Joseph Turner - Tumblr Posts
~ COD WW2 ~ William Pierson X F!Reader

Je cours, protégeant les arrières de mon demi-frère cadet. Je le pousse violemment dans un fossé alors qu’une mitraillette tente de vous faire tomber tous les deux. Je saute aussi dans la fosse, une douleur aiguë se fait alors ressentir sur mon flanc. Je grince des dents et tombe lourdement à côté de mon frère qui m’aide à me cacher, le dos bien collé au mur de terre. Je passe une main sur mon flanc avant de la mettre devant moi, un sifflement s’échappe de mes lèvres.
-Merde. Grognes-tu, attirant les yeux de ton frère.
-Putain de merde, comment tu te sens ? Demande-t-il, paniqué.
-Ca va, ça va. Il faut qu’on se sorte de là, Rob.
Tu te lèves sur tes genoux et tire à l’aveuglette, entendant les hurlements mourant des boches que tu touches. Alors que vous étiez tous les deux concentrés à tirer, vous entendez des voix vous appeler et cela vous interpelle.
-ZUSSMAN ! ZUSSMAN ! Hurle la voix de Daniels, presque imperceptible avec les tires constants.
-PAR ICI, DANIELS !! Aboie-tu en retour.
Soudain ma jambe flanche, attirant toute l’attention de Robert. Il s’agenouille à côté de moi, sortant sa trousse de secours mais je l'arrête d’une main, le regard ferme.
-Tu tiens cette putain de ligne, t’as comprit ?!
-Tu perds trop de sang !
-ROB OBEIS MERDE !
Il jure dans sa barbe, se redressant alors qu’il reprend les tire contre les allemands. Daniels et Pierson nous rejoignent alors en courant accroupie. Daniels se poste à côté de son meilleur-ami et commence à tirer avec lui. Je regarde Pierson, la sueur commençant à s’accumuler sur ma peau alors que des vagues de froid commencent à me prendre. Il s'accroupit au-dessus de moi, commençant à me déshabiller. Ses gestes sont rapides mais minutieux alors que je le regarde faire, grimaçant lorsqu’il touche une zone douloureuse.
-Regardons à quel point cela peut être grave… Grogne-t-il, retirant mon haut jusqu’à la naissance de ma poitrine.
Je tente de me redresser sur mes mains, voulant au moins voir l’ampleur de la blessure mais il y a tellement de sang qui en sort que l’on ne perçoit même plus l’entaille. Je regarde alors les lèvres de Pierson qui forment une ligne droite, pincée qui ne présage rien de bon.
-C’est foutu.
Il me lance un regard avant de s’activer à stopper l'hémorragie. Il passe plusieurs compresses qui finissent toutes par être imbibées de mon sang. Je pose une main sur son bras, essayant de le faire s’arrêter, j’ai bien comprit, je suis condamnée.
-Laisse-moi travailler sur ta blessure, Anderson. Ne fais pas ta chieuse.
-Sergent, partez. Les gars sont bientôt à court de munitions.
-Turner me tuera pour t’avoir abandonné dans les tranchées.
Il réfléchit quelques secondes avant de retirer les compresses, prendre sa gourde d’alcool et sans prévenir me vider le contenant sur la plaie. J’hurle de douleur alors que je me redresse violemment, agrippant son bras. Il ignore tout de ma souffrance, prenant des compresses propres avant de me redresser en une position assise sans une once de douceur. Il me bande l’abdomen, faisant un bandage très serré, me coupant presque la respiration. Il m’installe alors sur ses épaules, commençant à me soulever. Je grogne à cause de la douleur mais tente de me faire taire, il fait tout son possible pour me sauver la vie, je vais peut-être éviter de lui crier dans les oreilles.
-Couvrez nos arrières, on dégage dans les bois à droite. On rejoint Turner ! ALLEZ ALLEZ !
Pierson se met à courir, me secouant comme un sac de pomme de terre. Daniels et Rob sont juste derrière nous, courant en même temps de tirer derrière nous. J’attrappe mon fusil et tire du mieux que je le peux sur quelques allemands pas très prévoyant qui court totalement à découvert. C’est alors que nous entrons dans les bois, la course poursuite est encore plus périlleuse et je prie le bon dieu pour que Pierson ne trébuche pas sur une pierre ou une racine d’arbre bien caché.
-TURNER ! COUVRE NOUS BORDEL ! Beugle le sergent alors que nous nous rapprochons de leurs lignes.
J’ai l’impression que le sergent redouble de puissance dans ses jambes pour nous mettre en sécurité le plus vite possible alors que les balles des allemands ricochent contre les troncs d’arbres à côté de nous, faisant voler un peu de terre sombre derrière notre chemin.
Bien sur ce qui devait arriver, Pierson commence une chute sur le sol mousseux des bois. Je roule sur le côté, grimaçant sous la douleur aiguë que je ressens dans tout mon corps.
-Anderson, relève toi bordel ! C’est pas le moment de dormir ! Aboie-t-il sur moi, me prenant en sac à patate alors que nous passons la ligne. Mon frère est Daniels sont déjà assis au sol, récupérant de leur course éreintante. Je suis posé sur une couverture au sol par mon sergent alors qu’Aiello est déjà sur moi, coupant le bandage de pacotille. Il commence à nettoyer alors que je me mord le bras.
-Elle va s’en sortir, hein ? Demande Rob, à présent à côté de moi, me prenant tendrement la main.
-La balle est encore à l’intérieur mais ça n’a pas l’air mortel comme blessure. Je pense. Il faut que je retire la balle et recoud, on n’a pas le temps de la faire transporter jusqu’à un hôpital avec tout ces boches partout. Tenez-la fermement, les gars.
Je jette un regard effrayé à mon frère qui se place vers ma tête, l’installant sur ses cuisses avant de me maintenir sur mes épaules. Daniels et Stiles se place vers mes jambes et les tiennent solidement au sol. Turner s’approche d’Aiello, lui chuchotant quelque chose avant de s’approcher vers mon visage souffrant.
-On va te sortir de là, ma fille. Continue d’être courageuse, ok ?
Il se redresse sur ses jambes, se plaçant à couvert au bords de lignes, aux côtés de Pierson qui tire déjà depuis un moment avec d’autre brigade.
-Sans rancune, Lily, hein. Me dit Aiello mais avant que je ne puisse répondre il plonge l’un de ses instrument de torture dans ma plaie, me faisant hurler de douleur. même avant je n’avais pas eu aussi mal.
