il était dans la bibliothèque et Daryûn se trouvait juste devant lui à une dizaine de pas au milieu des rayonnages de livres. Il resta bloqué avant de finalement se lever pour le saluer.
« Cela faisait longtemps Sir Daryûn. Vous avez fait un bon voyage pour venir jusqu'ici ? - Oui, mais c'est vrai que la route est longue jusqu'à la capitale. »
Arslan ne sentit pas de changement s'opérer en lui alors que Daryûn s'approchait un peu plus.
« C'est sûr mais au moins personne n'a dû vous importuner, sourit-il. - Ceux qui ont tenté s'en sont mordus les doigts ! - Cela ne m'étonne pas. »
Un pas de plus.
« Vous avez retrouvé votre oncle Vahriz ? - Il m'avait manqué, soupira-t-il. Il m'a dit que votre mariage s'était bien déroulé ? Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous féliciter ! - Bahman s'est arraché les cheveux à tout gérer, et il semble que cela amusait beaucoup sa Majesté ! »
Arslan commença à se sentir mal. Daryûn fit un pas de plus.
« Votre Altesse vous êtes pâle, dit-il le souffle court. - Daryûn ne vous approchez pas plus. - Pourquoi ? »
Arslan se sentit partir, il eut la même sensation que pendant ses chaleurs. Il ne se contrôlait plus, ses jambes cédèrent sous son poids. Il sentit Daryûn le rattraper par la taille. Au milieu de la confusion ses dents se refermèrent sur son cou. Un poids quitta ses épaules, il se sentait enfin complet avec cette marque mais… Malgré tout il manquait quelque chose, quelqu'un.
Il ne saurait dire combien de temps cet instant dura mais une porte s'ouvrit. Des voix éclatèrent et il tomba lourdement au sol.
« Je vais te tuer salopard ! »
La voix d'Hilmes. Il vit deux corps s'agiter au sol, poussant des cris enragés. Son esprit redevint net quand il sentit le danger imminent, ils allaient s'entretuer. Arslan se jeta comme il put entre eux, Hilmes était en train de massacrer Daryûn qui ne se laissait pas faire pour autant. Arslan s'accrocha à son mari le suppliant d'arrêter.
« S'il te plait ! C'est de ma faute ! Lâche-le ! Par pitié lâche-le ! »
Hilmes referma son bras autour d'Arslan et en oublia presque Daryûn qui gisait par terre sous eux. Il le serra contre lui à lui en briser les os.
« Que t'a-t-il fait ? Demanda-t-il avec rage. Pourquoi ? - Hilmes… J'ai besoin de vous deux… »Murmura-t-il avant de s'évanouir.
Hilmes continua de le serrer contre lui. Il regarda d'un œil mauvais Daryûn se redresser en face de lui.
« Qu'est-ce qu'il vous a pris ? Demanda-t-il les dents serrées. - Je ne sais pas… On parlait et d'un coup je… - Vous. Avez. Mordu. MON oméga. Et vous ne savez pas ? S'il ne m'avait pas retenu je vous aurai déjà tué de mes propres mains… Croyez-moi je vais veiller à ce que votre châtiment soit à la hauteur de l'affront ! »
Daryûn baissa la tête honteux. Il venait de se transformer en monstre et avait été incapable de se contrôler. Il s'en était pris à un oméga et par n'importe lequel : l'époux de l'héritier du trône et aussi le neveu du roi. Il ne s'en sortirait pas vivant pour avoir attaqué un membre de la famille royale. Il ne pouvait que se résigner.
« J'accepterais ma sentence. »
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Bahman fit fermer la bibliothèque dès qu'il apprit ce qui était arrivé. Il prévint le roi, Vahriz et appela les médecins de la famille royale. Hilmes refusa de lâcher Arslan même pour soigner ses blessures. Le roi arriva dans la bibliothèque et vit son fils couvert de sang en train d'assassiner Daryûn du regard. Ce dernier ne montrait pas de réaction face aux remontrances et sérieuses corrections qu'il recevait de son oncle. Vahriz s'agenouilla aussitôt face au roi.
« Votre Majesté, je ne comprends pas comment une telle chose a pu arriver. Ce n'est pourtant pas son genre, il ne s'est jamais comporté ainsi… Je ne comprends pas… Daryûn, siffla-t-il. - Je ne comprends pas non plus, votre Majesté. Je ne cherche pas à me trouver d'excuse car je n'en ai aucune. Nous parlions sans qu'il n'y ait le moindre souci et puis d'un coup je… Je ne contrôlais plus rien. Il… Il est devenu pâle et je me suis approché pour le rattraper… C'est comme si d'un coup il était entré en chaleur et… Je ne sais plus… - Je vois. C'était ce que nous craignions, dit le roi. - Comment ça ? S'exclama Hilmes. - Daryûn et Arslan forment un couple destiné… On ne peut les séparer, expliqua Bahman. Votre Altesse je crains qu'il ne faille penser à- - Il en est hors de question ! Je ne me séparerais pas de mon oméga, vous m'entendez ! Dit-il en resserrant son étreinte autour d'Arslan. Je ne le céderais à personne ! - Je crois que cela ne sera pas nécessaire, déclara le roi. »
Tous les regards se tournèrent vers lui alors qu'il lisait un livre ouvert sur la table. Le livre qu'Arslan devait consulter au moment de sa rencontre avec Daryûn.
« Arslan s'en doutait… Il a cherché des cas similaires au sien et on dirait qu'il a trouvé, dit-il en désignant le livre. Arslan n'est pas un simple oméga mais un xi ! - Un xi ? Demanda Vahriz incrédule. - Qu'est-ce que cela veut dire ? Demanda Hilmes. - Dans la population on compte en général un oméga pour deux alphas, cela crée un déséquilibre. Il arrive parfois qu'un oméga se marie et rencontre après l'alpha qui lui est destiné. L'oméga part alors avec lui car c'est la solution la plus sage et raisonnable. Seulement… Il y a eu de très rares exceptions et cela est justement expliqué dans ce passage. L'oméga était déjà lié à un alpha lorsqu'il a rencontré son alpha destiné. Il est donc parti avec lui mais il ressentait un manque, son autre alpha lui manquait. Son alpha destiné voyant que cela le rendait triste, chercha à le retrouver et l'invita venir vivre chez eux où ils finirent par vivre tous les trois. - Un ménage à trois ? Demanda Bahman. C'est une légende, non ? Je ne vois pas comment cela est possible. - Je crains qu'il n'y ait guère de solution, soupira le roi. - Tout à l'heure avant de s'évanouir Arslan a dit qu'il avait besoin de nous deux… Déclara Hilmes. - C'est la seule solution si tu souhaites garder Arslan car il ne pourra pas se passer de son alpha destiné maintenant qu'il l'a trouvé. - Mais comment ? Comment voulez-vous mettre ça en place ? Je veux dire, ça ne s'est jamais vu ! Une annonce publique ou bien seulement connu par une poigné de personne ? C'est tellement improbable que je ne vois pas comment… - Nous allons y réfléchir mais vous deux, vous allez vous faire soigner !»
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Arslan se réveilla vaseux. Il avait cette même sensation après ses chaleurs. Sa mémoire nageait dans le flou. Il eut du mal à se souvenir de ce qui était arrivé, mais lorsqu'il se souvint il fut horrifié. Hilmes et Daryûn. Daryûn et Hilmes. Pourquoi ? Arslan sentit les larmes lui monter aux yeux. Il se redressa mais fut incapable de se lever. Il regarda autour de lui et reconnut ses appartements, ceux qu'il partageait avec Hilmes. La porte s'ouvrit sur ce-dernier. Il avait la lèvre inférieure fendue et gonflée.
« Hilmes, s'exclama-t-il. »
Il tenta de se lever mais Hilmes le rattrapa avant qu'il ne tombe sur le sol. Il s'accrocha à lui.
« Hilmes, Hilmes… Je suis désolé, tellement désolé… Pleura-t-il. - Pourquoi t'excuses-tu ? Tu n'y es pour rien… - Et… Et pour, bégaya-t-il, pour Daryûn… Que va-t-il lui arriver ? - … Hilmes grogna. Il ne s'en sort pas trop mal… - Hilmes… Il faut que je te dise quelque chose, je crois que je… Je suis un… - Xi ? Finit-il. - Comment tu ? - Le roi a vu le livre que tu lisais et en est venu à cette conclusion, expliqua-t-il. Sa Majesté réfléchit à une solution. »
Le silence s'installa. Hilmes l'aida à se rallonger sur le lit avec beaucoup de douceur sans pour autant le lâcher. Il ne pouvait croire ce qui venait de leur tomber dessus. Il voulait en profiter tant qu'Arslan était encore son oméga. Il refusait de le partager. Il chercha à l'embrasser mais il fut interrompu. On frappa à la porte. L'oméga sentit immédiatement la présence de Daryûn. Pourtant ce fut le roi qui entra en premier, Hilmes grogna en voyant Daryûn le suivre. Cependant il l'avait bien amoché et il ne put s'empêcher d'en tirer une certaine fierté.
« Bien, je vois qu'Arslan est réveillé, tant mieux nous avons à parler. La situation est assez compliquée mais nous allons trouver la solution… Arslan et Daryûn forment un couple destiné, ils ne pourront donc pas être séparés mais comme tu as fait des recherches à ce sujet, je suppose que tu ne souhaites pas être séparé de Hilmes non plus ? - Non, répliqua Arslan. - Bien, dans ce cas continuons… Daryûn sera nommé au service du couple princier en tant que garde personnel comme cela ça ne posera pas questions qu'il reste avec vous deux. Il serait bien trop compliqué de devoir expliquer la situation. Daryûn vous déménagerez dans les appartements justes à côté. Il se trouve qu'il existe une porte cachée menant à ceux-ci. Ensuite vient la partie un peu plus compliquée… S'il doit y avoir une relation illégitime supposée il vaudrait mieux qu'elle soit entre Hilmes et Daryûn pour éviter des problèmes concernant la légitimité des héritiers… - Comment ? S'exclama Hilmes. Mais comment pourrait-on croire une telle chose ? Nous sommes tous les deux des alphas… - Ça je ne veux pas le savoir, mais il est vrai qu'il y aura toujours le problème des héritiers… Puisqu'il sera difficile de savoir qui est l'enfant de qui, à moins que vous ne vous organisiez… Mais là je pense qu'il sera nécessaire que vous le voyiez entre vous. En réalité c'est à vous trois de décider comment vous allez gérer cette situation, je n'ai pas l'intention de me mêler de votre vie privée. Et pour finir, évitez de vous mettre dans des situations embarrassantes ou qu'on ne puisse arranger. Bien je vais vous laisser en discuter mais ne vous entretuez pas ! »
Osloes partit sans plus de cérémonie les laissant tous les trois dans une atmosphère tendue. Hilmes le toisa de haut en bas sans pour autant prendre la parole. Daryûn se sentait vraiment mal-à-l'aise de se retrouver dans une telle situation. Comment allaient-ils faire ? Deux alphas pour un oméga était-ce réellement possible ? Cette situation lui paraissait complètement ingérable. Arslan avait bien conscience que cela ne serait pas facile pour Daryûn et Hilmes de s'entendre. Il décida donc de prendre l'initiative pour entamer la discussion et tenter de détendre l'atmosphère :
« Daryûn, tu vas bien ? - Pas trop mal, j'ai connu pire… »
Provocation ? Se demanda Hilmes.
« C'est une histoire bien embarrassante… - C'est sûr ! Sourit Daryûn. Je ne pensais pas me retrouver un jour dans une telle position… Etait-ce seulement imaginable ? - Nous serons le troisième cas recensé de Parse ! Alors je pense qu'il était difficile d'y penser… J'ai trouvé quelque chose d'intéressant dans mes recherches, un carnet où un des alphas, Samir, raconte leur vie à trois… Je pense qu'il pourrait être utile que vous le lisiez… - Cessons ces simagrées ! Le problème n'est pas là, s'énerva Hilmes. Comment fait-on ? Comment s'organise-t-on ? Tu passes une nuit avec un puis avec l'autre ? Demanda-t-il exaspéré. - Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution... Supporterais-tu de me savoir avec Daryûn plutôt qu'avec toi ? - Non, mais comment veux-tu faire d'autre ? Que l'on partage tous les trois le même lit ? - Cela éviterait des jalousies... Je… Puisque j'ai été marqué par vous deux, je… Je, hum, bégaya-t-il. Je vais vous réclamer tous les deux lors de mes prochaines chaleurs, rougit-il. - Attendez, vous voulez dire que… ? Reprit Daryûn. À… Trois ? Mais…»
Daryûn sentit son visage se réchauffer alors que des images indécentes affluaient dans son esprit.
« Quoi ? Tu es timide maintenant ? Railla Hilmes. - Pourquoi tu as l'habitude de ce genre de relation ? Demanda Arslan d'un ton sec. - Bien sûr que non… Et tu le sais très bien… - Comme tu dis cela ne résout pas le problème ! - Donc si je suis tout, vous souhaitez que l'on partage tous les trois le même lit, reprit Daryûn. »
Le concept d'être trois dans le même lit lui paraissait bien trop… Trop. Un couple c'était à deux pas à trois.
« Mais cela veut dire que vous voulez aussi qu'on… Qu'on le fasse tous les trois ? Demanda-t-il d'une voix plus aiguë. »
La question jeta un froid. Jusqu'à maintenant les deux alphas n'avaient pas pris en compte tout ce que cela engendrerait. Hilmes porta un soudain intérêt au livre qu'Arslan avait mentionné plus tôt.
« Et… Que dit-il… Hum… Samir, à ce sujet ? Pour quelle solution avaient-ils opté ? - Au début ils avaient choisi de faire une nuit sur deux seulement cela ne fonctionnait pas du tout, alors ils ont fini par partager le même lit mais… Dès qu'un des deux souhaitait monopoliser un peu plus Kalhn, l'oméga, cela engendrait des frictions et forcément la première chaleur qu'ils passèrent ensemble fut assez… Catastrophique. Alors Kalhn leur interdit de partager son lit tant que tous les deux n'avaient pas … partagé plus d'intimité. Et après tout s'est arrangé! Ils devinrent très fusionnels ! - Il n'est pas question que j'ai ce genre de rapport avec lui ! S'exclama Hilmes. - Pour une fois je partage l'avis de son Altesse. - Je pense que nous verrons cela plus tard, murmura Arslan. »
Hilmes n'aimait pas ça. Mais. Pas. Du. Tout. Il ne voulait pas partager son oméga, il lui appartenait. Cela le blessait profondément de penser qu'il était celui mis à l'écart, Arslan et Daryûn partageaient ce lien unique qu'il aurait voulu avoir avec lui. Le problème c'était lui, la pièce rapportée qui mettait le bazar dans un couple déjà défini. Il se rapprocha d'Arslan et provoqua ouvertement Daryûn en allant nicher son visage dans le cou d'Arslan. Il voulait en profiter tant qu'il pouvait. Il avait besoin de sentir la présence de son oméga, de se sentir rassuré car la crainte de le voir partir lui vrillait le cœur. Il avait tout simplement peur qu'il le quitte pour Daryûn, qu'il l'abandonne.
Il s'y opposait.
Il ne le laisserait pas partir, Arslan était à lui. Il le serra alors contre lui. Arslan fut surpris face à ce geste étrange venant d'Hilmes, il ne se montrait jamais si démonstratif. Il vit Daryûn se raidir en face de lui.
« Hilmes qu'est-ce qu'il se passe ? - Quoi ? Je n'ai pas le droit de toucher mon oméga ? »
Hilmes avait répondu avec la plus grande mauvaise foi du monde et lancé un pique à Daryûn par la même occasion. Il n'apprécia pas du tout. Il fut piqué à vif par un sentiment qu'il ne connaissait pas : la jalousie. Arslan était aussi à lui, bien qu'il ait encore du mal à s'y faire il ne pouvait le nier. Hilmes n'était plus son seul alpha, ils étaient deux maintenant et même si ce n'était pas évident ils devraient faire avec.
Daryûn sentit un élan de témérité l'envahir. Il marcha vers eux et se pencha sur Arslan pour déposer un baiser sur son front. Daryûn resta impassible lorsqu'il sentit le regard assassin d'Hilmes. Il se moquait bien de ce qu'il pouvait penser en ce moment. Il refusait de lui laisser Arslan.
Arslan sentit l'orage pointer le bout de son nez.
« Arrêtez ça tout de suite vous deux, vous n'aurez rien de moi si vous passez votre temps à vous battre, c'est clair ? »
Ils grognèrent pour toute réponse. Arslan soupira, cela commençait bien…
o~~O~~o
Daryûn n'aurait jamais pensé finir sa journée ainsi. Il déménagea dans ses nouveaux appartements quelques heures après l'incident et le roi Osloes lui-même se déplaça pour lui montrer le passage secret qui menait aux appartements princiers. Il découvrit alors la porte cachée derrière une armoire et un couloir qui s'enfonçait dans le mur. Qui aurait pu deviner que les murs étaient doublés et qu'un passage étroit s'y trouvait ?
« Il y a beaucoup de passages de ce genre dans le palais ? Demanda-t-il. »
Le roi se contenta d'hausser les épaules. Certaines choses devaient rester secrètes. Daryûn s'y faufila en se mettant de profile pour avancer à cause de l'irrégularité des murs. Une ouverture se dessina alors devant lui. Le mur était troué pour former une sorte de porte bouchée par une cloison en bois.
« Vous avez trouvé ? Demanda le roi. - Je crois mais comment cela s'ouvre ? - Essayez de pousser. »
Ce que Daryûn fit. Il essaya de plusieurs façons avant d'arriver à pousser le bas de la cloison qui se souleva. Il réussit alors à l'ouvrir complètement.
« C'est bon, votre Majesté ! »
Daryûn vit les charnières au-dessus de sa tête et comprit alors comment fonctionnait le mécanisme. L'ouverture se trouvait derrière des pans de bois sculptés servant de décoration à la chambre.
« Daryûn ? »
Il sursauta presque en voyant Arslan assis près de la bibliothèque avec un livre dans les mains.
« Votre Altesse ! Ah, excusez mon intrusion mais sa Majesté me montrait le passage entre nos appartements. - C'est une entrée plutôt surprenante, sourit le prince. Entre donc que l'on regarde comment elle s'ouvre de ce côté. »
Daryûn obéit un peu gêné par son apparition alors que le prince se trouvait là. Arslan se leva pour voir par lui-même le passage. Daryûn referma doucement le volet pour trouver un moyen de l'ouvrir une fois fermé. Un petit rebord sur le bas de la cloison permettait de la saisir de l'intérieur sans qu'il n'y ait de trou ou d'espace qui aurait compromis la position de la porte. Cette ouverture avait été pensée pour être totalement invisible. Une fois fermée les motifs du bois se suivaient parfaitement, aucun décalage visible pour indiquer sa présence. Daryûn l'ouvrit à nouveau sous l'œil émerveillé du prince qui découvrait ce mécanisme invisible menant vers un lieu nouveau. Arslan entra dans le passage poussé par la curiosité, Daryûn le laissa arriver dans ses appartements avant de le suivre. Le prince y discutait déjà avec le roi.
« C'est vraiment étonnant, déclara Arslan. Je ne pensais pas qu'il serait ainsi, je m'attendais plutôt à une porte cachée dans le mur entre les deux appartements et non à un couloir caché dans ceux de l'extérieur ! - En effet c'est assez étrange mais le prince qui l'a découvert en a bien profité... Il a trouvé que le mur avait été doublé pour que les appartements soient mieux isolés mais il a remarqué l'espace vide entre les deux. Il a fait faire deux ouvertures puis les a camouflées, et voilà ! Il semblerait au final que ce passage ne soit dû qu'au hasard… - Et peut-on vous demander comment vous avez découvert cela ? Sourit Arslan. - Ça c'est un secret royal que je ne peux révéler. Vous comprendrez donc que je vous demande la plus grande discrétion concernant la présence de ce chemin. »
Ils acquiescèrent tous les deux. Ils discutèrent encore quelques instants avant que le roi s'en allât pour retourner à ses occupations. Arslan prit à nouveau le couloir amusé par cette découverte. Sans trop savoir pourquoi Daryûn le suivit à nouveau.
« Cela sera vraiment très utile, déclara le prince. Tu ne crois pas ? - Vous avez raison… Cela évitera des allers et venues suspects dans le couloir entre les deux appartements. - Daryûn, tu peux me tutoyer tu sais ? Entre nous cela ne pose pas de problème et puisque tu m'as marqué je pense qu'on peut s'autoriser un peu de familiarité, non ? - J'ai encore dû mal à me faire à l'idée… C'est assez déconcertant de me dire que je viens de trouver mon oméga, d'ailleurs de me dire que j'ai un oméga cela me paraît bizarre… - Je crois que je comprends... La situation en elle-même est très particulière et peu orthodoxe mais je pense que c'est mieux ainsi. »
Daryûn trouva le prince vraiment attachant, exactement le souvenir qu'il en avait : souriant et enjoué.
« Vous n'avez pas changé Arslan, soupira-t-il avec nostalgie. - Vraiment ? - Oui j'ai l'impression de vous retrouver comme lorsque je vous ai dit « au revoir » hormis pour le physique. Vous avez beaucoup grandi… Vous êtes un homme maintenant ! »
Les remarques de Daryûn firent rire Arslan.
« Et toi, tu es resté identique à mes souvenirs. Cela m'a vraiment épaté lorsque je t'ai vu dans la bibliothèque. Un peu comme si le temps ne s'était pas écoulé et que tu étais revenu quelques heures après ton départ. Cela m'a fait plaisir d'apprendre ton retour bien que j'avais peur des conséquences que cela pourraient engendrer… - Vous pensiez que cela arriverait ? - Après notre dernière rencontre, je savais que ton retour ne serait pas évident… Je sentais le lien qui nous unissait mais il fallait que j'épouse Hilmes. Au début je ne voulais vraiment pas car je savais que tu étais fait pour moi mais Hilmes a chamboulé toutes les convictions que j'avais acquises. Je ne croyais pas cela possible et j'ai fini par penser que ce serait possible avec lui… Il me paraissait effrayant au début… Pourtant lorsqu'on a été fiancé, il s'est tout de suite montré gentil et protecteur. On s'est beaucoup rapproché et je ne me voyais plus vivre sans lui ! J'étais vraiment heureux lorsqu'on s'est mariés mais je sentais une ombre planer… Je ne pouvais pas t'oublier totalement mais je ne pouvais pas non plus me séparer d'Hilmes. J'étais tiraillé entre vous deux, je me sentais mal à cette idée car je devais choisir ou plutôt je devais arrêter de penser à toi et d'avoir des doutes mais impossible… Cela revenait tout le temps me hanter pourtant j'étais heureux avec Hilmes, je ne comprenais pas… Et je me sentais coupable envers lui d'avoir de tels sentiments. - Arslan… est-ce que ça va ? Tu as les larmes aux yeux… - Ahh ! Tu me tutoies enfin ! Sourit-il. - Je m'inquiète ! Ne te moque pas, ralla Daryûn. - Eh bien on s'amuse ? Demanda Hilmes d'un ton sec. »
Arslan se retourna aussitôt, surpris de ne pas l'avoir entendu rentrer. Son mécontentement s'affichait sur son visage. Hilmes s'attendait à pouvoir passer un moment tranquille, et plus si affinité, avec son oméga. Depuis l'annonce qu'ils devraient vivre ensemble tous les trois, il ressentait le besoin de se rapprocher d'Arslan, de s'accrocher à lui pour qu'il ne parte pas. Quelle mauvaise surprise ce fut de le découvrir en compagnie de Daryûn dans leurs appartements. Sa présence raviva aussitôt ses craintes de se voir repousser par Arslan. Il ne supportait pas cette brûlure qui le ravageait de l'intérieur.
« Que fait-il ici ? Demanda Hilmes en désignant Daryûn avec dédain. - Sa Majesté est venu nous montrer le passage puis on s'est mis à discuter. - Dans ce cas, il va devoir le reprendre rapidement car notre repas arrive, dit-il sèchement. »
Daryûn ne chercha pas à protester et obéit sagement. Hilmes scruta ses moindres mouvements alors qu'il le regardait soulever le volet pour disparaitre dans le passage. Il ne montra aucun signe de surprise face à cette découverte. Il soupira d'apaisement une fois que toutes les traces du gêneur eurent disparu. Arslan se tourna vers lui en fronçant les sourcils :
« Hilmes, le réprima-t-il. - Quoi ? Demanda-t-il avec un ton innocent. - Pourquoi lui parles-tu ainsi ? - Je n'aime pas le savoir avec toi surtout si je tombe sur lui alors que je rentre pour t'avoir pour moi… - Il va falloir t'y faire maintenant, dit-il avec douceur. »
Hilmes grogna et s'approcha d'Arslan. Bien qu'il se montrât rassurant Hilmes ne se sentait pas totalement apaisé. Il pencha vers lui pour l'embrasser mais Arslan l'évita.
« Tu feras des efforts ? - Oui, oui, ralla-t-il. »
Arslan le fixa attendant une meilleure réponse.
« D'accord ! Je vais essayer de me montrer plus courtois ! »
Il lui sourit et l'autorisa enfin à l'embrasser. Hilmes se rapprocha encore plus de son oméga mais Arslan connaissait ce regard et savait ce qu'il signifiait.
« Hilmes... - Quoi ? Tu ne veux plus de moi ? S'énerva-t-il piqué à vif. - Voyons tu sais bien que ce n'est pas ça… - Alors où est le problème ? Tu n'as pas envie ? Demanda-t-il plus calmement. - Tu aimerais que je fasse l'amour avec Daryûn ? - Quoi ? S'exclama-t-il. Bien sûr que non ! - Bien, tu as ta réponse maintenant ! Tant que vous ne vous entendrez pas il faudra attendre. Je n'ai pas envie de devoir régler toutes vos disputes. »
Hilmes geignit. Il comprenait la logique de son oméga et savait que cela serait certainement mieux ainsi mais… Cela le froissait de savoir que son oméga se refusait à lui non pas parce qu'il n'avait pas envie (ça il le comprenait très bien) mais pour éviter les disputes que cela pourrait engendrer. Il ne l'avouerait pas mais il en avait surtout besoin pour être rassuré, pour être sûr que rien n'avait changé entre eux et qu'Arslan le désirait toujours.
« On peut vraiment rien faire du tout ? Gémit-il. - On peut aller jusqu'où tu supportes que Daryûn fasse de même. »
Autant dire qu'ils n'iraient pas loin. Il ne voulait même pas qu'ils s'embrassent ! La question le heurta :
« Vous vous êtes déjà embrassés ? Demanda-t-il inquiet. »
Le hochement de tête négatif le soulagea mais il se doutait que cela ne durerait pas longtemps. Il y aurait forcément un moment où cela arriverait. Le repas finit par arriver et il savoura avec un plaisir non dissimulé ce moment qu'il partageait juste avec Arslan.
o~~O~~o
Hilmes voyait Arslan fixer l'entrée du passage depuis qu'ils avaient fini de manger. Il hésita à lui en demander la raison de peur d'obtenir une réponse contenant le mot « Daryûn ». Il espérait avoir encore un peu de temps seul avec lui avant que Daryûn ne s'incruste pour de bon dans leur mariage. Mais ses espoirs finirent par voler en éclat :
« Tu crois que j'aurais dû lui dire de venir ? - Pardon ? S'étouffa Hilmes. - Daryûn, tu crois que j'aurais dû lui dire de venir ? Arf ! Bien sûr que tu ne veux pas mais il faut bien ! Tu as été largement avantagé par rapport à lui tu sais ? - Je suis ton mari ! - Oui, sourit-il, mais lui aussi d'une certaine manière… Il faut bien t'y habituer ! Pense à lui qui arrive au milieu d'un couple déjà formé ! Allez je vais l'appeler. »
Arslan se leva sous le regard plaintif d'Hilmes.
« Attends on ne peut même pas… Profiter un peu ? - N'oublie pas ce que je t'ai dit tout à l'heure, chantonna-t-il. -… Bon va le chercher si tu veux mais je ne lui laisserais pas mon côté du lit ! »
Arslan pouffa à sa remarque. Il sentait la douleur qu'éprouvait Hilmes face à cette situation. Il espérait qu'ils s'entendraient rapidement pour mettre fin à cette tension. Il se faufila dans le passage et revint quelques minutes plus tard avec Daryûn dans ses pas. Ce dernier était très mal-à-l'aise, Arslan avait visé juste. Hilmes scruta le moindre de ses gestes prêt à le réprimander aux moindres faux pas. Ce dernier pourtant reprit confiance grâce à l'attention que lui porta Arslan pour l'aider à se mettre à l'aise. Ce qui, forcément, agaça Hilmes.
Le coucher fut tout aussi délicat. Arslan pensait pouvoir dormir tranquillement mais ce fut une grosse erreur de penser cela. Il fallut d'abord séparer le lit en zone pour éviter que les deux s'étripent ou ne s'estiment lésés dans cette affaire. Après une heure de diplomatie et de patience de la part d'Arslan ils purent enfin se coucher. Il pensait qu'ils se calmeraient enfin une fois les lumières éteintes.
Deuxième grosse erreur.
Hilmes ne resta pas neutre longtemps et Daryûn d'abord timide n'apprécia pas de savoir son oméga aux mains d'un autre. Il prenait de plus en plus conscience du lien qui l'unissait à Arslan et si au début il avait des doutes maintenant il était sûr qu'il ne pouvait le laisser lui filer entre les doigts. Il finit donc par venir lui aussi se coller à Arslan dans l'espérance d'obtenir plus que son adversaire.
Arslan sut qu'il avait fait une erreur. Il avait sérieusement merdé même.
Hilmes grogna. Puis Daryûn.
Un bras s'enroula autour d'Arslan. Puis un autre mais le propriétaire était différent. Ce qui engendra un nouveau grognement de la part du propriétaire de l'autre bras. Le territoire se transforma alors en champ de bataille. La conquête était la priorité mais elle ne s'avérait pas évidente. Chaque adversaire tentait de gagner du territoire mais ils en perdaient irrémédiablement à chaque mouvement offensif où ils laissaient du terrain sans protection. Ils se battaient sans relâche ce qui eut le don d'agacer rapidement Arslan.
« Qu'est-ce que je vous ai dit tout à l'heure ? Ralla-t-il. »
Aucune réponse évidemment.
Ils prétendaient dormir et ces gestes étaient totalement involontaires. Ils ne pouvaient avouer qu'ils se bataillaient depuis plus d'une heure pour être celui qui se collerait le plus à Arslan et ainsi gagner la manche.
Arslan en eut assez d'être un territoire à envahir.
« Bon ! Maintenant vous arrêtez, vous vous écartez et ne me touchez plus ! C'est clair ? »
Arslan venait de leur parler exactement comme il l'aurait fait pour des enfants pris en faute. Ils restèrent silencieux mais obtempérèrent. Arslan resta allongé sur le dos à fixer le plafond. Il devait réfléchir au moindre de ses mouvements pour éviter une crise diplomatique. S'il se tournait vers un, il le favorisait mais… Qui devait-il favoriser pour cette première nuit ? Et encore ce n'était que pour dormir. Qu'est-ce que ce serait quand il faudrait aller un peu plus loin ! Ingérable, le mot convenait parfaitement à cette situation.
Il réfléchit. Qui avait le plus besoin d'être avantagé ? Lequel se trouvait dans une position de faiblesse ? Daryûn était son alpha destiné mais il venait de débarquer dans un couple déjà formé. Il avait quasiment été exilé de la cour et ils n'avaient jamais pu approfondir la moindre relation contrairement à Hilmes.
En ce qui concernait Hilmes, il hésitait. Ils avaient grandi et s'étaient découverts ensemble. Ils étaient même mariés maintenant mais… Hilmes n'était pas son alpha destiné. Les réactions qu'il montrait depuis ces dernières heures ne lui ressemblaient en rien. Il ne venait jamais demander du contact aussi directement. Il prenait très mal cet évènement. Difficile d'en douter.
Alors comment faire ? Comment faire pour les satisfaire tous les deux ? Ils continueraient à souffrir temps qu'ils ne s'entendraient pas. Ils devaient eux aussi former des liens pour être un couple.
Non.
En réalité ils devaient former un trio et cela nécessitait qu'ils s'entendent tous les trois. Il ne pouvait y avoir deux couples : le couple Hilmes-Arslan puis le couple Arslan-Daryûn avec pour toute charnière le partage de l'oméga. Ils ne devraient même pas avoir à le partager il fallait que ce soit naturel.
Arslan finit par s'allonger en se tournant vers Hilmes, celui qui avait le plus besoin d'être rassuré sur sa place au milieu de ce couple destiné. Ce dernier lui sourit, il devait savourer sa victoire, mais surtout être heureux de voir que son oméga ne le délaissait pas au profit du nouveau venu.
Pourtant Arslan ne s'arrêta pas là, il attrapa une main d'Hilmes et la plaça sur sa hanche. Hilmes en profita alors pour se rapprocher. Il fit de même avec Daryûn qui se trouvait derrière lui et ce dernier agit de la même manière prenant le geste comme une invitation. Arslan plaça sa main entre celle d'Hilmes et celle de Daryûn sans pour autant chercher à couper tout contact entre les deux. Ils se crispèrent mais finirent par s'habituer à ce contact étrange, adouci par la barrière que formait Arslan.
Ils finirent par s'endormir tous les trois ainsi, à égale distance les uns des autres mais reliés par un lien unique. Arslan savoura enfin un sommeil bien mérité. Demain aussi il devrait jouer les diplomates entre ces deux montagnes d'égo d'alpha.
o~~O~~o
