French writer, écrit de la SFFF et des fanfictions, poste sur l'écriture et reblogue Pratchett
834 posts
Dieu
Dieu
Je t’ai jeté avec tellement de plaisir.
Je t’ai écrit, bien sûr. Et je t’ai réécrit. Raturé. Relus. Injurié. Changé. Froissé. Lissé. Réécrit encore.
J’ai entouré ce qui allait, j’ai fait des flèches vers une autre partie, j’ai gribouillé dans un coin en attendant que l’inspiration reviennent, j’ai eu l’inspiration, j’ai pris des notes minuscules de l’autre coté, j’ai essayé, j’ai remis des astérisques pour relier ensemble des petits bouts de rien.
Tu as fini par ne plus ressembler à rien, mais tu avais tout le potentiel, toutes les étincelles.
Alors j’en ai pris un autre et j’ai tout remis. Dans le bon ordre. Avec les bons mots. Et là, enfin, c’était beau.
Tu es à la poubelle maintenant, mais j’espère que tu pars avec la satisfaction du devoir accompli. Moi, je te jette avec la satisfaction du créateur qui, enfin, se sent avancer.
-
amertumedelamer liked this · 2 years ago
-
30jourspourecrire reblogged this · 2 years ago
-
30jourspourecrire liked this · 2 years ago
-
sous-le-saule liked this · 2 years ago
More Posts from Luma-az
Sorcellerie
. Il attrape le champignon et le coupe soigneusement à la racine. C’est un cœur de sorcière rouge et dodu, presque ovoïde, qu’il a passé toute la journée à chercher dans les bois. Il sourit. C’est le dernier ingrédient dont il a besoin pour le rituel.
Sifflotant un air guilleret, il regagne sa voiture et rentre chez lui, à la fois soulagé d’avoir terminé sa quête et excité de passer à l’étape suivante. Ce soir… ce soir il va lancer le sortilège.
Il lui a fallut du temps pour rassembler tous les ingrédients. Le cœur de sorcière a presque été le plus simple, même si le nom l’avait effrayé au commencement. Il ne se voyait pas commettre un meurtre pour son premier sort, et n’aurait pas su où trouver une sorcière pour commencer. Enfin, où trouver une autre sorcière. Mais le reste a été assez difficile à récupérer. On aurait pu croire que toutes ces boutiques ésotériques en ligne pourraient aider, mais bien sûr que non. Pour vendre des cristaux et des pendules en trente-huit mille matières différentes, il y a du monde. Pour vendre des poils de bouc de quatre ans encore vierge, il n’y a plus personne. Non, il n’a pas envie de repenser au bouc.
Il s’installe sur une colline à l’écart de la ville et place soigneusement le miroir rond qui servira de base à sa malédiction. Celui-ci doit refléter à la fois la cible et une constellation bien précise, aussi il met un temps fou à creuser la terre et surélever le miroir avec des cailloux, jusqu’à trouver l’angle parfait. A partir de là, tout est beaucoup plus simple.
Les autres ingrédients ont servi à créer une pâte noirâtre et puante qu’il applique au pinceau sur le miroir, tout en récitant ses incantations. Il a veillé à les apprendre par cœur. Le rituel n’apprécierait pas un sorcier hésitant et encore moins une erreur d’une syllabe. Depuis le temps qu’il se prépare, il pourrait les réciter même en dormant. Puis la touche finale, alors qu’il sent un bourdonnement à la lisière de sa conscience, comme un essaim des enfers prêt à se déchainer sur le monde… le sang de la victime. Ce qui n’a pas été le plus simple non plus à se procurer. Mais il l’a.
Trois gouttes brunes tombent sur le verre lisse et glissent jusqu’aux inscriptions boueuses. Il achève de réciter l’incantation. Et attend.
Il faut du temps, c’est normal. Jusqu’à ce que le jour se lève. Et alors ils verront… Ils verront tous.
Il ne reste plus qu’à attendre encore un peu.
.
Avis aux lecteurs & lectrices
Vous aimez le concept de Dracula Daily pour l'expérience collective qui rend la lecture plus fun et/ou parce que ça permet de mettre six mois à finir un classique sans se sentir coupable ?
Vous aimez la vengeance, les manipulateurs, les jeux dangereux, les séducteurs cruels et les apparences trompeuses ?
Alors Les Liaisons dangereuses, et plus particulièrement la newsletter Les Chroniques de Choderlos sont faites pour vous ! Découvrez ou redécouvrez les lettres scandaleuses de la marquise de Merteuil, le Vicomte de Valmont, l'innocente Cécile de Volanges, la prude Présidente de Tourvel et l'amoureux chevalier Danceny.
En vous abonnant aux Chroniques de Choderlos, vous pouvez suivre l'histoire en temps réel, comme si vos servants interceptaient les lettres pour que vous puissiez les lire avant de les renvoyer vers leurs destinataires. Comme votre réseau d'espion est très efficace, vous recevez les lettres par mail le jour où elles sont envoyées.
Vous recevrez ces lettres entre le 3 août 2022 et le 14 janvier 2023, vous trouverez plus d'informations sur Les Liaisons et le projet sur la page “à propos” ou vous pouvez bien sûr m'envoyer une question.
Bonne lecture !
Le funambule
.
.
Il hésite, au sommet de la falaise. Devant lui, la mer, sublime comme toujours, teintant de sel chaque bouffée d’air qu’il respire. Au-dessus, le ciel, immensité bleue peuplée de nuages cotonneux. Deux entités d’une sublime indifférence.
En bas, les rochers. Eux, au moins, ne sont pas indifférents aux souffrances humaines. Ils leur offrent leur miséricorde. Il suffit d’un pas de plus, d’un léger élan et…
Mais il hésite.
C’est vrai ça, tu sais ce que tu perds, tu ne sais pas ce que tu gagnes. Peut-être que ça fait vraiment, vraiment mal, les rochers. Même avec la hauteur et la vitesse. On parle d’être écrasé comme un scarabée sous une chaussure. Du liquide qui gicle à des dizaines de mètres. On le regrette forcément, quand vos os passent à l’état liquide. Ils ne doivent pas apprécier.
Et ensuite. Y a-t-il un ensuite ? S’il n’y en a pas, à la limite, ça se tenterait. Mais s’il y en a un ? Et si après avoir été délivré de la vie, on se retrouve coincé dans une autre vie, immatérielle mais éternelle ? Rien ne dit qu’elle serait si bonne que ça, après tout. En tout cas la première version ne l’a pas convaincu, et il n’a jamais trouvé le service après-vente pour se plaindre.
Il hésite et il oscille, sur le bord de la falaise, il hésite et vacille presque, au bord de la chute, en équilibre sur un sursis de la taille de sa semelle. Il hésite et ne peut pas se décider. Ce qu’il lui faudrait, c’est un élan, dans un sens ou dans l’autre, quelque chose qui le pousse à avancer, à transformer cette vie morose, ou qui le pousse dans l’autre sens, jusqu’en bas enfin de la falaise…
C’est une drôle de position qu’il a adopté. Funambule de la crête, entre mer et ciel, attiré par le sol sans jamais se décider, il n’est bien ni ici ni là, mais il pourrait… Un jour il pourrait se décider.
Il suffirait d’un élan…
.