-ROB FAIS LE S’ARRETER PUTAIN !!
-Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, soeurette.
-Allez, tu tiens le bon bout. Me réconforte Daniels alors que je tente de lui mettre un coup de genoux pour me sortir de cette merde.
J’attrappe les bras de mon frère et finit par y planter mes ongles. Mes cris attirent l’attention de tout le monde mais je me moque totalement de qui me regarde à travers ce bordel. Tout ce que je veux c’est que ça s’arrête et vite avant que je ne commette le meurtre de l’un de mes frères d’armes.
-Putain Aiello bouge toi elle m’évisserre les bras ! Se plaint mon frère alors qu’il lui lance un regard noir.
-J’arrive pas à la remonter, il y a trop de sang, il faut qu’elle arrête de bouger !
-On a pas d'anesthésiant ? Propose Stiles alors qu’Aiello retire son instrument, lançant un regard en biais à son protégé.
-Tu ne pouvais pas nous le dire avant qu’il t’en reste ?! Beugle-t-il.
-VOUS ME SAUVEZ OU VOUS ME CHARCUTEZ ?!! Ai-je fini leur crier, en ayant plus qu’assez de cette mascarade.
Turner et Pierson finissent par nous rejoindre en courant, m’ayant sûrement entendu.
-C’est pire que lorsque je vous l’ai laissé ! S’agace Pierson.
Les garçons deviennent tous livides alors qu’un gémissement plaintif sort de mes lèvres.
-Putain retirer cette balle ou je jure que je le fais par moi-même…
-Aiello, bouge toi le fion, tu veux ?! Aboie Pierson.
-Anesthésiant. Ordonne-t-il alors que Pierson s’accroupit en face de mon ami médecin-militaire, posant ses mains à plat sur ma peau, une sur le bas de mon ventre et une autre sur mes côtes.
Turner se met à côté de Pierson, prenant mon visage en coupe alors que son visage toujours compréhensif et rassurant fait place devant mes yeux, je ne vois plus que lui et mon frère.
-On est tous là, ok ? Tu vas t’en sortir.
-Lieutenant… J’ai froid… Ai-je murmuré alors qu’il essuie mes larmes, je n’avais même pas remarqué mes propres pleurs avec toute cette merde.
Il échange un regard avec Pierson mais je ne vois pas la manière dont il se regarde. Pour seule réponse j’ai Aiello qui me lance un regard sérieux.
-C’est normal, ne t'inquiète pas. Allez, j’y vais, tenez là correctement cette fois-ci.
Je sens une petite piqûre mais rien de pire que ce que j’ai déjà vécu. Je prends les poignets de mon lieutenant dès que je sens Aiello remué son truc dans ma plaie. Sans pouvoir le contrôler je tente de lever mon bassin, repliant mes jambes. Cela surprend Stiles qui se prend un genoux dans le menton. Turner attrape mon menton et me force à le regarder, il tente de me rassurer mais la seule chose que j’entends c’est Pierson aboyer sur l’incompétence de Daniels et Stiles. Au bout de quelques secondes je ne ressens plus de douleur, juste une sensation étrange et dérangeante dans ma plaie mais plus de douleur insurmontable.
-Je l’ai, la voilà… Soupire Aiello en sortant la balle de mon corps.
Il la donne à Daniels avant de préparer autre chose. Je regarde mon frère, totalement happé par les soins que me procure notre ami.
-Toujours avec nous Anderson ? Demande Pierson de sa voix rauque.
J’hoche seulement la tête, recevant un sourire heureux de mon lieutenant mais je suis juste trop prise de fatigue pour le lui rendre.
-Parle Anderson, je ne travaille pas avec les muets. Insiste le sergent, ne me donnant aucun regard mais je sais qu’il sait que je suis toujours consciente.
-Toujours là pour vous servir sergent… Ai-je murmuré d’une voix rocailleuse.
-Bien, parce que j’ai pas fini de te faire bosser, soldat.
-D’abord elle récupèrera et après vous lui donnerez votre merde, Pierson. Sourit Turner en donnant un regard à Pierson.
-C’est une dure à cuir, elle survivra à de la paperasse. N’est-ce pas Anderson ?
-Quelle merde… Ai-je soupiré, faisant rire Turner alors que Pierson m'envoie un regard prévenant.
-Surveille tes lèvres, soldat.
Je lui lance un léger sourire alors qu’il se détourne de mon regard. Me laissant de nouveau avec Rob toujours aussi silencieux et mon lieutenant heureux de ne pas avoir perdu un soldat en plus aujourd’hui.
-J’ai presque fini. Ça va là-bas ? Interroge le médecin, sûrement en train de me recoudre.
-Si t’as fait de mon corps une boucherie recousue, je te tue de mes propres mains Aiello… Ai-je menacé faiblement, faisant ricaner presque tout le monde.
-Je prends ça pour un oui. Me répond-t-il simplement, j’entends le sourire dans sa voix.
Bien plus tard, je suis installé dans la tente de Turner, plus loin des lignes maintenues par d’autres brigades. Ils ont monté le camp tout à l’heure, les garçons se sont tous mis pour monter ma tente le plus rapidement possible. J’adore notre lieutenant mais je ne me vois pas vraiment partager une tente avec lui. Et encore, je peux m’estimer chanceuse, je n’ai pas été installée dans celle de Pierson ! Il ne me déteste pas et je ne le déteste pas mais disons que nos deux caractères explosifs n'auraient pas fait bon ménage dans un seul et même lieu clos. En parlant de nos deux supérieurs, ils entrent dans la tente. Turner s’approche de moi avec une gourde, me la tendant simplement.
-Bois un peu, c’est important.
-Merci, lieutenant.
Je prends la gourde et bois quelques gorgées avant de la refermer. Je la lui rends et me redresse lentement, le faisant froncer des sourcils alors que le sergent se contente de plisser les yeux, ses noisettes sombres observant chacun de mes faits et gestes.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé là bas ? Avant que le sergent et Daniels vous retrouvent dans la tranchée. Demande-t-il, prenant un tabouret et l’installant à côté de votre lit de fortune.
Je ferme les yeux quelques secondes, me remettant les souvenirs dans l’ordre dans ma tête. Avant de les ouvrir et regarder Turner droit dans les yeux, yeuxtant de temps à autre les réactions de Pierson.
-L’escouade du sergent Forbes s’est fait décimer en l’espace de dix minutes. J’ai pas cherché à comprendre, lieutenant, j’ai chopé mon frère et je nous ai couverts.