Cela faisait une semaine que cela durait. Une très longue semaine. Arslan ne pouvait plus dormir tranquillement et le moindre moment de répit volait en éclat à cause d'un de ses alphas en quête d'attention, ou plutôt cherchant à le monopoliser plus longtemps que son adversaire. Daryûn s'étant bien intégré ils passaient leur temps à se chamailler, Arslan devait sans cesse les arrêter ou calmer le jeu.
Il était à bout.
Il comprit enfin pourquoi Kalhn, l'oméga ayant vécu la même situation que lui, avait interdit à ses alphas de l'approcher ou de partager son lit tant qu'ils n'avaient pas réussi à s'entendre ou à coucher ensemble. Il finit par en venir à cette même conclusion. C'était le seul moyen pour qu'ils comprennent véritablement la situation. Il ne voyait pas comment faire d'autre pour qu'il y ait un début de relation et d'équilibre entre tous les trois. Cette méthode était plutôt extrême alors il pensait qu'il valait mieux attendre encore un peu avant d'en arriver là.
Ou pas.
Après deux heures à devoir jouer les nourrices il en eut sa claque. Il mit le plan à exécution, un plan sournois mais d'extrême urgence. Sa santé mentale et physique en dépendait. Il rêvait de dormir sans les sentir se chamailler autour de lui.
« Stop ! Intervint-il. Cela suffit maintenant ! Je ne pensais pas devoir en arriver là mais vous m'y contraignez à force de vous comporter comme des gamins de huit ans qui se battent pour un jouet ! Je ne suis pas un jouet alors je mérite de l'attention et pas uniquement pour agacer l'autre. Bien maintenant que j'ai toute votre attention je vais vous expliquer… Tant que vous n'aurez pas commencé à avoir une vraie relation tous les deux, vous dormirez dans les appartements d'à côté. Il n'est pas question que je déménage à cause de deux gugusses dans votre genre. C'est clair ? »
Les deux « gugusses » restèrent muets quelques secondes le temps d'assimiler la nouvelle. Ce fut Hilmes qui entama la discussion avec précaution :
« Qu'entends-tu par une « vraie relation » ? - La même chose que dans tout couple normal… Parlez-vous calmement, communiquez, apprenez à vous connaître. Touchez-vous aussi… Car que vous le vouliez ou non cela arrivera lors de mes chaleurs et elles se rapprochent… - Tu veux qu'on… Couche ensemble ? Demanda-t-il perplexe. - Je ne voyais pas si loin mais puisque que tu le proposes pourquoi pas ! - Mais deux alphas ça, commença Daryûn, ça ne peut pas marcher ! Tu comprends ce que je veux dire non ? - Non, répondit Arslan du tac au tac. Je ne vois pas et je ne veux pas savoir. Débrouillez-vous ! »
Les deux alphas firent une mine à briser le cœur mais Arslan manquait trop de sommeil pour s'en soucier.
« Donc si je résume… Si on couche ensemble on peut rester ici ? Demanda Hilmes lentement. - Hilmes… Je te rappelle que s'il n'est pas d'accord c'est du viol ! - Je sais, je ne suis pas fou non plus mais répond à la question. - J'ai dit que je voulais que vous vous entendiez… »
Hilmes se tourna vers Daryûn pour le détailler de haut en bas avant de se tourner à nouveau vers Arslan.
« Tu ne veux pas te mettre entre nous deux ? - Pour que vous vous battiez encore ? - On est obligé d'aller jusqu'au bout ? On ne peut pas juste… Tu sais… Comme quand on… - Hilmes, ralla Arslan. Arrêtes de chercher des échappatoires. - D'accord… Mais je ne vois pas comment faire pour… M'entendre avec lui, dit-il en serrant les dents. - Parlez tout simplement ! - De quoi ? - Pas de moi déjà, c'est sûr que ça limite le champ des possibles pour vous ! Mais il faudra faire un effort ! Oh ! Et ne cherchez pas à vous faire mousser ou à vous vanter je vous surveille… - De quoi on peut bien parler alors ? Demanda Daryûn. - De votre journée… Non ! J'ai mieux ! Donnez des mots positifs pour décrire l'autre. »
Arslan trouva l'idée drôle lorsqu'il les vit se regarder comme s'ils ne s'étaient jamais vus. Il décida de les encourager gentiment.
« Allez, mettez-vous en face et dîtes ce qui vous vient à l'esprit. »
Hilmes roula les yeux mais se tourna malgré tout vers Daryûn. Il soupira, fit la grimace mais le regarda avec attention réfléchissant à ce qu'il pouvait bien dire de pas méchant au sujet de Daryûn. Il se dit qu'il valait mieux rester assez neutre.
« Il ne se bat pas trop ma- il souffla et reprit : il se bat bien. - Ce n'est pas trop mal, commenta Arslan, mais encore ? - Il est très fidèle et dévoué, c'est quelqu'un de loyal, un homme de confiance. Ça suffit non ? - Bon à Daryûn ! - Il combat bien et je dois le reconnaître, bien mieux que moi. Il peut se montrer attentionné de temps en temps et… Il se montre très protecteur envers toi ce qui me paraît tout à fait compréhensible. »
Arslan trouva finalement l'activité très distrayante, ils devraient la continuer dans les prochains jours. Qui sait peut-être qu'ils finiraient par se rendre compte qu'ils n'avaient pas que des défauts… Ce n'était pas gagné mais il n'était pas interdit de rêver quand même !
« Bien, c'est bien je suis fier de vous ! Maintenant vous comprendrez que j'ai des heures de sommeil à rattraper alors j'aimerais me coucher… - Pas de problème, répondit Hilmes.»
Arslan se racla la gorge en regardant les deux alphas se tourner vers le lit le plus naturellement du monde.
« Je crois que vous avez oublié quelque chose tous les deux. »
Il désigna le volet du menton avec un petit sourire. Ils auraient essayé. Tous les deux dépités ils se dirigèrent vers la porte cachée.
« Attendez… »
Ils se figèrent et se tournèrent vers Arslan plein d'espoir.
« Bonne nuit ! » Finit-il avec un petit sourire malicieux.
Ils soupirèrent frustrés par ce faux espoir. Arslan savoura sa douce vengeance puis alla s'étaler sur le lit confortable qui était devenu un lieu de tension. Il profita pleinement de cette nuit bien méritée.
o~~O~~o
Arslan se réveilla frais et de bonne humeur profitant de l'espace qui lui était accordé. Il se demanda malgré tout avec une pointe de culpabilité si ses deux alphas ne s'étaient pas étripés. À pas de loup il se faufila dans les appartements voisins et fut amusé du spectacle qu'il vit. Ils avaient tous les deux tellement pris l'habitude de venir se serrer sur lui qu'ils s'étaient accrochés à la première source de chaleur disponible.
Il trouva la situation attendrissante. Il voulait en profiter autant que possible tant qu'ils étaient paisibles. Il aimerait bien voir cela plus souvent mais il se doutait que cela n'arriverait pas de sitôt. Il s'installa tranquillement et les regarda se réveiller. Daryûn fut le premier à ouvrir les yeux, son expression déroutée lorsqu'il vit Arslan le fit rire. Il devait se demander comment il était possible qu'Arslan soit si loin alors qu'il devait être juste à côté de lui.
Il sursaute presque quand il reconnut Hilmes. Ce dernier ne tarda pas à ouvrir les yeux et eut la même réaction. Arslan les félicita pour cette nuit sans effusion de sang ou de hurlements. Il saisit l'occasion de les féliciter et de les encourager. Il monta sur le lit pour se placer entre eux alors qu'ils finissaient d'émerger et de chasser les souvenirs de la nuit bien trop flous et sujet à interprétation. Arslan se pencha d'abord vers Daryûn et déposa un chaste baiser sur ses lèvres. Il sourit en voyant l'air complètement scandalisé d'Hilmes puis il fit de même.
Un simple baiser pour dire bonjour à ses alphas. Il leur aurait bien proposé de faire de même mais c'était trop tôt et il ne souhaitait pas gâcher ce moment de plénitude. Il leur sourit une derrière fois avant de se lever et retourner dans ses propres appartements.
Il ne pouvait pas toujours favoriser Hilmes non plus… Il inverserait demain.
o~~O~~o
Cette semaine-là fut agréable. Arslan reconnut leurs efforts et les autorisa à regagner le lit conjugal pour un essai. Cela se passa bien. Pas de dispute. Arslan crut au miracle mais il remarqua que s'ils ne se bouffaient plus le nez, ils évitaient de se toucher avec une minutie étonnante. Il se dit que ce serait la prochaine étape à franchir : qu'ils acceptent la présence de l'autre.
« Je dois vous avouer que je suis agréablement surpris par ce revirement. Je suis vraiment très content mais il reste quelque chose auquel vous devez vous habituer… Avoir des contacts avec l'autre… Pas forcément prolongé mais juste de vous tenir la main par exemple. Vous ne voulez pas essayer ? »
Hilmes ne ralla même pas et se tourna vers Daryûn avec un air entendu. Il lui tendit ses mains tournées vers le plafond et Hilmes posa lentement ses mains sur les siennes. Ils restèrent ainsi, Arslan attendait avec une certaine appréhension ce moment. Daryûn referma lentement ses mains sur celle d'Hilmes mais il les retira brutalement par reflexe, comme lorsqu'on s'approche trop près d'une flamme. Hilmes se refrogna :
« Ça suffit pour aujourd'hui, dit-il d'une voix rauque. »
Personne n'objecta. Arslan comprit qu'il était trop tôt mais il devrait parler avec Hilmes pour comprendre ce qu'y n'allait pas et pourquoi il s'obstinait à repousser Daryûn. Certes il faisait des efforts mais Arslan sentait toujours un blocage qu'il ne s'expliquait pas. Hilmes avait pourtant dû comprendre qu'il ne favoriserait pas Daryûn, ni ne le délaisserait.
Ses doutes s'amplifièrent le lendemain lorsqu'Hilmes le retrouva seul dans la chambre. Arslan pensa saisir l'occasion pour pouvoir discuter tranquillement mais Hilmes ne lui en laissa pas le temps. Il s'approcha à grand pas et l'embrassa passionnément. Arslan fut trop surpris pour réagir à ce soudain « assaut ». Lorsqu'Hilmes le laissa enfin respirer il réussit à se reculer assez pour voir son visage.
« Hilmes, souffla-t-il. Qu'est-ce qu'y ne va pas ? - Je te veux, murmura-t-il. N'est-ce pas normal de vouloir son oméga après autant de temps sans pouvoir le toucher ? - Tu n'es pas comme d'habitude… - Accorde-moi cette fois.»
Son ton se fit suppliant ce qui interpella à nouveau Arslan. Hilmes recommença à l'embrasser malgré ces protestations. Quelque chose clochait mais quoi ? Hilmes ne se montrait jamais ainsi.
« Hilmes… - Si tu ne veux pas dis-le franchement ! S'énerva-t-il. Je ne te forcerais pas mais si tu ne me dis pas non alors je continuerais. - Ce n'est pas ça… Tu te souviens de ce que je t'ai dit… Tu autoriserais Daryûn lui aussi à- »
Hilmes ne lui laissa pas finir sa phrase et prit à nouveau ses lèvres. Il ne voulait pas entendre la suite bien qu'il la sût déjà. Il voulait Arslan, son oméga, et surtout oublier Daryûn qu'il sortît une bonne fois pour toute de ses pensées.
Il reprit bien vite ses habitudes, touchant Arslan comme il l'avait toujours fait pour le faire gémir. Cela lui avait terriblement manqué, sentir sa chaleur, son corps, son odeur… Tout. Il connaissait tout par cœur mais le redécouvrait à chaque fois. Il finit par pousser Arslan sur le lit pour continuer plus tranquillement. Arslan répondait à ses caresses et à ses soupirs, à lui aussi cela avait manqué. Il le déshabilla prolongeant leurs caresses à l'infini. Leurs peaux se dévoraient comme affamées par une trop longue absence.
Seulement un invité indésirable se manifesta. Daryûn n'arrivait pas si tôt d'habitude. Hilmes se retint de pester mais il n'avait pas envie de s'arrêter là peu importe qu'il soit ici ou pas. Il continua à toucher Arslan sans se soucier du gêneur. Arslan l'aperçut finalement et le dit à Hilmes craignant que ce dernier ne l'ait pas remarqué. Mais comment aurait-il pu le rater alors qu'il ne se trouvait qu'à quelques mètres ?
« Hilmes, gémit Arslan, Daryûn est là… - M'en fous. Si ça l'amuse de mater tant mieux pour lui. Il n'a qu'à se rincer l'œil autant qu'il veut ! »
Arslan fut choqué d'une telle réponse de la part d'Hilmes. Il ne s'attendait pas à ça, il pensait qu'il demanderait plutôt à Daryûn de repartir d'où il venait. Daryûn, lui ne montra aucun signe annonçant qu'il ferait demi-tour. Après tout Hilmes venait de l'inviter à rester et il en avait bien l'intention.
« Arslan cela te dérange que je reste ? Demanda-t-il. »
L'oméga rougit mais accepta. De toute manière il le verrait ainsi à un moment où un autre. Alors pourquoi pas ? De plus ils étaient tous les trois et les deux alphas ne s'étaient pas disputés pour une fois… C'était l'occasion ou jamais.
Daryûn regarda, bien que gêné par la situation, seulement les ayant trouvé ainsi il ne pouvait plus partir. Arslan était aussi son oméga, il ne voulait pas le savoir se donner à un autre sans qu'il ne soit sûr qu'aucun mal ne lui serrait fait. La sensation était étrange et contradictoire. Il ne voulait pas partager son oméga mais en le voyant ainsi avec Hilmes, il ne trouvait pas cela étrange car c'était Hilmes. Hilmes qui le touchait et l'embrassait, qui découvrait sa peaux et la caressait avec précision.
Il ressentait le plaisir et la complicité qui les unissaient comme s'il participait lui aussi aux échanges. Il voulait les rejoindre, participer, les toucher, non pas juste Arslan mais Hilmes aussi. Le voir frissonner et lâcher prise sous ses caresses. Il voulait le faire sien autant qu'Arslan. Sentir sa chair l'entourer, son corps supplier et sa voix se faire plus rauque. L'entendre gémir. Voir son visage se tordre par le plaisir. Il voulait le posséder peut-être même plus qu'Arslan en ce moment. Il se rapprocha hypnotisé par les épaules musclées d'Hilmes qui roulaient sous sa peau et son dos qui dansait en rythme des gémissements d'Arslan.
Lorsqu'il fut à porter il posa sa main sur le milieu de son dos, hésitant sur le mouvement à suivre monter ou descendre. Hilmes frissonna à son contact mais ne fit mine de ne rien remarquer. Alors il continua son approche et monta sur le lit. Arslan le remarqua enfin mais ne dit rien. Daryûn décida de résoudre son dilemme en posant sa deuxième main dans le dos d'Hilmes, une monta et l'autre descendit. Il prit le temps d'imprimer la marque de ses mains sur sa peau mais Hilmes ne disait toujours rien. Il caressa son dos comme un massage pour s'imprégner de ses formes, de ses creux et de ses monts. Il se pencha lentement, fit courir son souffle sur sa colonne vertébrale cherchant le bon endroit, l'endroit parfait pour déposer son premier baiser.
Il le trouva.
Juste sur la bosse que formait la jonction de la nuque et du dos. Il déposa alors son baiser et l'effet fut immédiat. Il sentit Hilmes frissonner sous lui. Il recommença se collant bien plus dans son dos cette fois. Il embrassa sa nuque, son dos, se frotta contre lui. Son odeur l'excitait. Il était excité par un alpha, l'alpha qui en ce moment même touchait son oméga, était-ce pour cela ? Il voulait le faire sien. Il continua les attentions qu'il lui portait avec minutie. Il voulait le savourer. Il ne remarqua même pas qu'Hilmes s'était figé sous lui.
Arslan s'inquiéta, Hilmes ne bougeait plus où à peine. Il ne s'occupait plus de lui. Il comprit alors en voyant Daryûn le toucher mais il se demanda pourquoi Hilmes ne l'avait pas encore envoyé balader… Sa mine rouge et son souffle court lui firent comprendre. Hilmes le voulait aussi. L'oméga sentit qu'il n'avait plus sa place au milieu de ces deux-là pour le moment. Ils devaient créer leur lien. Peut-être est-ce ça dont Samir parlait ? Il se dit qu'il valait mieux se retirer et les laisser. Il fit un mouvement pour se dégager mais Hilmes le retint, il s'accrocha à lui cherchant de quoi l'empêcher de sombrer.
Cela l'effrayait. Cette sensation qui l'envahissait était étrange, vraiment étrange. Elle rongeait Hilmes depuis plusieurs jours déjà. Cette envie de se glisser au milieu du couple destiné. Ce désir de prendre Arslan mais d'être pris par Daryûn. Il faisait ce même rêve depuis plusieurs nuits… Depuis qu'il avait dormi seul avec Daryûn. Son odeur, son corps tout le tentait, le poussait à céder.
Et cela arrivait en ce moment même. Daryûn le touchait. Une part de lui pourtant refusait toujours de céder. Les alphas ne se soumettaient pas à d'autres alphas. Il y avait toujours de la rivalité entre eux, le désire de dominer l'autre et de le faire perdre. Il ne voulait pas perdre la face ni montrer que ça l'atteignait autant, que ça lui plaisait, l'excitait au plus haut point…
Pourtant il cédait de plus en plus de terrain, répondant aux caresses par des gémissements, aux frustrations par des mouvements de rapprochement.
Il se mordit les lèvres. Il devait tenir !
Il laissa un gémissement filtrer entre ses dents. Mais c'était si bon…
Il grimaça. Il ne devait pas.
Il relâcha sa prise sur Arslan et le laissa partir.
Plus d'excuse.
Il se tint au lit alors que Daryûn prenait pleinement possession de lui. Il lâcha prise cette fois. Se laissa guider par des mouvements de hanches qui lui arrachaient des gémissements de plaisirs. Il voulait plus. Daryûn continuait le serrant encore plus contre lui, conquérant de plus en plus de terrain, se frayant un chemin de plus en plus loin.
Ils s'arrêtèrent essoufflés mais ce n'était pas encore assez. Ils continuèrent. Daryûn se mit face à lui pour ne perdre aucune miette du spectacle qui s'offrait à lui. Il l'embrassait à pleine bouche, touchait les parties de son corps exposés qu'il n'avait pas encore pu atteindre. Il ne s'en lassait pas. Il voulait le marquer mais il sentait que s'il le faisait cela s'arrêterait, qu'Hilmes cesserait de le désirer et il ne le supportait pas. Il souhaitait que cela se prolongeât, sentir encore ce parfum qui émanait de sa peau depuis ses derniers jours.
o~~O~~o
Hilmes fatiguait. Depuis combien de temps faisaient-ils ça ? Depuis combien de temps se mêlaient-ils l'un dans l'autre ? Allaient-ils seulement pouvoir se décoller ?
« Daryûn, pria-t-il. Je n'en peux plus… - Ce n'est pas encore assez, grogna-t-il. »
Arslan se tenait dans un coin de la pièce. Il n'arrivait pas à se détacher de la scène qui se déroulait. Leurs corps s'emmêlaient avec une facilité déconcertante. Il les entendait soupirer, grogner et gémir. Il fut impressionné qu'ils fussent toujours aussi vigoureux après tant d'efforts. Ils seraient rodés pour supporter ses chaleurs.
Cette fois pourtant la flamme sembla s'essouffler. Ils étaient plus lents, Hilmes était à bout. Il ne se tendait plus, il s'arquait complètement, lâchant sa tête vers l'arrière et accrochant ses mains à tous ce qui pouvait le retenir dans la conscience. Daryûn aussi ralentissait le rythme, sans pour autant s'arrêter. Il se pencha sur Hilmes et mordit son cou. Hilmes poussa un cri rauque et essoufflé. Ils tremblèrent tous les deux avant de s'effondrer l'un sur l'autre.
o~~O~~o
Hilmes fut réveillé par une mèche de cheveux qui lui chatouillait un peu trop le nez. Il sut tout de suite que le réveil serait douloureux, une certaine partie de son anatomie le brûlait avec une ardeur sans équivalence. Il n'avait jamais connu ça et… Il faut dire qu'il n'avait jamais connu pareil traitement. Daryûn l'écrasait mais aucune trace d'Arslan à proximité. Cela lui déplut fortement. Il tapota le dos du tas qui le couvrait pour le faire bouger. Daryûn grogna sans pour autant s'écarter au contraire même il vint se coller encore plus. Hilmes laissa échapper un cri tout sauf viril quand il sentit cette partie sensible de son anatomie être attaqué dès le réveil. Il poussa Daryûn avec le peu de force qui lui restait autant dire que Daryûn ne se souleva que de quelques centimètres au-dessus de lui.
« Tu peux courir ! Tu ne me touches plus durant ces prochains jours espèce de grand malade ! - « Ces prochains jours » hein ? Cela veut dire qu'après je peux, sourit-il. - Crève ! »
Arslan les regarda se chamailler avant de se manifester enfin.
« Vous êtes enfin réveillés ? Vous ne savez pas tous ce que j'ai dû faire pour expliquer votre absence, soupira-t-il. Hilmes tu es censé être malade ce qui explique ton retard et Daryûn est censé t'aider pour que tu n'es pas à sortir du lit. J'ai dû cacher ton déjeuné pour qu'ils croient que tu étais dans ta chambre Daryûn ! Et bien sûr je me suis arrangé pour que personne n'entre ici, autant dire que ce n'est pas évident ! Vous auriez pu raccourcir un peu… - Dis ça à l'autre ! S'exclama Hilmes. C'est lui qui n'a pas voulu me lâcher ! - Oui mais on ne peut pas dire que tu t'y sois réellement opposé, tu semblais plutôt apprécier même… Je me trompe ? - Tu te ligues contre moi ? Toi, mon oméga ? Si je pouvais me lever je partirais tellement je suis outré par de telles remarques ! »
Arslan pouffa de rire. Daryûn le regarda se demandant s'il était sérieux ou pas. Il ne l'avait jamais vu se comporter ainsi mais Arslan semblait en avoir l'habitude.
« Mais dis-moi Arslan… Tu avais dit que si on s'entendait alors on pourrait te toucher n'est-ce pas ? Demanda Hilmes avec un petit sourire. - Pour le moment réussi à te lever après on verra ! Vous avez tous les deux une longue journée. J'espère pour toi Hilmes que le roi n'a pas prévu de sortie à cheval… Tu vas voir que ce n'est pas évident. »
Hilmes déglutit. Il n'avait pas pensé à ça. « Merde » ce fut sa seule pensée.
o~~O~~o
Hilmes trouva la journée particulièrement périlleuse. Il tentait de garder un semblant de fierté mais il devait faire face à des regards qui ne cessaient de se tourner vers lui. Cela était totalement inhabituel de plus il voyait des sourires apparaître dès que Daryûn se trouvait à proximité. Il y avait anguille sous roche. Cela se confirma quand son père vint le voir avec un grand sourire. Cela n'annonçait rien de bon, du tout.
« Eh bien, je ne pensais pas que vous vous entendriez si bien si vite ! - De quoi ? Demanda-t-il surpris. - L'odeur de Daryûn te couvre complétement ! C'est sûr que là tout le monde comprend que Daryûn et toi… Vous entendez bien ! Ainsi que sa soudaine promotion pour qu'il soit juste à côté de toi. - Vous êtes en train de me dire que si tout le monde me fixe c'est parce qu'ils savent que je… Dors avec Daryûn ? Il a passé toute la matinée avec moi car j'étais malade c'est normale que je puisse avoir un peu de son odeur. - Hilmes, comprend bien que ce n'est pas ce genre d'odeur… Tu sens presque plus Daryûn, qu'Arslan avait ton odeur en sortant de la première chaleur que vous avez passé ensemble. Tu comprends que dans ces conditions il n'y a pas de place aux doutes… Et puis je ne savais pas qu'un peu de fièvre donnait des boiteries, dit-il avec un petit sourire. - Alors, là tout le monde sait que j'ai… couché avec Daryûn ? - Et pas qu'une fois en plus ! - Je crois que je vais aller me terrer dans un trou sous les dalles du palais. - Mais non ! C'était le but ! Tout le monde le croit alors c'est parfait. Personne ne soupçonnera ce qui se cache vraiment et si tu restes assez près d'Arslan tout le monde pensera que l'odeur de Daryûn viendra de toi et pas de lui ! Exactement ce qu'il fallait, sourit-il. - Ce n'est pas vous qui êtes dans ma situation ! - Je dois dire que ça m'arrange ! Mais en même temps tu ne t'ennuieras pas et puis tu as l'air d'apprécier malgré tout… - Père c'est suffisamment gênant comme ça alors si en plus tout le monde sait… Ma réputation est fichue… - Ne dis pas ça, au moins tu recevras des propositions intéressantes, soupira-t-il. - Pardon ? - Bon je te laisse te dépatouiller avec tes histoires ! »
Hilmes en aurait presque pleuré, lui qui ne voulait déjà pas avoir de relations avec un autre alpha maintenant TOUTE la cour le savait et d'ici une semaine ou deux cela aurait fait le tour du pays. Génial. La journée allait être très longue, de plus il ne devait rien montrer de la douleur qui le parcourait. Certes il avait connu pire mais là c'était fourbe. Elle se faisait oublier et revenait subitement lors d'un mouvement parfois totalement sans rapport avec la zone douloureuse. Il devait se retenir de grimacer mais elle se rappelait à lui dans des moments totalement imprévisibles. Il voyait que cela amusait Daryûn. Il lui lança des regards meurtriers toute la journée. Il se vengerait et Daryûn allait souffrir autant que lui. Ce dernier répondit par des regards de défis, de toute manière il ne pourrait pas se venger avant quelques jours. Cela le fit enrager.
Cette espèce de…
Arslan s'amusait comme un petit fou en les regardant se chamailler à distance. Si Hilmes recevait des regards tantôt outrés tantôt amusés, il sentait des regards compatissant se poser sur lui. Il hésitait dans le rôle qu'il devait tenir : l'ingénu qui n'avait rien vu et bien trop innocent pour penser à une telle chose ou le mari bafoué qui devait supporter cette honte.
Choix difficile.
Il opta pour l'ingénu. Un rôle plus facile à tenir compte tenu de son caractère et surtout il n'aurait pu se retenir de rire en jouant le mari trompé. Peut-être le réserver pour plus tard… Avec les disputes et petites scènes mélodramatiques à coup de : comment as-tu osé me faire ça alors que je t'aime de tout mon être, larmoyant. Les prochaines semaines s'annonçaient distrayantes.
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Hilmes finit par se réfugier dans ses appartements. Son père avait raison, il venait de recevoir plusieurs propositions dans la même journée et de personne dont il n'aurait pas soupçonné ces penchants. À croire que mettre le prince héritier dans son lit était devenu un nouveau sport. Certains lui lançaient de petits sourires en coin, d'autres s'approchaient d'un peu trop près dès qu'ils se retrouvaient seuls. Le summum fut lorsqu'il croisa Arslan, ce dernier affichait son habituel sourire et il vit dans son regard qu'il s'amusait beaucoup à jouer l'époux niai qui n'avait rien vu. Les femmes qui entouraient le prince lui jetèrent des regards emplis d'éclairs qui lui disaient : comment osez-vous ? N'avez-vous pas honte de montrer si ouvertement que vous le trompez ? Le prince Arslan est tellement gentil, il ne mérite pas ça… Et autres reproches. Les pauvres, il les plaindrait presque de voir qu'Arslan les menait par le bout du nez et se moquait totalement d'elles mais vu comment elles le fixaient il n'allait pas les plaindre !
Il s'assit doucement sur le lit. Cette journée avait certainement été la plus épuisante de sa vie même faire la guerre le fatiguait moins. Il avait dû se retenir de tous les envoyer se faire… Ahem, balader. Il devait faire bonne figure, comme si tout cela était tout à fait normal et qu'il n'y avait aucune différence avec les jours précédents.
Arslan le rejoignit au bout d'une heure environ et Daryûn ne tarda pas à apparaître à son tour. Tous les deux affichaient de grands sourires.
« Je vous déteste, salua Hilmes. - Oh, tu as été au centre de l'attention toute la journée cela te plaît d'habitude, commenta Arslan. - On m'a même demandé comment j'avais fait et si t'étais un bon coup, rajouta Daryûn. Mais je leur ai dit que je ne voulais pas partager… Ils ont conclu que tu devais réellement être un bon coup au lit, sourit-il. - C'est pour cela qu'ils ont passé la journée à me courir après. Merveilleux ! - Mes suivants me regardaient avec tellement de compassion que s'en était hilarant, ajouta Arslan. - Il n'y a que pour moi que cela était un véritable enfer, alors ? Demanda-t-il avec mauvaise foi. - Voyons, tu ne disais pas ça hier… Répondit Arslan. - C'est officiel : je vous hais. »
Arslan se mit à rire face à la mine rageuse d'Hilmes. Il se doutait que cela n'avait pas dû être facile pour lui mais tout de même il en rajoutait un peu.
« De toute manière il fallait que tout le monde le croit, au moins ça c'est réglé! Conclut Arslan. - Oui je sais mais… Recevoir des propositions ou me faire courtiser par tous les alphas de la cour ce n'était pas prévu ! Je m'en serais bien passé de ça. - Dans ce cas autant faire comprendre que la place est chasse gardée, déclara Daryûn. - Je t'ai dit que tu pouvais courir, il est hors de question de remettre ça aujourd'hui, tu m'entends ? J'ai mal tu sais… - Moi qui espérait tant retrouver les bras de mon précieux amant… - Tu es en rut ma parole, soupira-t-il. Bon je consens à ce qu'Arslan puisse en profiter, s'il le veut bien sûr mais moi je vais dormir. - Hey je ne suis pas un objet qu'on peut prêter ! - C'est pour ça que j'ai précisé « si tu voulais ». Il ne risque pas de te forcer à quoi que ce soit tant que je serais là pour le surveiller, ce mâle en rut. »
Hilmes alla se coucher sans plus s'occuper d'eux. Daryûn jeta un coup d'œil à Arslan puis au lit où Hilmes venait de s'allonger.
« Tu veux qu'on fasse ça à côté de toi ? Pervers… - Hier, cela ne t'as pas gêné de nous regarder avec Arslan ! C'est qui le pervers ? Et je ne vous oblige à rien du tout, pas plus que je ne vous empêche d'aller dans l'autre chambre. »
Daryûn regarda Arslan. Il n'avait encore rien fait avec son oméga, à peine un baiser, peut-être est-ce l'occasion d'approfondir un peu les choses ? Arslan comprît le message et lui sourit.
« Par contre je ne te garantis pas que nous irons plus loin que quelques caresses, après tout nous n'avons encore rien fait du tout… Je n'aime pas brusquer les choses comme vous deux hier après on a de mauvaises surprise. »
Hilmes grogna à cette remarque. La vie était injuste avec lui. Le lit s'affaissa à côté de lui.
Ils n'ont pas hésité longtemps…
Il se tourna piqué par la curiosité… Et puis il devait bien les surveiller… On ne sait jamais ! Daryûn tenait Arslan dans ses bras et l'embrassait tendrement. Il aperçut les rougeurs sur les joues d'Arslan et comprit que cela n'irait pas plus loin ce soir. Il savait qu'Arslan prenait son temps au début même s'il se montrait très « débridé » lorsqu'il avait l'habitude. Il leur avait fallu beaucoup de temps avant de passer à l'acte mais après cela s'était débloqué tout seul. Il faudrait certainement moins de temps cette fois-ci. Il les regarda faire avant de finalement soupirer :
« Vous m'ennuyez vous savez… »
Il se rapprocha d'eux et se glissa entre les deux pour pouvoir à son tour embrasser Arslan. Ce dernier se laissa faire, la douceur qui émanait de leurs échanges lui faisait le plus grand bien et le mettait en confiance pour leurs prochains échanges. Hilmes le délaissa pour s'occuper de Daryûn. Il décida de finalement prendre sa revanche malgré son bassin douloureux. Daryûn profita qu'Arslan se soit détendu grâce à la participation d'Hilmes pour approfondir un peu leur échange. Après tout, il pouvait bien lui procurer un peu de plaisir ce soir sans pour autant aller très loin dans leurs ébats et puisqu'Hilmes semblait d'humeur… Autant en profiter.
Arslan appréciait les caresses et attentions que lui procurait Daryûn. Il n'avait pas l'air très expérimenté mais il se débrouillait bien. Sa langue et sa bouche se montraient particulièrement habiles à le satisfaire et les vibrations que provoquaient ses gémissements se faisaient très agréables. Pendant ce temps-là, Hilmes savourait sa douce vengeance qui semblait tout aussi agréable pour sa victime. Arslan fut le premier à lâcher prise et Hilmes profita de la liberté de mouvement rendu à Daryûn pour le prendre avec bien plus d'ardeur. Il devait l'avouer la situation était grisante, Daryûn gémissant sous lui et le visage d'Arslan encore rouge et essoufflé par le plaisir qui venait de le submerger. Daryûn abandonna la partie et il lui suivit dans l'instant qui suivit.
Ils s'étalèrent tous les trois sur le lit totalement épuisés, pourtant quand Arslan vint chercher un dernier baiser avant de s'endormir, une énergie nouvelle les envahit aussitôt. Hilmes et Daryûn échangèrent un regard avant de le tourner vers Arslan. Il commença alors à se demander si c'était réellement une bonne idée qu'ils s'entendent bien.
Peut-être était-ce ça la magie de la légende du xi ?