-J’avais ordonné le repli immédiat. Vous auriez tous dû partir. Gronde-t-il.
-Forbes voulait qu’on tienne la ligne le temps que les renforts arrivent.
-Et comment toi et Zussman vous en êtes-vous sorti alors ? Intervient le sergent, s’approchant de ma couchette.
Je prends une goulée d’air et baisse les yeux. C’est pourtant simple, j’aurais préféré qu’ils le devinent plutôt que de le dire à voix haute. Je sens alors Pierson s'impatienter à côté de moi mais je ne m’attendais pas à ce qu’il bouscule Turner et vienne m'agripper la mâchoire de sa main puissante. J’attrappe son poignet, la peur et le regret s’insinuant lentement dans mes veines.
-Anderson, c’est pas le moment de chialer !
-Désolée sergent…
-Pierson, elle a failli y passer, c’est normal -....
-Normal ?! Turner, on a perdu trop d’effectif cette semaine, les rations s’amenuisent, nos soldats n’ont même plus envie de se battre, ils attendent la mort ! La preuve, cette idiote m’a demandé de la laisser dans les tranchées, elle attendait déjà la mort à peine avais-je soulevé sa chemise !
-WILLIAM !
La voix résonnante de Turner me fait sursauter, baissant mes yeux sur mes jambes allongées sous la couverture. Seule la respiration hiératique du sergent se fait entendre à présent. Pierson m’avait lâché durant sa tirade, finissant simplement par me montrer du doigt.
-Anderson, regarde moi et écoute moi bien. Reprend le sergent d’un ton dur, menaçant même. Je lève les yeux et obéis à ses ordres. Je t’interdis de mourir, personne dans mon peloton ne mourra sous ma surveillance.
J’acquiesce silencieusement, ce qui n’a pas l’air de lui plaire. Je me reprends alors avant qu’il ne crie encore une fois.
-Oui, monsieur… Ai-je murmuré.
-J’ai rien entendu ! Est-ce que c’est clair ?!
-Oui, sergent ! Ai-je répondu en élevant la voix à mon tour.
Lorsque le calme revient, j'ai la sensation d’entendre mon cœur battre comme un fou dans mes tympans.
-Bien. J’aurai du travail pour toi.
-Bien, sergent.
Pierson s’éloigne, les yeux toujours aussi durs que lorsqu’il s’est énervé contre moi. Je ne pensais que ce que je lui avais dit dans cette tranchée l’avait marqué plus que ça. C’est la guerre, bien sûr qu’il y a des centaines et des centaines de morts.
Le soupir de Turner me ramène alors à la réalité, Pierson est parti. Le lieutenant se réinstalle proche de moi, me prenant la main, signe de son soutien.
-Raconte-moi ce qu’il s’est passé avec Forbes, je vais devoir faire un rapport sur la journée.
-Forbes voulait qu’on reste en position. Mais on allait tous se faire tuer, lieutenant, c’était encore l’un de ses plans stupides pour devenir un héros de guerre, j’en suis sûre.
-Une preuve quelconque ?
-Il s'est tiré en courant quand il a compris qu’il avait signé notre arrêt de mort. Ai-je murmuré finalement.
Flashback :
Je suis assise contre un petit mur de pierre , je ne sais pas où est passé mon frère ce qui me fait paniquer intérieurement en voyant les hommes de la brigade de Forbes tombé un à un. Je me tourne pour voir si je ne peux pas changer de planque dans l’espoir d’avoir un meilleur visuel et retrouver mon demi-frère. Les balles ont arrêté de pleuvoir dans tous les sens, me laissant respirer. C’est alors que je croise le regard du sergent et mon cœur s’arrête presque. ll semble effrayé, même pire, je ne saurais même pas trouver la bonne émotion qui est peinte sur son visage.
-Sergent ! Qu’est-ce qu’on fait ?! Lui ai-je demandé alors que quelques tire ricoche non loin de moi.
Il ne me donne même pas un regard, je continue de l’appeler alors que les tire redoublent dans ma direction. J’entends alors Zussman m’appeler, le voyant courir comme un fou en ma direction alors que les allemands tentent de le viser, se jetant au sol avant de se faufiler à mon côté. Je ne peux empêcher un sourire joyeux d'étirer mes lèvres.
-Qu’est-ce qu’il fait ? Il se barre ? S’égosille-t-il alors que je me tourne pour voir le sergent prendre la poudre d’escampette.
Il fait quelques mètres avant d’être fusillé comme je n’ai jamais vu de nos soldats se faire descendre encore. Ils se sont tous mis sur lui, continuant même de tirer sur son corps mort au sol. Je sens mon frère prendre ma main, tétanisé. Il ne reste que nous deux contre tous ces allemands et on doit encore rejoindre le peloton sur ordre de Turner. Se serait du suicide de courir sans protection cependant.
-Ils vont finir par nous trouver,Lily. Murmure Zussman, tentant de faire le moins de bruit possible.
-Il faut courir en retrait mais stratégiquement. Si on court sans savoir où on va se faire tuer.
-Passons de tranchée en tranchée.
-On sera trop à découvert, trop dangereux.
-On n’a plus le choix ! Allez, vient !
-Rob !
Fin du flashback.
Je regarde Turner, il semble énervé et quelque chose d’autre que je n’ose pas identifié dans ses yeux. Il se lève du tabouret et s’installe à son bureau de fortune, commençant à griffonner sur des feuilles de papier. Je comprends alors qu’il commence son rapport, je continue de l'observer un peu avant de me coucher, lui tournant le dos alors que je ferme tranquillement les yeux.
-Je suis désolé. Ajoute-t-il au silence dans la tente mais je ne réponds rien, acceptant seulement l’excuse. J’aurai dû écouter Pierson.
Je me tourne avec une grimace sur mon flanc blessé mais au moins je peux le voir, affalé sur cette chaise, accablé par de la culpabilité.
-Ce n’est pas de votre faute, lieutenant.
-J’aurai dû envoyer Pierson avec vous, rien de tout cela ne serait arrivé.
-On aurait perdu beaucoup de bons hommes, peu importe le sergent en tête. C’est la guerre, c’est tout. C’est… normal.
Ma déclaration le fait se redresser sur sa chaise mais il ne me regarde pas, gardant ses yeux rivés sur la toiles de tente abîmée.
-Un leader n’est pas censé abandonner ses hommes au combat. Ce n'est pas honorable.