Illustration pour Ce qui se cache derrière le masque
Se méfier des apparences
Résumé: Omégaverse! Parfois la vie réserve des surprises inattendues, le jour où Arslan révèle son genre c’est un véritable séisme au sein de la cour! Mais aussi dans la vie de Daryûn...
Type: OS Rated: M Pairings: Arslan x Daryûn; Hilmes x Zandé

Un évènement totalement inattendu venait de se produire. Le genre de nouvelle complètement incroyable qui pouvait vous laisser complétement ahuri. Le neveu du roi, Arslan, venait de révéler son genre à près de seize ans. Cet évènement était attendu depuis longtemps, la seizième année étant la dernière année où le genre pouvait se révéler. Après cet âge on considérait la personne comme bêta, en effet les tranches d’âge étaient bien délimitées : de douze à quatorze ans c’était en générale les omégas et de quatorze à seize ans les alphas. Il arrivait toute fois que certains omégas soient plus tardifs ou que des alphas soient plus précoces. Le seul cas particulier où le genre pouvait être déterminé dès la naissance était les femmes alphas, puisque cela se voyait physiquement. Des partisans du roi espéraient la disgrâce d’Andragoras par cela mais il n’en fut rien. La cour et même la famille royale s’attendaient à ce qu’il soit un oméga tardif au vu de son physique frêle et sa présence effacée, les autres supposaient qu’il serait juste un béta un peu timide mais rien de plus. Personne ne s’attendait à ce qu’il s’était produit.
Le frêle Arslan se révéla être un alpha comme son cousin et son oncle. Andragoras jubilait intérieurement bien qu’aussi rongé par une jalousie certaine, lui n’était que béta. Le cas d’Arslan fit grand bruit mais ramena un autre cas assez similaire au jour. Zandé, l’époux du prince Hilmes, lui aussi possédait un physique qui détonnait totalement avec son genre. Ce dernier avait le physique et la même force qu’un marzbâhn, seule la stratégie et l’expérience lui manquaient pour mériter le poste. Pour certaines mauvaises langues, ce physique expliquait son apparente stérilité après pas loin de huit ans de mariage. Jamais aucun signe de grossesse. Certains se demandaient s’il ne valait pas mieux que son Altesse Hilmes se trouve une concubine pour lui donner un héritier.
Cependant s’ils avaient été plus attentifs ils auraient pu voir qu’un cas similaire à Zandé existait et ce parmi les marzbâhns même. Un autre cas étonnant : Daryûn. À la cour, personne n’avait jamais rien remarqué, la question ne leur effleurait même pas l’esprit. Il n’avait pas le physique typique du genre lui non plus mais surtout ses chaleurs étaient si courtes que personne ne le remarquait. Jamais plus de deux jours et encore ce n’était pas très intense. Même durant son adolescence personne ne l’avait remarqué jusqu’au jour où il avait eu sa première chaleur. Sacré découverte !
Daryûn n’avait jamais spécialement cherché à le cacher et jamais personne ne s’était posé la question ou n’avait eu le moindre doute concernant le fait qu’il soit un alpha. Presque aussi naturel que respirer de l’air. Les marzbâhns le savaient car le roi l’avait mentionné lors d’une réunion. Ils furent tous très surpris et après plusieurs essais ils avaient pu discerner de légers effluves trahissant le genre de Daryûn. Cela était si léger qu’il était impossible de le sentir à moins de se concentrer dessus.
Seulement lorsque l’incident survint, ce fut une claque pour tout le monde.
Arslan prenait à peine conscience des exigences qui venaient avec son genre. Vahriz fut chargé de lui expliquer de quoi il retournait. Le jeune homme était lui-même persuadé d’être un béta ou un oméga alors il n’avait jamais trop prêté attention à ce qu’on lui disait sur la classe dominante. Les alphas de la famille royale devaient pourtant suivre un chemin bien tracé : il entrerait dans les armées au service du roi Osloes, puis d’Hilmes. Il allait recevoir des enseignements et entrainements pour devenir marzbâhn ou bien être considéré comme tel. Il deviendrait aussi conseiller et, selon l’usage, l’Êrhan d’Hilmes. Il devrait donc être au courant de tout et capable de faire preuve de diplomatie et d’autorité. Un monde qu’il ne soupçonnait pas s’ouvrait à lui et il comprit que les expectatives le concernant seraient plus grandes. Il allait devoir faire beaucoup d’efforts pour satisfaire les attentes et son caractère risquait de lui être reproché. Il n’aimait pas se mettre en avant et n’avait pas l’impression de pouvoir se montrer un jour autoritaire. Le poids de ses devoirs commença à se faire sentir mais il l’acceptait et ferait tout pour les accomplir au mieux.
Après quelques explications plutôt tournées vers les changements physiques il comprit enfin d’où venaient les parfums qu’il sentait depuis ces derniers jours. Son corps allait subir de nombreux changements durant l’année à venir, les alphas se développaient plus tardivement mais plus rapidement que les omégas. Son Maître était persuadé que d’ici quelques jours, il sentirait déjà les premiers changements. Il devait surtout apprendre rapidement à gérer ses phéromones ou bien éviter les omégas du palais pour ne pas les incommoder. Cela lui fit tout drôle d’être celui qui pouvait incommoder plutôt que d’être celui qui serait incommodé.
Il s’était préparé à devoir supporter le machisme et le complexe de supériorité de certains alphas alors il ne se voyait pas faire ça. Il trouvait ça injuste, voir même cruel de la part d’un alpha de profiter de son statut pour rabaisser ou abuser d’un bêta ou d’un oméga. Il se dit que finalement être un alpha ne serait pas de trop pour calmer ses congénères en rut et prêt à sauter sur tout ce qui bouge. Il voulait bien accepter l’idée qu’un alpha ait plus de besoins que la moyenne et qu’un rut ne soit pas évident à gérer, après tout c’était l’équivalent des chaleurs et ces dernières étaient particulièrement difficile à vivre, mais ce n’était pas une raison pour s’en prendre à la première personne qui leur passait sous la main. Une pensée le heurta soudainement : allait-il devenir comme ça ? Serait-il lui aussi incapable de se contrôler en période de rut ? Ferait-il du mal à oméga ?
« Maître Vahriz… Est-ce que… ? - Que vous arrive-t-il, Messire ? Je ne peux vous répondre si vous ne finissez pas votre question vous savez. - Je me demandais… Avec tout ce que j’ai entendu ou pu constater, est-il donc si difficile de se contrôler quand on est en rut ? Ou bien certains profitent de la situation sous prétexte qu’ils ne se contrôlent plus ? - Vous vous inquiétez à ce que je vois, le rut est comme les chaleurs il est difficile de savoir les réels effets que cela a sur la personne qui le vit car personne ne le vit de la même manière. Cependant le rut ne se déclenche que lorsque son oméga est en chaleur. Il est en réalité très rare que cela arrive hors des chaleurs de son partenaire car cela produit en réaction à ce phénomène. Cependant un alpha n’est pas toujours en rut lors des chaleurs, en réalité cela a tendance à disparaitre car les alphas gardent une activité sexuelle assez régulière donc il a peu de pique comme avec le rut. - Et… Peut-on ne jamais être en rut ? - Je ne pense pas, car si vous avez une longue période sans activité, pour une raison ou une autre, vous aurez assez souvent un rut après. Disons pour résumer que si vos pratiques sont régulières cela diminue le rut mais si vous avez de longue période de « vide » alors vous êtes y plus enclin. - C’est plutôt complexe finalement, soupira Arslan. - Vous savez… En générale on conseille aux jeunes alphas comme vous de… » Vahriz chercha ses mots. « D’avoir de la compagnie, car à votre âge il peut être difficile de se contrôler et le seul fait de sentir un oméga près de soi peut provoquer des effets… Embarrassants. »
Arslan mit quelques minutes à comprendre où voulait en venir son Maître d’armes. Il rougit violemment aux sous-entendus.
« Euh… Je… Enfin, bégaya-t-il. Je ne disais pas ça parce que je… J’avais un problème, c’était plus par curiosité et que cela m’inquiète aussi. Je n’ai pas envie de faire de mal à un oméga vous voyez… - C’est très bien de votre part, de nombreux princes de sang comme vous n’avez pas cette délicatesse. Ne le répétez pas mais même son Altesse Hilmes au début se montrait plutôt arrogant et c’est l’arrivée de Zandé qui l’a calmé. - Vraiment ? Je ne me souviens pas d’Hilmes ainsi… Je le trouvais plutôt confiant qu’arrogant mais j’étais jeune à ce moment-là et facilement impressionnable aussi… - De toute manière sa Majesté le roi Osloes ne l’aurait pas laissé continuer trop longtemps avant de le remettre sur le droit chemin… - Ne vous vexez pas mais je ne vous savez pas si impliqué dans le sort des omégas. - Oh ne vous en faîtes pas, vous savez je ne me suis pas toujours bien comporté envers les omégas et je le regrette encore aujourd’hui mais il est parfois difficile d’ouvrir les yeux lorsqu’on est dans la classe privilégiée… - Qu’est-il arrivé pour vous faire changer d’avis ? - On change vite d’opinion lorsqu’on se sent touché, j’étais très proche de ma petite sœur et lorsqu’elle s’est révélée oméga cela a été un choc pour moi. Je ne voulais pas qu’elle soit traitée comme je traitais les autres omégas. Alors j’ai fait des efforts pour changer, pas tout certes mais j’ai changé d’avis. Je pense toujours certaines choses et cela n’évoluera pas mais cela s’est transformé en bienveillance plutôt qu’en simples principes appris et recrachés. Je suis toujours trop conservateur aux yeux de mon neveu, soupira-t-il, mais ma sœur sait comment j’étais avant... - Nous faisons tous des erreurs, cela ne veut pas dire qu’on ne peut se rattraper plus tard et il est toujours difficile de prendre du recul sur ce que l’on nous a appris tout au long de notre vie. - Vous avez parfaitement raison… »
Vahriz continua de lui parler mais Arslan n’écoutait plus. Une fragrance plus légère et subtile venait d’attirer son attention. Il se tourna attiré par ce doux parfum et oublia totalement la présence de son Maitre d’armes. Il ne vit bientôt plus que Daryûn au bout du couloir complètement figé. Vahriz remarqua sa soudaine inattention et suivit son regard.
« Un problème, messire ? - Je ne savais pas que Daryûn était un oméga… - Je vous demande pardon ? Comment vous- - Je le sens, dit-il. Son parfum est différent des autres. Très différent même. - C’est bien la première fois que quelqu’un le sent, surtout à cette distance…»
Arslan commença à avoir chaud.
« Je crois que je vais me retirer… - Vous ne vous sentez pas bien ? »
Non, il ne se sentait pas bien.
Son corps lui hurlait de se rapprocher pour comprendre ce parfum qui l’attirait. Cela venait-il de Daryûn ? Parce qu’il était oméga ? Comment se faisait-il qu’il ne l’ait pas su avant ? Pourquoi était-ce si délicieux ? Il comprit alors les mots de Vahriz, en voilà une situation embarrassante. Pourrait-il seulement marcher jusqu’à sa chambre dans cet état ? Il espérait ne croiser personne, c’était vraiment très gênant et il se sentait honteux que son corps réagisse ainsi pour une simple odeur. Comment cette simple odeur pouvait l’attirer autant et le mettre dans cet état ?
Pourtant cela devint pire.
L’odeur de Daryûn n’avait plus rien d’innocente, cela devint un véritable appel à la luxure. Si au début il était capable de partir maintenant il ne pouvait plus bouger, il parvenait tout juste à rester sur place et pas se rapprocher. Tiraillé entre la raison et l’instinct. Il se retrouva donc planté là sans oser bouger espérant que Daryûn partirait.
Daryûn resta figé au milieu du couloir malgré le sang qui bouillonnait dans ses veines. Il brûlait de l’intérieur. Quelque chose venait de céder en lui, il ne contrôlait plus ses gestes ni ses phéromones. Il se mit à avancer en direction d’Arslan mais ne sut d’où venait cette volonté. Il devrait pourtant fuir l’alpha qui se trouvait devant lui, surtout dans cet état, mais il en était incapable. Il voulait se rapprocher encore en peu... Approcher cet alpha qui le désirait. Il ne comprenait plus rien, il n’avait jamais ressenti ça. Le besoin vital de se lier le poussait vers Arslan sans qu’il ne pût y réfléchir plus.
« Daryûn. »
Son nom murmuré comme une lointaine caresse.
« Arslan... »
Un appel.
« Daryûn ! »
La voix de son oncle résonna dans le couloir. Daryûn se sentit tomber à genou, son corps ne le portait plus. Il peina à se tenir pour ne pas s’étaler complètement par terre. Après ce fut le trou noir.
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Arslan s’enferma dans ses appartements. Il était en sueur et essoufflé. Il tenta tant bien que mal de se calmer mais il n’y parvint pas. Il desserra son col d’un coup brutal le déchirant presque. Il repensa à Daryûn quelques minutes plus tôt, à son odeur, à l’envi de le plaquer au sol, non, plutôt dans son lit qui se trouvait juste en face. Il le voulait pour lui. Le faire sien. Le posséder.
Ce sentiment le déchirait de l’intérieur, il souhait sortir et le rejoindre mais son esprit le forçait à rester ici. Il ne pouvait réfléchir et il le regretterait s’il commettait un tel acte. Peut-être que Daryûn le pardonnerait ou que le roi se montrerait indulgent mais pas lui. Il ne le supporterait pas.
Alors il attendit.
Il ne resta pas inactif pour autant. Il finit par enlever son haut, la chaleur était étouffante. Il aurait aimé marcher mais son état ne lui permettait pas. La tension dans son bas ventre commençait à devenir douloureuse. Il s’activa pour la faire disparaitre mais cela revint à peine il eut terminé. Il se déplaça pour s’assoir contre le mur et dut recommencer à se toucher mais rien à faire cela revenait tout le temps. S’il avait le malheur de fermer les yeux il pouvait voir la silhouette de Daryûn se dessiner sous lui, ou plutôt ce qu’il en imaginait. Cela le rebutait de penser de telles choses, de se voir si dominant et Daryûn si soumis et docile sous ses assauts. Il frissonnait en se rendant compte qu’il pouvait penser de cette manière et en tirer du plaisir.
Son désir commença finalement à décliner après deux longues heures et ses fantasmes se firent plus doux. Cela finit même par l’apaiser et le calmer. Il était épuisé mais il y voyait enfin plus clair. Il s’allongea sur son lit après s’être changé et rafraichi. Cette réaction n’était pas normale, il en était persuadé. Un alpha ne réagit pas ainsi sans la moindre raison. Vahriz lui avait parlé de phénomènes « embarrassants » pas de quelque chose d’aussi intense. Seulement il lui avait aussi expliqué que le rut allait de pair avec les réactions de son oméga... Les différentes informations commencèrent à se recouper entre elles et la conclusion qu’il tira le laissa encore plus pensif.
Il devait parler à Vahriz.
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Daryûn se réveilla dans sa chambre, les muscles endoloris et courbaturés. Tout son corps le faisait souffrir et il avait soif, très soif. Il vit un plateau près de son lit et se jeta dessus. Il saisit la jarre et but à même le goulot, il ne remarqua même pas l’eau qui se mit à ruisseler sur son menton. Ses jambes tremblantes s’effondrèrent sous son poids. Tout son corps tremblait et sa tête était douloureuse. Il avait faim, son corps réclamait de la nourriture. Il avala tout ce qui se trouvait sur la table en prenant à peine le temps de mâcher. Il se sentit mieux et reprit peu à peu conscience de son corps. Il était nu, couvert de sueur et poisseux. Une odeur âcre lui piqua le nez, il se sentait aussi sale qu’après une campagne militaire. Il ne manquait plus que la poussière pour coller à sa peau mais celle-ci était remplacée par du sperme, le sien. Mais que c’était-il passé ? Avant de se triturer l’esprit pour comprendre le fin mot de cette histoire il décida d’aller se laver. Il pourrait réfléchir tranquillement une fois frais et habillé. Il avança laborieusement jusqu’à son armoire pour prendre des vêtements propres et s’approcha de la petite commode surmontée d’une bassine faisant office d’évier. Par chance ou grâce à la prévenance de ses gardiens de l’eau claire si trouvait déjà. Il sortit une éponge et un savon puis se leva rapidement. Il aurait certainement l’occasion d’aller prendre un bain un plus tard dans la journée. Mais quelle heure était-il ?
Une fois qu’il eût terminé et fût habillé il s’assit sur le bord du lit mais changea d’avis en constatant que ses draps étaient humides de sueur et de traces. Il se lova confortablement dans un fauteuil et essaya de faire le point sur ce qui était arrivé mais ses souvenirs étaient trop flous. Impossible de comprendre ce qu’il s’était produit et cela l’inquiétait. Il devrait attendre pour comprendre ou bien faire savoir qu’il était réveillé. Il marcha péniblement jusqu’à la porte pour constater qu’elle avait été fermée depuis l’extérieur. Pourquoi l’aurait-on enfermé ? Il regagna son fauteuil et ne put qu’attendre qu’on vienne le voir.
Une servante du palais vint finalement ouvrir sa porte, elle lui portait un nouveau plateau de nourriture et de quoi boire. Il lui aurait presque sauté dessus pour avoir des informations mais il n’en avait pas la force. Il la salua avant de finalement en venir à ce qui le préoccupait :
« Que… Est-ce que vous savez ce qu’il s’est passé hier ? Enfin ce qu’il m’est arrivé ? - Hier ? Cela fait près de cinq jours que vous êtes là, vous êtes entré en période de chaleur… Ce n’est pas très prudent de vous balader ainsi alors que vous étiez si proche de vos chaleurs. - Cinq jours ? S’exclama-t-il. Mais comment ? Et puis j’ai déjà passé mes chaleurs je ne comprends pas… - Vous savez… Les rumeurs disent que vous auriez réagi au seigneur Arslan… Après c’est ce qui se dit, je n’en sais pas plus. - Merci pour ces informations et est-ce que vous pourriez faire chercher mon oncle s’il est disponible ? Et quelqu’un pour changer les draps… - Je vais m’en occuper tout de suite, sourit-elle. »
Il l’a remercia de nouveau avant qu’elle ne parte. Son oncle arriva quelques minutes plus tard et lui adressa un petit sourire chaleureux. Daryûn se dit qu’il devait vraiment être inquiet pour arriver si rapidement.
« Daryûn, tu sais que tu m’as fait peur… Je me demandais ce qu’il arrivait. - Mais je ne sais toujours pas ce qu’il s’est passé, mon oncle. - Tu as réagi très, voir trop, positivement à Arslan. Je ne pensais pas te voir ainsi un jour, je crois qu’Arslan et toi êtes très compatibles, voir même un couple destiné… Vous êtes tous les deux totalement l’opposé de votre genre, cela ne m’étonnerait même pas ! - Je suis trop vieux pour lui… - Oh je suis sûr que le seigneur Andragoras ni verra aucun problème et au vu de sa réaction et de son inquiétude pour toi je pense qu’Arslan ne serait pas contre non plus. Peut-être même que ce serait l’occasion pour te marier… - Mon oncle… - Ecoute Daryûn, n’importe quel oméga de ton âge est déjà marié et avec des enfants ! La seule chose qui t’as permis de te passer de compagnon jusqu’à maintenant c’est le fait que tu ne ressentes pas le manque d’un partenaire et que tout le monde te pense alpha mais cela ne peut pas durée infiniment ! Tu auras besoin d’un alpha à un moment où un autre, Daryûn. Je comprends que tu veuilles demeurer indépendant mais… Cela ne t’empêchera pas de pouvoir rester marzbâhn, Arslan n’a jamais montré un côté très conservateur cela ne le dérangera pas. - Mon oncle vous parlez comme si cela était déjà réglé, que dois-je comprendre ? - Arslan a demandé ta main presque aussitôt après ta réaction et la sienne surtout. Il ne connait rien sur les alphas pourtant il a de suite compris. Il m’a aussitôt demandé si c’était cela qu’on appelait les couples destinés. - Mon oncle vous m’avez fiancé sans me le dire ? Je sais bien que c’est toujours ainsi pour les autres omégas mais… Je ne suis pas comme tous les autres ! - Je sais c’est d’ailleurs pour cela qu’Arslan veut avoir ta réponse. Il a simplement respecté la tradition de demander d’abord à un membre de la famille. - Quoi ? Vous voulez dire qu’il attend une réponse dès que je sors ? - Oui et il n’est pas le seul : sa Majesté le roi, son Altesse Hilmes et le seigneur Andragoras aussi l’attendent avec impatience. Tu imagines bien qu’un mariage dans la famille royale ce n’est pas rien et ce serait le deuxième couple destiné au sein de la famille après Hilmes et Zandé… - Si je comprends bien je n’ai pas tant le choix que ça… Maintenant que la famille royale s’en mêle le moindre refus serait un véritable affront surtout venant d’une personne d’un rang inférieur… - Daryûn comme je te l’ai dit, à ton âge tu n’auras plus de choix et il ne faudra pas s’en soucier quand il sera trop tard. Imagine que tes chaleurs soient hors de contrôle et totalement aléatoires comme elles l’ont été cette semaine, tu pourrais te retrouver lié à n’importe qui ! Et de manière irréversible ! Tu comprends ce que je veux te dire ? Il est rare de trouver son partenaire destiné comme ça, au détour d’un couloir ! Hilmes n’était pas loin de se marier avec la princesse de Maryam lorsqu’il a rencontré Zandé pour la première fois. Tu imagines les conséquences que cela aurait eues s’ils s’étaient rencontrés quelques mois plus tard ? Daryûn ne te rends-tu pas compte de la chance que tu as d’être tombé sur Arslan ? En restant à la cour tu avais plus de chance de tomber sur un alpha très conservateur, qui t’aurait contraint à quitter ton poste pour rester à la maison, à porter et élever ses enfants… Et je sais bien que même si tu aimes tes enfants malgré leur père, tu n’aurais pas tenu longtemps avec ce mode de vie… - Mon oncle je ne voulais pas vous faire de peine… Je sais que j’ai beaucoup de chance mais… J’aurais préféré que cela se passe dans d’autres conditions vous comprenez ? - Oui je comprends bien, mais si j’insiste c’est parce que je crois réellement que cela fonctionnera avec Arslan… C’est une bonne personne, il se soucie des autres et particulièrement des omégas. Il était persuadé d’en être un alors tu imagines bien qu’il ne veut pas faire subir ce qu’il craignait de vivre…»