-Je suis d’accord avec vous. Mais tout dépend des circonstances finalement.
-Explique toi.
-Si une brigade est juste condamnée, cela ne sert à rien de mettre sa propre brigade en danger de mort pour des condamnés.
-Mais s’il y a ne serait-ce qu’une petite chance de les sauver, tu le fais ?
-Si j’estime que mon équipe n’a pas ses chances pour x ou y raison, non. Les autres mourront mais mon peloton survivra.
Je l’entends émettre un ricanement rauque avant qu’il ne se tourne vraiment vers moi, toujours un sourire aux lèvres alors qu’il se masse le front. Je ne l’avais jamais vu aussi lasse, aussi… Vrai.
-Je comprends un peu mieux pourquoi Pierson te garde toujours auprès de lui.
-On a servi à Kasserine ensemble, Turner. Tous les trois, comme avant…
-C’était tes débuts, ouais… Ça rajeunit pas hein ?
Je ne peux m’empêcher de ricaner, laissant mes yeux dériver dans le vide. Putain ouais, ça fout un coup de vieux cette histoire.
-Lieutenant vous venez de me faire ressentir ma vieillesse.
Il rigole franchement pour une fois, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas rigolé avec lui.
-Ne te plains pas, tu n’as pas encore mon âge.
-Le pire de nous trois reste Pierson, je trouve. Il vieillit mal. Il a seulement 34 ans ça craint.
Il retient un rire alors que nous sommes surpris par un casque qui vole en ma direction. Ce putain casque vient de dehors, c’est obligé. Soudain la moitié de Pierson passe les portes en tissu, l’air grincheux. Je pose une main sur mes lèvres, me retenant de rire.
-Et tu lui laisses dire ça de moi, Joseph ?
Notre lieutenant lève les mains en l’air, signe de reddition avant de retourner à son rapport, un sourire moqueur aux lèvres.
-Ne parle plus de Kasserine, Anderson, c’est du passé. La prochaine fois, je te raterai pas, sale gamine.
-Ca fait partie de notre histoire quand même, sergent.
-Ouais ouais, c’est ça. Surveille ta langue.
-Vous étiez plus drôle avant.
-Un point pour elle. Intervient Turner, faisant souffler Pierson qui récupère son casque, partant comme un gamin boudeur.
J’échange un regard avec Turner, souriant moqueusement avant qu’il ne se remette au travail, m’ordonnant de me reposer.
~ COD WW2 ~ William Pierson X F!Reader

Contexte : Le soldat Victoria Casey est l’une des seules femmes militaire. Elle a combattu bravement aux côtés de Joseph et William à Kasserine. Et malgré les grandes pertes humaines, elle fut promu à son retour en Amérique au grade de Lieutenant pour récompenser son sang froid et son héroïsme. La voilà de retour sur le front, aux côtés de ses deux vieux camarades pour éloigner les forces allemandes.
° ° °
Lizzie et moi arrivons au camp de Turner, nous avons décidé de soigner nos entrées pour nos retrouvailles avec Turner et Pierson. Ça fait tellement longtemps qu’on ne les a pas vu ces deux-là, ils nous ont pas mal manqué quand même !
J’ai fait le tour discrètement de tout leur campement, sans me faire prendre par un seul des soldats de garde. C’était même trop facile et franchement inquiétant pour la sécurité de tous ceux siégeant ici. J’entends alors Lizzie arriver, se faisant applaudir par les soldats qui la reconnaissent. Toujours tout en spectacle elle, elle est pas croyable. En ce qui me concerne je me faufile dans une tente, à en regarder la piètre décoration et l’alcool qui y traîne je dirai que c’est celle de Pierson. Je sors de la tente silencieusement, m’installant sur une chaise pliante juste à côté de l'entrée, observant Lizzie accueillir les applaudissements avec joie. Turner et Pierson sont justes devant moi, mais ne m’ont pas remarqué, trop happé par le show de ma meilleure-amie.
-Merci, merci ! J’adoore être applaudis comme ça ! Jooseeeph !!
Elle sautille de joie jusque dans les bras du lieutenant, m’arrachant un sourire alors qu’il l’accueille dans ses bras avec un sourire. On est comme ses petites-sœurs pour lui et nous l’avons toujours considéré comme un frère. Depuis le début de nos entraînements au centre de formation.
-Salut, Lizzie, j’espère que t’as fait bon voyage.
-William ! Je suis si heureuse de te revoir !
-Ouais, c’est ça. Et elle est où l’autre tarée ?
-Derrière toi bâtard.
Tous se tourne vers moi alors que j’agite mes doigts en leur direction avec un sourire fière. Je me lève alors de la chaise, collant un poing amical sur l’épaule de William avant d’embrasser la joue de mon frère d’arme.
-Bâtard ? Tu m’as appelé bâtard ? Espèce de - …
-Pierson, fait moi plaisir, renforce cette putain de sécurité. Tes soldats sont si nuls que j’ai pu passer la sécurité sans problème. Et c’est un ordre. Ai-je ajouté fermement, lui lançant un regard qui veut en dire long.
-Bien, lieutenant.
Il s’éloigne de quelques mètres avant qu’on ne l’entende aboyer sur une poignée de soldats. J’échange un regard avec Elizabeth et Joseph, on a l’air tout aussi dépités les uns que les autres. Il revient alors vers nous et sans que je ne m’y attende, il pose son coude sur le haut de mon crâne. J’avais oublié sa taille immense comparé à la mienne.
-Cela vous convient lieutenant ?
-Je verrais si tu fais aussi bien ton travail qu’on me le dit.
-Tu me gaves déjà.
-Surveille ta langue, Pierson.
Il lève les yeux au ciel avant de se détourner de moi, se plaçant simplement derrière moi, les mains dans son dos alors qu’il a un visage ferme. Je le regarde faire et prend une inspiration avant de me tourner vers le peloton diminué de Turner ainsi que le miens au complet.
-Bien. Je suis le lieutenant Victoria Casey et voici le sergent Elizabeth Collins.
-Pourquoi des femmes dans l’armée ? Questionne un soldat, me coupant la parole.
-Vous êtes infirmière en premier lieu non ? Intervient un autre alors que Turner pose un regard désolée sur nous.
J’allai prendre la parole pour leur répondre mais Pierson le fait à ma place alors que je lui jette un regard agacé.
-Ne sous-estimez pas l’enfer qu’elles peuvent nous apporter. Ce serait votre plus grosse erreur dans cette guerre.
-Merci, sergent Pierson. Ai-je dit, lui lançant un regard dur avant de tourner mon regard sur nos soldats.
-Pourquoi des femmes dans l’armée, c’est une bonne question avec une bonne réponse. Avoir seulement des brutes qui ne savent que taper et tirer sans réfléchir c’est bien mais ça n’aide pas beaucoup en temps de guerre, vous le concevez bien. C’est pour cela que nous sommes là, vous êtes pour la plupart indisciplinés, misogynes, brutaux, je ne vais pas continuer, votre liste est longue.
Quelques soldats du peloton de Turner commencent à chuchoter contre nous, nous lançant des regards mauvais, me faisant sourire moqueusement.
-Vous voyez le sentiment que vous avez là ? C’est mauvais hein ? Pas agréable. Je sais, je comprends, je l’ai vécu. La prochaine fois que vous ouvrez votre bouche pour parler inutilement sur la fonction des femmes, repensez à votre humiliation. Est-ce que j’ai été clair ?
-Oui, lieutenant ! Répondent-ils en chœur.
Elizabeth vient se positionner à côté de moi, droite comme un piquet, les mains dans son dos elle aussi.
-Soyez rassuré mes amis, les renforts sont enfin arrivés, dans deux jours nous reprendrons Marigny aux allemands !
Des acclamations se font entendre dans notre peloton et celui de Turner, des cris de guerre, ils semblent reprendre du poil de la bête.
-Nous avancerons, ensemble ! Nous aiderons nos alliés à récupérer leurs terres ! Nous rentrerons chez nous, retrouverons nos familles, nos femmes, nos hommes, nos enfants. Faites le pour eux, faites le pour l’Amérique !
Les cris se transforment en hurlement. Je me tourne vers Pierson qui regarde ses troupes avant de plisser les yeux dans ma direction. Il me fait un léger mouvement de tête avant d’observer ailleurs.
-Vous pouvez disposer, merci de votre attention ! Ai-je terminé.
Je me tourne vers Turner qui se dirige déjà à sa tente avec Elizabeth. Pierson est à côté de moi, il semble vouloir parler, ou me faire une réflexion sanglante.
-Quoi ?
-Elizabeth n’a pas perdu son sens du discours.
-Le mien était-il si mauvais ?
-Le tiens était mauvais, ouais. Tu as insulté mes hommes, comment veux-tu qu’ils t'acceptent si tu réagis toujours comme ça ?
-T’as bien fini par m'accepter, toi.
Il m’arrête en attrapant mon avant bras dans sa grande main. Je me tourne vers lui en levant les yeux au ciel. Il m’ennuie déjà. Si je suis devenu lieutenant ce n’est pas pour qu’il me mène par le bout du nez comme il faisait avant. Cela doit cesser, merde.
-Vic.
-Quoi encore ?
-Bravo pour ta promotion.
Je laisse un blanc s’installer. Il vient vraiment de me féliciter ? Après tout ce qu’il c’est passé ce n’est que maintenant qu’il me félicite pour ma promotion ? Ca fait plus de six mois que je l’ai obtenu, il se fout de ma gueule !
-On a une guerre a gagné, sergent. Allons-y.
-Bien, lieutenant.
Nous nous dirigeons tous les deux dans la tente de Turner, Pierson ferme les rideaux de la tente pour que nous restons tranquilles.
-Ok, je suis content que vous soyez là, ça devient vraiment chaud pour nos troupes. Nous avoue Turner en déroulant une carte.
-J’ai cru comprendre. Ai-je répondu en me penchant sur la carte.
-Il faut qu’on nettoie cette zone, c’est Marigny, et bien sûr en garder le contrôle une fois nettoyé. nous indique Pierson en nous montrant un endroit sur la carte.
-Le meilleur quatuor du monde est de retour en force, les Allemands vont fuir la queue entre les jambes ! Ricane Lizzie, surexcitée à l’idée de repartir au combat avec Joseph et William.
Joseph lui sourit franchement, acquiesçant silencieusement mais Pierson et moi sommes plus… insensible à cet excès de joie. Nous avons toujours fonctionné comme ça, Nous quatre sommes un peu l’échelle allant du positivisme avec Lizzie en tête au négativisme, Pierson termine cette échelle. En fait l’ordre du plus positif au plus négatif est : Lizzie, Joseph, moi et enfin William.
-Eh bien préparons nous à cette mission et continuons encore plus loin. Ai-je dit d’un ton sérieux alors qu’ils acquiescent tous en accord.
-Lieutenant Casey, c’est pour vous. Me dit un soldat du peloton de Turner, me tendant une lettre.
-Merci, rampez soldat.
Il acquiesce en ma direction avant de partir sous les yeux foudroyants de William. J’ouvre la lettre et commence à la lire.
-Alors ? Qui est-ce ?
-Notre espion. Les forces allemandes nous attendent déjà après les ravages de la plage de Normandie.
-C’est tout ce qu’il dit ?
-Il va arrêter de m’écrire, des soupçons sur lui j’imagine.
-Il faut le sauver alors, on doit le récupérer. Où se trouve-t-il ?
-Nan, Lizzie. On reste focus sur Marigny.
Elle se contrarie, lançant un regard à l’aide à Joseph qui à l’air en désaccord avec ma décision. Il allait parler mais je faisais un mouvement de main vers eux.
-Ma décision est prise, une mort n’en vaut pas une cinquantaine, Joseph. Tu es d’accord avec cela ?
-Bien sûr mais nous pouvons envoyer une brigade. Celle de Pierson par exemple.
-Ça nous ralentira pour la récupération de Marigny. Intervient celui-ci, d’un ton râleur.
-C’est encore moi qui donne les ordres, sergent. Tonne Turner alors que Lizzie sent la tension monter entre ses trois amis.
-Victoria, il faut le récupérer, c’est un très bon soldat. On ne peut pas se permettre de perdre tout ce qu’il sait sur les allemands.
-Nous avons plein d’autres bons soldats. Ce n’est pas si grave.
-Victoria ! Tu parles d’une vie humaine là ! S’emporte Lizzie, ses joues devenant rouge de colère.
Je m’appuie sur la table, l’ignorant royalement. Elle m'insulte en murmurant avant de quitter la tente à pas rapide.
-Elle n’a pas tord. Appuie Turner, la déception se lisant dans ses yeux.
-Ok, je me suis mal exprimé, Joseph, passons maintenant.