Son oncle avait raison. Peut-être était-ce réellement l’occasion qu’il attendait depuis plusieurs années déjà. Arslan était peut-être l’alpha qu’il cherchait… Il n’avait pas vraiment le choix mais son oncle serait triste s’il ne montrait pas un peu d’entrain ou au moins du consentement. Il hésitait. Il ne pensait pas qu’il devrait faire ce choix si rapidement, il voulait prendre son temps, connaître son partenaire, le présenter à sa famille puis se marier et fonder la sienne. C’était beaucoup trop rapide mais dans la vie tout ne se passait pas comme on l’imaginait et il prenait peu à peu conscience que cela se passait toujours ainsi. Il pouvait s’estimer heureux qu’Arslan ait demandé son avis car on demandait l’autorisation à la famille mais rarement au principal intéressé. Et puis… Il était plus jeune que lui, il ne risquait pas grand-chose, si ? Même en étant alpha, Arslan n’avait pas encore développé une force suffisante pour le contraindre à… Consommer. Il eut un frisson rien qu’en y pensant, cela ne ressemblait pas à Arslan de tout manière ! Mais ne sait-on jamais… Il préférait ne pas se faire trop d’idée et rester neutre car il tomberait de bien plus haut si ses attentes étaient déçues. Ils s’entendaient bien après tout, certes cela ne faisaient pas tout mais une bonne base quand même. Seulement il n’avait jamais pensé à Arslan de cette manière. Est-ce que cela pouvait fonctionner ?
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« Alors Arslan va se marier ? Demanda Zandé. - Il semblerait bien, un nouveau couple pour la famille royale ! Tu n’imagines pas à quel point mon oncle est ravi de voir Daryûn devenir son gendre. - J’imagine… Hilmes, soupira-t-il. Il faudra attendre encore un peu, mes chaleurs arrivent bientôt… »
Hilmes soupira et s’écarta de Zandé agacé.
« Zandé, ralla-t-il, je ne vois pas en quoi cela change quoi que ce soit ! - Eh bien d’après les médecins cela augmenterais les chances que je porte enfin un enfant… - Oui et mettre des lotions de sang de vierge aussi ! - Hilmes, dit-il tristement. - S’il te plaît Zandé arrête de penser tout le temps à ça, tu te fais du mal… - Mais comment veux-tu que je fasse ? Comment veux-tu que je n’y pense pas ? - S’il te plaît… »
Hilmes le prit dans ses bras. Il aimerait que Zandé cesse d’y penser, d’être obsédé par ce besoin d’enfant. Il n’était pas ainsi au début de leur mariage, les deux premières années furent heureuses mais après cela c’était dégradé. La pression de la cour avait eu raison d’eux. Les murmures, les moqueries, les critiques et petites phrases assassines dont Zandé était la cible s’étaient multipliés. Plus le temps passait, plus il désespérait et était prêt à tout tenter. Il finissait même par totalement le rejeter hors de ses chaleurs ce qui n’aidait pas vraiment. Cela agaçait Hilmes, il avait beau lui parler, lui dire que ce n’était pas grave s’ils n’avaient pas d’enfant Zandé refusait de comprendre ou de l’entendre. Il finissait en larmes à chaque fois et Hilmes culpabilisait ne sachant plus comment faire pour lui parler. Cela détruisait leur mariage et leur relation. Il était grand temps d’y mettre un terme une bonne fois pour toute.
« D’accord, j’attendrais encore mais il va falloir que ça cesse… Après cette chaleur si ça ne marche pas on arrête. -Quoi ? Mais Hilmes tu sais bien- - Non ! J’en ai assez de tout ça, faire en fonction de lune, manger plus de tel chose et ne pas en manger une autre, telle position plutôt qu’une autre et maintenant ne plus faire l’amour que pendant les chaleurs ! Ça suffit tout ça, on arrête de chercher des méthodes pour avoir plus chances. On reprend notre relation comme elle était. Cela me suffisait, c’était très bien ainsi ! Cela marchera certainement mieux que d’écouter des charlatans. - Hilmes attend encore un peu, je suis sûr que maintenant cela va bientôt marcher… - Non, j’en ai marre cette fois ! S’exclama-t-il. Je ne veux plus de ça, je veux simplement qu’on fasse l’amour parce qu’on en a envie et non se forcer par devoir ! Tu ne m’autorises même plus à te toucher, même pas une caresse et j’ai de la chance lorsque tu veux bien m’embrasser. J’ai l’impression que tu ne me désires plus, que tu te forces… Si, si, bégaya-t-il, si tu ne m’aimes plus dis le moi, supplia-t-il. - Hilmes, murmura-t-il. Pardonne-moi… Bien sûr que je t’aime mais je n’arrive toujours pas à te donner d’enfant et ça me rend malade. Je voudrais tellement qu’on ait cet enfant, j’aimerais tellement que ce soit plus facile… Pardonne-moi, pleura-t-il. Je- je suis d’accord si cette fois ça… »
Il secoua la tête incapable de continuer. Hilmes le serra contre lui, ils restèrent ainsi un long moment. Hilmes se demanda depuis combien temps ils n’avaient pas fait ça ? Juste se serrer dans les bras l’un de l’autre, il fut bien incapable de trouver une réponse à cette question. Il espérait que cette fois les choses redeviendraient comme elles étaient avant.
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Daryûn attendait le retour de son oncle, le jour était venu.
Il faisait les cents pas depuis qu’une servante lui avait amené une potion censée limiter ses phéromones une heure auparavant. Maintenant cela devait avoir fait effet. Il angoissait. Son oncle venait le chercher pour le marier. Le MARIER. Il allait se marier ! Après trois jours cloîtré à réfléchir dans sa chambre il avait fini par accepter, Arslan et le roi en avaient été informés. Arslan se plaignit de ne pas recevoir la réponse de vive voix mais le roi lui dit que ce serait mieux ainsi. Après leur derrière rencontre difficile de savoir comment ils pouvaient réagir.
Osloes organisa le mariage en secret pour pallier à toute réaction inattendue. Ils seraient mariés officiellement un peu plus tard mais sur papier la date serait plus avancée évitant tout problème d’enfant conçu hors-mariage. Cette évocation fit frissonner Daryûn : des enfants. Il porterait des descendants de la famille royale, il allait donner naissance aux enfants d’Arslan. Cette idée lui paraissait assez… Comment dire ? Incongru ? Il savait qu’un jour il aurait des enfants, il en voulait d’ailleurs, mais ça lui faisait tout drôle de se dire que cela pouvait arriver bientôt. Les sentir dans son ventre, leur donner naissance puis les voir grandir, peut-être même que l’un d’eux deviendrait marzbâhn. Il eut un petit sourire à cette pensée. Il serait très fier de ses enfants et même si aucun ne devenaient marzbâhn. Mais pour le moment il devait se concentrer sur le début : le mariage.
Son oncle arriva enfin et il le suivit en silence. Ils se retrouvèrent dans un petit bureau que Daryûn n’avait jamais vu et proche des appartements d’Arslan. Le roi s’y trouvait déjà et l’accueillit chaleureusement.
« Alors Daryûn, prêt à rejoindre la famille ? - J’en suis très honoré votre Majesté. - Allez nous sommes en petit comité, pas besoin d’être aussi formel. Arslan va bientôt nous rejoindre… Je pense qu’il serait peut-être judicieux de signer maintenant au cas où… La situation se complique mais si vous souhaitez attendre je peux comprendre. Normalement les infusions devraient suffire à vous contrôler. - Les ? Demanda Daryûn. - Oui Arslan a aussi eu droit à la sienne. Ah le voilà ! »
La porte s’ouvrit derrière eux et Arslan entra avec un sourire aux lèvres. Daryûn se figea. Il le trouvait différent, plus mature, était-ce juste son imagination qui lui jouait des tours ? Il s’avança jusqu’au bureau et salua Daryûn et Vahriz.
« Bien nous pouvons donc commencer… »
Osloes commença à lire les textes relatifs au mariage et leur tendit le registre de la famille royale avec pour seul témoin Vahriz et le roi. La cérémonie se déroula sans accros mais peu à peu l’effet des infusions diminua jusqu’à disparaître complètement. Daryûn se sentit bizarre lorsqu’il signa, il était beaucoup trop près d’Arslan. Il releva les yeux vers lui et croisa son regard. Ce fut l’élément de non-retour. Il lâcha prise.
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Daryûn se réveilla brûlant mais sa conscience était toujours là. Il sentait pleinement son corps se tendre et quémander. Cependant en ouvrant les yeux il se rendit compte que ce n’était pas sa chambre. Cet endroit lui était totalement étranger et cela ne l’aidait pas à se calmer.
« Tu es réveillé ? »
Daryûn sursauta en reconnaissant la voix, il comprit alors où il était : les appartements d’Arslan.
« Que s’est-il passé ? » Il sentit de nouveau la chaleur monter en lui. « Eh bien, tu as fait une sorte de malaise et… Comment dire ? Je… Je t’ai marqué, dit-il avec embarra. Je suis vraiment navré j’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances… »
Daryûn porta sa main à son cou et constata une zone bien plus douloureuse.
« Et est-ce que nous… Avons été plus loin ? Demanda-t-il avec précaution. - Non ! S’exclama-t-il. Jamais je n’aurais abusé de toi dans une telle situation ! Déjà que te marquer ainsi… J’aurais aimé que cela soit différent… »
Daryûn trouva cette sollicitude touchante, beaucoup d’alphas n’en auraient pas fait autant.
« J’imagine que maintenant que vous m’avez marqué cela devrait se calmer… - Ne me vouvoie pas, cela est vraiment trop étrange, sourit-il. Tu es plus âgé que moi en plus et nous sommes marié. »
Mariés ! Nous sommes mariés ! « Vous n’en restez pas moins un membre de la famille royale… - Mais il n’y a que nous deux pour le moment… Sinon je vais devoir vous vouvoyer aussi, bouda-t-il. - Bien, je ferais attention mais en public il faudra tout de même que je garde une certaine distance, vous voyez bien… Enfin tu vois bien comment fait Zandé avec son Altesse Hilmes. - Certes mais je ne suis pas un prince héritier. »
Arslan remplit un verre d’eau et se dirigea vers le lit avant de lui tendre. Daryûn le prit et le remercia. Malgré l’eau fraîche qui descendit le long de sa gorge il se sentit à nouveau bouillir. Il s’accrocha à la manche d’Arslan et attrapa sa main. Sa vision devint floue et des frissons le parcoururent, son odeur l’enivrait totalement mais il ressentait de la peur face au désir grisant qui l’envahissait. Arslan retira le verre de ses mains avant qu’il ne le renversât.
« Daryûn, est-ce que ça va ? Demanda-t-il d’une voix plus grave. - Arslan, je n’en peux plus s’il te plaît… Aide-moi… »
Pourquoi en sa présence perdait-il pied à ce point ? Dès qu’il s’approchait il perdait totalement la tête et maintenant il le voulait, il le désirait, il en venait même à le supplier. Tout son corps tremblait et quémandait pour que le vide qui l’habitait soit enfin comblé. Il en avait les larmes aux yeux. Ses réactions ne lui ressemblaient pas. Il était tiraillé entre deux sentiments contradictoires. Il avait peur.
« Daryûn tu es sûr ? - Oui… Je. Te. Veux. Maintenant. Je ne peux plus attendre… »
Il s’allongea sur le lit pour accompagner ses paroles, bien que tremblant. Arslan le regarda attirer sa main vers lui pour la poser sur sa joue, la glisser dans son cou et la faire descendre sur son corps espérant le convaincre. Il se pencha sur lui pour l’embrasser ; il n’avait pas besoin de plus pour être convaincu bien que la culpabilité l’habitait toujours. Il aurait aimé que cela se passe autrement, mais comment faire lorsqu’ils étaient incapables de rester dans la même pièce sans avoir envie de se sauter dessus ? D’autant plus que les phéromones que dégageaient Daryûn ne le laissaient pas indifférent. Il ne pouvait résister mais il allait veiller à rassurer et calmer Daryûn. Il voyait clairement que ce dernier était perdu et incapable de se contrôler.
Daryûn ne tenait plus, il voulait être touché par son alpha. Il se laissa totalement faire mais cela lui paraissait étrange, comme s’il n’était pas réellement lui. Il se livrait entièrement à un presque inconnu et cela l’effrayait. Pourtant Arslan se montrait rassurant et prenait le temps qu’il fallait, bien plus que de nombreux alphas dans ce genre de situation. Son côté oméga était des plus satisfait par les attentions qu’il recevait mais surtout d’être enfin comblé par un alpha, de le sentir bouger et laisser sa marque à l’intérieur de lui. Il était comblé et frustré à la fois mais ne cessait de gémir son prénom. Il enserrait ses bras autour de ses épaules et enroulaient ses jambes autour de lui pour l’inciter à continuer ses mouvements.
Son corps et son esprit furent enfin apaisés. Arslan se laissa tomber à côté de lui pour reprendre son souffle. Daryûn resta face au plafond les yeux dans le vide, il réfléchissait.
« Daryûn, est-ce que ça va ? Demanda Arslan inquiet. - Ah ? Je suis un peu perdu, excusez-moi… - Daryûn, tu n’as pas t’excuser. Je comprends que cela ne soit pas évident, ces derniers jours n’ont pas dû être faciles pour toi… C’est moi qui devrais m’excuser que cela se passe ainsi. Tu viens de te découvrir un alpha destiné, te marier avec, être marquer et maintenant coucher avec lui : perdu est un mot trop faible pour décrire ce que tu viens de vivre. »
Daryûn ne répondit pas et se contenta d’acquiescer, il se sentait terriblement vulnérable. Arslan se rapprocha de lui pour le prendre dans ses bras. Il avait l’impression de voir des larmes couler sur ces joues tant son regard était plein de détresse. Pourtant le concerné ne semblait pas s’en apercevoir. Daryûn fut étonné d’un geste aussi tendre et accepta l’étreinte avec plaisir.
« Pardonne-moi Daryûn, j’aurais dû me contrôler et ne pas- - Non c’est moi qui te l’ai demandé… Et puis je crois que nous n’aurions pas été tranquilles ou même pu nous tenir dans la même pièce sans nous sauter dessus sinon. Il valait mieux que ce soit fait maintenant je pense et… Tu as été le partenaire idéal, sourit-il. - Ahah… » Arslan eut un petit rire nerveux. « Malgré mon total manque d’expérience ? - Je ne saurais en juger, rougit-il. Je n’ai moi-même aucune expérience dans la matière… - Vraiment ? Sursauta Arslan. Tu n’as jamais ? - Je n’ai jamais ressenti de désir ou de sentiments de ce genre là jusqu’à maintenant… Cela explique peut-être pourquoi ma réaction a été si violente à ton égard. - Sûrement, sourit-il, maintenant on devrait être tranquille alors… Hormis pour le mariage et les préparatifs. Ils ne vont pas te lâcher ! Mais je pense que Zandé te tiendra compagnie il t’aidera à t’habituer. Tu le connais ? On vous a déjà présenté ? - Nous nous sommes déjà croisé en effet mais nous n’avons jamais vraiment eut l’occasion de discuter. - Je m’occuperais de vous présenter alors, sourit-il. »
Daryûn s’amusa de l’engouement d’Arslan, à croire qu’il souriait tout le temps. Même en étant alpha Arslan restait le même, pourquoi avait-il pensé que cela changerait ? Il se dit que sa vie maritale ne débutait pas si mal.
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Un mariage royal cela soulevait toujours beaucoup d’émotions et amenait du monde à la capitale. Daryûn ne pensait pas se trouver un jour, là, devant le trône avec Arslan et le prêtre qui célébrait leur union. La salle était pleine juste pour eux, enfin pour voir ce nouveau couple atypique. Arslan encore un jeune homme et Daryûn un marzbâhn des plus respecté dont la carrure était impressionnante. Ce tableau aurait pu être anodin si l’alpha n’était pas Arslan et Daryûn l’oméga. Il était tout aussi rare de voir une différence d’âge se faire dans ce sens, Arslan avait un peu plus de seize ans et Daryûn dix ans de plus. Les mauvaises langues s’en régalaient déjà :
« Ils n’auront pas beaucoup d’enfants… Enfin le couple princier n’en a toujours pas non plus. - Oui mais peut-être qu’ils s’y prendront mieux. »
Hilmes se retint de se retourner vers ses vieux cons qui avaient volontairement parlé assez fort pour que Zandé les entendît. La cour n’attendait que ça, le voir s’effondrer, se mettre à pleurer et avouer son échec. La cour aimait les spectacles dramatiques. Zandé était la victime idéale, haut placé mais qui ne s’était jamais vraiment senti à sa place. Il se mettait déjà la pression tout seul surtout depuis qu’Hilmes lui avait dit qu’ils devraient arrêter. Il se concentrait sur sa prochaine chaleur, cette fois serait la bonne. Il devait y arriver, ça allait marcher. Hilmes serait content et il pourrait enfin souffler. Ils auraient enfin leur bébé…
Daryûn fut soulagé lorsque la journée se termina enfin. Cela avait été épuisant. Il avait fallu qu’ils corrigent sans cesse leurs invités qui étaient persuadés que Daryûn était l’alpha. Il finit même par en être vexé, bien qu’Arslan fût celui qui eut le plus de raisons. Qu’on prenne un oméga pour un alpha s’était flatteur mais l’inverse n’était pas vrai. Heureusement qu’Arslan ne se vexait pas facilement sinon il aurait pu en frapper quelques un. II fut heureux lorsqu’il pût enfin s’allonger dans son lit, enfin leur lit.
Il sentit un regard posé sur lui, il leva les yeux et vit Arslan le fixait avant de s’allonger à son tour. Daryûn se demanda s’il avait fait quelque chose de mal. C’était leur nuit de noce alors peut-être qu’Arslan voulait profiter des activités préconisées :
« Arslan, commença-t-il timidement. Est-ce que ça va ? La journée t’a plu ? - Bien sûr, sourit-il. Je suis ravi même ! Nous sommes officiellement mariés, je vais pouvoir me vanter d’avoir le seul oméga marzbâhn de l’histoire de Parse ce n’est pas rien. Qui d’autre peut s’en vanter ? - Je vois dans ce cas j’espère ne pas te décevoir à l’avenir. - Cela ne risque pas d’arriver, quoi qu’il arrive je serais fier. Dans tous les cas je suis épuisé, pas toi ? À croire que ses vipères vous pompent toute votre énergie lorsqu’elles parlent. »
Daryûn sourit à la remarque, au moins cela réglait son problème. Il ne se sentait pas vraiment d’humeur.
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« Le soleil cogne dur aujourd’hui ! S’exclama Kubard. Heureusement qu’il faisait moins chaud pour ton mariage. - C’est sûr, je n’aurais pas tenu toute la journée avec cette tenue d’apparat, répondit Daryûn. - Je pense que le seigneur Arslan t’aurait volontiers aidé à t’en débarrasser… Tu ne nous as pas raconté comment s’était passé ta nuit noce, d’ailleurs ! - Sire Kubard c’est très grossier ! S’indigna Elam. - Moi aussi je suis curieux de savoir… - Sire Narsus ! »
Daryûn regarda Elam disputer Narsus avec amusement. Ces deux-là s’entendaient toujours à merveille. Il ne restait plus qu’à savoir quand cela deviendrait officiel, Elam avait plus de dix-huit ans maintenant. Il décida de tendre la perche :
« Et toi Narsus, quand comptes-tu enfin te marier ? - Comment ça « enfin » je te rappelle qu’on a le même âge et tu viens juste de te marier alors que tu es oméga ! - Mais moi je ne vivais pas en concubinage… - Je ne vois pas de quoi tu parles ! - Tu vas avoir des problèmes un jour avec ça. - Eh bien, s’exclama Kubard avec un sifflement appréciatif, il est pas si frêle que ça Arslan dis donc ! On dirait que son coté alpha s’est développé en pas longtemps. »
Tous les regards se tournèrent dans la direction que Kubard fixait. Arslan venait de terminer un entraînement avec Vahriz. Il avait perdu bien sûr mais son Maitre d’armes le félicitait. À cause de la chaleur il avait retiré son haut pour enfiler quelques de propre et frais. Daryûn n’en avait pas perdu une miette, quand la musculature d’Arslan s’était-elle développée ainsi ? Il ne pouvait pas avoir autant changé en deux semaine si ? Certes certains alphas connaissaient des changements rapides mais là ce n’était pas de la rapidité, il était complètement transformé ! Comment avait-il pu rater ça alors qu’ils dormaient dans le même lit tous les soirs ?
« Daryûn calme-toi, murmura Narsus. - Pardon ? Demanda-t-il surpris. - Tu t’excites un peu trop là, expliqua Kubard. »
Il s’arrêta net et sa bouche forma un rond parfait :
« Oh ? Excusez-moi, je n’ai jamais trop eu l’habitude de ce genre de réaction, rougit-il. C’est la première fois que- - T’inquiète on sait, on te connait maintenant et c’est pas plus mal pour toi d’avoir des réactions « naturelles » pour un oméga. On se poserait des questions si même ton alpha ne te faisait pas réagir. Bon après c’est sûr que cela t’as été utile pour devenir marzbâhn mais faut bien que t’es une vie à côté aussi. »
Daryûn sourit, le franc-parler et les remarques de Kubard l’avaient toujours amusé. Un petit groupe d’hommes apparût à l’autre bout de la cour. Daryûn commença à soupirer en les reconnaissant, parmi tous les marzbâhns il fallait que se soient eux : Garshâq, Shapur, Esfan et Zaravant. Garshâq faisait partie de ceux que s’étaient toujours opposés à voir Daryûn devenir marzbâhn car un oméga ne devient pas marzbâhn, de plus il était très porté sur les valeurs traditionnelles. Selon lui Daryûn aurait dû quitter son poste après son mariage. Autant dire qu’il ne l’appréciait pas du tout. Les trois autres étaient du même avis mais ils respectaient malgré tout Daryûn pour sa force et son habilité. Ils reconnaissaient ses capacités mais préféraient que les traditions soient respectées. Le moindre prétexte leur donnait l’occasion de bien lui faire comprendre que sa place n’était pas là.
« Alors on admire son mari, entama Garshâq, enfin tu fais quelque chose adapté à ta place… - Garshâq ! Le réprima Kubard. Ce genre de remarques n’est pas nécessaire. Alors si tu as pas mieux à faire, va te trouver une autre occupation. Je suis sûr que les bordels n’attendent que toi pour ouvrir… - Pardon ? Je peux savoir ce que tu insinues ? S’exclama-t-il. - En générale avec les prostituées c’est pas des sous-entendus… Mais je vois pas de problème à aller dans les bordels même pour un homme marié comme toi. - Pourquoi irais-je voir ailleurs, ma femme m’attend à la maison comme il se doit. - Et elle te ferme la porte au nez comme il se doit, répliqua Daryûn excédé. »
Garshâq s’approcha de lui mais il ne bougea pas d’un millimètre. Même s’il déployait tout son arsenal d’alpha dominant cela ne l’intimidait pas le moins du monde. Il n’avait pas peur d’un type comme lui. Il allait encore cracher son venin quand il blêmit brutalement et se recula.
« Puis-je savoir ce qu’il se passe ici ? »
Arslan avait parlé avec son habituel sourire et son ton enjoué, cela le rendait presque plus effrayant. Sa question ne se voulait pas menaçante mais son attitude laissait présager le contraire. Son aura était dangereuse, suffisamment pour faire peur à des marzbâhns expérimentés. Arslan restait pourtant petit avec une carrure menue face à eux des montagnes de muscle mais ils étaient terrifiés. Terrifiés par la menace qui représentait Arslan. Il s’agissait presque d’un réflexe de survie face à un prédateur.
« Seigneur Arslan, nous allions justement partir, dit Garshâq en s’inclinant. - J’avais cru comprendre en effet. »
Le petit groupe disparut aussitôt et Arslan se retourna vers Daryûn avec son sourire habituel avant de saluer Narsus, Elam et Kubard avec sa chaleur habituelle. Il repartit presque aussitôt qu’il était apparu.
« Vous avez vu ce que j’ai vu ou je viens d’avoir une hallucination ? Demanda Kubard. Il faisait vraiment peur il y a cinq minutes, j’ai pas rêvé ? - Pour tout dire je ne suis sûr de rien, répondit Narsus. »
Daryûn se remémorait la scène. Arslan était venu le défendre ? Son alpha venait le protéger ? Il se sentait à la fois complétement niais et rassuré, touché aussi. Son alpha se souciait de lui…
« Daryûn tu recommences, soupira Narsus. »
Le soir même, la scène se rejouait dans son esprit. Il était dans le lit à fixer le vide d’un œil agar. Trop de niaiserie tue la niaiserie mais il n’arrivait pas à s’en empêcher.
Arslan se décida. Il voulait se montrer fort devant son oméga, lui montrer qu’il pouvait compter sur lui et qu’il n’avait pas de souci à se faire. Il quitta sa tunique avec autant de virilité possible et s’installa sur le lit juste à côté de Daryûn. Il posa sa main à côté de lui pour l’entourer et leurs visages ne se trouvèrent plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Daryûn le regarda surpris bien que l’initiative ne soit pas désagréable cela était plutôt étrange venant d’Arslan. Il se pencha un peu plus vers lui pour poser son front contre le sien. Il fit de très légers à coups comme s’il hésitait puis il finit par s’approcher doucement pour coller ses lèvres contre les siennes juste quelques instants. Il ne s’écarta pas pour autant continuant de le regarder dans les yeux. Pourtant Arslan finit par baisser les yeux et s’écarta à nouveau, presque honteux.
« Arslan… »
La plainte de Daryûn lui fit relever les yeux.
« Daryûn, est-ce je… » Il chercha ses mots. « Est-ce que je te plais ? - Bien sûr ! Enfin, je veux dire… que oui, dit-il embarrassé. Pourquoi me demandes-tu une telle chose ? Ai-je fais quelque chose qui te fasse penser le contraire ? - Non mais… J’ai l’impression d’être encore un enfant à côté de toi, je devrais être plus... Je suis ton alpha et je n’ai rien d’impressionnant, rien qui fasse de moi un alpha à la hauteur… Je me sens faible et incapable de te rendre fier de moi ou de te protéger... Enfin, je sais que tu peux te défendre mais tu vois ce que je veux dire… Regarde j’ai encore un corps frêle et je suis jeune. Je ne peux rien t’apporter. - Ne dis pas ça ! Tu as déjà beaucoup grandi même si tu ne t’en rends pas compte. J’ai dix ans de plus c’est normale que je paraisse plus âgé et plus expérimenté. Dans dix ans tu seras certainement bien mieux que moi. Et puis je… Je t’apprécie comme tu es, cela ne me dérange pas que tu restes frêle… Moi je sais que tu es bien plus fort qu’il n’y paraît. Tu vois bien, tout à l’heure tu as fait ployer des alphas bien plus âgés et expérimentés, ils tremblaient même de peur ! Il ne fait aucun doute que tu seras un alpha aussi respecté que son Altesse Hilmes d’ici peu. Je ne me fais pas de soucis pour ça ! - Vraiment ? - Bien sûr, pourquoi mentirais-je ? - Il n’empêche que j’ai toujours l’impression de ne pas encore être un homme… J’aimerais déjà être plus vieux pour toi, pour qu’on puisse… - Qu’on puisse quoi ? L’encouragea Daryûn. - Tu sais bien, dit-il embarrassé. »
Daryûn mit plusieurs secondes à comprendre où voulait en venir Arslan. Il eut alors le déclic : c’était ça qui le dérangeait ?
« Tu crois que je ne te désire pas ? - Je comprends tu sais ! Tu es déjà un homme et moi je- - Cesse de dire des bêtises ! Le coupa Daryûn. Bien sûr que je te veux et qu’on- »
Daryûn se stoppa net en se rendant compte de ce qu’il était sur le point de crier. Arslan le regarda ahuri :
« Mais je croyais que… Tu ne voulais pas. Enfin comme tu n’amorçais pas ou bien est-ce moi qui aurait dû ? Je- je- Oh que c’est gênant. Excuse-moi je suis un idiot. »
Ils avaient tous les deux les joues en feux et n’osaient se regarder de peur que cela empire. Arslan pensait que Daryûn prendrait les devants comme il l’avait fait la première fois –mais il n’était pas dans son état normal- alors il croyait qu’il ne voulait tout simplement pas. Il ne souhaitait pas le forcer ni pousser Daryûn à lui donner une réponse négative ce qui pourrait le mettre dans l’embarras. Quel couple maladroit ils faisaient !
« Est-ce pour cela que tu es venu dans le lit ainsi ? Je veux dire tu souhaitais que ce soir on… »
Arslan se rappela qu’il était toujours torse nu, ce qu’il ne faisait jamais d’habitude. En effet il avait espéré se montrer virile et peut-être ainsi pouvoir séduire Daryûn, seulement il avait hésité et sa manœuvre avait échoué. Il se voyait mal reprendre maintenant mais il se devait d’être honnête.
« Oui, souffla-t-il, mais je ne voulais pas te forcer si tu n’en as pas envie. »
Daryûn aperçut de la culpabilité dans ses yeux. Arslan était persuadé de ne pas lui plaire alors qu’il l’appréciait beaucoup. Cette après-midi lui prouva qu’Arslan pouvait très bien se comporter en alpha mais ce n’était pas ça qui le séduisait. Des alphas comme ça on en trouve à la pelle mais des alphas comme Arslan qui se montraient gentils et conciliants il n’y en avait pas ou trop peu. Il semblait complètement désintéressé du pouvoir et de l’autorité. Il ne rendait même pas compte de l’effet qu’il pouvait avoir sur les gens. À ses yeux on ne pouvait rêver mieux.
Il devait agir et redonner confiance à son alpha pour mettre fin une bonne fois pour toute à ce malentendu. Il se rapprocha d’Arslan et lui fit un petit sourire d’encouragement avant de l’inviter à sceller leurs lèvres. Arslan accepta l’invitation et l’embrassa toujours aussi timidement. Il s’en voulait de ne pas se montrer aussi assuré qu’il le voudrait. Il aimerait avoir cette confiance qu’il lui faisait terriblement défaut pour pouvoir enfin se montrer à la hauteur. Il chercha à approfondir le baiser comme Ghîb lui avait toujours conseillé de faire avec les dames. Commencer lentement puis crescendo pour faire monter le désir. Il ne savait pas trop comment s’y prendre alors il suivait les seuls conseils en la matière qu’il avait reçu, et puis si Ghîb s’en sortait si bien avec les dames il devait bien s’y prendre. Certes Daryûn n’avait rien à voir avec les dames de Ghîb mais le principe restait le même, non ? Rahh, il s’en était bien sorti la première fois pourquoi il se posait autant de questions ? Il devait se calmer et rester naturel. Il était celui qui avait souhaité amorcer alors il ne pouvait pas s’arrêter comme ça. De plus il en avait envie… Envie de toucher son oméga et de le découvrir lorsqu’il était dans son état normal.
Il se reconcentra sur le moment présent et retira cette chemise qui représentait un obstacle entre Daryûn et lui. Il l’attira aussitôt contre lui pour sentir sa peau. Son parfum réveilla aussitôt les souvenirs de leur première nuit partagée et ses sensations. Il poussa Daryûn à s’allonger pour pouvoir pleinement explorer le corps qui se présentait à lui. Il embrassait sa peau, la caressait avec une douceur infinie. Il prenait soin de noter dans son esprit les réactions de son oméga, s’attardant sur les zones les plus sensibles, mordillant sa peau, malaxant ses muscles entre ses doigts. Ses attentions semblaient plaire à son oméga qui les réclamait.
Daryûn agrippa ses mains dans ses cheveux et l’obligea à remonter vers lui. Il l’embrassa à de nombreuses reprises, écartant ses jambes pour que leurs corps se rapprochent encore plus et se frottent l’un contre l’autre. La friction n’était pas désagréable. Arslan put reprendre ses caresses où elles en étaient et descendit encore plus bas. Daryûn accueillit l’initiative avec plaisir. Il se laissa toucher et préparer avec attention mais il ressentit un brin de frustration de ne pouvoir rendre les attentions à son alpha. Il gardait les cuisses écartées pour permettre à Arslan de continuer ses caresses mais ce dernier semblait éprouver une grande fascination pour ses muscles qui se tendaient dès qu’il touchait un point sensible. Daryûn n’y tenait plus, il voulait plus, bien plus que ses doigts aussi habiles qu’ils soient.
Il se redressa pour pousser Arslan sur le lit et inverser les positions. Il le regarda faire surpris. Daryûn se mit à califourchon sur lui sans ménagement. Il n’attendit pas pour faire glisser le sexe de son alpha en lui mais il fut plus difficile de bouger. Il savoura la sensation étrange qui se répandait dans son ventre mêlant la douleur et le plaisir d’être complet. Arslan se redressa pour continuer à embrasser son oméga et agrippa ses mains sur le bas de son dos avant de les faire glisser sur les haches pour encourager les mouvements qu’entama Daryûn. Il se laissa d’abord bercer par son bassin qui roula sous ses mains avant d’accompagner peu à peu les mouvements de Daryûn, l’aidant à se relever et s’enfoncer plus profondément. Daryûn finit par se perdre au milieu du plaisir qu’il ressentait, il s’accrocha aux épaules d’Arslan pour avoir un appui et continua de bouger. Il tremblait à chaque fois qu’Arslan effleurait un point sensible bien caché et son alpha prenait un malin plaisir à s’y frotter ou le percuter avec ardeur. Il le rendait fou. Il ne tiendrait plus longtemps ainsi.
« Arslan, soupira-t-il. »
Arslan empoigna son sexe et lui imposa le même rythme que leurs hanches. Lorsqu’il le sentit partir il mordit la gorge offerte et à portée de dents. Daryûn s’effondra sur lui quelques secondes après parcouru de tremblements et totalement essoufflé. Arslan l’aida à s’allonger sur le côté sans pour autant se séparer de lui. Daryûn refit doucement surface et il le regarda faire amusé.
« Ça va ? Demanda-t-il doucement. - On ne peut pas dire que mon état actuel soit désagréable, sourit-il. - Tu m’as surpris, tu sais ! Je ne pensais pas que tu… Ferais ça. - Je ne me voyais pas passer mon temps à être à ta merci, un peu pour moi quand même ! - Je comprends, ce n’est pas désagréable de changer de temps à autre. - Cela ne te dérange pas ? - Pas du tout, pourquoi cette question ? - Eh bien… J’ai déjà entendu dire que les alphas n’aiment pas toujours être « renversés » ou inverser les positions ou bien… Les rôles, murmura-t-il tout bas espérant qu’Arslan ne l’entende pas. - Je n’y vois pas de problème pourtant ! C’est assez grisant de découvrir de nouvelles choses avec son oméga, même s’il faut parfois donner de sa personne. Cependant certaines choses sont plus courantes qu’elles n’y paraissent, les alphas aiment juste faire croire que cela ne peut arriver par égo devant les autres alphas mais lorsqu’ils sont dans la chambre personne n’est là pour vérifier. - Je vois… C’est très mature pour ton âge de dire quelque chose comme ça. -Parce cela vient d’un expert dans la matière, dit-il avec un petit sourire. - Vraiment ? Et qui est donc cet expert ? - Ghîb le- - Le ménestrel qui saute sur tout ce qui bouge ? S’exclama Daryûn. Tu fréquentes quelqu’un comme ça ? Comment est-ce possible ? Il n’est qu’un petit- - Daryûn, l’interpella Arslan, calme-toi. Il est de bonne compagnie tu sais. - De quel genre de compagnie parles-tu ? Demanda-t-il suspicieux. Tu n’as quand même pas eut des relations avec lui ? - Pardon ? Avec Ghîb ? » Arslan se mit à rire. « Bien sûr que non ! Mais il connait plein de choses et entend ce qui se murmure dans la cour alors il m’est parfois d’une grande aide. »
Un espion, pensa Daryûn. Arslan est surprenant, il utilise déjà les codes de survie de la cour… L’information est la seule source de pouvoir et de sureté.
« En ce qui concerne d’inverser « les rôles » je ne suis pas fermé à l’idée mais tu vois que… »
Là, il venait de manquer un épisode. Arslan l’avait entendu quand il l’avait mentionné ?
« Attend une minute je ne suis plus là. De quoi tu parles ? - Eh bien tout à l’heure tu évoquais le fait que les alphas n’aimaient pas « être renversés » alors j’ai supposé que tu parlais aussi de ça. Tu sais bien des fois on entend dire que l’alpha accepte que son oméga le… Le prenne, rougit-il. Qu’ils inversent les « rôles ». - Je ne parlais pas forcément de ça mais si tu… Enfin si toi tu souhaites je, bafouilla-t-il. - C’est ce que je voulais te dire : je ne suis pas contre mais… Si tu souhaites essayer je… Je pense qu’il faudra prendre le temps pour, tu comprends ? Je veux bien tenter mais si tu… Comment dire ? Si tu m’inities avant pour voir si on va plus loin, tu comprends ce que je veux dire ? - Hum… Oui je vois très bien mais tu n’es pas obligé si tu ne veux pas, je comprendrais très bien… - Je ne l’évoquerais même pas si je ne voulais pas… Et donc… Tu voudrais bien essayer, n’est-ce pas ? »
Daryûn se sentit embarrassé qu’Arslan l’ait compris si vite.
« Je… Enfin tu es aussi un homme, je pense que tu peux comprendre non ? Le fait d’avoir envie de prendre son partenaire et de lui procurer du plaisir ainsi… Mais je ne pense pas que je voudrais tout le temps le faire non plus, j’aime être cajolé et choyé comme tu le fais. Je me sens bien ainsi mais je ne dirais pas non pour essayer non plus ! J’aimerais bien savoir ce que cela fait, ce que cela procure d’être dans son partenaire… »
Arslan acquiesça, il comprenait très bien ce sentiment, il ressentait la même chose. Ils pensaient de la même manière alors il ne se faisait pas trop de soucis. Ils arriveraient à partager de nombreuses choses et cela risquait de se révéler particulièrement intéressant. Arslan lui sourit avant de l’embrasser une nouvelle fois. Daryûn commençait à fermer les yeux alors il préféra en profiter encore un peu avant qu’il ne dormît pour de bon.
o~~O~~o
Zandé se mordit les lèvres et serra les points. Il souffrait. Il en avait les larmes aux yeux. Ses chaleurs étaient revenues. Ils avaient eu un faux espoir assassin par le retard de ses chaleurs mais elles étaient revenues. Le pire ce n’était pas ça, Daryûn attendait un enfant lui. À peine cinq mois de mariage et il portait déjà l’enfant de son alpha. Il était meurtri. Bien qu’ils soient devenus amis après qu’ils fussent présentés, il ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir. Il possédait ce qu’il avait toujours rêvé d’avoir.
Il ne voulait plus sortir de ses appartements. Il passait ses journées cloîtré à pleurer pour ne pas craquer devant Hilmes. Seulement Hilmes devait s’en douter, il lui laissait du temps pour le moment et se montrait gentil lorsqu’ils étaient ensemble. Il faisait mine de ne pas savoir pourtant il le réconfortait dès qu’ils étaient tous les deux. Il le prenait dans ses bras, le câlinait, tentait même de pousser un peu plus les caresses que Zandé finissait par repousser. Il n’en avait tout simplement pas le cœur ni l’envie. Il avait échoué et ne voulait plus de faux-espoirs. Il ne le supporterait plus. Il en venait à penser qu’Hilmes aurait dû épouser quelqu’un d’autre, une personne qui lui aurait fait des enfants ou qui ne se laisserait pas abattre ainsi. Il se sentait faible et coupable de se comporter si mal avec lui alors qu’il se montrait si conciliant et attentionné. Hilmes méritait mieux et plus.
Il stoppa net ses pensées lorsqu’il entendit toquer à sa porte. Il se leva en rallant. Depuis quelques jours, on frappait à sa porte mais il ne répondait jamais. Seulement maintenant cela l’agaçait, il voulait qu’on le laisse tranquille. Il avait besoin de temps et de calme. Il ouvrit la porte en colère et se figea en voyant Daryûn sur le pas de la porte. Il ressentit à nouveau un pique de jalousie en le voyant.
« Daryûn mais qu’est-ce que tu fais là ? - Eh bien je venais te voir, cela fait plusieurs jours que je ne te vois plus alors je voulais savoir comment tu allais… - Je ne savais pas que tu avais du temps pour ça. - Oh maintenant oui ! Arslan veut que je me ménage pour le moment. Je surveille surtout les entraînements et comme nous sommes en paix je n’ai pas trop de soucis à faire mais je m’inquiétais pour toi. Est-ce que ça va, Zandé ? - Bien sûr pourquoi cela n’irait pas ! Tu attends un enfant je me réjouis pour toi et Arslan ! »
Il ne put continuer ses propos, sa gorge se noua. Il n’en voulait pas à Daryûn mais sa frustration se reportait sur lui.
« Excuse-moi… Je… »
Daryûn se rapprocha et posa sa main sur son épaule.
« Je sais… - Je- J’en ai assez. On a beau essayé, on a tous essayé et je- je n’arrive toujours pas… - Zandé un enfant ça se fait à deux et puis tu es sûr d’avoir tout essayé ? - Mais oui on- - Et ne rien faire ? Juste ne plus y penser ? Considère-le comme une nouvelle méthode ! Avec Arslan on n’y pensait pas et tu vois bien… Certes nous avons sûrement eu de la chance mais ce que je veux dire c’est que lorsqu’on se concentre trop sur une chose, qu’on en est obsédé on finit par le rater parce qu’on s’impose trop de pression. C’est comme lorsqu’on passe des heures à chercher un objet puis qu’on le retrouve juste devant ses yeux lorsqu’on cesse de le chercher. - Mais je n’y arrive pas. - C’est quand la dernière fois que vous avez juste partagé un moment ensemble ? Sans vous mettre de pression ? »
Zandé ouvrit la bouche puis la referma. Il ne possédait aucune réponse à cette question. Depuis combien de temps ils essayaient sans plus se soucier du plaisir ? Depuis combien de temps il avait cessé d’éprouver du plaisir pour se concentrer sur la conception ? Combien de fois s’était-il forcé au point d’en être totalement dégouté ? Il comprit que son rejet d’Hilmes venait de là, il s’était tellement forcé qu’il lui en voulait alors qu’il n’y était pour rien dans cette histoire.
« Je ne sais même plus comment faire, avoua-t-il. - À ce point-là ? - Oui, acquiesça-t-il. - Bien écoute-moi maintenant… »
Zandé l’écouta avec attention et fit ce qu’il lui demandait. Il ferma les yeux et se remémora leur première rencontre, leurs premiers échanges... Les souvenirs qui affluèrent derrière ses paupières le calmèrent. La chaleur de ces moments l’effleura et le libéra d’un poids. Il aimait toujours Hilmes, les années n’avaient en rien dégradé ses sentiments. Pour la première fois depuis ces derniers mois il s’autorisa enfin à sourire. Il n’avait pas tout raté. De plus les mots de Daryûn l’apaisèrent.
Zandé réfléchit. Comment pouvait-il se faire pardonner ? Lui dire qu’il avait bien compris maintenant et qu’il acceptait enfin ses paroles au sujet du renoncement, qu’il y avait plus important : leur couple.
Il pouvait suivre les conseils de Daryûn et recommencer comme à leur début seulement… C’était très gênant. Il était encore jeune, plein de confiance et d’hormones surexcitées lorsqu’il faisait ça, puis il venait juste de marier à l’époque. La situation était différente… Pas tant que ça en faîte, il était juste devenu plus réservé avec le temps. Il ne se voyait pas refaire ça mais c’était le meilleur moyen qu’il possédait pour bien passer le message.
Oui mais s’il ramène quelqu’un ?
Il ne ramène jamais personne dans nos appartements le soir, alors pourquoi il le ferait cette fois ?