-Kasserine ne t’as vraiment pas réussie à toi non plus. Crache-t-il, maintenant agacé avant de sortir, sûrement à la recherche d’Elizabeth.
Je soupire doucement en faisant le tour de la table alors que j’étudie la carte. William est toujours sur sa position, je le sens m’observer. Comment ne pas sentir son regard perçant sur soi ? Même en étant dos à lui, on sentirait sa présence. Il s’approche de la table et s’appuie dessus. Je m’attends à une remarque sanglante, m’y préparant d’hors et déjà.
-Comment on procède pour Marigny alors ? Me questionne-t-il alors que je lève les yeux vers lui.
-Quoi ?
-Victoria, concentre-toi.
-Je m’attendais plus à un truc du genre “T’es vraiment une bonne à rien Victoria” ou “Je sais pas pourquoi t’as obtenu cette promotion, t’es une lâche.”
-Rah arrête avec ça, t’es ma supérieur maintenant. Je respecte cela.
-Tu respectes les décisions supérieurs aux tiennes maintenant ? Toi aussi t’as changé depuis Kasserine alors.
-Ferme la.
-Quoi ? T’as toujours pas digéré ta rétrogradation ? Fallait pourtant t’y attendre.
-Hé, surveille ta langue, tu veux ? Je sais ce que j’ai fait là bas et je connaissais les risques. Personne n’aurait pu imaginer que ça allait se passer comme ça.
-Le problème n’est pas d’avoir anticiper ou non l’attaque, William. Le problème est que tu as désobéi aux ordres, et des hommes sont morts, nos frères d’armes. Mon frère d’arme est mort là bas, et c’est uniquement à cause de toi. Garde le en tête.
Je lui lance un regard mauvais avant de quitter la tente à mon tour, ne lui laissant pas le temps de répondre. Cependant j’entends ses pas lourd derrière moi. Sa main vient attraper ma nuque, me forçant à le suivre jusqu’à sa tente. Une fois à l’intérieur, il me pousse contre le lit. Je m’appuis sur mes mains, le fusillant du regard.
-A quoi tu joues, William ? AI-je craché.
-Hé, je t’ai déjà expliqué un million de fois comment ça c’était passé ! Ca nous a déjà coûté notre couple, ça ne va pas non plus nous détruire au travail ! Fait la part des choses et arrête de te comporter comme une gamine mal éduqué !
Je grince des dents avant de finalement détourner mon regard. Ce connard, comment peut-il ramener notre relation sur le tapis ? Notre séparation date d’il y a neuf mois maintenant, bien sûr que je suis passé à autre chose.
-Je ne t’ai pas attendu pour tourner la page sur notre relation, William. Je ne comprends même pas pourquoi tu remets ça sur le tapis, notre séparation n’a rien à voir avec ton comportement.
-Oh, parce que tu crois que ça ne joue pas sur nos comportements l’un avec l’autre ?
-Oui, absolument. Nous sommes collègues, c’est tout. Je suis ton lieutenant au même titre que Turner, tu n’as qu’à te taire et obéir aveuglément à mes ordres.
-Tu me prends -...
-Tu obéis et tu te tais, un point c’est tout, Pierson ! Merde ! AI-je fini par exploser.
Je me mets sur mes pieds, quittant rapidement la tente, voulant m’éloigner le plus possible de ce grand imbécile.
~ Call Of Duty ~ William Pierson X F!Reader

Point de vue omniscient :
-William ?
Casey entre doucement dans la chambre du môtel de Paris. Refermant la porte derrière elle, elle observe la pièce sombre, remarquant alors la forme assise de son ami et collègue au sol, aux pieds du lit.
-William ?
Un gémissement rauque lui répond enfin, elle marche silencieusement vers lui, s’accroupissant alors qu’elle pose une main sur l’une de ses larges épaules.
-William…
Elle le secoue légèrement avant qu’elle ne s’approche plus près. L’odeur pestilentielle de l’alcool et la cigarette lui monte au nez, lui faisant monter la bile alors qu’elle hisse son nez de dégoût.
-Merde mais t’as encore bu comme un trou… ! Se plaint-elle en chuchotant.
Elle lui retire sa casquette de soldat, la jetant sur un fauteuil abîmé par le temps avant d’essayer de lui retirer sa veste kaki. Il grogne des choses incompréhensibles, comme un enfant que l’on dérange dans son sommeil. A cela, elle ne peut s’empêcher de sourire légèrement. Qu’est-ce qu’il peut être groggy.
-Casey…
-Je suis là William, file moi un coup de main pour te coucher.
-Laisse-moi… Sors de ma chambre..Maintenant.
-William, au lit. C’est un ordre de ton lieutenant.
Le grand homme se plaint à nouveau, murmurant cette fois-ci des insultes. Il la laisse lui retirer ses nombreuses couches de vêtement supérieur jusqu’à ce qu’il soit torse nu. Elle l’aide à se relever avant de l’allonger lourdement sur le matelas. Elle s’éloigne de lui, se dirigeant dans la petite salle de bain. Elle fouille un peu, trouvant une petite cuve et une serviette. Elle remplit la cuvette d’eau chaude et prend du savon de marseille, emmenant le tout vers le lit.
-Tu bois trop. Lui a-t-elle reproché.
-Peu importe… Tu t’en moques bien, non ?
-Imbécile. Ce n’est pas parce que nous sommes séparés que je me fiche de ton sort.
-Qu’est-ce que tu fais là ?
-Je m’occupes de toi, tu ressembles à une épave.
Elle trempe la petite serviette dans l’eau savonnée avant de commencer à le laver silencieusement. William ne dit plus rien, acceptant seulement la situation bien que son cœur tambourinant dans sa poitrine n'ait jamais été aussi douloureux depuis leur séparation après Kasserine. Il sait pourquoi elle l’a laissé seul, il en est pleinement conscient, il sait que c’est de sa faute. Il l’a blessé, l’a effrayé, l’a fait pleurer. Il sait qu’il n’est plus méritant de son cœur. Mais pour l’amour de dieu qu’est-ce qu’il aimerait embrasser sa peau une dernière fois. Presque un an de séparation et la douleur est toujours aussi lancinante.
-Arrête de boire autant Will, c’est mauvais.
-Va te coucher. Arrête de faire ça, tu es mon lieutenant, rien d’autre. Va-t-en. Soupire-t-il pris d’un mal de tête.