Il secoua la tête et essaya de trouver un compromis pour ne pas se retrouver dans une situation embarrassante. Il décida de commencer par prendre un bain, au moins cela le calmerait et l’aiderait à réfléchir tranquillement.
o~~O~~o
Hilmes fut soulagé que Daryûn ait pu parler avec Zandé, il espérait que cela lui ferait du bien. Daryûn lui confirma qu’ils avaient discuté et qu’il semblait soulagé d’avoir vidé son sac. Il entra dans leurs appartements espérant tomber sur un Zandé un peu moins triste voir même souriant.
Pour être surpris, il fut surpris.
Zandé était confortablement installé dans un fauteuil juste habillé d’une longue tunique largement ouverte sur son torse et sur une de ses cuisses, le tout retenu par un seul lacet noué à la taille. Zandé avait cessé de la porter ces dernières années mais Hilmes savait que cela annonçait une bonne soirée. Ce qui suivit lui confirma. Zandé se leva et défit le lacet tout en lui demandant comment avait été sa journée. Hilmes n’écouta absolument rien, trop occupé à admirer le corps totalement dénudé qui s’offrait à lui pendant que Zandé s’installait sur le lit.
« Tu disais ? Demanda-t-il distrait. - Dépêche-toi la place va refroidir ! »
Depuis combien de temps rêvait-il de ça ? Une éternité lui semblait il mais cela était un peu trop beau pour être vrai. D’où venait un tel changement ?
« Zandé… S’il te plait ne te vexe pas mais… Est-ce que ça va ? Je veux dire, je suis très content d’un tel accueil et je n’ai pas envie de me triturer l’esprit mais comme ces derniers temps tu étais un peu… Déprimé, je m’interroge, vois-tu ? Bien que l’envie de te sauter dessus me submerge totalement… »
Hilmes se tenait devant le lit attendant une réponse.
« Je n’ai pas le droit d’avoir envie de mon alpha et mari ? »
Rhaa… Hilmes était rongé par le dilemme. Devait-il accepter ou l’obliger à parler avant ? S’ils ne parlaient pas et qu’il découvrait que ce n’était qu’un stratagème et qu’il n’allait pas mieux ? Et qu’il ne le découvrait qu’après ? Cela voudrait-il dire qu’il était juste obnubilé par le sexe et qu’il ne cherchait qu’à obtenir une excuse pour le pratiquer mais en ayant le sentiment de ne pas forcer son oméga car il proposait de lui-même ? Il cherchait juste une bonne excuse pour ne pas se sentir coupable après… Mais s’il le repoussait alors qu’il le souhaitait réellement ? Il allait le vexer et il risquerait de croire qu’il ne voulait plus de lui alors que c’était tout le contraire. S’il acceptait et qu’il en avait aussi envie mais qu’après il lui demandait comme il avait su qu’il le voulait aussi ? Ou comment il aurait su s’il n’en avait pas envie ? Comment il pourrait l’expliquer ? Comment pouvait-il s’en sortir avec tout ça lui ?
Toutes ces questions le tiraillaient, il en vint à se tortiller comme une personne qui souhaitait soulager un besoin pressant mais qui n’osait pas… Avec ces conneries il allait se pisser dessus oui ! Il se stoppa et avec un effort incommensurable il enleva son haut et se retint de se jeter sur le lit. Il s’allongea avec prudence, puis avec raideur il couvrit Zandé jusqu’à la taille. Il ne pourrait pas se concentrer sinon. Il vit son regard s’assombrir.
Merde, pensa-t-il. Il se dépêcha d’ajouter :
« Ecoute, je voudrais comprendre avant… Car tu peux me croire ce n’est pas l’envie qui me manque… Pourquoi crois-tu que je garde mon pantalon et que je t’ai couvert ? Je n’aurais pas pu me concentrer sinon ! » La remarque fit sourire Zandé. « De quoi veux-tu parler ? Tu crois que j’aurais fait ça si je ne voulais pas ? C’est déjà assez gênant comme ça ! -Je dois t’avouer que cela me plait beaucoup, c’est très… Très minimaliste ! - Alors tu te décides ? - Tu ne m’as pas répondu… - Hilmes… J’ai compris ce que tu voulais me dire et je voulais te le faire comprendre… Daryûn m’a ouvert les yeux… Depuis combien de temps n’avons nous pas eu de moment rien qu’à nous ? »
Hilmes ne savait pas ce que Daryûn lui avait fait mais il le bénissait par tous les dieux. Peut-être devait-il simplement l’entendre d’une autre personne pour le comprendre.
« Bien maintenant est-ce que tu va me laisser me geler ou bien tu vas enfin passer à l’action ? - Tu ne veux pas me refaire le numéro de tout à l’heure ? Tu sais quand tu enlèves ta tunique… - Ma proposition est limitée dans le temps, répliqua-t-il aussitôt. »
Hilmes ne prit pas la peine de lui répondre et l’embrassa à pleine bouche. Il retrouva alors des sensations familières qui lui avaient terriblement manqué : de la réactivité et de la participation chez Zandé. Il retira la couverture qu’il avait mise plus tôt et se colla à son oméga qui s’accrocha à lui, s’agrippant dans son dos, le parcourant, le griffant presque comme une bête féroce, et s’attardant sur des zones qu’il savait réputé pour être sensibles aux caresses. Notamment la naissance de ses fesses… Il sentit Hilmes grogner lorsqu’il fit négligemment glisser son index sur cette zone. Hilmes ne manqua pas de se cambrer, se collant encore plus à son oméga pour se soustraire à cette caresse trop stimulante. Zandé ne rata pas l’occasion de continuer, il le sentit frissonner contre lui. Hilmes finit par délaisser sa bouche pour mordre son cou lui arrachant un gémissement et il continua de descendre en ayant l’intention de se venger. Il embrassa son torse, le parcourut de ses doigts lui infligeant des effleurements brûlant. Zandé grogna et se cambra un peu plus lorsqu’il le sentit attaquer son torse avec plus d’ardeur, faisant rouler ses muscles sous ses mains, pinçant et mordillant sa chair ou la couvrant de baiser. Il continua sa descente l’obligeant ainsi à écarter ses cuisses pour garder le contact de sa peau contre la sienne plus longtemps.
Il descendit encore plus bas, léchant son haine, mordant sa peau tout en lui lançant des regards brûlant. Il arriva enfin à sa cible mais descendit encore un peu jusqu’à ses cuisses provoquant un couinement de frustration chez Zandé. Hilmes prit un malin plaisir à marquer sa peau comme sa propriété. Il effleura d’un souffle le sexe tendu de son amant ce qui lui arracha un nouveau gémissement mais il continua à éviter soigneusement la zone quémandant les caresses. Il continua à caresser l’intérieur de ses cuisses ce qui ne faisait qu’accentuer la demande d’être satisfait de Zandé. Hilmes s’en amusa encore un peu avant de finalement lui accorder l’attention qu’il désirait. Il le prit en bouche s’en plus de ménagement.
Zandé en oublia de respirer lorsque sa bouche se ferma sur lui pour lui procurer l’attention tant désiré et le libérer de sa frustration. Il continua à faire des vas-et-viens lui procurant ainsi des décharges de plaisir. Il sentait son corps s’affranchir de son contrôle. Il se tendait et sa gorge gémissait sans son accord. Il ne tint pas longtemps au rythme que lui imposait Hilmes. Il sentit la jouissance gonfler en lui avant d’exploser en un feu d’artifice dans tout son être. Il se laissa retomber contre les draps, essoufflé mais sachant que ce n’était que le début. Hilmes lui laissa quelques secondes de répit avant de reprendre leurs activités. Il vint embrasser ses lèvres et lui offrir des caresses plus douces pour qu’il s’apaise après l’euphorie qui l’avait possédé l’espace d’un instant.
Lorsque sa respiration redevint plus calme Hilmes repartit à ses caresses après l’avoir embrassé une dernière fois. Il descendit à nouveau mais bien plus bas cette fois. Il le poussa à écarter un plus les cuisses, le faisant replier les genoux pour plus de confort et de prise sur lui. Il enroula sa main libre autour de son autre cuisse pour la maintenir. Zandé sut qu’il avait fait le bon choix de prendre un bain lorsqu’il sentit une langue taquine lécher sa chair sensible et exposée. Ses muscles se contractèrent. Hilmes continua de jouer avec sa langue avant de la pousser lentement vers l’intérieur veillant à ne pas le brusquer. Zandé frissonna. Hilmes continua lentement à embrasser sa chair et remuer la langue pour la pousser plus loin. Zandé laissa l’intruse l’envahir avec bienveillance, appréciant le contact humide et frottement qu’elle produisait.
Une fois qu’il fût détendu, Hilmes glissa un premier doigt accueilli avec plaisir. Il le bougea sans pour autant retirer sa langue. Il les coordonna pour provoquer plus de sensation chez son partenaire. Il poussa alors un deuxième à rejoindre le premier, Zandé se tendit un peu plus mais le laissa entrer malgré tout. Hilmes dirigea sa langue vers un autre chemin et la fit remonter de long du membre à nouveau tendu de son oméga. Il le lécha avec attention alors que ses doigts bougeaient avec plus d’aisance. Il commença alors à en introduire un troisième avec beaucoup plus de lenteur cette fois. Il savait que celui-là était plus difficile alors il prit le temps qu’il faut pour ne pas faire mal à Zandé et pour qu’il puisse se détendre suffisamment. Il continua ainsi jusqu’à que Zandé lui dît qu’il fût prêt pour plus.
Contrairement à ses attentes Hilmes le poussa à se redresser. Il crut d’abord qu’il souhaitait qu’il se mît à quatre à pattes mais il l’installa à califourchon sur lui. Zandé se figea quelques instants, Hilmes vit son trouble mais attendit, il voulait le tester. Avant ils changeaient de position sans trop s’en soucier mais ils avaient dû cesser car « pas suffisamment propice à la conception. » Hilmes soupçonnait en réalité les médecins de l’avoir proscrit car ils ne supportaient pas l’idée qu’un oméga soit sur l’alpha, trop de soumission à leur goût. Il voulait voir si Zandé passerait le cape de l’inconscient : accepter une position « pas conforme » à la conception. Zandé prit une grande inspiration avant de reprendre leur activité restait en suspend quelques instants. Il posa une de ses mains sur l’épaule d’Hilmes pour se tenir et se servit de l’autre pour guider son mouvement alors qu’il le faisait entrer en lui avec lenteur. Il descendit lentement et prit le temps de s’habituer. Il s’arrêta à la moitié et commença à bouger doucement les hanches. Au fur et mesure qu’il se détendait il le poussait plus loin en lui. Hilmes posa les mains sur ses hanches pour accompagner son mouvement sans pour autant le pousser à aller plus loin. Zandé finit par s’assoir complétement sur lui mais ses mouvements devinrent plus aléatoires et de moins en moins contrôlés, Hilmes reprit alors les rênes et imposa le rythme. Zandé perdit totalement pied, il ne contrôlait plus du tout son corps. Il était secoué de tremblement et gémissait sans plus pouvoir étouffer ses cris. Il finit par lâcher prise. Il se resserra autour d’Hilmes et ce dernier continua encore peu avant de jouir lui aussi.
Zandé s’enroula autour de son alpha pour profiter encore un peu de sa chaleur. Hilmes l’embrassa avec bien plus de douceur que leurs derniers baisers. Ils finirent par s’endormir tous les deux épuisés mais heureux. Zandé sentit un poids le quitter, il se sentait bien mieux maintenant et cela n’était pas seulement dû à ses deux orgasmes consécutifs. Il était enfin apaisé.
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Daryûn fut chaleureusement remercié par Zandé puis par Hilmes. Il se demanda ce qu’il avait bien pu dire pour qu’ils soient tous les deux dans cet état par contre il n’était pas sûr de vouloir savoir comment le couple l’avait mis en pratique. Il préféra retourner à ses activités bien qu’elles commencent à lui peser. Cette année l’été s’éternisa jusqu’au mois d’octobre, les températures chutaient à peine. Avec la chaleur il devait boire beaucoup et que ce soit Arslan ou bien les médecins ils le harcelaient à longueur de journée seulement avec les effets de la grossesse il passait son temps à avoir besoin de faire pipi… Autant dire que pour surveiller des entrainements deux heures où il devait déjà rester à l’ombre mais qu’en plus on le dérangeait toutes les demi-heures pour le faire boire cela l’énervait rapidement. Sans parler de Narsus et Kubard qui se foutaient joyeusement de sa gueule… Heureusement les soldats, eux n’osaient pas se risquer à la moindre remarque ou petite plaisanterie comme il s’était défoulé sur le dernier qui avait tenté…
Il n’était qu’à trois mois de grossesse pourtant on le couvait comme s’il était déjà prêt à accoucher. Il ne comprenait pas ce comportement jusqu’Arslan lui avouât que le roi et son père y tenaient. Si Hilmes n’avait pas d’héritier alors la couronne reviendrait à Andragoras (d’où son intérêt pour veiller sur Daryûn) et ses héritiers (Osloes espérant que la couronne reviendrait à Arslan sans passer par son frère). L’enfant qu’il portait, dans l’état actuel des choses, deviendrait Shah. Il comprit alors pourquoi tous étaient aux petits soins avec lui mais cela ne l’empêcha pas d’être excédé. Un peu d’accord mais là ils poussaient la surprotection un peu loin ! Il ne pouvait en vouloir à Arslan pour cela mais venant des autres cela le mettaient surtout mal à l’aise.
Il n’osait imaginer comment cela serait dans quelques mois quand son ventre deviendrait rond. Il ne se voyait pas rester cloîtré dans ses appartements et alité pour satisfaire les inquiétudes de la couronne ! Déjà que pour des raisons de santé cela l’embêterait… Mais s’il venait à avoir des problèmes durant la grossesse alors il resterait tranquille. Il ne voulait pas mettre en danger son bébé ni inquiéter Arslan mais il ne pouvait pas ne rien faire non plus. Il devait se bouger et continuer à voir des gens, il en serait malheureux de passer ses journées à attendre sans bouger. Alors il profitait de ses derniers moments de répit, en faisant attention malgré tout, car son ventre commençait à s’arrondir. Il savait que d’ici peu on lui demanderait de rendre sa place de marzbâhn pour la confier à quelqu’un d’autre. Cela ne devait qu’être temporaire mais il craignait de ne pas pouvoir la retrouver, qu’il se soit trop affaibli ou bien que son remplaçant soit aussi habile et que le poste lui convienne parfaitement. Ses détracteurs ne se gêneraient pas pour promouvoir son remplaçant et dire que Daryûn devrait plutôt se consacrer à élever son nouveau-né ou faire d’autres enfants, après tout ils étaient l’avenir de la famille royale… Cette position allait se retourner contre lui. Certes il voulait s’occuper de ses enfants mais pas en faire son occupation principale non plus ! Il aimait sa place de marzbâhn, il aimait se battre, protéger ses hommes et leur apprendre à se défendre. Il souhaitait en parler avec Arslan mais il craignait qu’il ne veuille plus qu’il reprît les armes.
La réponse vint d’elle-même. Un soir Arslan entama cette conversation qu’il redoutait d’aborder. Ils étaient allongés dans les bras l’un de l’autre et Arslan s’amusait à toucher son ventre comme pour s’habituer à la nouvelle forme qu’il prenait et la nouvelle vie qui s’annonçait.
« Daryûn, je me demandais… Que veux-tu faire après ? Une fois que notre enfant sera né je veux dire. Tu souhaites reprendre ton poste de marzbâhn ? Le roi te le rendra si tu le souhaites… - J’aimerais bien oui… Mais… Cela ne semble pas te convenir. - Je n’y vois pas d’inconvénients seulement si nous avons d’autres enfants tu risques de devoir à nouveau laisser ton poste puis le reprendre et ainsi de suite. Je me disais qu’un poste avec plus de souplesse serait plus adéquat, un peu comme Narsus, tu vois ce que je veux dire ? - Oui je comprends mais je ne suis guère aussi bon stratège que lui. - Par forcément pour la stratégie. Tu garderais le même grade qu’un marzbâhn mais sans avoir forcément des hommes sous tes ordres… Tu pourrais prendre en charge d’autres groupes ou soutenir un autre marzbâhn et en temps de paix continuer à enseigner aux jeunes recrus comme tu le fais déjà… Tu me sembles très à l’aise avec ça. Tu pourrais ainsi continuer à t’entrainer et prendre part dans les armées mais cela reste plus souple et tu n’es pas forcément obligé de te battre donc tu peux le faire même en portant un enfant… - Tu y as beaucoup réfléchi à ce que je vois. - Oui, je dois t’avouer que maintenant que je te vois ainsi je… J’ai peur, avoua-t-il. Avant cela ne me posait pas de problème, tu es fort et je ne me fais pas de soucis pour toi sur un champ de bataille mais… Maintenant on ne sera plus que nous deux et… Et je, bafouilla-t-il. J’ai peur qu’un jour aucun de nous deux ne reviennent et que nos enfants puissent se retrouver seuls… Alors j’aimerais qu’il puisse au moins leur rester un de nous deux, dit-il avec les larmes aux yeux. Je sais que tu n’es pas du genre à rien faire alors j’essaie de te trouver quelque chose mais pour que tu puisses aussi être au minimum à l’abri… Je, bafouilla-t-il, excuse-moi… »
Arslan essuya les larmes qui se formaient au coin de ses yeux. Sa gorge était nouée, il ne voulait pas se montrer ainsi devant son oméga ni lui montrer sa faiblesse.
« Arslan, murmura-t-il. Je ne savais pas que cela te faisait du mal si j’avais su je… - Non, je ne veux pas que tu fasses ce qui me fait plaisir ! Je veux que tu sois heureux, je ne peux pas t’imposer quelque chose qui ne te ressemble pas. - Arslan je trouve que ton idée reste un bon compromis. Je vais y réfléchir, de toute manière je ne me vois pas recommencer tout de suite après mon accouchement alors je vais voir si enseigner me plait vraiment et… Oui je vais y réfléchir car je comprends tes doutes… Je- je ne me vois pas non plus laisser nos enfants tous seuls. - Je suis sûr qu’Hilmes et Zandé s’occuperaient bien d’eux mais je ne veux pas qu’ils finissent sous la tutelle de mon père… - C’est vrai, sourit Daryûn. »
Il devait y réfléchir. Il était un peu honteux de l’avouer mais il n’avait jamais pensé à ça : et s’ils ne revenaient pas ? Si leurs enfants se retrouvaient seuls ? La proposition d’Arslan restait intéressante, elle lui permettait de garder son autonomie sans pour autant lui fermer la voie vers son ancien poste. Au fond que voulait-il vraiment ? Il voulait se battre, défendre son pays et les siens mais il ne serait pas toujours là pour cela. Il avait déjà beaucoup fait pour son pays mais il voulait encore combattre tant qu’il était jeune et après ? Enseigner aux jeunes lui permettrait de préparer sa suite et les prochains défenseurs de Parse. Il pourrait aussi voir ses enfants grandir… Cela ne lui déplaisait pas mais ne serait-ce pas donner raison aux mauvaises langues ?
Cependant il ne pouvait pas juste faire quelque chose pour les contredire ou leur prouver quoique ce soit. Les cons ça ne change pas d’avis… Alors autant apprendre aux jeunes que oui un oméga peut devenir marzbâhn, que oui ils peuvent devenir instructeur et que oui un oméga peut se battre et même être meilleur qu’un alpha dans un domaine qui leur est pourtant réservé… Il avait des choses à leur apprendre et des messages à leur faire comprendre. Peut-être que les mentalités changeraient ainsi ? Finalement c’était ce qu’il voulait en devenant marzbâhn, prouver qu’un oméga aussi peut y arriver ! Mais maintenant il savait qu’il n’avait plus rien à prouver à personne.
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« Messire Daryûn vous êtes sûr de pouvoir nous entraîner aujourd’hui ? Il fait froid vous devriez peut être… - Votre sollicitude me touche mais j’attends un enfant je ne suis pas en train d’agoniser. »
Bien que cela s’en rapproche des fois, pensa-t-il.
Il sourit au jeune soldat qui avait parlé et constata qu’il n’était pas le seul à s’inquiéter pour lui apparemment.
« Si je ne suis pas là pour vous secouer vous resteriez bien au chaud et oublieriez de pratiquer les armes… Mais je vous comprends, la séance sera plus courte aujourd’hui ! Allez on commence ! »
Il donna alors les différentes instructions avant de les regarder se mettre en place et commencer leurs entrainements. Il corrigeait ceux qui faisaient des erreurs, montrait à nouveau les gestes et engueulait ceux qui n’en faisaient qu’à leur tête. Il avait installé sa nouvelles petite routine et cela lui amena un certain apaisement surtout maintenant que son ventre s’était bien arrondi et lui rappelait que dans moins de deux mois une petite vie s’agiterait dans ses bras. Il avait hâte et peur en même temps. Il craignait de mal si prendre et l’accouchement le terrifiait bien qu’il essayait de ne rien laisser paraître. Arslan faisait semblant de l’ignorer mais le rassurait en permanence.
Zandé venait lui tenir compagnie depuis que l’hiver pointait le bout de son nez pour éviter qu’il ne congèle sur place. Seulement ses chaleurs devaient arriver alors il restait fermé dans ses appartements pour le moment. Daryûn évita de lui faire remarquer qu’elles étaient en retard de près de deux semaines cette fois. Il voulait éviter de lui faire de la peine.
« Daryûn ! »
Il se tourna pensant avoir rêvé mais non Zandé venait bel et bien de sortir de son esprit pour se matérialiser sous ses yeux. Il arborait un large sourire et une mine ravi qui ne signifiait qu’une chose…
« Devine quoi ? Le médecin vient de passer et nous a annoncé une bonne nouvelle ! »
Zandé ne cessait de sourire comme un enfant, le visage totalement fendu par un grand sourire plein de dents.
« Cela fait deux semaines que je suis en retard ! Je ne voulais pas trop m’emballer à cause de la dernière fois mais le médecin l’a confirmé. »
Zandé se mit à sautiller sur place comme puce.

« Mais il ne faut rien dire pour le moment, Hilmes doit faire une annonce avec tout le tralala, d’accord ? - Je pense que cela ne va pas être facile pour toi d’attendre qu’il le dise, dit-il en riant. - Si tu savais comme je suis content ! Je pensais que ça n’arriverais plus maintenant… - Je crois que tout le monde va comprendre en voyant le sourire que tu fais. »
Daryûn le regarda avec amusement, sa bonne humeur était communicative. Il se mit lui aussi à sourire niaisement.
« Tu vas être surveillé comme le lait sur le feu maintenant tu t’en rend compte ? - Pourquoi dois-tu ternir mon bonheur ? Soupira-t-il. Je m’en doute, j’ai vu comment ils ont fait avec toi alors je m’y suis préparé mentalement. - Tu m’en diras tant, ils vont être affreux avec toi et ne vont pas te lâcher ! Au moins tu échapperas à l’échanson qui te suit partout mais ils risquent de te suivre pour te demander si tu as à froid ou t’obliger à te couvrir. - Oui… Hilmes commence déjà… Mais je le comprends aussi, on a eu tellement de mal à l’avoir que c’est presque trop beau. J’ai l’impression que je vais me réveiller demain et me rendre compte que ce n’était qu’un rêve et j’ai peur… De le perdre… - Il n’y a pas de raison, cela fait déjà trois mois depuis ta dernière chaleur alors tu as passé le premier trimestre. Il faut éviter les chutes ou « les efforts trop violents » comme me le répète tout le temps la sage-femme ! Je suis sûr que tout le monde fera très attention et que tu vas être chouchouté, sourit-il. Autant te dire qu’Arslan y veille personnellement ! - Je vois, sourit-il. Je crains qu’Hilmes n’osera plus me toucher de peur de me faire mal ! - Il n’y a pas besoin de beaucoup bouger pour se faire plaisir tu sais… »
Zandé se mit à rire avant de remarquer quelque chose derrière Daryûn. Il se tourna et vit les soldats en train d’attendre. Il constata que quelques jeunes hommes du premier rang esquissaient de petits sourires.
« Eh bien messieurs si vous attendez ainsi c’est que vous n’avez pas froid ! Refaites donc une série de vingt mouvements. »
Ils ne plaignirent pas et obtempèrent. Daryûn se tourna à nouveau vers Zandé.
« Tu as été un peu dure avec eux… - Il n’avait qu’à faire semblant de continuer au lieu d’écouter ouvertement ! »
Daryûn finit par les libérer après ce dernier exercice. Il constata que le petit groupe de commérages commençait déjà à se former autour de ceux du premier rang qui avaient entendu une partie des échanges. Ceux-là même qui leur avaient valu une série de plus.
« Non mais je te jure ! - C’est pas possible, ils ne parleraient pas de ça là ! Messire Daryûn ne ferait jamais une telle chose ! - Mais siiii, il a fait des allusions perverses, je l’ai entendu ! Pas vrai Assad ? - Je confirme, dit-il en hochant vigoureusement la tête. - Et… Il a dit quoi ? - Que le Seigneur Arslan le « chouchoutait personnellement » et qu’il « n’avait pas besoin de beaucoup bouger pour se faire plaisir », murmura-t-il. - Je ne pensais pas ça venant d’eux, ils ont l’air tellement… - Oui, on peut pas les imaginer dans ce genre de situation. Surtout que Messire Daryûn se retrouve en dessous puisque c’est l’oméga. - C’est vrai que c’est tellement surréaliste, on peut les imaginer comme ça ! Ça ne leur ressemble pas du tout. - Tu vois je te l’avais bien dit qu’il fallait bien se méfier des apparences ! »
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Après la première chaleur