Il se tourne finalement dans le lit, lui tournant le dos alors qu’il tente vainement de retrouver son sommeil. Victoria l’observe longuement, une bataille intérieure faisant rage dans sa tête. Elle continue finalement de le nettoyé, gardant le silence le plus complet.Elle sait qu’il ne pense pas ce qu’il dit, elle a bien remarqué tous les regards qu’ils jettent aux autres soldats, ses yeux inquiet se posant sur elle à chaque fois qu’elle s’éloigne de son peloton. Ou encore toutes les fois où il la suit, couvrant ses arrières alors que sa place est à côté de ses hommes. Mais une petite voix dans sa tête ne peut s’empêcher de lui chuchoter que cela fait longtemps depuis qu’ils se sont séparés. William n’est pas quelqu’un de sentimentale, il ne l’a jamais vraiment été, sauf avec elle lors de quelques instants de tendresse. Mais même ces moments ont été rares hors de la maison. Et s’il avait vraiment fini par passer à autre chose ?
-Toi aussi tu me manques… Lui murmure-t-elle alors qu’elle passe le tissu mouillé sur son épaule, frottant doucement pour enlever la crasse incrustée dans sa peau après tant de temps dans la saleté et la poussière.
Pierson ne lui répond, ouvrant simplement les paupières, comme si cela l’empêcherait de s’endormir et de rater la déclaration de son ex-compagne. Voyant qu’il ne réagit pas, elle se ravise et ramasse ce qu’elle a sorti. Elle se penche tout de même sur son corps allongé, embrassant tendrement sa tempe. Elle dépose la cuve sur une commode et s’apprête à quitter la chambre. Mais avant de passer la porte, elle se tourne vers le lit, le distinguant difficilement dans l’obscurité.
-J’étais en colère contre toi. Et j’avais peur. Tu n’étais plus l’homme que je connaissais, je ne pouvais pas non plus t’aider aux vues de mon état après Kasserine… Et j’ai encore peur, j’ai peur de te perdre dans cette guerre, physiquement ou psychologiquement. Je suis partie mais je… Je ressens toujours ces sensations débiles près de toi. Je… Je te souhaite bonne nuit, repose toi maintenant…
Elle ferme finalement la porte, s’appuyant dessus, totalement remué par toute ces émotions et ces sentiments de merde. Quant à William, il s’allonge lentement sur son dos, observant silencieusement le plafond abîmé. Il expire bruyamment l’air de ses poumons, réfléchissant à comment ils pourraient réparer leur relation, ensemble. La nuit allait être longue.
Le Lendemain :
Victoria rejoint les troupes plus tard que d’habitude, elle n’a presque pas dormi, son esprit tournant autour de ses souvenirs de sa relation avec le sergent. Ce qui fait qu’elle est plutôt irritable. Zussman et Daniels saluent joyeusement leur supérieur mais elle ne répond que par un grognement
-Elle a l’air aussi bien grattée que Pierson. Fait remarquer Zussman avec un sourire moqueur.
Daniels lui donne un regard préventif mais il est déjà trop tard, le lieutenant est d’hors et déjà de retour face au soldat d'origine allemande.
-Quelque chose à dire soldat ?
-Non, lieutenant.
-Je suis pourtant sûre de t’avoir entendu parler dans mon dos. Tu te crois malin peut-être ? Continue de faire le clown Zussman et tu finiras avec une balle entre les deux yeux, c’est bien clair ?
-Toutes mes excuses, lieutenant. Ça ne se reproduira plus.
Turner et Collins arrivent alors au niveau des trois militaires. Lizzie échangent un regard inquiet de la situation à Daniels alors que Zussman reste concentré sur Victoria. Turner pose une main sur l’épaule de sa sœur d’arme, l’éloignant du son soldat.
-Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Un problème en particulier ?
-Apprend à tes cabots d’arrêter de japper sur mon passage.
-Hé, surveille tes mots, Casey.
-Quand t’auras éduqué tes hommes, on pourra reparler de mes paroles.
Elle quitte simplement la rue, s'engouffrant dans une brasserie pour prendre un petit déjeuner léger qui consiste à du pain et un café bien fort. Turner la suit, laissant Collins s’occuper des garçons. Il s’installe à côté d’elle au bar, posant une main sur son avant bras.
-Quelque chose s’est passé depuis hier ? Tu es partie tôt des festivités, tout le monde te cherchait.
-Je n’ai pas la tête à la fête, c’est tout.
-Qu’est-ce qu’il se passe, Vic ? Insiste-t-il, sa voix laissant entrevoir toute l'inquiétude qu’il lui porte et cela ne fait qu’énerver la jeune militaire.
Elle n’est pas encore contre lui, non loin de là, mais elle est en colère contre elle. Putain de sentiments. Comment cela se fait même qu’elle n’arrive même pas à en faire abstraction en temps de guerre ? Ces gens ont besoin qu’ils les aident à récupérer leur pays et elle ne fait que penser à cet abruti au cœur de pierre.
-Hey, parle moi, je vois que quelque chose ne va pas. C’est avec Pierson ? Il t’a dit quelque chose hier soir ?
-Il était saoule, Joseph. Complètement à l’ouest, comme après Kasserine. Lui a-t-elle murmuré, posant son front dans sa paume de main alors qu’elle le regarde avec des yeux fatigués.
Turner humidifie ses lèvres, il sait bien que son bras droit boit bien trop pour son propre bien mais que pouvait-il y faire ? Il n’était pas le meilleur placé pour lui dire quoi que ce soit. C’est en partie à cause de lui s’il en est là à présent.
-Nos hommes meurent tous les jours, Joseph, et je ne peux pas m’empêcher de penser au vide que je ressentirai en moi si je le perdais lui.
-C’est un homme fort, très fort. Tu le sais, il s’en sort toujours d’une manière où d’une autre. A bien ou à mal, il s’en sort toujours en un seul morceau.
-Je suis fatiguée de tout ça, Joseph. Je ne sais pas si je pourrais en supporter plus.
Il l’observe longuement, restant silencieux. Elle ne parle plus de sa situation avec Pierson, il le sait, elle parle de la guerre, de la vie et de la mort qu’elle voit se perdre de jours en jours. Lui aussi, il la voit mais il a une approche plus positive à tout cela, d'autant plus qu’il a Collins et Pierson qui l’ont toujours épauler lorsqu’ils baissent les bras. Mais jamais elle n’a osé baisser les bras, jamais elle n’a voulu abandonner si rapidement. C’est vrai qu’elle ne se repose pas souvent sur eux, elle encaisse et gère les choses à sa manière. C’est toujours mieux que de tout noyé dans l’alcool comme le fait Pierson mais ce n’est pas plus sain pour son esprit.