Se méfier des apparences - épilogue

a lil follow up doodle to the drawing i did last week
i love them

Regarding: Chapter 114
Ecbatana being liberated from the Lusitanians is reason enough to be elated, emotional, and incredibly relieved, but @innerchorus pointed out that younger people might not remember who Hilmes is.
Maybe Tanaka had Hilmes’ name reveal earlier in the story in the dungeon with Andragoras be completely new to the novel reader for a similar effect? When I first read Arslan Senki and Hilmes revealed his name - It told me nothing, I had no clue who this was. You’re going to have to elaborate, sir. There had been no hints or build up prior, no family tree studies; this name came out of thin air to a new reader. (yes, the explanation came right afterwards, but in hindsight this is so funny to me)
And depending on how ruthless Andragoras was with keeping Royal Family news under wraps from the public, quite a few people in the crowd might be asking themselves the same question: “That great! … I have no idea who you are?“
Yes indeed
The first time I saw this I was as well „what is this? Can he even fight in this….thing?“

“WTF AM I WEARING”
(Seriously though, what IS that?)
Random Thought Dump

Come to think of it, nothing ever came of this plan of Guiscard's... The way he said “With Andragoras, it's either him or us, but with the Crown Prince there might be room for negotiation.” I wonder if this means Arslan's mercy is a fact well known far and wide by now, even by his enemies like Guiscard here? It reminded me of this video, esp the ending part:
Anyhow, that's neat, though it's not included in this panel the other motive for Guiscard wanting this is to sow suspicion and discord within the Parsian army— drive a wedge between Andragoras and Arslan (Andragoras already hates Arslan, leave him alone!).

What does Hilmes's “...oh?” mean here??? I feel like he had some Realization™ but... what!!! Hilmes, tell me your thoughts!! Is he finally realizing Arslan isn't just an extension/one mind of/with Andragoras? What's up, my man???
Not at all related to the subject at hand but this confident smile from the latest chapter suits Arslan. My baby son 🤗


Sam’s realisation that Hilmes is mixed up in some BAD SHIT.

This makes me extremely sad.
Anyway, I have to give Arakawa some credit for utilising the Husrab situation to make it more believable that Hilmes would suddenly doubt Sam’s loyalty like that. Team Zahhak are so good at manipulating people, and preying on Hilmes’s insecurities by using Husrab as an example is very on brand for them… I can see why, in that moment, Hilmes might have been induced to wrongly interpret Sam’s attack on the sorceror as arising from residual loyalty to Andragoras (wanting to protect the royal family’s secrets) rather than wanting to protect him.
(Images are from Project Vinland’s scanlation of Chapter 115, which was released today.)

Hilmes what the FUCK, didn’t you promise that position to Zandeh?
(This is from Chapter 114; I didn’t catch on to exactly what was being said here at first, I think because the scanlation didn’t specifically use the word ‘Erān’ but that’s definitely what he’s talking about.)
I even looked at the raw because I couldn’t quite believe he was saying this, but it’s true; he uses ‘大将軍’ (commander-in-chief) which is accompanied by the furigana ‘エーラーン‘ (Erān).
From Chapter 27:

Oh man, I am really not happy about this. I mean, I never thought it was a great idea to give this position to Zandeh just because he’s his father’s son (he’s too young and inexperienced for such a role at this time) and Sam is clearly the better candidate, but… Hilmes basically promised this to him and now he’s going to appoint someone else.
I wonder what Zandeh thinks? I get the impression that, if Hilmes is just telling Sam now, he hasn’t spoken of it to Zandeh, but Zandeh’s not stupid. He knows that Sam has a wealth of valuable experience that he doesn’t, and he’s seen Sam’s strategies in action. His initial reaction to Sam joining Team Hilmes definitely reads as a legitimate worry that he’s no longer Hilmes’s most valued subordinate precisely because he recognises there are valid reasons why Hilmes might prioritise Sam over him.
So perhaps he’s already anticipating it and will understand, but at the same time surely it will hurt a bit and that’s what I don’t want to see I don’t want my puppy boy to be sad 😭😭😭
Mage Hunt AU Drabble #1
(Context for this AU: Hilmes has a dead younger brother, Gurgin has a dead older brother, and after finding out that Team Zahhak were responsible for this Gurgin switches sides and starts working with Hilmes to eliminate them.)
The enemy mage had died wearing someone else’s face.
Tall, dark-haired; handsome features made ugly by a cruel smile. The fake, though faintly familiar, was not someone who Zandeh recognised, but he had not been the target. Gurgin’s reaction had almost cost him his life. The transformation had occurred at close quarters, the enemy’s face distorting fast, yet it was slower to revert in death.
Gurgin was taking a long time to clean his dagger in the nearby stream. Zandeh glanced at his distant figure, uncertain, but then he looked back at the dead body, saw the resemblance, and understood.
This is so interesting
I am bot very familiar with Chisato Nakamuras manga but it is so excited to read it and so see the diffrents in the storyline
More Chisato Nakamura ArSen manga Volume 11 stuff, because I can’t stop…

“Jandy” and “Gilmes”

The banner of Kaykhusraw! (That’s Rukhnabad.)

Sam, thinking about the troubles that Hilmes might face.
When Hilmes announces his identity, Zandeh’s really happy with the reaction of the crowd and is like “Look, Sam, everyone supports His Highess Hilmes!” but Sam knows that this stems from their hatred of the Lusitanians who have just been ousted from the capital, and that support is not unconditional…
So as I mentioned before, Elam and Alfarid were in the crowd in Ecbatana watching Hilmes remove his mask and announce his identity, and planned to report what has happened to Narsus only they can’t leave the city because the gates have been shut.
After evading a guard they run into Sam, who senses where they are hiding in a bush and tells them to come out. Some typical squabbling between Elam and Alfarid ensues, and when Sam hears Alfarid mention His Highness Arslan he understands (…no, they’re not here to steal stuff from the palace… Alfarid was pretty offended at that assumption just because she’s a Zot).
Anyway, they’ve heard about the underground aqueducts and ask him to take them to the entrance. He does try to say he doesn’t know, but they don’t believe him, and so he agrees to take them there (he actually seems a bit amused that these two kids have him at swordpoint).
On the way there, when challenged by a guard (who says it’s rude for them to be hiding behind Sam’s cloak lmao) Sam says that these kids are his blood relations! 🥹
He takes them to the entrance of the waterway, points out where they should go and warns them that from tomorrow it will be heavily guarded. They thank him, and leave, after which Sam has those thoughts of Arslan that I posted about here.
When Hilmes falls asleep on the throne, he doesn’t have a flashback but he’s having nice thoughts of the cheering crowd etc, then there’s no mage disguised as Husrab; the scene with the empty treasure is next though it does look like there’s an equivalent fake!Husrab mage ‘don’t you want to hear these secrets’ scene later on?

The face of a man who is realising that he’s done exactly as Guiscard had planned for him to do…
When Arslan sees Elam and Alfarid riding back to the camp, he falls out of the tall tree which I guess he climbed to keep watch (honestly it looked really serious for a second, but he’s fine!). He must’ve been really worried about them!
(Okay, I’m out of time so that’s it for now, but there are a handful of extra scenes between Hilmes and Irina in Nakamura’s version that I will 100% try to translate! Expect more posts on this manga soon because it’s making my head spin in the best way, lmao.)

“vixen” nickname drop for Tahamenay, I didn't remember this one, there was another mention (two other mentions) where the nickname popped up.

HILMES NO. HILMES BAD.
Y'all ever wonder what Hilmes would look like with his hair down (aka not slicked back)?
Because I sure as hell do and am wondering right now.

For the anon a while back who wanted to see Hilmes with his hair in a ponytail. He’s 11 years old here, but he also wears it this way in the flashback to his time with Irina (see below).

No mask, either.