Il exerce une pression sur son épaule, lui accordant un faible sourire d’encouragement avant de se lever de son tabouret.
-Tiens bon, nous allons y arriver.
-Je sais que vous allez le faire, ce n’est pas le problème. C’est que je ne suis plus sûre de pouvoir tenir le rythme.
-Non, nous allons le faire, nous allons repartir tous les quatres chez nous.
Il ne lui laisse pas le temps de répondre qu’il quitte la brasserie, recherchant activement Pierson. Il est en pleine conversation avec Collins. Il se dirige vers ses deux amis, l’air grave à présent collé à son visage. Lorsque Pierson le voit il fronce les sourcils, Collins fait de même.
-Comment elle va ? Demande Lizzie.
-Elle m’inquiète. William, tu restes ici avec elle, empêche la de quitter Paris.
-Quoi ? Hé, on a pas le temps pour des conneries pareilles, on a une guerre à gagner. S’enquit directement le sergent, maintenant mécontent.
-C’est un ordre ! Je ne la laisserai pas se faire volontairement tuée !
-Elle n'abandonnera pas comme ça, Joseph ! Ne sois pas stupide, elle nous fait juste une petite baisse de morale, elle va vite reprendre du poil de la bête et tout sera réglé !
Turner pince ses lèvres, ce type peut vraiment être aveugle quand il s’y met. Elizabeth s’interpose alors entre les deux hommes qui se font face, si un regard pouvait tuer, ils seraient sûrement déjà morts tous les deux.
-Je peux rester avec elle, si tu veux.
-Non, toi tu viens avec moi. Victoria et William vont rester ici et régler leurs problèmes. Je veux que vous soyez totalement opérationnelle, à 100% de vos capacité de réflexion et motivée pour écraser ces allemands !
-Hey, comment ça je dois rester ici ? Intervient alors la voix de Victoria, les faisant tous se tourner vers elle.
-C’est un ordre. Obéissez bon sang. Râle Turner avant de partir, appelant Collins pour qu’elle le suive.
William et Victoria se font face, un mélange de gêne et d’agacement se fait ressentir en eux. Victoria est la première à détourner le regard, partant direction du môtel, rejoignant à grandes enjambées la pièce qui leur sert de bureau. Le sergent la suit à la trace, ignorant royalement les soldats se mettant sur son passage pour lui demander les ordres. Il ferme à clé la porte derrière lui, voulant avoir une réelle conversation avec son ex-petite-amie.
-Qu’est-ce que tu veux, William ?
-Turner nous a parlé.
-Le contraire m’aurait étonné de lui. Et tu vas faire quoi ? Me botter le cul parce que je suis fatiguée de toute cette merde ?
-C’est la première option qui m’est venue en tête.
-Et la seconde ?
-Te traîner dans cette guerre avec moi de force s’il le faut.
-Que de tendresse avec toi, c’est incroyable. Ironise-t-elle en sortant des cartes mais William les ramasse aussitôt déposer sur la grande table, les mettant derrière lui sur une commode.
-Qu’est-ce que tu fais ? Demande-t-elle alors qu’il s’approche d’elle à pas confiant.
-Je refuse que tu te laisses mourir. Tu n’as pas le droit d’abandonner maintenant.
Il pose une main sur l’arrière de sa tête, l’autre sur ses côtes avant qu’ils ne reposent leurs fronts l’un contre l’autre. Il reste là, silencieux pendant quelques secondes, les yeux fermés alors qu’il réfléchit aux bons mots à employer. Vic le détaille autant que la situation le lui permet, finissant par poser ses mains sur son torse tonique.
-Ca me tuerait de te savoir morte. Murmure-t-il, comme si les mots lui arrachait la mâchoire.
-C’est juste que…
-Tu comprends ce que j'essaie de te dire, Vic ? Je mourrai pour toi s’il le fallait. Je me prendrai une ribambelle de balles dans le corps et pourtant je continuerai de me relever jusqu’à ce que tu sois en sécurité. Je ferai tout pour toi.
-Arrête de boire, reste connecter à la réalité, reste avec moi William.
William reste silencieux un long moment, l’attirant simplement contre lui dans une étreinte serré. Il hume l’odeur propre de ses cheveux bruns, content de pouvoir la reprendre dans ses bras.
-Ok, je vais moins boire.
-A partir de quand ?
-Dès maintenant si tu me promets de ne pas abandonner.
-Je te le promets.
-Bien… Soupire-t-il à présent rassuré puis il se sépare d’elle. Reprenons le travail. Turner veut qu’on reste ici, très bien mais qu’est-ce qu’on fait ?
-Les bosh se sont peut être retirés de la zone dans laquelle on est mais il doit en rester à certains endroits, bien planqués.
-Ok, alors mettons en place des patrouilles. Il faut vérifier chaques rues, chaques maison, chaques voitures, chaques lieux abandonnés. Il faut tout passer au crible.
-Faisons ça, il te reste qui de ton escouade ? Turner est parti avec tout le monde ?
-Ouais, il les a tous embarqués. Mais il nous reste ton escouade.
-Ok tu pars avec mon escouade.
-Et toi ?
-Je vais partir avec d’autres hommes, t'inquiète pas.
-A tes ordres. Sois prudente.
-Va chercher Crowley, Vivian et Rousseau. C’est à leur tour de nous filer un coup de main.
-Très bien lieutenant.
William s’éloigne alors, déverrouillant la porte avant de quitter la pièce à la recherche des membres de la résistance française. Victoria s’appuit contre la table, la tête tombant vers le sol alors qu’elle fait au mieux pour gérer le flot de larmes qui monte en elle. Elle peut tenir, elle peut supporter cette guerre, ce sera la dernière de sa carrière dans l’armée sûrement mais elle va le faire. C’est son devoir envers sa famille et sa patrie mais aussi en l’honneur de son frère, le premier sergent, Jules Casey, décédé trop tôt à Kasserine l’an précédent. Elle doit le faire en sa mémoire. Et pour William, elle ne serait rien sans lui mais il en est de même pour lui, il serait à nouveau seul sans elle. Non, elle ne pouvait définitivement pas tous les abandonner et partir car elle est fatiguée, ils ont besoin de sa présence. Et elle allait être là pour eux, elle va les épauler, les guider et les rendre fiers. C'est pourquoi elle s’est engagée avant tout autre chose.